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Sri Aurobindo

Le Secret du Véda
Suivi de hymnes choisis du Rig-Véda

Avec commentaires

8. Vayu, maître des énergies de vie (4.48)

4.48.1

वि॒हि होत्रा॒ अवी॑ता॒ विपो॒ न रायो॑ अ॒र्यः ।

वाय॒वा च॒न्द्रेण॒ रथे॑न या॒हि सु॒तस्य॑ पी॒तये॑ ॥१॥

vihi hotrā̍ avītāḥ vipa̍ḥ na rāya̍ḥ aryaḥ

vāyo iti ā candreṇe̍ rathe̍na yāhi sutasya̍ pītaye̍

Manifeste les énergies sacrificielles non manifestées, deviens celui-là même qui accomplit l’œuvre et révèle la félicité; ô Vayu, viens dans ton char de lumière heureuse déguster le Soma.

4.48.2

नि॒र्यु॒वा॒णो अश॑स्तीर्नि॒युत्वाँ॒ इन्द्र॑सारथिः ।

वाय॒वा च॒न्द्रेण॒ रथे॑न या॒हि सु॒तस्य॑ पी॒तये॑ ॥२॥

niḥ-yuvānaḥ aśa̍stīḥ niyutvā̍n indra̍-sārathiḥ

vāyo iti ā candreṇe̍ rathe̍na yāhi sutasya̍ pītaye̍

Oubliant tout refus de t’exprimer, avec tes chevaux d’attelage et Indra pour diriger ton char, ô Vayu, viens dans ton char de lumière heureuse déguster le Soma.

4.48.3

अनु॑ कृ॒ष्णे वसु॑धिती ये॒माते॑ वि॒श्वपे॑शसा ।

वाय॒वा च॒न्द्रेण॒ रथे॑न या॒हि सु॒तस्य॑ पी॒तये॑ ॥३॥

anu̍ kṛṣṇe vasu̍dhitī iti vasu̍-dhitī yemāte iti viśva-pe̍śasā

vāyo iti ā candreṇe̍ rathe̍na yāhi sutasya̍ pītaye̍

Les deux noirs détenteurs de la substance en qui sont toutes les formes te suivent dans leur labeur; ô Vayu, viens dans ton char de lumière heureuse déguster le Soma.

4.48.4

वह॑न्तु त्वा मनो॒युजो॑ यु॒क्तासो॑ नव॒तिर्नव॑ ।

वाय॒वा च॒न्द्रेण॒ रथे॑न या॒हि सु॒तस्य॑ पी॒तये॑ ॥४॥

vaha̍ntu tvā manoyujo̍ yuktāso̍ navatir nava̍

vāyav ā candreṇa rathe̍na yāhi sutasya̍ pītaye̍

Que les quatre-vingt-dix-neuf, attelés, t’amènent, eux qui sont rattachés au mental; ô Vayu, viens dans ton char de lumière heureuse déguster le Soma.

4.48.5

वायो॑ श॒तं हरी॑णां यु॒वस्व॒ पोष्या॑णाम् ।

उ॒त वा॑ ते सह॒स्रिणो॒ रथ॒ आ या॑तु॒ पाज॑सा ॥५॥

vāyo iti śatam harīṇām yuvasva̍ poṣyā̍ṇām

uta vā te sahasriṇa̍ḥ ratha̍ḥ ā yātu pāja̍sā

Attelle, ô Vayu, tes cent radieux coursiers qu’il faudra multiplier, ou avec les mille que ton char arrive dans toute sa puissance.

Commentaire

Les conceptions psychologiques des Rishis védiques ont souvent une profondeur admirable, surtout lorsqu’ils abordent le phénomène des activités conscientes du mental et de la vie émergeant du subconscient. On peut même dire que sur cette notion s’appuie toute la philosophie riche et subtile à laquelle sont arrivés ces Mystiques inspirés, en cette aurore précoce de la connaissance. Et nul autre mieux que le Rishi Vamadéva, un des voyants les plus profonds, un des poètes les plus gracieux aussi de l’ère védique, n’a exprimé l’idée avec un tel bonheur, un tel raffinement. L’un de ses hymnes, le dernier du quatrième Mandala, est en fait la clef la plus importante dont nous disposions pour déchiffrer ce symbolisme qui cache, derrière les images du sacrifice, ces réalités de l’expérience et de la perception psychologiques que vénéraient tant nos ancêtres aryens.

