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Mère

Entretiens

 

Le 4 juillet 1956

L'enregistrement   

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Douce Mère, on dit que, si l’on voit une étoile filante et qu’à ce moment-là on aspire à quelque chose, cette aspiration se réalise dans l’année. Est-ce vrai?

Tu sais ce que cela veut dire? Il faut que l’aspiration se formule pendant le temps que l’étoile est visible; et cela ne dure pas longtemps, n’est-ce pas? Eh bien, si une aspiration est capable de se formuler pendant le temps que l’étoile est visible, cela veut dire qu’elle est tout le temps présente, en avant de la conscience (cela ne s’applique pas aux choses ordinaires, il ne s’agit pas de cela, il s’agit d’une aspiration spirituelle). Mais le fait est que, si vous êtes capable d’énoncer votre aspiration spirituelle juste à ce moment-là, c’est qu’elle est tout à fait en avant de votre conscience, qu’elle domine votre conscience. Et nécessairement, ce qui domine votre conscience peut se réaliser très rapidement.

J’ai eu l’occasion de faire cette expérience. Exactement cela. Au moment où l’étoile passait, au même moment jaillissait de la conscience: «Réaliser l’union divine, pour mon corps.» Au moment.

Et avant la fin de l’année, c’était fait.

Mais ce n’était pas à cause de l’étoile! C’était parce que cela dominait toute ma conscience et que je ne pensais qu’à cela: je ne voulais que cela, je ne pensais qu’à cela, je n’agissais qu’à cause de cela. Et alors, cette chose qui généralement prend toute une vie (on dit que le minimum est trente-cinq ans!), avant la fin des douze mois, c’était fait.

Mais parce que je ne pensais qu’à cela.

Et c’est parce que je ne pensais qu’à cela que, juste pendant l’éclair du passage de l’étoile, j’ai pu formuler — pas seulement une vague impression —, formuler en mots précis, comme cela: «Réaliser l’union avec le Divin», le Divin intérieur, la chose dont on parle. Justement la chose dont on parle.

Par conséquent, ce qui est important, ce n’est pas l’étoile, c’est l’aspiration. L’étoile est seulement comme une démonstration extérieure, pas autre chose. Mais il n’est pas nécessaire qu’il y ait une étoile filante pour réaliser rapidement! Ce qui est nécessaire, c’est que toute la volonté de l’être soit concentrée sur un point.

(silence. Mère montre une série de questions écrites)

Ce que j’ai là n’est pas très intéressant. Il y a une question très pratique, que je vous ai déjà expliquée plusieurs fois, mais il sera peut-être bon que je vous l’explique encore une fois. C’est ceci:

«Lorsqu’on a un mal nettement localisé dans le corps, quelle est la meilleure façon d’ouvrir la conscience physique pour recevoir la Force de guérison?»

Pour cela (comme pour tout le reste dans ce domaine que l’on pourrait appeler les «avant-postes» de l’occultisme, ou le seuil de l’occultisme), chacun doit trouver son propre mouvement; parce que ce qui est le plus efficace pour chacun, c’est la méthode à laquelle il s’est préparé plus ou moins et qui lui est la plus familière. Alors il est très difficile de faire une règle générale.

Mais il y a une préparation qui peut être d’un ordre général. C’est, méthodiquement, d’habituer son corps à comprendre qu’il n’est que l’expression extérieure d’une réalité plus vraie et plus profonde, et que c’est cette réalité plus vraie et plus profonde qui régit sa destinée — quoi qu’il ne s’en aperçoive pas généralement.

On peut préparer le corps par des séries d’observations, d’études, de compréhensions1, en lui montrant des exemples, en lui faisant comprendre les choses comme on les fait comprendre à un enfant, soit en observant les mouvements en soi-même (mais généralement, là, on est un peu plus aveugle!), soit en les observant chez d’autres. Et d’une façon plus générale, cette préparation sera basée sur les études reconnues, les faits qui sont patents. Comme celui-ci, par exemple, qu’un certain nombre d’individus, placés exactement dans des circonstances analogues, éprouvent chacun des conséquences très différentes. On peut même aller plus loin: dans un ensemble de circonstances données, définies, il y a un certain nombre d’individus donnés, définis, qui se trouvent dans des conditions apparemment tout à fait identiques, et pour les uns, les effets sont catastrophiques, tandis que les autres s’en tirent sans aucun dommage.

Pendant la guerre, on a eu un très grand nombre d’exemples de ce genre à étudier. Dans les épidémies, c’est la même chose; dans les cataclysmes de la Nature, comme les raz de marée ou les tremblements de terre ou les cyclones, c’est la même chose.

