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Mère

Entretiens

 

Le 18 janvier 1956

L'enregistrement   

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Douce Mère, ici Sri Aurobindo écrit: «Pendant toute cette [première] période, il [l’individu] doit travailler à travers les instruments de la Nature inférieure...» (La Synthèse des Yogas, vol. I, p. 94)

Quel est ce travail et comment s’effectue-t-il?

Il y a un côté positif et un côté négatif à ce travail.

Le côté positif est d’accroître son aspiration, de développer sa conscience, d’unifier son être, de s’intérioriser pour entrer de plus en plus en rapport avec son être psychique; de prendre toutes les parties ou tous les mouvements, toutes les activités de son être, de les présenter devant cette conscience psychique pour qu’elles prennent leur place véritable vis-à-vis de ce centre; enfin, d’organiser toute l’aspiration vers le Divin et le progrès vers le Divin. C’est le côté positif.

En même temps, le côté négatif consiste à refuser méthodiquement et avec discernement toutes les influences qui viennent du dehors, ou du subconscient, ou de l’inconscient, ou de l’entourage, et qui s’opposent au progrès spirituel. Il faut discerner ces influences, ces suggestions, ces impulsions, et les refuser systématiquement sans jamais se décourager de leur persistance et sans jamais céder à leur volonté. Il faut en même temps s’apercevoir dans son être des différents éléments obscurs, égoïstes, inconscients, ou même de mauvaise volonté, qui répondent, consciemment ou non, à ces influences mauvaises et qui leur permettent non seulement de pénétrer dans la conscience, mais quelquefois de s’y installer. C’est le côté négatif.

Les deux doivent être poursuivis en même temps. Suivant les moments, suivant les occasions, suivant la facilité intérieure, il faut insister tantôt sur l’un tantôt sur l’autre, mais ne jamais les oublier, ni l’un ni l’autre.

Généralement, tout progrès que l’on fait d’un côté a sa contrepartie dans l’attaque des forces adverses de l’autre côté. Alors, plus on avance, plus on doit devenir vigilant. Et la qualité la plus nécessaire, c’est la persévérance, l’endurance, et une... comment dire... une sorte de bonne humeur intérieure qui fait que l’on ne se décourage pas, que l’on ne s’attriste pas, et que l’on fait face en souriant à toutes les difficultés. Il y a un mot anglais qui exprime cela très bien, c’est cheerfulness. Si l’on peut garder cela au-dedans de soi, on lutte beaucoup mieux, on résiste beaucoup mieux, dans la lumière, à ces influences mauvaises qui essayent d’empêcher de progresser.

Voilà le travail. Il est vaste et il est complexe. Et il ne faut jamais rien oublier.

Douce Mère, «Le Suprême a posé sa main lumineuse sur un instrument humain choisi pour manifester sa Lumière, sa Puissance et sa Félicité miraculeuses.» (La Synthèse des Yogas, vol. I, p. 96)

Est-ce que c’est le Suprême qui choisit l’être qui sera son instrument, ou est-ce l’être qui choisit de devenir l’instrument?

C’est comme tu veux.

On ne peut pas savoir qui a commencé! Mais les deux se produisent généralement en même temps.

Si tu veux un ordre de priorité, il est évident que le Divin existe avant l’individu, alors ce doit être le Divin qui a choisi pour la première fois! Mais cela, c’est un choix antérieur à la vie terrestre. Dans l’ordre de la conscience humaine ordinaire, ce peut être l’un ou l’autre, ou les deux à la fois. En fait, il est probable que c’est le Divin qui le premier s’aperçoit que celui-ci ou celui-là est prêt! Mais celui qui est prêt, généralement, commence par ne pas le savoir, alors il a l’impression que c’est lui qui a décidé et qui choisit. Mais ce doit être plutôt une impression qu’une réalité.

Et une fois que l’on est choisi, c’est inéluctable, on ne peut pas échapper, même si l’on essaye.