Dans l’hymne en question (4.58), Vamadéva parle de l’Océan du subconscient qui forme la base de toute notre vie et de toutes nos activités. De cet Océan surgit “la vague miellée” de l’existence sensorielle, avec sa gestation de délice irréalisé, montant jusqu’au ciel de l’Immortalité chargée de gṛhata et de soma, la conscience mentale clarifiée et l’Ananda illuminé qui descend d’en haut. Le “Nom secret” de la conscience mentale, la langue avec laquelle les dieux goûtent le monde, le nœud de l’Immortalité, c’est l’Ananda symbolisé par le Soma (rik 1). Car toute cette création a été pour ainsi dire projetée dans le subconscient par le Taureau quadricorne, le Purusha divin, ayant pour cornes Existence, Conscience, Béatitude et Vérité infinies (rik 2). Se servant de métaphores puissamment insolites qui rappellent les grotesques sublimes et les figures étranges héritées de l’art ancien, mystique et symbolique, du monde préhistorique, Vamadéva dépeint le Purusha comme un être mi-homme mi-taureau, quadricorne, tripède et bicéphale, avec pour cornes les quatre principes divins, pour pieds ou jambes les trois principes humains – mentalité, dynamisme vital et substance matérielle, pour têtes la conscience double de l’Âme et de la Nature, Purusha et Prakriti, pour sept mains les sept activités naturelles correspondant aux sept principes. “Triplement attaché” – lié dans le mental, lié dans les énergies de vie, lié dans le corps –, “le Taureau pousse un mugissement retentissant; puissante est la Divinité qui est entrée dans les mortels” (rik 3).

Car le gṛhatam, la lumière limpide de la mentalité réfléchissant la Vérité, a été caché par les Panis, les maîtres de l’activité sensorielle inférieure, et enfermé dans le subconscient; dans nos pensées, nos désirs, notre conscience physique, la Lumière et l’Ananda ont été triplement établis, mais demeurent invisibles. C’est dans la Vache, symbole de la Lumière venue d’en haut, que les dieux découvrent les flots clarifiés du gṛhatam (rik 4). Ces flots, dit le Rishi, montent du cœur des choses, de l’Océan du subconscient, hṛdyāt samudrāt, mais l’ennemi, Vritra, les parque dans cent enclos pour qu’ils échappent à l’œil du discernement, à la connaissance qui s’efforce en nous d’illuminer ce qui est caché et de délivrer ce qui est emprisonné (rik 5). En chemin ils longent le subconscient, dans un mouvement compact et impétueux pourtant, limités par l’action nerveuse, en petites formations de l’énergie de Vie, Vayu, vātapramiyaḥ (rik 7), Progressivement purifiées par les expériences du cœur et du mental conscients (rik. 6), ces énergies de la Nature deviennent finalement dignes d’épouser Agni, la Force de Volonté divine (rik 8), qui, abattant leurs frontières, se nourrit lui-même de leurs flots désormais abondants. Cette crise de l’être, c’est celle que traverse la nature mortelle pour préparer sa conversion à l’Immortalité.

Au dernier vers de l’hymne (4.58.11), Vamadéva présente l’existence entière comme établie en haut dans le séjour du Purusha divin, en bas dans l’Océan du subconscient et, entre les deux, dans la Vie, antaḥ samudre hṛdi antar āyuṣi. Le mental conscient devient alors le canal qui fait communiquer les océans supérieur et inférieur, le superconscient et le subconscient, la lumière divine et l’obscurité originelle de la Nature.

