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Mère

Commentaires sur Le Dhammapada

Tape records

 

Le mental

De même que celui qui fabrique les flèches veille à ce qu’elles soient droites, de même l’homme intelligent redresse sa pensée hésitante et incertaine, difficile à garder droite, difficile à maîtriser.

De même qu’un poisson rejeté hors de l’eau, notre esprit tremble et pantelle quand il abandonne le royaume de Mâra.

Difficile à maîtriser, instable est le mental toujours en quête de jouissances. Il est bon de le dominer. Un mental dompté assure le bonheur.

Que le sage reste maître de ses pensées, car elles sont subtiles et difficiles à saisir et toujours en quête de jouissances. Un mental bien guidé assure le bonheur.

Errant au loin, solitaire, sans consistance et caché au plus profond du coeur, tel est le mental. Quiconque parvient à le soumettre, se libère des entraves.

L’intelligence de celui dont le mental est instable, qui ignore la vraie Loi et dont la foi est chancelante, ne pourra jamais se développer.

Si les pensées d’un homme ne sont pas agitées, si son mental n’est pas troublé par le désir, s’il ne s’inquiète plus du bien et du mal, cet homme bien éveillé ne connaît pas de crainte.

Observant que le corps est fragile comme un vase, et fortifiant le mental comme une cité armée, qu’on attaque Mâra avec l’épée de l’intelligence, et que l’on conserve précieusement ce qui a été acquis.

Avant peu ce corps sera gisant sur le sol, abandonné, sans vie comme un soliveau.

Quoi que puisse faire un ennemi à un autre ennemi ou un haineux à un autre haineux, le mal causé par un mental mal dirigé est encore plus grand.

Ni mère, ni père, ni aucun autre parent ne pourra nous faire autant de bien qu’un mental bien dirigé.

Ces quelques versets répondent à tous les besoins de ceux dont le mental n’est pas maîtrisé. Ils montrent l’attachement que l’on a pour ses vieilles manières d’être, de penser et de réagir, même quand on essaye d’en sortir. Dès que, par un effort, vous en êtes sorti, vous êtes comme un poisson hors de l’eau, et qui pantelle parce qu’il n’est plus dans son milieu d’obscur désir.

Même quand on prend des résolutions, le mental est instable. Il est subtil aussi, difficile à saisir. Sans en avoir l’air, il est constamment à la recherche de sa propre satisfaction; et ses intentions sont cachées au plus profond du coeur afin de ne pas montrer leur vraie nature.

Et, sans oublier la faiblesse du corps mais en essayant de fortifier le mental contre sa propre faiblesse, il faut, avec l’épée de la sagesse, lutter contre les forces adverses et garder précieusement les progrès que l’on a faits afin que ces forces ne vous dépouillent pas de vos progrès, parce qu’elles sont de terribles voleurs.

Puis il y a un petit couplet pour ceux qui ont peur de la mort, pour essayer de les libérer de cette peur. Puis un dernier petit couplet pour ceux qui sont attachés à leur famille, pour leur montrer la vanité de cet attachement.

Enfin le dernier avertissement: une pensée mal dirigée et mal contrôlée fait plus de mal que l’ennemi n’en fait à l’ennemi et que le haineux n’en fait au haineux, c’est-à-dire que même ceux qui ont les meilleures intentions du monde, s’ils n’ont pas le sage contrôle de leur pensée, se font plus de mal à eux-mêmes et font plus de mal à ceux qu’ils aiment, que l’ennemi n’en fait à l’ennemi et que le haineux n’en fait au haineux.

Le mental a une puissance de tromperie à son propre égard, qui est incalculable. Il revêt ses désirs et ses préférences de toutes sortes d’intentions merveilleuses, et il cache ses supercheries, ses dépits et ses désappointements sous les apparences les plus favorables.

Pour surmonter cela, il faut avoir l’intrépidité d’un vrai guerrier, et une honnêteté, une droiture, une sincérité à toute épreuve.

28 février 1958