SITE DE SRI AUROBINDO ET LA MÈRE
      
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Mère

l'Agenda

Volume 13

17 mai 1972

Ça va?

Tu n’étais pas bien, toi, ces jours-ci?

C’est curieux, c’est heureusement – heureusement – une chose après l’autre, une chose après l’autre, mais toutes-toutes les fonctions changent de.., (comment dire?), si l’on disait: «changent d’autorité». Les fonctions qui se faisaient naturellement – justement en accord avec les forces de la Nature –, tout d’un coup, brrm! c’est fini. Ça se retire. Et puis... quelque chose... que moi, j’appelle le Divin – peut-être Sri Aurobindo l’appelait-il le Supramental, je ne sais pas; c’est quelque chose comme cela, mais évidemment qui est concerné avec la Matière, la Manifestation, et qui est la réalisation de demain (je ne sais pas comment l’appeler), et alors «Ça», quand c’est bien désorganisé, que ça va tout à fait mal, Ça consent à intervenir.

Le passage n’est pas agréable. Voilà.

(Mère donne des fleurs à Sujata)

Tiens, mon petit.

Avec des douleurs aiguës, des... impossible de manger, etc. etc.

Il fallait évidemment que quelqu’un le fasse. Eh bien, Sri Aurobindo en s’en allant m’a dit qu’il n’y avait que moi qui pouvais le faire. J’ai dit bon... Voilà. Je ne l’ai pas fait par ambition – j’ai accepté, voilà tout.

Probablement, c’est la stupidité de mon corps qui fait que je souffre comme cela. S’il était plus réceptif et plus... (Mère ouvre les mains), oui, plus réceptif, ça se ferait avec moins de grincements. Je vois bien; je vois bien: les douleurs, le conflit, les incapacités, tout cela, c’est notre stupidité. Il n’y a pas de doute. Nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous. À n’importe quel moment – N’IMPORTE quel moment –, dans n’importe quelle circonstance, quand nous prenons la vraie attitude, c’est-à-dire que nous sommes comme cela (Mère ouvre les mains): que Ta Volonté soit faite – vraiment, sincèrement, intégralement –, ça va bien.

Par conséquent c’est notre faute, nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous. Et c’est notre imbécillité qui fait que nous nous plaignons – oh! moi, je ne me plains pas... mais tout d’un coup, je ne peux plus rien faire.

Voilà.

Et toi, qu’est-ce que tu as à dire?

Rien, douce Mère.

Il ne s’est rien passé pour toi?... J’espérais au moins que ça t’aurait aidé un peu!

Il ne s’est rien passé?

Non.

Bon, tant pis.

Encore trop mental.

(silence)

Alors, si tu veux, nous allons rester tranquilles. Tu ne veux rien demander? Tu n’as pas de nouvelles?

Tu dis «encore trop mental», tu veux dire...

Ça veut dire qu’au lieu de recevoir directement, tu comprends, sans pensée, les pensées viennent et alors dérangent – limitent la réceptivité et dérangent. C’est cela. Mais ça, je le vois pour moi, n’est-ce pas, j’ai eu tellement à lutter pour cela, pour ne pas... Ce besoin de comprendre, ce besoin de s’expliquer, ce sont tous les vieux mouvements qui reviennent. Il faut accepter d’être imbécile – le temps qu’il sera nécessaire. Moi, dès que j’accepte d’être imbécile... c’est la béatitude. Et la vieille habitude revient.

Pour l’homme, la réalisation suprême, c’est la compréhension: c’est comprendre les choses; pour le Supramental, la réalisation, c’est le Pouvoir (Mère étend les bras d’un geste souverain), c’est la volonté créatrice.

Mais naturellement, il serait tout à fait fâcheux que les capacités intellectuelles, les capacités mentales humaines s’emparent de ce pouvoir – ce serait effroyable! Nous aurions des catastrophes terribles. Par conséquent il faut en toute humilité accepter d’être un imbécile avant de pouvoir l’avoir.

(silence)

Mais je dois te dire que tu as été tout le temps dans ma conscience – et il n’y en a que très peu (Mère compte sur ses doigts), peut-être deux ou trois; autrement, ooh! ça va loin-loin... Tu étais tout le temps là, c’est pour cela que j’espérais que tu aurais senti un changement. Tu étais tout le temps dans ma conscience.

Je t’ai vue cette nuit.

Aah! voilà! Et alors?

