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Mère

Commentaires sur Le Dhammapada

Tape records

 

Le mal

Hâte-toi vers le bien, abandonne les mauvaises pensées, car faire le bien sans ardeur, c’est avoir un esprit qui se délecte dans le mal.

Si quelqu’un commet une mauvaise action, qu’il se garde de recommencer, qu’il ne s’y complaise pas, car douloureuse est l’accumulation du mal.

Si quelqu’un agit bien, qu’il continue à agir de la sorte et qu’il s’en réjouisse. Bienheureuse est l’accumulation du bien.

Tant que sa mauvaise action n’a pas encore mûri, un être malfaisant peut éprouver de la satisfaction. Mais lorsqu’elle mûrit, le malfaisant connaît le malheur.

Un être bienfaisant peut avoir de mauvais jours, tant que sa bonne action n’a pas mûri. Mais quand elle mûrit, le bienfaisant connaît des jours heureux.

Ne traite pas légèrement le mal en te disant: «Cela ne me touchera pas.» Une jarre s’emplit goutte à goutte; de même l’insensé s’emplira peu à peu de malignité.

Ne traite pas légèrement le bien en te disant: «Cela ne me touchera pas.» La jarre s’emplit goutte à goutte; de même le sage s’emplira petit à petit de bonté.

Le marchand qui transporte d’abondantes richesses et n’a qu’une faible escorte évite les routes dangereuses, et un homme qui aime la vie se garde du poison; de même doit-on agir à l’égard du mal.

Une main saine et sans blessure peut toucher impunément du poison; agis de même, car le mal n’affecte pas l’homme bienfaisant.

Offenser une personne pure, innocente, et sans défense, c’est s’exposer au retour de l’injure, comme si l’on jetait de la poussière contre le vent.

Certaines gens reprennent naissance ici sur terre; les êtres malfaisants s’en vont dans les sphères du Niraya1; les justes vont dans les sphères célestes; mais ceux qui se sont libérés de tout désir atteignent le Nirvâna.

Ni dans les cieux, ni dans les profondeurs de l’océan, ni dans les antres des rochers, nulle part sur terre, il n’existe de place où l’homme trouvera un abri pour échapper à ses mauvaises actions.

Ni dans les cieux, ni dans les profondeurs de l’océan, ni dans les antres des rochers, nulle part sur terre, il n’existe de place où l’homme trouvera un abri pour échapper à la mort.

On a l’habitude de traiter très légèrement les pensées qui viennent. Et l’atmosphère est pleine de pensées de toutes sortes qui, en fait, n’appartiennent à personne en particulier, mais qui sont dans un mouvement perpétuel et passent de l’un à l’autre, assez librement, beaucoup trop librement; parce qu’ils sont très rares ceux qui peuvent faire la police de leurs pensées.

Quand on entreprend la discipline bouddhique, justement pour apprendre à contrôler ses pensées, on fait des découvertes assez intéressantes. On s’essaye à observer ses pensées. Au lieu de les laisser passer librement, et quelquefois de les laisser entrer dans la tête et s’y installer d’une façon tout à fait inopportune, on les regarde, on les observe et on s’aperçoit, avec ahurissement, que, dans l’espace de quelques moments, il passe dans la tête une série absolument invraisemblable de pensées tout à fait malfaisantes.

On se croit bien bon, bien gentil, bien disposé et toujours plein de bons sentiments. On ne veut du mal à personne, on ne veut que le bien, tout cela on se le dit avec complaisance; mais si l’on se regarde penser, sincèrement, on s’aperçoit que l’on a dans sa tête une collection de pensées quelquefois effroyables, dont on ne s’apercevait même pas.

Par exemple, vos réactions quand quelque chose ne vous a pas plu: comme on se dépêche d’envoyer ses amis, ses parents, ses connaissances, tout, au diable! Comme on leur souhaite toutes sortes de choses désagréables, sans même s’en apercevoir! Comme on dit: «Ah! ça lui apprendra à être comme ça!» Et quand on critique: «Il faudrait bien qu’il s’aperçoive de ses fautes!» Quand quelqu’un n’a pas agi selon votre conception: «Il en sera puni!» et ainsi de suite.

Vous ne le savez pas, parce que vous ne vous regardez pas penser. Quelquefois on le sait, quand c’est un peu trop fort; mais quand cela ne fait que passer, on s’en aperçoit peu — ça vient, ça entre, ça sort. Et alors on découvre que si, vraiment, on veut être pur et totalement du côté de la Vérité, cela demande une vigilance et une sincérité, une observation, un contrôle, qui ne sont pas communs. On commence à s’apercevoir qu’il est difficile d’être vraiment sincère.

On se flatte de n’avoir que de bonnes dispositions et de bonnes intentions et que tout ce que l’on fait, on le fait pour le bien — oui! tant que l’on est conscient et que l’on contrôle, mais de la minute où l’on n’est pas très attentif, toutes sortes de choses se passent au-dedans, dont vous n’êtes pas du tout conscient, et qui ne sont pas très jolies.

Si l’on veut nettoyer complètement la maison, il faut faire attention pendant longtemps, très longtemps; et surtout ne pas croire que l’on est arrivé au but comme ça, d’emblée, parce qu’un jour on a décidé que l’on serait du bon côté — c’est évidemment un point tout à fait essentiel et important, mais qui doit être suivi de beaucoup d’autres jours où l’on fait une police sévère pour ne pas démentir sa résolution.

4 avril 1958

 

1 Voir note p. 104.

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