Vayu est le seigneur de la Vie. Les Mystiques considéraient jadis la vie comme une grande force traversant toute l’existence matérielle et conditionnant toutes ses activités. C’est cette idée que formulera plus tard le concept du Prana, le souffle de vie universel. Tout le fonctionnement vital et nerveux de l’être humain répond à la définition du Prana et est du ressort de Vayu. Cette grande divinité compte cependant relativement peu d’hymnes à son actif dans le Rig-Véda; même dans les Suktas qui le privilégient, il ne figure généralement pas seul, mais en compagnie d’autres dieux dont il semble tributaire. Il est notamment associé à Indra, un peu comme si, pour s’acquitter des fonctions qu’exigent de lui les Rishis védiques, il lui fallait le secours de cette divinité supérieure. Quand il est question de l’action divine des forces de Vie en l’homme, Agni, sous l’aspect du Cheval védique, Ashva, Dadhikravan, se substitue d’ordinaire à Vayu.

Compte tenu des idées fondamentales des Rishis, dominées par le concept de l’illumination de l’être inférieur par le supérieur, du mortel par le divin, cette situation de Vayu s’explique. Lumière et Force, go et aśva, la Vache et le Cheval, étaient l’objet du sacrifice. La Force était la condition, la Lumière l’agent libérateur; et Indra et Surya étaient les principaux pourvoyeurs de Lumière. De plus, la Force requise était la Volonté divine, s’emparant de toutes les énergies humaines et se révélant en elles; et cette Volonté, cette force d’énergie consciente, prenant possession de la vitalité nerveuse et se révélant en elle, c’était Agni plutôt que Vayu, et en particulier Agni Dadhikravan qui la symbolisait. Car c’est Agni qui est maître de Tapas, la Conscience divine se formulant dans l’énergie universelle, le Prana ne faisant que la représenter dans l’être inférieur. Dans l’hymne de Vamadéva, le cinquante-huitième du quatrième Mandata, ce sont donc Indra, Surya et Agni les auteurs de cette grande manifestation qui pousse la divinité consciente hors du subconscient. Vata ou Vayu, l’activité nerveuse, est seulement un état initial du Mental émergeant. Et ce qui compte pour l’homme chez Vayu, c’est qu’il établit le lien entre la Vie et le Mental, et permet que celle-ci soutienne l’évolution de celui-là. C’est pourquoi nous trouvons Indra, maître du Mental, accouplé à Vayu, maître de la Vie, ce dernier dépendant toujours en quelque sorte du premier; les Maruts, les forces de la pensée, bien que leur origine en fasse, semble-t-il, des pouvoirs autant de Vayu que d’Indra, sont pour les Rishis plus importants que Vayu lui-même et, jusque sous leur aspect dynamique, plus intimement proches d’Agni Rudra que du chef légitime des cohortes de l’Air.

L’hymne qui nous occupe, le quarante-huitième du quatrième Mandala, est le dernier d’une série de trois, où Vamadéva invite Indra et Vayu à venir boire le vin de Soma. Ils sont conviés ensemble, étant les deux seigneurs de la force brillante, śavasaspatī, tout comme dans un hymne du premier Mandala (1-23-3) on sollicite en eux les seigneurs de la pensée, dhiyaspatī. Indra est le maître de la force mentale, Vayu de la force nerveuse ou vitale, et leur union est nécessaire pour la pensée et pour l’action. Ils sont invités à partager un même char pour venir déguster ensemble le vin de l’Ananda, qui procure les énergies divinisantes. Vayu, dit-on, a droit à la première gorgée; car ce sont les forces vitales de soutien qui doivent pouvoir manifester en premier l’extase de l’action divine.

Dans le troisième hymne de la série (4.48), qui définit l’issue du sacrifice, Vayu a beau être invoqué seul, son association avec Indra apparaît clairement. Il doit venir dans un char de lumière heureuse, comme Usha dans un autre hymne (3.61.2), pour goûter le vin immortalisant. Le char symbolise un déplacement d’énergie, et c’est un mouvement joyeux d’énergies vitales déjà illuminées qu’on invoque en Vayu. La fonction divine de cette course radieuse est précisée dans les trois premiers vers.