Le corps comprend ces choses si on lui montre et qu’on lui explique comme on explique à un enfant: «Tu vois, il y avait quelque chose d’autre qui agissait là, pas seulement le fait matériel, brutal, tout seul.» Et à moins qu’il n’y mette de la mauvaise volonté, il comprend.

Ça, c’est une préparation.

Petit à petit, si vous utilisez cette compréhension, il faut, avec un travail méthodique d’infusion de la conscience dans les cellules du corps, infuser en même temps la vérité de la Présence divine. C’est un travail qui prend du temps, mais qui, s’il se fait méthodiquement et constamment, produit un effet.

Alors, vous avez préparé le terrain.

Arrive une douleur quelconque provenant d’une maladie quelconque, sur un point précis. À ce moment-là cela dépendra, comme je l’ai dit au commencement, de l’approche qui vous est la plus familière. Mais nous pouvons donner un exemple. Vous avez mal, très mal; cela fait très mal, n’est-ce pas, vous souffrez beaucoup.

Premier point: ne pas insister sur la douleur en vous disant à vous-même: «Oh! comme j’ai mal! Oh! ce mal est insupportable! Oh! cela devient de pire en pire, je ne pourrai jamais supporter cela», etc., tout ce genre de choses. À mesure que vous pensez comme cela et que vous sentez comme cela et que votre attention est concentrée là-dessus, le mal croît merveilleusement.

Alors, premier point: vous contrôler suffisamment pour ne pas faire cela.

Second point. Comme je l’ai dit, cela dépend de vos habitudes. Si vous savez vous concentrer, être tranquille, et que vous soyez capable d’amener en vous une certaine paix, d’une nature quelconque (cela peut être une paix mentale, cela peut être une paix vitale, cela peut être une paix psychique; elles ont des valeurs et des qualités différentes, c’est une question individuelle), vous tâchez de réaliser en vous un état de paix, ou vous essayez d’entrer en rapport conscient avec une force de paix... Admettez que vous ayez plus ou moins partiellement réussi. Alors, si vous pouvez attirer la paix en vous et la faire descendre dans votre plexus solaire (parce que nous ne parlons pas des états intérieurs, nous parlons de votre corps physique) et, de là, la diriger d’une façon très tranquille, très lente je pourrais dire, mais très obstinée, vers l’endroit où se trouve la douleur plus ou moins aiguë, et la fixer là, c’est très bien.

Ce n’est pas toujours suffisant.

Mais si, en amplifiant ce mouvement, vous pouvez ajouter une sorte de formation mentale un peu vivante (pas seulement froide, mais un peu vivante) que la seule réalité est la Réalité divine, et toutes les cellules de ce corps sont l’expression plus ou moins déformée de cette Réalité divine — il n’y a qu’une Réalité, le Divin, et notre corps est l’expression plus ou moins déformée de cette unique Réalité —, si par mon aspiration, par ma concentration, je peux amener dans les cellules du corps la conscience de cette unique Réalité, tout désordre doit nécessairement cesser.

Si à cela vous pouvez ajouter un mouvement d’abandon confiant en la Grâce, alors je ne vous donne pas cinq minutes pour que votre douleur disparaisse. Si vous savez le faire.

Vous pouvez essayer et puis ne pas réussir. Mais il faut savoir essayer encore et encore et encore, jusqu’à ce que l’on réussisse. Mais si l’on fait ces trois choses-là en même temps, eh bien, il n’y a pas de douleur qui puisse résister.

Voilà.

(silence)

Maintenant une autre question. C’est ce que j’ai dit la semaine dernière à propos du psychique, qui voit dans son domaine psychique, qui regarde la terre et qui cherche à y trouver un point où il puisse se réincarner dans des conditions favorables. Alors j’ai dit que, du domaine psychique, il regarde la terre pour y voir une «lumière correspondante».

On me demande ce que je veux dire par «lumière correspondante».

Je veux dire tout simplement une lumière psychique. Parce qu’il y a des gens qui ont un psychique plus ou moins éveillé, et ce psychique plus ou moins éveillé est visible du domaine psychique pour les êtres psychiques. Alors, quand ils voient une lumière quelque part, ils trouvent que c’est un lieu favorable pour se manifester... (Il commence à pleuvoir)

Maintenant, je crois que nous allons avoir une méditation mouillée, mes enfants!

(À un disciple) Enlevez ce micro, ces pauvres choses qui n’aiment pas la pluie!

(méditation)

 

1 «Comprendre, pour le corps, c’est la capacité d’exécuter obtenue par la contagion de l’exemple. Car pour le corps, “comprendre”, c’est pouvoir faire.» (Note de la Mère)

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