SITE OF SRI AUROBINDO & THE MOTHER
      
Home Page |Workings |Audio Collection | Pensées et Aphorismes

Mère

Pensées et Aphorismes de Sri Aurobindo

Traduction et commentaires. Tape recordings (1958)

 

4 — Je ne suis pas un jnânî1 car je n’ai pas de connaissance, sauf celle que Dieu me donne pour Son travail. Comment puis-je savoir si ce que je vois est raison ou folie? Non, ce n’est ni l’une ni l’autre, car la chose vue est simplement vraie — ni folie, ni raison.

Je ne suis pas un jnânî... le jnânî est celui qui suit le chemin de la Connaissance, celui qui veut réaliser le yoga par la Connaissance exclusivement, et qui part sur une voie purement intellectuelle dans la volonté de passer au-delà et d’atteindre la Connaissance qui n’est plus intellectuelle mais spirituelle. Et Sri Aurobindo dit: «Je ne suis pas un jnânî... je ne recherche pas la Connaissance, je me suis donné au Divin pour accomplir Son oeuvre, et par la Grâce divine, à chaque minute, je sais ce qu’il faut savoir pour accomplir cette oeuvre.»

C’est un état admirable, c’est la paix parfaite de l’esprit. Il n’est plus besoin d’accumuler des connaissances acquises, des choses apprises et dont il faut se souvenir, plus besoin de s’encombrer le cerveau de milliers et de milliers de choses afin d’avoir à sa disposition, au moment voulu, la connaissance nécessaire pour l’action à accomplir, pour l’enseignement à donner, pour le problème à résoudre. La tête est silencieuse, le cerveau est immobile, tout est blanc, tranquille, paisible, et, au moment où il le faut, par le fait de la Grâce divine, une goutte de lumière tombe dans la conscience, et ce qu’il faut savoir, on le sait. Quel souci aurait-on de s’en souvenir, pourquoi essayerait- on de garder cette connaissance? Le jour ou le moment où il est nécessaire de l’avoir, on l’aura encore. À chaque seconde, on est la feuille blanche sur laquelle s’inscrit ce qui doit être su — dans la paix, le repos et le silence d’une réceptivité parfaite.

On sait ce qu’il faut savoir, on voit ce qui doit être vu, et comme ce qu’il faut savoir et ce qui doit être vu vient tout droit du Suprême, c’est la Vérité même, et cela échappe complètement aux notions de raison ou de folie. Ce qui est vrai, est vrai — c’est tout. Et il faut descendre bien bas pour se demander si c’est fou ou si c’est raisonnable.

Un silence et une réceptivité modeste, humble, attentive. Aucun souci de paraître, ou même d’être — tout simplement, l’instrument qui, lui, n’est rien et ne sait rien, mais qui est prêt à tout recevoir et à tout transmettre.

La première condition est l’oubli de soi, le don total, l’absence d’ego.

Et le corps dit au Seigneur Suprême: «Ce que Tu veux que je sois, je le serai; ce que Tu veux que je sache, je le saurai; ce que Tu veux que je fasse, je le ferai.»

3 octobre 1958

 

1 Celui qui suit la voie de la Connaissance (jnana), et non la voie de l’Amour (bhakti) ou la voie des OEuvres (karma).

Back