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Mère

Commentaires sur Le Dhammapada

Tape records

 

L’éléphant

Comme l’éléphant sur le champ de bataille endure la flèche jaillie de l’arc, de même supporterai-je patiemment l’injure; car, en vérité, nombreux sont les malveillants en ce monde.

C’est un éléphant domestiqué que l’on conduit au champ de bataille. C’est lui que monte le rajah. Le meilleur parmi les hommes est celui qui supporte patiemment l’injure.

Les mulets dressés sont excellents, ainsi que les coursiers pur-sang du Sindh, et les puissants éléphants à défenses. Meilleur encore est l’homme qui a su se dompter.

Ce n’est point en montant l’un de ces animaux, que l’on atteint la voie encore inexplorée, mais en se domptant soi-même. On s’y rendra avec la maîtrise acquise.

À l’époque du rut, on parvient difficilement à maîtriser le puissant éléphant Dhammapâlako. Quand il est enchaîné, il refuse toute nourriture, il n’aspire qu’à redevenir un éléphant de la forêt.

Quand un homme est fainéant, glouton et ne pense qu’à dormir et à rouler sa boue de-ci de-là, comme un gros porc qui s’engraisse de détritus — ce pauvre insensé est appelé à renaître encore et encore.

Autrefois, ce mental errait à son gré d’objet en objet et aussi longtemps qu’il lui plaisait; mais aujourd’hui, je le maîtriserai complètement comme le cornac maîtrise de son aiguillon l’éléphant en rut.

Réjouissez-vous en étant diligents, surveillez bien votre mental. Dégagez-vous du cloaque du mal comme le fait l’éléphant embourbé dans un marécage.

Si pour ami vous trouvez un compagnon prudent, qui mène une vie convenable, intelligent et maître de soi, n’hésitez pas à vous mettre en route avec lui et à surmonter tous les obstacles.

Et si vous ne rencontrez pas un tel ami qui mène une vie convenable, intelligent et maître de soi, alors, comme un roi qui renonce au pays conquis, ou comme l’éléphant solitaire dans la forêt, poursuivez seul votre chemin.

Mieux vaux vivre seul, car on ne peut prendre l’insensé pour compagnon. Mieux vaut vivre seul et ne pas faire de mal, indépendant, comme l’éléphant à travers la jungle.

Il est bon d’avoir des amis lorsqu’on en a besoin. Il est bon de se contenter de ce que l’on a. Il est bon, à l’heure de la mort, d’avoir acquis des mérites. Il est bon de pouvoir laisser tout chagrin derrière soi.

Il est bon d’honorer sa mère. Il est bon d’honorer son père. Il est bon d’honorer les moines. Il est bon de vénérer les Méritants.

Il est bon de mener une existence pure tout le long de la vie. Il est bon de conserver une foi inébranlable. Il est bon d’acquérir la sagesse. Il est bon de s’abstenir de tout mal.

Le premier verset est un très sage conseil: l’éléphant de combat qui a été bien dressé ne se met pas à s’enfuir dès qu’il reçoit une flèche. Il continue d’avancer et supporte la douleur sans que cela change son attitude de résistance héroïque. Ceux qui veulent suivre le vrai chemin seront naturellement soumis aux attaques de toutes les malveillances, qui non seulement ne comprennent pas, mais, généralement, haïssent ce qu’elles ne comprennent pas.

Si vous êtes ennuyé, chagrin, même découragé par toutes les sottises malveillantes que les gens diront de vous, vous ne pourrez pas avancer beaucoup sur le chemin. Et ces choses viennent à vous, non parce que vous êtes malchanceux ou que votre sort n’est pas heureux, mais tout au contraire parce que la Conscience et la Grâce divines prennent au sérieux votre résolution et laissent les circonstances être les pierres de touche sur le chemin, pour voir si votre résolution est sincère et si vous êtes assez fort pour faire face aux difficultés.

Par conséquent, si quelqu’un se moque de vous, ou dit quelque chose qui n’est pas très bienveillant, la première chose à faire est de regarder au-dedans de soi quelle est la faiblesse ou l’imperfection qui a permis qu’une chose pareille se produise, et non d’être désolé ou indigné ou chagrin parce qu’on ne vous apprécie pas à ce que vous pensez être votre juste valeur; au contraire, il faut remercier la Grâce divine de vous faire toucher du doigt la faiblesse ou l’imperfection ou la déformation que vous devez rectifier.

Ainsi, au lieu d’être malheureux, vous pouvez être pleinement satisfait et tirer avantage, un grand avantage, du mal que l’on voulait vous faire.

D’ailleurs, si vous voulez vraiment suivre la voie et faire le yoga, il ne faut pas le faire pour qu’on vous apprécie et vous honore, il faut le faire parce que c’est un besoin impérieux de votre être, et parce que vous ne pouvez être heureux que de cette manière-là. Qu’on vous apprécie ou ne vous apprécie pas, cela n’a absolument aucune espèce d’importance. Vous pouvez d’avance vous dire que, plus vous serez loin de l’homme ordinaire, étranger à la manière d’être ordinaire, moins on vous appréciera, tout naturellement, parce qu’on ne vous comprendra pas. Et je le répète, cela n’a aucune espèce d’importance.

La vraie sincérité, c’est d’avancer sur le chemin parce que vous ne pouvez pas faire autrement, de vous consacrer à la vie divine parce que vous ne pouvez pas faire autrement, c’est d’essayer de transformer votre être et de surgir dans la Lumière parce que vous ne pouvez pas faire autrement, parce que c’est la raison d’être de votre vie.

Quand c’est comme cela, vous pouvez être certain que vous êtes sur le droit chemin.

1er août 1958