Douce Mère, ici je voudrais une explication: «Dans la dernière période, il n’y a plus aucun effort, aucune méthode établie, aucune sâdhanâ fixe: l’effort et la tapasyâ font place à l’éclosion spontanée, simple, puissante et joyeuse de la fleur du Divin sur le bourgeon d’une nature terrestre purifiée et perfectionnée.» (La Synthèse des Yogas, vol. I, p. 96)

C’est une forme poétique.

Mais qu’est-ce que tu ne comprends pas? Pourquoi il a parlé de bourgeon et de fleur?

Je demande cela, parce que le bourgeon s’ouvre dans une fleur sans aucun effort, mais nous, nous avons l’effort à faire, n’est-ce pas?

Il dit que cela, c’est le moment où l’on est prêt; c’est justement pour te faire penser «mais le bourgeon s’ouvre sans effort»; alors quand la nature est prête, il se produit la même chose que pour le bourgeon.

«Effort», je ne sais pas ce que nous appelons effort, il n’est pas sûr que la plante ne fasse pas d’effort. Et en tout cas, elle a une aspiration; quand les plantes croissent, c’est le résultat d’une aspiration vers la lumière, vers le soleil, vers l’air libre.

Et c’est une sorte de compétition. Si l’on va dans un bois, par exemple, dans un parc où il y a beaucoup de plantes différentes, on peut très bien observer qu’il y a une sorte de compétition entre les plantes pour passer à travers les autres et atteindre la lumière et l’air libre au-dessus. C’est même assez merveilleux à voir.

Maintenant, Sri Aurobindo veut dire que, quand on s’est bien préparé et que la nature est prête, eh bien, le dernier mouvement est comme un épanouissement spontané — ce n’est plus un effort, c’est une réponse. C’est une action véritablement divine dans l’être: on s’est préparé et le moment est venu, alors le bourgeon s’ouvre.

De même que dans les plantes il y a une aspiration pour grandir, est-ce que dans les enfants aussi il y a une aspiration pour grandir?

Oui. Même, elle est très souvent consciente: ils veulent devenir grands.

Alors, est-ce que cela dépend de leur aspiration, s’ils sont grands ou petits?

À un certain moment, oui. J’ai connu véritablement des enfants qui ont grandi parce qu’ils avaient une très forte volonté de grandir.

Oui, cela a une action, même quand on n’est plus tout à fait un enfant. J’ai eu des exemples de gens qui avaient grandi même à vingt-cinq ans, tellement ils étaient anxieux de grandir. Et je ne parle pas de ceux qui ont fait de la culture physique, parce que c’est différent; avec la culture physique on peut changer très considérablement son corps; je parle simplement d’une aspiration, d’une volonté intérieure. Le corps est suffisamment plastique jusqu’à vingt-cinq ans. Après, il faut faire intervenir des méthodes plus scientifiques, comme la culture physique; et si c’est fait d’une façon savante et logique, on peut obtenir des résultats merveilleux. Mais il faut derrière, toujours, la volonté, c’est très important; une sorte d’aspiration tenace, une connaissance, ou une foi aussi, que l’on n’est pas lié nécessairement par l’atavisme.

Parce que, évidemment, comme dans les plantes, on est limité par la graine d’origine, l’espèce à laquelle on appartient. Mais il y a tout de même une grande marge. J’ai vu maintes fois des enfants qui étaient considérablement plus grands que leurs parents, par exemple, et qui vraiment l’avaient voulu. Évidemment, c’était avec une certaine résistance et dans une certaine limite, mais on peut repousser la limite beaucoup.

Et au fond, selon les théories de l’hérédité et de l’atavisme, on dit que les hérédités peuvent passer des générations, et il y a peu de familles qui n’aient eu au moins un membre qui soit grand et qui puisse légitimer la haute taille des petits-enfants ou des arrière-petits-enfants.

Douce Mère, est-ce qu’une plante peut grandir autrement que physiquement?

Il y a dans les plantes une grande force vitale. Et cette force vitale agit considérablement. Et il y a aussi le génie de l’espèce, qui est une conscience. Il y a déjà une conscience active qui agit dans les plantes.

