SITE DE SRI AUROBINDO ET LA MÈRE
      
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Mère

l'Agenda

Volume 4

6 avril 1963

C'est le progrès de l'impersonnalisation de la conscience physique, corporelle, qui produit des conséquences, intéressantes probablement mais qui sont inexplicables pour les gens qui ne comprennent pas. Par exemple...

(silence)

J'ai la conscience du corps, mais ce n'est pas la conscience du corps, de ça (Mère touche son corps): c'est la conscience du Corps – ce peut être le corps de n'importe qui. J'ai la conscience, justement, de ces vibrations de désordre (qui viennent le plus souvent sous forme de suggestions de désordre) pour voir si ce sera reçu et si elles auront de l'effet; mettons, par exemple, suggestion d'hémorragie, suggestion d'une chose ou d'une autre (je parle d'hémorragie, parce que ça va entrer dans le tableau). La conscience corporelle, sous l'Influence supérieure, refuse. La bataille commence à se livrer (tout ça, tout en bas, dans les cellules et la conscience matérielle), entre ce que nous pouvons appeler «la volonté d'hémorragie», par exemple, et la réaction des cellules du corps. Et alors c'est tout comme une vraie bataille, un vrai combat. Mais tout d'un coup, il y a comme un général qui proclame un ordre et qui dit: «Comment!»... N'est-ce pas, ce général est conscient des forces supérieures, des réalités supérieures et de l'intervention divine dans la Matière; alors, après avoir essayé de se servir de la volonté, de telle réaction, de tel sentiment de paix, etc., tout d'un coup, il se sent PRIS d'une très forte détermination et il proclame un ordre, et puis voilà que l'effet commence à se produire, et petit à petit, tout rentre dans l'ordre.

Tout ça se passe dans la conscience matérielle. Physiquement, ce corps a toutes les sensations – mais pas l'hémorragie, tu comprends; mais il a les sensations, c'est-à-dire les effets: tous les effets sensoriels. Après, ça continue, ça suit toute une courbe. Bon. Une fois que la bataille est passée, je regarde et je me dis (je regarde tout ça, je vois mon corps, qui a été suffisamment secoué, note) et je me dis: «Qu'est-ce que ça peut bien être que tout ça?» Mais une seconde, puis je ne m'en occupe plus..

Quelques jours après, je reçois une lettre de quelqu'un, qui est très proche, qui a une foi ardente et qui se cramponne à moi avec vraiment une foi presque parfaite, exceptionnelle. Et dans la lettre: toute l'histoire, de l'attaque, de l'hémorragie, et tout d'un coup de l'être PRIS, la conscience PRISE par une volonté formidable, et qui entend des mots – les mots qui ont été prononcés ICI. Et l'effet: sauvé (a failli mourir), sauvé, guéri.

Juste le temps que la lettre vienne.

Je me souvenais de mon événement... et alors j'ai commencé à comprendre que mon corps, c'est partout!!

N'est-ce pas, ce n'est pas une question de juste ces cellules-là: ce sont des cellules, et ma foi dans beaucoup, des centaines et peut-être des milliers de gens – tout ce qui est accroché d'une façon quelconque à la Conscience supérieure. Et comme le mental est silencieux (le mental, je le tiens volontairement, absolument tranquille et tâchant de ne pas répondre à tout ce qui lui vient tout le temps du «dehors», ou de répondre d'une façon presque subconsciente), il n'y a pas quelque chose qui dit: «Oh! c'est ce corps-là ou c'est ce corps-là» – c'est Le Corps! Et ça, c'est si difficile à faire comprendre aux gens. C'est LE corps – ça (Mère touche son corps), ce n'est pas plus mon corps que les autres corps (un peu plus, dans le sens que c'est plus directement sous la concentration de la Force). Mais tout, toutes les sensations, les mouvements de conscience, les batailles, tout ça, c'est partout. Et alors tout d'un coup, avec cette affaire-là, oh! j'ai compris une quantité formidable de choses – et puis la difficulté, mon petit!... La difficulté... parce que vraiment, après cette expérience, le corps n'était pas malade mais il était très fatigué. Et alors, il est tout le temps pris de choses comme cela! tout le temps, tout le temps, tout le temps, n'est-ce pas, qui arrivent, brrm! qui tombent dessus, brrm! d'un côté, de l'autre, de tous les côtés. Alors il faut que je me tienne tranquille (geste d'arrêt silencieux au milieu des autres activités), et puis je commence à livrer la bataille.

