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Mère

Entretiens

 

Le 7 février 1957

L'enregistrement   

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Cet Entretien a eu lieu un jeudi, jour de méditation collective. Exceptionnellement, Mère a pris la parole ce soir-là.

Avant la méditation, ce soir, je vais vous dire quelques mots parce que plusieurs personnes m’ont demandé ce qui différencie une méditation collective d’une méditation individuelle.

Méditation individuelle, je vous ai déjà plusieurs fois expliqué les différents genres de méditation que l’on peut faire et je ne recommencerai pas à vous parler de cela.

Mais les méditations collectives ont été pratiquées de tout temps, pour des raisons différentes, de manières différentes, et avec des mobiles différents. Ce que l’on peut appeler une méditation collective, c’est un groupement de personnes qui se réunissent dans un but défini; par exemple, de tout temps, on a pratiqué des réunions de prières. Naturellement, dans les églises, c’est une sorte de méditation collective, mais même en dehors des églises, il y a eu des personnes qui ont organisé des méditations collectives pour faire des prières en commun. Ces prières sont de deux genres différents.

Depuis le commencement de l’histoire humaine, on sait que certains groupes de gens se réunissaient pour exprimer en commun un certain état d’âme. Les uns, c’était pour chanter ensemble les louanges de Dieu, des cantiques, des actions de grâce, pour exprimer l’adoration, la reconnaissance, la gratitude, et pour faire les louanges de Dieu. En d’autres cas — et il y a eu des exemples historiques —, un certain nombre de gens se réunissent pour une invocation en commun, par exemple demander quelque chose à Dieu, et on le fait tous ensemble, réunis, dans l’espoir que cette invocation et cette prière et cette demande auront plus de poids. Il y a eu des exemples très fameux. L’un, très ancien, qui était en l’an mille de notre ère, quand des prophètes avaient annoncé que c’était la fin du monde et que les gens se réunissaient partout pour prier en commun et demander que le monde ne finisse pas (!) ou en tout cas qu’il soit protégé. Beaucoup plus récemment, dans les temps modernes, quand le roi d’Angleterre, George, était mourant d’une pneumonie, les gens se sont réunis en Angleterre, non seulement dans les églises mais même dans la rue en face du palais royal, pour faire une prière et demander à Dieu qu’il soit guéri. Il se fait qu’il a été guéri, et ils ont cru que c’étaient leurs prières... Cela, c’est la forme la plus extérieure, je pourrais dire la plus mondaine, d’une méditation en commun.

Dans tous les groupes initiatiques, dans tous les collèges spirituels des temps anciens, on a toujours pratiqué la méditation en commun, et dans ce cas-là, le mobile était très différent. On s’assemblait pour faire un progrès collectif, s’ouvrir ensemble à une force, une lumière, une influence, et... c’est un peu ce que nous voulons essayer de faire.

Il y a pourtant deux méthodes, et c’est cela que je vais vous expliquer. Dans les deux cas, il faut pratiquer comme on pratique pour la méditation individuelle, c’est-à-dire se mettre dans une position à la fois assez confortable pour pouvoir la garder et pas trop confortable pour ne pas s’endormir! Et alors, vous faites ce que je vous avais demandé de faire pendant que j’allais faire la distribution là-bas1, c’est-à-dire vous préparer à la méditation, essayer de devenir calmes et silencieux; non seulement ne pas bavarder extérieurement, mais tâcher de vous taire dans votre esprit et de rassembler votre conscience, qui est dispersée dans toutes les pensées que l’on a et les préoccupations; la rassembler, la ramener vers soi aussi complètement qu’on le peut et la concentrer ici, dans la région du coeur, vers le plexus solaire, de façon que toutes les énergies actives qui sont dans la tête et tout ce qui fait marcher le cerveau soit ramené et concentré ici. Cela peut se faire en quelques secondes, cela peut prendre quelques minutes: cela dépend de chacun. Enfin cela, c’est une attitude préparatoire. Et alors, une fois que c’est fait (ou fait aussi bien que vous pouvez le faire), vous pouvez avoir deux attitudes, c’est-à-dire avoir une attitude active ou avoir une attitude passive.

Ce que j’appelle une attitude active, c’est de vous concentrer sur (je le mettrai d’une façon générale) la personne qui dirige la méditation, avec la volonté de vous ouvrir et de recevoir d’elle ce qu’elle a l’intention de vous donner ou la force avec laquelle elle veut vous mettre en rapport. Cela, c’est actif, parce qu’il y a là une volonté qui agit et une concentration active pour vous ouvrir à quelqu’un, sur quelqu’un.

L’autre, la passive, c’est simplement ceci: vous êtes concentré comme je vous le disais, vous vous ouvrez comme on ouvre une porte — n’est-ce pas, vous avez une porte ici (geste au niveau du coeur) — et après vous être concentré, vous ouvrez la porte et vous restez comme cela (geste immobile). Ou bien, vous pouvez prendre une autre image, comme si c’était un livre, et vous ouvrez votre livre tout grand avec des feuilles bien blanches, c’est-à-dire bien silencieuses, et vous restez comme cela, à attendre ce qui se passera.

Cela, ce sont les deux attitudes. Vous pouvez les prendre l’une ou l’autre, suivant les jours, suivant le cas, ou vous pouvez en adopter une de préférence si cela vous aide davantage. Les deux sont efficaces et peuvent avoir des résultats aussi bons l’un que l’autre.

Et alors, maintenant, pour notre cas spécial, je vous dirai ce que j’essaye de faire... Il y aura bientôt un an que nous avons eu, un mercredi, la manifestation de la Force supramentale. Depuis ce moment, elle travaille très activement, même quand il y a fort peu de gens qui s’en aperçoivent (!), mais enfin j’ai pensé que le temps était venu pour que... comment dire... nous l’aidions un peu dans son travail en faisant un effort de réceptivité.

Naturellement, elle ne travaille pas seulement dans l’Ashram, elle travaille dans le monde entier, et partout où il y a une réceptivité cette Force est à l’oeuvre, et je dois dire que l’Ashram n’a pas l’exclusive réceptivité dans le monde, l’exclusivité de la réceptivité. Mais puisqu’il se trouve que nous sommes tous ici sachant plus ou moins ce qui s’est passé, eh bien, j’espère qu’individuellement chacun fait de son mieux pour profiter de la circonstance; mais collectivement nous pouvons faire quelque chose, c’est-à-dire essayer d’unifier un terrain, de produire un sol particulièrement fertile pour que le maximum de réceptivité soit obtenu collectivement et qu’il y ait aussi peu de gaspillage que possible du temps et des forces.

Alors maintenant, vous êtes prévenus d’une façon générale de ce que l’on veut essayer de faire et vous n’avez qu’à... à faire.

 

1 Tous les soirs, avant la méditation ou les Entretiens, Mère allait faire une distribution de cacahuètes aux enfants du «groupe vert», dans le terrain de jeux à côté.

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