Et dans le génie de l’espèce, il y a un commencement — très embryonnaire, mais enfin —, il y a un commencement de réponse à l’influence psychique, et certaines fleurs sont évidemment l’expression d’une attitude et d’une aspiration psychique dans la plante — pas très conscientes de soi, mais qui existent comme un élan spontané.

Il est tout à fait certain que, par exemple, si vous avez une affection spéciale pour une plante, en plus du soin matériel que vous lui donnez, si vous l’aimez, si vous vous sentez proche d’elle, elle le sent: son épanouissement est beaucoup plus harmonieux, heureux, sa croissance est meilleure, sa durée est prolongée. Tout cela implique une réponse dans la plante ellemême. Par conséquent, il y a la présence, là, d’une certaine conscience; et certainement, la plante a un être vital.

Mère, est-ce que la plante a une individualité propre et même se réincarne après la mort?

Cela peut arriver, mais c’est accidentel.

Il y a des arbres — des arbres surtout — qui ont vécu très longtemps et qui peuvent être la demeure d’un être conscient, d’un être vital. Généralement, ce sont des individualités vitales qui prennent refuge dans les arbres, ou bien certains êtres du vital qui habitent les forêts. Comme dans l’eau, certains êtres du vital y habitent. Il y avait de vieilles légendes comme cela, mais elles étaient basées sur un fait.

La plante sert de demeure et d’abri, mais l’être n’est pas construit par la plante elle-même!

(silence)

L’être qui est choisi par le Divin, peut-il le comprendre dès sa naissance?

Même avant sa naissance.

Peut-être que sa naissance est le résultat de ce choix; généralement, c’est comme cela. Mais à n’importe quelle époque de la vie, cela peut se produire. Mais pour ceux qui sont prédestinés, c’est avant la naissance; généralement, ils sont venus sur la terre avec une intention et dans un but déterminé.

Tu voudrais bien savoir si cela t’est arrivé, hein! (rires) Eh bien, essaye — essaye de savoir: aie cette aspiration intérieure, fais une concentration, et puis essaye. Si tu as des résultats, tu me le diras; je te dirai si c’est correct.

(S’adressant à un autre disciple) Lui, il a encore quelque chose dans la tête!

Mère, pour continuer cette question de la dernière phrase: «Le Suprême a posé sa main sur un instrument humain choisi pour manifester sa Lumière...»

Oui.

Est-ce que cela peut être général ou est-ce un sur un million?

Qu’est-ce que vous voulez dire par là, «général»? Tous les hommes qui sont sur la terre? C’est cela que vous voulez dire?

Ceux qui aspirent et font le yoga, ou bien est-ce un seul?

Oh! cela commence à prendre forme! (rires) Est-ce seulement un individu que le Divin choisit pour Le manifester, ou s’Il peut en choisir plusieurs? Il en choisit plusieurs.

Mais là aussi, il y a une hiérarchie. On ne peut rien comprendre à la vie spirituelle si l’on ne comprend pas la vraie hiérarchie.

Maintenant ce n’est pas à la mode. Dans la pensée humaine, c’est une chose que l’on ne favorise pas du tout. Mais au point de vue spirituel, elle est automatique, spontanée et indiscutable. Et alors, si la hiérarchie est vraie, il y a une place pour tout le monde; et pour chaque individu à la place où il est, sa vérité individuelle est absolue. C’est-à-dire que chaque élément qui est vraiment à sa place a une relation totale et parfaite avec le Divin — à sa place. Et pourtant, dans l’ensemble, il y a une hiérarchie qui est aussi tout à fait absolue. Mais pour comprendre la vie spirituelle, il faut d’abord comprendre cela; et ce n’est pas très facile.

Chacun peut être l’expression parfaite du Divin, en luimême, à condition qu’il sache sa place, et qu’il y reste.

Et s’ils ne connaissent pas la hiérarchie, ils ne peuvent pas savoir?

Mais ils n’ont pas besoin de savoir qu’ils sont hiérarchisés, il n’est pas nécessaire de le savoir. Ce n’est que si l’on veut organiser physiquement une société spirituelle, alors là on est obligé de matérialiser la hiérarchie. Mais généralement, dans le monde tel qu’il est, il y a tant de trous dans cette hiérarchie que cela paraît une confusion.

