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Mère

Entretiens

 

Le 11 juin 1958

L'enregistrement   

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«Quand l’émergence décisive se produit, l’un de ses signes est la présence et l’action en nous d’une conscience inhérente, intrinsèque, existant en soi, qui se connaît par le simple fait de son existence, qui connaît tout ce qui est en elle, de la même manière, par identité, qui commence même à voir tout ce qui à notre mental paraît extérieur, de la même manière, par un mouvement d’identité ou par une conscience directe intrinsèque qui enveloppe son objet, le pénètre, entre en lui, se découvre dans l’objet et perçoit en lui quelque chose qui n’est ni le mental, ni la vie ni le corps. Il existe donc, évidemment, une conscience spirituelle différente du mental, et elle témoigne de l’existence en nous d’un être spirituel qui est autre que notre personnalité mentale de surface.» (L’Évolution spirituelle, p. 39)

Douce Mère, y a-t-il un être spirituel dans tout le monde?

Cela dépend de ce que nous appelons «être». Si l’on remplace être par «présence», oui, il y a une présence spirituelle dans tout le monde. Si nous appelons «être» une entité organisée, pleinement consciente d’elle-même, indépendante et ayant le pouvoir de s’affirmer et de gouverner le reste de la nature — non! La possibilité de cet être indépendant et tout-puissant est en tout le monde, mais la réalisation est le résultat de longs efforts qui s’étendent parfois sur de nombreuses vies.

En chacun, même tout au commencement, cette présence spirituelle, cette lumière intérieure est là... En fait, elle est partout. Je l’ai vue, maintes fois, dans certains animaux. C’est comme un point brillant qui est à la base d’un certain contrôle et d’une certaine protection; quelque chose qui rend possible, même dans une semi-conscience, une certaine harmonie avec le reste de la création afin que les catastrophes irrémédiables ne soient pas constantes et générales. Sans cette présence, le désordre créé par les violences et les passions vitales serait tel qu’elles pourraient à n’importe quel moment créer une catastrophe générale, une sorte de destruction totale qui empêcherait la progression de la Nature. C’est cette présencelà, cette lumière spirituelle — que l’on pourrait presque appeler une conscience spirituelle — qui est au-dedans de chaque être et de toute chose et qui fait que malgré toutes les discordances, malgré toutes les passions, malgré toutes les violences, il y a un minimum d’harmonie générale qui permet à l’oeuvre de la Nature de s’accomplir.

Et cette présence devient tout à fait évidente dans l’être humain, même le plus rudimentaire. Même dans l’être humain le plus monstrueux, celui qui donne l’impression d’être l’incarnation d’un diable ou d’un monstre, il y a quelque chose audedans qui impose une sorte de contrôle irrésistible — même chez le pire il y a des choses qui sont impossibles. Et sans cette présence, si l’être était exclusivement gouverné par les forces adverses, les forces du vital, cette impossibilité n’existerait pas.

Chaque fois qu’une vague de ces forces adverses, si monstrueuses, se répand sur la terre, on a l’impression que plus rien n’arrêtera le désordre et l’horreur qui se répandent, et toujours, à un moment donné, d’une façon inattendue et inexplicable, un contrôle intervient, et la vague est enrayée, la catastrophe n’est pas totale. Et c’est dû à cette Présence — suprême — dans la matière.

Mais c’est seulement en quelques êtres exceptionnels et après un long, très long travail de préparation qui s’étend sur de nombreuses vies, que cette Présence se change en un être conscient, indépendant, pleinement organisé, maître toutpuissant de la demeure qu’il habite; assez conscient, assez puissant pour pouvoir contrôler non seulement cette demeure, mais ce qui l’entoure et dans un champ de rayonnement et d’action de plus en plus étendu... et efficace.