Mère
l'Agenda
Volume 13
J’avais écrit ça l’autre jour (Mère tient un bout de papier), et Z m’a dit: «Oh! ce serait bien pour la nouvelle année.» Mais c’est en anglais... Est-ce que tu peux le lire?
"When you are conscious of the whole world at the same time, then you can become conscious of the Divine."
Mon idée, ce n’est pas que, automatiquement, en devenant conscient du monde, on devient conscient du Divin, mais quand on a la conscience assez vaste pour voir, pour être conscient du monde tout entier, alors vous êtes capable...
Comment dire?... Je ne veux pas le dire pleinement, c’est-à-dire que je veux que chacun comprenne suivant sa capacité – tu comprends? Tu saisis ce que je veux dire?
Oui-oui, douce Mère!
Celui qui a une conscience superficielle comprendra comme cela, et celui qui a une conscience profonde comprendra vraiment.
Alors je vais le mettre en français (Mère dicte):
Quand vous devenez conscient du monde tout entier en même temps, alors vous êtes capable d’être conscient du Divin.
Est-ce que ça va?
Oui, douce Mère, mais le «alors» n’est pas nécessaire: «Quand vous devenez conscient du monde tout entier en même temps, vous êtes capable d’être conscient du Divin.»
J’ai mis «alors» exprès, parce que autrement cela veut dire qu’en devenant conscient du monde tout entier, automatiquement on devient conscient du Divin – ce n’est pas vrai. C’est seulement un aspect du Divin. C’est pour cela que j’avais mis «alors».
Ça va?
Oui-oui, douce Mère. Mais si on lit littéralement ce qui est écrit, cela veut dire qu’il faut être conscient du monde tout entier...
...pour être capable d’être conscient du Divin. C’est ça, l’idée. Mais je ne veux pas le dire comme cela. Tu comprends, je veux que chacun...
... le comprenne à sa façon, à son niveau.
Oui, parce qu’avec le Travail, la vraie conscience se développe – mais je ne veux pas dire cela.
Mais c’est français?
Oui-oui! C’est très bien! Ça va très bien (rires).
(silence)
Alors ton progrès à toi?
Eh bien, je me le demande!
(Mère rit) Moi aussi!
(silence)
Mais c’est une chose incroyable: ou la vraie conscience, ou le sens d’un danger imminent et général. Tu comprends: tout, manger, prendre son bain, est un danger. Il n’y a que... (Mère ouvre les bras et les mains dans un geste d’abandon contemplatif).
Il n’y a que, jusqu’à présent, se reposer – alors c’est bien: c’est la détente dans le Divin. Les deux: se reposer et silence-immobilité (dans une position où mon corps ne me fait pas trop mal), comme cela, il semble que je pourrais rester des siècles. Et puis être... m’occuper (comment dire? ce n’est pas travailler): laisser le Divin passer à travers moi, à travers ce corps. De plus en plus, dans le silence, quand quelqu’un est là... (geste indiquant la Force qui coule à travers Mère)... arriver à ce qu’il n’y ait plus que le Divin.
Ces deux choses-là, ça va très bien. Le plus difficile de tout est de manger. Il y a... ce n’est ni dégoût, ni déplaisir, ni rien de tout cela (il n’y a pas de sensations): c’est matériellement impossible.
C’est un problème. Il y a quelque chose à trouver – quoi?
Et toi, tu n’as pas cela, j’espère?
Pour manger, non! Mais on dirait que le progrès consiste à s’apercevoir constamment de tout ce qui n’est pas bien...
Oui, oui.
... de tout ce qui va de travers, de tout ce qui est défectueux.
Oui, oui, voilà exactement!
Oui, mais alors c’est terriblement négatif et obscur.
Oui, mais tu n’as pas... (geste d’intériorisation)? Tu dors la nuit?
Mal, pas bien.
Moi, je ne dors plus du tout, mais c’est... c’est admirable! C’est la seule chose qui soit admirable (geste immobile, bras ouverts et mains ouvertes dans un abandon complet). Tu sais, c’est absolument comme si l’on prenait un bain de Seigneur: comme cela (même geste). Pas de sensations actives, pas de... rien. Rien. Rien qu’une... une paix lumineuse.
Certainement, c’est cela qui est destiné à remplacer le sommeil. Le sommeil, cette chute dans l’inconscience doit disparaître et être remplacée par... (même geste, bras ouverts, avec un sourire).
Pour le corps, c’est... on pourrait dire: un bain de Seigneur.
Mais il n’y a plus du tout, plus du tout la sensation d’une personne – plus du tout. C’est un état de conscience.
Un état de conscience.1
(Mère plonge les bras ouverts et les mains ouvertes)
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