La hiérarchie parfaite est une hiérarchie totale, et elle ne se soucie ni du temps ni de l’espace. Mais quand vous voulez réaliser cela physiquement, cela devient très difficile. C’est comme une étoffe que l’on tisserait avec des quantités de trous partout; et les trous, cela dérange l’harmonie générale. Il manque toujours des gens, il manque des échelons, il manque des pièces sur l’échiquier — ça manque. Alors, cela a l’air d’une confusion. Mais si tout était exprimé et chaque chose à sa place, ce serait une harmonie parfaite et une hiérarchie parfaite.

Il y a quelque part (pas dans l’univers matériel, mais dans l’univers manifesté) cette hiérarchie parfaite; elle existe. Mais elle n’est pas encore manifestée sur terre.

Peut-être que ce sera l’un des résultats de la transformation supramentale: le monde sera prêt à une manifestation hiérarchique parfaite, spontanée, essentiellement vraie — et sans coercition d’aucun genre — où chacun aura conscience de sa perfection propre.

Mère, que veut dire exactement la hiérarchie spirituelle? Parce que, quand on parle de hiérarchie, cela implique quelque chose qui est rangé dans un ordre supérieur et inférieur, non?

Oui, et c’est tout à fait faux. C’est-à-dire que, matériellement, c’est comme cela. Mais ce n’est pas ce que j’appelle une hiérarchie.

Alors, qu’est-ce qu’une hiérarchie?

C’est l’organisation des attributions et la manifestation, dans l’action, de la nature propre de chacun.

On a essayé plusieurs fois de faire des comparaisons, mais elles ne valent rien. Parce que, aucune des choses que nous connaissons physiquement ne peut répondre à cette conditionlà. Il y a toujours ce que tu dis, le sens de la supériorité ou de l’infériorité... Certains ont comparé la hiérarchie aux diverses fonctions du corps, par exemple. Mais cela donne toujours l’impression que la tête est en haut et les pieds sont en bas, alors c’est gênant!

Chaque élément est tout le Divin en même temps, alors comment peut-on parler de hiérarchie?

Chaque élément a un rapport direct et parfait avec le Divin.

Mais est-ce qu’ils ne peuvent pas devenir tout le Divin?

Oui, tous deviennent le Divin; mais pas la totalité du Divin, parce que le Divin, c’est tout. Tu ne peux pas prendre un morceau du Divin et dire: «Ça, c’est le Divin.» Et pourtant, dans sa conscience spirituelle, chacun a une relation parfaite avec le Divin, c’est-à-dire que chacun est aussi parfaitement le Divin qu’il peut l’être. Mais pour reconstruire le Divin, c’est tout le Divin qui est nécessaire. Et c’est justement cela qui constitue l’essence même de la hiérarchie. Mais comme chacun est parfait en soi, il ne peut pas y avoir de sentiment d’infériorité ou de supériorité.

Je ne crois pas que la mentalité humaine puisse comprendre cela. Je crois qu’il faut le vivre; une fois qu’on l’a vécu, c’est très simple, cela paraît lumineusement simple. Mais pour le comprendre avec le mental, ce n’est pas possible, cela paraît impossible. Surtout que le mental, pour pouvoir comprendre quoi que ce soit, est obligé de tout diviser et de tout opposer, autrement il ne comprend pas, il est dans une confusion. Par son fonctionnement même, il se rend incapable de comprendre.

(silence)

Douce Mère, comment peut-on dire qu’un fait est «déjà accompli» quand il ne s’est pas encore manifesté, par exemple que le Divin a choisi un instrument, quand rien n’est encore apparent?

Oui, dedans, dans le monde qui n’est pas encore manifesté, la décision est là, c’est fait là; mais alors, il faut que cela vienne à la surface.

