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Mère

Commentaires sur Le Dhammapada

Tape records

 

Tout comme la pluie pénètre dans une maison à la toiture de chaume disjointe, de même les passions pénètrent le mental déséquilibré.

On trouve d’innombrables petites sectes bouddhiques de toutes sortes, en Chine, au Japon, en Birmanie, et chacune suit ses propres méthodes, mais les plus répandues parmi elles sont celles qui ont pour toute pratique de faire taire le mental.

Ils restent assis un certain nombre d’heures dans la journée, et même dans la nuit, et ils tranquillisent leur mental. Pour eux, c’est la clef de toute réalisation — un mental tranquille, qui sait rester tranquille, sans bouger, pendant des heures. Il ne faut pas croire, d’ailleurs, que ce soit très facile, mais ils n’ont pas d’autre objet. Ils ne se concentrent pas sur une pensée, ils ne tâchent pas de comprendre mieux, de savoir davantage, non, pour eux, la voie consiste à avoir un mental tranquille, et parfois ils passent des années et des années d’efforts avant d’arriver à ce résultat: faire taire son mental, le tenir tout à fait silencieux et immobile; parce que, comme il est dit ici dans le Dhammapada, si le mental est déséquilibré, ce mouvement perpétuel d’idées qui se suivent, quelquefois sans beaucoup de suite, qui se contredisent et s’opposent l’une à l’autre, qui spéculent sur les choses, tout cela qui s’entrechoque dans la tête, fait comme des trous dans le toit. Alors tous les mouvements indésirables pénètrent dans la conscience par ces trous, comme l’eau entre dans la maison par un toit qui n’est pas étanche.

Quoi qu’il en soit, je crois que c’est une pratique à conseiller à tout le monde: prendre un certain temps tous les jours pour essayer de rendre son mental tranquille, plan, immobile. Et il est un fait indéniable, c’est que plus on est développé mentalement, plus on y parvient vite; plus le mental est dans un état élémentaire, plus c’est difficile.

Ceux qui sont tout en bas de l’échelle, qui n’ont jamais éduqué leur mental, ont besoin de parler pour penser. Il arrive même que ce soit le son de leur voix qui leur permette d’associer des idées; s’ils ne les expriment pas, ils ne pensent pas. À un échelon plus haut, il y a ceux qui, pour penser, ont encore besoin de remuer des mots dans leur tête, même s’ils ne les prononcent pas à haute voix. Ceux qui commencent vraiment à penser sont ceux qui arrivent à penser sans mots, c’est-à-dire à être en contact avec l’idée et à l’exprimer à travers des mots et des phrases très différentes. Il y a des degrés, beaucoup de degrés supérieurs, mais ceux qui pensent sans mots commencent vraiment à atteindre un état intellectuel; et pour eux, il est beaucoup plus facile de rendre le mental tranquille, c’est-à-dire d’arrêter ce mouvement d’association des mots qui se meuvent constamment comme des piétons sur une place publique, et de contempler une idée dans le silence.

J’insiste sur ce fait, parce qu’il y a pas mal de personnes qui, lorsqu’on leur passe le silence mental par des moyens occultes, sont immédiatement alarmées et craignent de perdre leur intelligence. Parce qu’ils ne peuvent plus penser, ils craignent de devenir stupides! Mais cesser de penser est un accomplissement très supérieur à celui de pouvoir dérouler sans fin des pensées, et cela demande un développement beaucoup plus grand.

Ainsi, à tous points de vue, et pas seulement au point de vue spirituel, il est toujours très bon de pratiquer quelques minutes de silence, au moins deux fois par jour, mais un silence véritable, pas seulement s’abstenir de parler.

Maintenant, nous allons essayer d’être tout à fait silencieux pendant quelques minutes.

(méditation)

13 décembre 1957