Alors je ne sais pas, je t’ai regardée et puis... (comment dire?...) D’abord j’avais une crainte, et après je ne sais pas, tout a fondu et ma conscience a disparu comme dans un sommeil profond. Et j’avais l’impression que tu souriais.

(Mère sourit) Mais c’était très bien!... Ce que tu appelles ta conscience, c’est ta conscience intellectuelle.

Et j’avais beaucoup de mal, après, à me sortir de ce «sommeil» soi-disant. J’ai dû faire de grands efforts pour en sortir.

Mais pourquoi voulais-tu en sortir!

Probablement, il fallait que je me réveille.

(Mère rit) Ça ne fait rien.

(Mère entre en contemplation jusqu’à la fin de l’entrevue et ouvre les yeux quand onze heures sonnent)

Quelle heure est-il?

Onze heures, douce Mère.

Alors tu vois, quand j’ai commencé, je me suis dit: je sortirai de la méditation (pas «méditation», mais enfin...), je parlerai à onze heures! (rires) C’est pour cela que je t’ai demandé. C’est intéressant!

Si on devient simple, tu sais, comme un enfant... ça va.

Il ne faut pas avoir peur. Il ne faut pas avoir peur, ni d’être malade, ni d’être stupide, ni de... ni même de mourir – il faut être comme ça (geste vaste et tranquille comme une mer).

Si l’on pouvait avoir (j’ai ça de temps en temps, ça vient: c’est en train de venir), une espèce de confiance souriante. Mais alors il faut pour cela que la conscience soit vaste comme la création. On est vaste comme la création, et une confiance... Au fond, on en revient à cela (qu’on peut dire d’une façon tout à fait enfantine): Il sait mieux que nous ce qu’il faut faire.

Voilà.

Il sait mieux que nous ce qu’il faut faire.

Moi, c’est mon moyen. C’est le moyen que je trouve le plus simple (il y en a peut-être d’autres; il y en a sûrement d’autres), mais pour moi, c’est ce que je trouve le plus simple. Quand quelque chose s’inquiète ou résiste: «Il sait mieux que toi ce qu’il faut.» Voilà.

(Tenant les mains de Satprem) Si l’on pouvait être souriant, ce serait beaucoup plus facile.

(le disciple pose son front sur les genoux de Mère)

Au revoir, mon petit... Mais vraiment (ce n’est pas une phrase), je suis toujours avec toi. C’est un fait. C’est un fait comme cela (Mère palpe l’air), tu sais, concret.

Ça a reclassé l’environnement d’une façon tout à fait intéressante. Tout à fait intéressante.

Et autant, autant qu’il est possible, autant qu’il lui est permis, le corps voudrait être quelque chose d’inexistant: simplement que Ça passe au travers, Ça passe au travers tout le temps comme ça (geste par les mains). Que ça ne serve que comme un objet de concentration et de diffusion, comme ça (geste qui coule à travers Mère). Aussi-aussi souple, aussi impersonnel, aussi... (comment dire?) sans volonté propre. Sans volonté propre, comme cela, transmettre: que Ça passe au travers – sans colorer.

Sans colorer, sans diminuer, sans... Voilà.

(le disciple s’apprête à partir Sujata s’approche)

Douce Mère, tu sais, j’ai fait un très drôle de rêve hier matin... Dans mon rêve, j’ai vu le jardin de Satprem. J’étais dans la rue, je passais, j’ai vu son jardin, et j’ai aperçu un arbre d’«adoration» qui était plein de fleurs d’adoration. Et ça m’a remplie de beaucoup de joie. Et puis, d’un peu loin, j’ai vu un peu derrière, j’ai aperçu aussi une plante – c’était très haut et c’était le «mental»...

(Mère hoche la tête)

Et puis j’ai regardé, et sur une branche d’un arbre (je crois que c’était un cocotier ou un palmier), il y avait un oiseau qui était... le fond était blanc, un oiseau comme un pigeon, mais avec une queue longue, très longue, et puis je crois que c’est la poitrine qui était comme s’il y avait un cercle d’or...

Oh!

Et puis la tête était un peu... pas tout à fait orange, un peu guéroua1 (tu sais, la terre?) comme ça, et il était là perché.

(Montrant Satprem) C’était lui.

(Sujata, surprise) C’était lui, Mère!? Je ne sais pas.

Mais si, c’est lui! (rires) C’est bien.2

L'enregistrement du son fait par Satprem    

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1 Guéroua: orange (des sannyasins).

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2 Il existe un enregistrement de cette conversation.

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