Mère
l'Agenda
Volume 13
(Depuis dix jours, les entrevues se passent en contemplation.)
Comment ça va?
Ce n’est pas facile.
Non – c’est plus que difficile... Je regrette, je pensais que je souffrais pour tout le monde – je vois que ce n’est pas vrai.
(silence)
Qu’est-ce que tu veux?
Je veux que tu me gardes bien.
Oui, mais matériellement? Que je te garde comme cela?
(Mère prend les mains du disciple et s’apprête à méditer)
Oui, douce Mère.
Tu es confortable?
Très, douce Mère, très!
Il ne faut avoir mal nulle part.
(Mère plonge une demi-heure puis gémit soudain)1
Il me prend des envies de hurler.
(silence)
Qu’est-ce que tu sens, toi?
Comme un jeu qui disparaît dans ton Feu à toi – dans ce que tu es.
Mais qu’est-ce que tu sens?
Je ne sais pas – la grande Puissance.
Pourquoi ai-je envie de hurler?
Eh bien, je me demande si c’est moi qui te fais mal?
Non, mon petit! je suis tout le temps comme cela – pas du tout toi.
C’est quelque chose... Ce n’est pas douloureux du tout, mais c’est quelque chose... Moi, je crois – je crois, que c’est quelque chose de si nouveau que le corps est effrayé. Je ne vois que cette raison. Je me mets à hurler, et puis... ça ne sert à rien – il n’y a qu’à s’arrêter et puis changer.
C’est quelque chose...
Oui, ce doit être ça: quelque chose de si nouveau que le corps... ne sait pas comment le prendre.
(silence)
Tu n’as pas une perception quelconque?
Non, douce Mère, ce que je sens, c’est d’abord cette grande Flamme qui s’enfonce dans toi, et puis il y a comme une vaste immobilité – une immobilité puissante.
Ah! c’est ça. Ah! ce doit être ça. Oui, le corps doit prendre peur. Oui, ce doit être ça.
(Mère plonge,
sonnette de Champaklal)
C’est l’heure?... Oh! mon petit2...
(le disciple pose sa tête sur les genoux de Mère)
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1 Est-ce un hasard, l’ancienne assistante de Mère, atteinte d’un cancer, entre à l’instant.
2 Il existe un enregistrement de cette conversation.