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Mère

Commentaires sur Le Dhammapada

Tape records

 

La vieillesse

Pourquoi cette joie, cette allégresse, alors que le monde est ravagé par les tourments? Ô toi qui es enveloppé de ténèbres, pourquoi ne recherches-tu pas la lumière?

Regarde donc cette pauvre forme déguisée, cette masse d’éléments corruptibles, d’infirmités et de désirs vains, où rien n’est permanent ou stable.

Ce corps fragile n’est qu’un nid de misère, de décrépitude et de corruption; car la vie se termine par la mort.

Quel plaisir y a-t-il à contempler ces os blanchis éparpillés comme des calebasses à l’automne?

Dans cette forteresse faite d’os et recouverte de chair et de sang, l’orgueil et la jalousie, la décrépitude et la mort se sont installés.

Même les chars pompeux des rajahs finissent par s’user. Ainsi en est-il de ce corps même qui finit par s’user avec l’âge; mais la bonne Loi ne s’use jamais et c’est ainsi qu’un sage peut la transmettre à un autre sage.

L’homme ignorant vieillit comme un boeuf; il augmente en poids mais non en intelligence.

Bien des fois j’ai traversé en vain le cycle des renaissances à la recherche de l’architecte de cette maison. Ô combien douloureux est ce cycle des renaissances!

Ô je t’ai enfin découvert, architecte! Plus jamais tu ne construiras cette maison qu’est mon corps. Toutes les poutres en sont brisées et le faîtage écroulé. Mon mental délivré est parvenu à l’extinction de tout désir.

Ceux qui n’ont pas mené une vie méritante, et qui durant leur jeunesse n’ont pas su recueillir les vraies richesses, dépérissent comme de vieux hérons auprès d’un lac sans poisson.

Ceux qui n’ont pas mené une vie méritante, et qui durant leur jeunesse n’ont pas su recueillir les vraies richesses, sont comme des arcs brisés; ils se lamentent sur leur force perdue!

Il y a une chose certaine, qui n’est pas clairement dite ici, mais elle est au moins aussi importante que tout le reste, c’est qu’il y a une vieillesse beaucoup plus dangereuse et beaucoup plus véritable que l’accumulation des années: c’est l’incapacité de croître et de progresser.

Dès que l’on s’arrête d’avancer, dès que l’on s’arrête de progresser, de s’améliorer, de s’accroître, de grandir, de se transformer, on vieillit véritablement, c’est-à-dire que l’on descend vers la désintégration.

Il y a des jeunes gens qui sont vieux, et des vieillards qui sont jeunes. Si l’on porte en soi cette flamme de progrès et de transformation, si l’on est prêt à tout laisser derrière soi pour avancer d’un pas alerte, si l’on s’ouvre toujours au progrès nouveau, à l’amélioration nouvelle, à la transformation nouvelle, alors on est éternellement jeune. Et si l’on s’assoit satisfait de ce que l’on a accompli, si on a le sentiment qu’on a atteint son but et qu’il n’y a plus qu’à jouir du résultat de ses efforts, alors on a déjà plus de la moitié de son corps dans la tombe, c’est la décrépitude et la vraie mort.

Tout ce que l’on a fait, toujours, n’est rien à côté de ce qui reste à faire.

Il ne faut pas regarder en arrière. Il faut regarder en avant, toujours en avant, et toujours avancer.

25 avril 1958