(silence)

Ce qui fait qu'il a ses propres difficultés (il n'y a pas un agglomérat de cellules qui n'ait des difficultés dans les conditions présentes de vie), je crois même que le fait de pouvoir rester tranquille (un peu) est sa seule sauvegarde... mais ça ne diminue pas les difficultés puisque le contact ne dépend même pas de la présence physique!1... Et alors, quel pouvoir formidable, prodigieux, il faut INCARNER dans les cellules physiques pour résister à tout ça ....

Mais là aussi, il y a un déplacement (ce que je t'avais dit une fois: ces sortes d'expériences tout d'un coup, qui ne sont pas des choses établies mais des premiers contacts2). Après la leçon de cette histoire-là, tout d'un coup il y a quelque chose qui s'est levé dans cette conscience corporelle – qui n'est pas la conscience d'UN corps mais une conscience corporelle générale –, une aspiration, quelque chose de si pur, et de si doux... si doux... quelque chose qui était une supplication pour que, enfin, la Vérité et la Lumière soient manifestées ici, là-dedans. Et ce n'était pas ici-ici là-dedans (Mère touche son propre corps): c'était partout.

Et alors il y a eu un contact3 – il y a eu un contact –, et une Lumière bleu pâle, très douce, très brillante, et une Assurance.

C'était l'espace d'une seconde, mais tout d'un coup c'était comme un nouveau chapitre qui commençait.

Mon petit, tu es la seule personne à qui je puisse dire ça – il n'y en a pas un, pas un! Pas un qui puisse même comprendre. Et ça augmente la difficulté, parce que je suis tout le temps accablée par l'imbécillité des pensées de tous les gens (imbécillité dans le sens d'incompréhension), des pensées de tous ceux qui m'entourent, qui croient que je suis (que «je», ce qu'ils appellent «je», n'est-ce pas, «moi») est malade et que... Je ne peux rien dire! Si je n'avais pas parlé aujourd'hui, ce serait parti. Je n'aurais jamais rien dit. Eh bien, c'est comme cela.

Alors, si on se place au point de vue ordinaire, c'est tellement-fantastique, ça représente un travail tellement... formidable. Naturellement, c'est le Seigneur qui le fait, mais est-ce que ça tiendra le coup? (Mère touche son corps) Je ne sais pas.

S'il le veut, certainement Il s'arrangera pour que ça tienne le coup. Mais c'est assez nouveau...

(silence)

Ma seule manière, c'est justement une espèce de carapace de silence mental (du mental ordinaire) de façon que toutes les pensées des gens ne viennent pas m'embêter tout le temps, tout le temps, tout le temps. Mais ça passe en dessous! Il y a certaines personnes, dès qu'elles entrent, je me sens fatiguée, à cause de leur attitude. Et ça ne passe pas par la pensée du tout: c'est une vibration spéciale dans mon corps.

Il y en a, au contraire, avec qui ça va bien.

Et je ne cherche ni à observer ni à étudier ni à comprendre – Dieu sait! il n'y a rien à comprendre: c'est évident.

Il n'y a qu'une chose qui est tout le temps: garder intact et PUISSAMMENT conscient le sens de la Présence divine – c'est tout. Ça, c'est la seule préoccupation de ces cellules.

Et de temps en temps (Mère rit), elles ont... comme si elles avaient une espèce de petit consortium entre elles et qu'elles se disent: «Ça,4 personne ne peut intervenir là-dedans!» Et elles sont contentes: «Ça, toutes leurs pensées n'y peuvent rien!»

Voilà, mon petit. Encore du travail pour toi.

C'est formidable. C'est formidable.

Oui, oui. J'ai eu vraiment l'impression de quelque chose... enfin qui était assez nouveau.5

L'enregistrement du son fait par Satprem    

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1 Le contact avec les autres corps (qui ne sont pas «autres»).

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2 Voir Agenda du 16 mars 1963.

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3 Geste de jonction entre le Suprême et cette conscience corporelle générale.

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4 Cette experience de la Présence.

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5 Il existe un enregistrement de cette conversation.

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