C’est exactement l’équivalent individuel de ce que je vous ai raconté plusieurs fois déjà à propos de la liberté de l’Inde. Après être allée à un certain endroit, j’ai dit à Sri Aurobindo: «L’Inde est libre.» Je ne lui ai pas dit: «Elle sera libre», je lui ai dit: «Elle est libre.» Eh bien, entre ce moment-là, où c’était un fait accompli, et le moment où cela s’est traduit dans le monde matériel sur la terre, combien d’années a-t-il fallu? C’était en 1915, et la libération a eu lieu en 1947, c’est-à-dire trente-deux ans. Voilà, c’est l’image exacte de la résistance.

Alors, pour l’individu, c’est la même chose; cela prend quelquefois aussi longtemps que cela, quelquefois cela va plus vite.

Tu dis que tu avais vu l’Inde libre...

Non, je n’avais pas vu: je savais.

Tu as dit à Sri Aurobindo: «L’Inde est libre.» Est-ce que l’Inde était libre entièrement ou coupée en deux comme elle l’est à présent?

Je voulais dire spécialement ce qui s’est passé en 1947, c’està- dire que la domination étrangère s’est retirée, c’est tout. Pas autre chose que cela, pas sa liberté morale ou spirituelle, je n’ai pas parlé de cela du tout. J’ai simplement dit qu’elle était libérée de la domination étrangère, puisque même, à une question que Sri Aurobindo m’a posée, j’ai répondu (du même endroit): «Il n’y aura aucune violence, cela se fera sans révolution, ce sont les Anglais qui d’eux-mêmes décideront de s’en aller, parce que la place sera intenable à la suite de certaines circonstances terrestres»; par conséquent, il s’agissait seulement de cela, il n’y avait aucune question spirituelle là-dedans.

Et les choses se sont passées comme cela. Et je l’ai dit à Sri Aurobindo en 1915, exactement. C’était tout là, c’était là. Je n’ai rien deviné ni prophétisé: c’était un fait.

Et alors, cela vous donne exactement l’image du temps qu’il faut entre le fait établi et la réalisation intérieure. Et pour l’individu, c’est la même chose: il est choisi, il a choisi; et il a choisi le Divin et il est choisi; et c’est une affaire qui est décidée; et cela se produira inéluctablement, on ne peut pas échapper, même si l’on essaye. Seulement, cela peut prendre très longtemps.

Mère, (rires) je demandais... Tu as dit que l’Inde était libre en 1915, mais est-ce qu’elle était libre comme elle est libre à présent? Parce que l’Inde n’est pas libre tout entière. Elle est coupée.

Oh! Oh! c’est cela que tu voulais savoir!

Ça, les détails n’y étaient pas. Non, il devait y avoir une possibilité que cela soit autrement, puisque, quand Sri Aurobindo leur a dit de faire une certaine chose, leur a envoyé son message1, il savait très bien que l’on pouvait éviter ce qui s’est passé ensuite. Si on l’avait écouté à ce moment-là, il n’y aurait pas eu de division. Par conséquent, la division n’était pas décrétée, c’est une déformation humaine. C’est incontestablement une déformation humaine.

Mais alors, comment peut-on dire que la décision du Suprême est inéluctable?

Comment?

Si le Divin avait choisi que l’Inde serait libre...

Non, non, ce n’est pas comme cela, mon enfant! (rires)

C’est un fait, c’est tout. C’est le Divin qui est l’Inde, c’est le Divin qui est la liberté, c’est le Divin qui est l’assujettissement, c’est le Divin qui est tout — alors, comment est-ce qu’Il a choisi?

(silence)

Je te conseille d’aller voir là-haut, comme cela tu comprendras. Tant que tu n’auras pas grimpé l’échelle jusque-là, ce sera difficile à comprendre.

 

1 R appelons qu’en 1942, au moment des «réformes» présentées par Sir Stafford Cripps (réformes qui n’envisageaient pas encore l’indépendance de l’Inde, mais qui y conduisaient), Sri Aurobindo prit la peine d’envoyer un émissaire spécial à Delhi afin de convaincre les personnes responsables que les réformes devaient être acceptées. On ne le comprit pas. Eussent-elles été acceptées, l’Inde aurait probablement évité la partition du Pakistan et les atrocités qui l’accompagnèrent.

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