Mère
l'Agenda
Volume 13
Tu as quelque chose?...
Non.
Moi, plus je vais, plus je découvre de contradictions en moi – des contradictions aiguës. On a l’impression que ce sont comme des impossibilités.
Non, pas des impossibilités – ce doit être qu’il faut aller plus profond ou plus haut, à l’endroit où ça se joint. C’est comme cela: les oppositions deviennent de plus en plus violentes jusqu’à ce qu’on trouve l’endroit où elles se... où une unité peut s’établir.
Il faut aller de plus en plus profond ou de plus en plus haut – c’est la même chose. C’est la même chose.
(silence)
Toutes nos vieilles façons de comprendre ne valent plus rien – rien.
Toutes-toutes nos valeurs ne valent plus rien.
Nous sommes au seuil de quelque chose qui est très merveilleux, mais... que nous ne savons pas garder – qui vient comme cela (geste comme un oiseau qui passe)... Nous ne savons pas.
Je n’ai jamais-jamais eu si fort l’impression de ne rien savoir, de ne rien pouvoir, de... d’être un ramassis de contradictions effroyables, et je SAIS, je sais – sans mots, profondément – que c’est parce que je ne sais pas trouver l’endroit où ça... ça s’harmonise et ça s’unifie.
Je ne peux absolument rien, je ne sais absolument rien – au fond, je ne suis... qu’une apparence mensongère, voilà.
Je ne me souviens de rien, je ne sais même plus ce que j’ai dit... Tout est comme cela (geste qui s’effrite).
Et c’est curieux, presque en même temps – presque en même temps: une torture et une béatitude. Voilà.
(Mère tousse
silence)
Seulement, ce qui est curieux, c’est qu’il semble que la nature humaine telle qu’elle est construite soit plus faite pour comprendre la torture que pour comprendre la béatitude.
Il y a une chose étrange: parce qu’on publie des livres [de Mère], je suis mise en rapport avec des choses que j’ai dites, et au moment où je les ai dites, naturellement j’étais tout à fait convaincue; maintenant... je me demande: comment ai-je dit cela!
Voilà.
Il y a «quelque chose»... (Mère ouvre les paumes vers le haut).
(long silence)
Il ne reste qu’une, qu’une volonté: que le Divin puisse s’exprimer sans déformation à travers ce corps. Ça, c’est constant-constant-constant-constant...
Dis-moi, quel est le mantra?
OM...
OM Namo Bhagavaté?
Bhagavaté, douce Mère, oui.1
(Mère plonge
La pendule sonne une heure éternelle)
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