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Mère

l'Agenda

Volume 13

26 février 1972

(Mère tend au disciple le message du 29 février, quatrième anniversaire de la «descente supramentale» du 29 février 1956.)

C’est seulement quand le Supramental se manifeste dans le mental corporel que sa présence est permanente.

Mère

Ce message, c’est Sri Aurobindo qui l’a dit – on me le fait dire comme si c’était de moi. C’était Sri Aurobindo qui l’avait écrit. Moi, j’ai dit: Sri Aurobindo a dit «en permanence».

Mais douce Mère, c’est ton expérience, par conséquent...

Évidemment.

(Mère rit
silence)

Mais il serait plus sage d’en parler quand c’est fini!

Quand c’est installé, alors... Pour le moment... (geste oscillant d’un côté et de l’autre).

Cette discipline du mental physique, elle est... Je ne sais pas par quel bout la prendre, elle est très difficile, je trouve.

Très difficile. C’est très difficile.

Il faut commencer par obtenir le silence à volonté: à n’importe quel moment, obtenir le silence. Ça, je crois que c’est le point de départ.

Oui, mais obtenir le silence à volonté, ce n’est pas difficile, douce Mère, on se concentre une seconde et réellement ça se tait – et tout le temps que l’on est concentré, ça se tait parfaitement. Mais de la seconde où tu relâches la concentration, pfft!...

(Mère rit)

... Ça s’en va. Ça file d’un côté, ça file de l’autre.

Maintenant, le mien a perdu l’habitude de courir. C’est une habitude qu’il faut qu’il perde.

Mais comment faire?

Je ne sais pas, parce que c’est spontané. Il n’y a que quand on me parle ou quand il y a quelque chose qui vient vous secouer de ça, autrement, tout naturellement, laissé à lui-même, il est comme cela (geste immuable, tourné vers le haut). Peut-être est-ce cela, le moyen (même geste tourné vers le haut): une contemplation du Divin, comme cela.

(silence souriant)

L’état naturel, c’est cela (même geste). C’est même curieux, ça se traduit par... la sensation du corps, n’est-ce pas, c’est d’être tout enveloppé comme un bébé dans ses langes, vraiment comme cela (geste), d’être enveloppé par le Divin.

(silence)

Il y a deux jours ou trois jours (je ne me souviens plus), il y a eu quelque chose qui pressait sur mon cœur – ça fait mal. Ça fait mal (c’était le 24), vraiment j’avais l’impression que... le corps a eu l’impression que c’était la fin. Et alors, tout de suite, il s’est senti comme enveloppé... comme un bébé porté dans les bras du Divin. Tu comprends, c’était comme cela, c’était comme si j’étais un bébé porté dans les bras du Divin. Et alors... au bout d’un moment (mais c’était long), quand il a été uniquement dans la Présence comme cela, c’est parti. Il n’a même pas demandé que ça s’en aille: c’est parti. Ça a pris un petit moment, c’est parti.

Je ne l’ai dit à personne. J’ai cru... j’ai cru que c’était fini. C’était après le repas et...

Tout à fait, tout à fait l’impression d’un bébé, et enveloppé (geste) dans les bras du Divin. Extraordinaire!

(silence)

N’est-ce pas, pendant un certain temps, c’est comme cela: «Ce que Tu voudras, ce que Tu voudras...», et puis ça aussi, ça se tait... (Mère ouvre les mains vers le haut dans un geste d’offrande et de contemplation immobile).

(silence)

C’est le type de concentration qui devrait changer.

Oui.

Parce que quand on fait cette discipline du mental physique, quand il s’échappe comme cela à droite, à gauche, c’est encore mentalement que l’on reprend la concentration, que l’on rétablit le silence, etc. Alors chaque fois, c’est par le mental que l’on fait la discipline...

Ah!

... Mais le mental, de la seconde où tu le relâches... Il faudrait une «descente» de quelque chose. Une prise de possession.

Vraiment, je crois que c’est la sensation de l’impuissance d’un bébé, tu comprends? Mais ce n’est pas une chose «pensée», «voulue»: c’est tout à fait spontané. Et alors, de ça, on passe dans un état... (Mère ouvre les mains dans un sourire béatifique).

Tant qu’il y a cette sensation de quelqu’un qui veut, quelqu’un qui fait, tout cela, c’est inutile... (même geste, mains ouvertes dans un sourire).

(Mère entre en contemplation)

Le Seigneur s’occupe de nous?

(Riant) Je crois que oui!

(Mère prend les mains du disciple)

Tu ne Le sens pas?

Si, douce Mère.

Ah!...

Et toi (à Sujata qui s’approche), tu Le sens?

Oui, douce Mère.

(silence)

(Sujata:) Douce Mère, qu’est-ce que c’est quand le corps lui-même sent un grand besoin d’être entouré?

Oui, n’est-ce pas! comme cela (geste).

Oui, douce Mère.

Oui, c’est ça.

D’être enveloppé. D’être enveloppé.

Oui, c’est ça. C’est ce que mon corps sent tout le temps. N’est-ce pas, il est... comme un enfant étant bébé. Même chose comme cela.

Je crois que... Je crois qu’il a une sensibilité excessive maintenant et qu’il a besoin d’être protégé de toutes les choses qui viennent1 – comme s’il devait travailler dedans, n’est-ce pas... comme dans un œuf. Comme cela. C’est cela.

Oui, c’est ça, c’est bien ça. Je crois qu’il y a tout un travail qui se fait dedans.

Oh! de l’ancienne manière, il est de plus en plus stupide, mais il y a une nouvelle manière qui commence à se former.

On voudrait, on voudrait être comme cela (même geste enveloppé), longtemps-longtemps-longtemps comme cela.

(Sujata:) Oui, douce Mère.

C’est ça.

Et comme si on avait constamment besoin d’avoir sa tête sur ta poitrine, comme cela. Et avec tes bras tout autour.

(Mère rit avec tendresse) C’est ça.

(À Satprem:) Toi aussi, tu sens comme cela?

Ah! oui, douce Mère – oui, douce Mère.

Mon petit... (Mère reprend les mains de Satprem).

Ça vient, il faut être patient.2

L'enregistrement du son fait par Satprem    

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1 Il semble que cette «formation de mort» autour de Mère, dont elle a déjà parlé à l’occasion du 21 février, soit devenue plus précise. Mais en fait, nous nous souvenons, et Sujata se souvient également d’avoir été frappée par une remarque de Mère l’année dernière, le 8 septembre 1971: «Il a eu des moments d’angoisse comme il n’en a jamais eus de toute sa vie, à propos de la mort, ce qui ne lui était jamais arrivé.» Ce jour-là, quelque chose a vibré. Bien des fois avant, Mère avait remarqué qu’il y avait beaucoup de désirs que son corps meure: «Un nombre considérable de désirs qu’il meure, partout – il y en a partout!» (c’était le 10 mai 1969). Mais il semble que cette menace ou cette formation de mort se soit rapprochée ou précisée depuis cette date. Comme si c’était entré dans le champ physique.

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2 Il existe un enregistrement de cette conversation.

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