(rik 1) – Il faut que le dieu manifeste – tire dans la lumière de l’activité consciente – les énergies sacrificielles qui ne sont pas encore manifestées, qui demeurent cachées dans les ténèbres du subconscient. L’exégèse ritualiste traduirait la formule par “Goûte aux offrandes immangées”, ou bien comprendrait, en donnant un autre sens au verbe , “Rejoins les énergies sacrificielles jamais encore approchées”; mais ces différentes interprétations conduisent symboliquement au même contenu psychologique. Les efforts conjugués d’Indra et de Vayu doivent libérer de la caverne secrète du subconscient les pouvoirs et activités qui n’ont pas encore été conviés à en sortir, et les consacrer au travail.

Car ce n’est pas pour servir une action ordinaire de la mentalité nerveuse qu’ils sont sollicités. Vayu doit manifester ces énergies comme s’il s’agissait de “révéler la félicité, d’accomplir l’oeuvre aryenne”, vipo na rāyo aryaḥ. L’expression ne laisse aucun doute sur la nature des énergies qu’il faut réveiller. Il se peut toutefois que la formule fasse secrètement allusion à Indra et souligne ainsi, ce qui est par la suite précisé, la nécessité de gouverner l’action de Vayu par la force éclairée et aspirante du dieu plus lumineux. C’est l’illumination d’Indra qui permet en effet la découverte du secret de la béatitude, et il est l’artisan en chef de l’Œuvre. Chez les dieux, ce sont Indra, Agni et Surya que l’on qualifie le plus volontiers d’arya, terme désignant, avec une concision lapidaire intraduisible, ceux qui dans leur ascension visent une aspiration noble et exécutent la grande tâche comme une offrande pour parvenir au bien et à la béatitude.

(rik 2) – Le second vers affirme expressément la nécessité de prendre Indra pour guide. Vayu doit venir “en rejetant tous les refus qui peuvent être opposés à la manifestation du nonmanifeste”, niryuvāṇo aśastīḥ. Le mot aśastīḥ veut dire littéralement “non-exprimants” et désigne la confiscation, par des pouvoirs de l’ombre comme Vritra, de la lumière et du pouvoir qui, pour être révélés, attendent que l’influence des dieux et la médiation du Verbe les invitent à s’exprimer. Le Verbe est le pouvoir qui exprime, śastram, gir, vacas. Mais les Pouvoirs divins doivent le protéger et ajuster son effet. C’est là qu’intervient Vayu; il doit chasser tous les pouvoirs qui refusent, éclipsent, nient la manifestation. Pour y réussir, il doit se présenter “avec ses chevaux d’attelage et avec Indra pour conducteur”, niyutvān indrasārathiḥ. Les chevaux d’Indra, de Vayu, de Surya ont leur nom respectif. Les chevaux d’Indra sont hariou babhru, rouge doré ou jaune fauve; ceux de Surya harit, indiquant un éclat plus profond, plein et intense; ceux de Vayu sont niyut, les chevaux d’attelage, car ils représentent ces mouvements dynamiques qui raccordent l’énergie à son action. Ces chevaux ont beau appartenir à Vayu ils n’en doivent pas moins être conduits par Indra, le maître du mental devant guider les mouvements du maître de l’énergie nerveuse et vitale.

(rik 3) – Le troisième vers1 introduit une idée qui pourrait paraître, à première vue, incongrue; il parle d’un Ciel et d’une Terre obscurs, dont toutes les formes respectent, ou peinent à suivre, les mouvements de Vayu dans son char conduit par Indra. Ils ne sont pas explicitement nommés, on nous les présente plutôt comme “les deux noirs ou obscurs détenteurs de la substance ou richesse”, vasudhitī, mais ce dernier mot fait visiblement référence à la Terre, et par extension au Ciel, son compagnon, comme l’atteste la forme duelle utilisée. Il ne s’agit pas ici, notons-le, de nos père et mère le Ciel et la Terre, mais des deux sœurs, rodasī, formes féminines du ciel et de la terre, qui symbolisent les énergies générales de la conscience mentale et physique. Ce sont leurs états obscurs – la conscience voilée prise entre les deux limites du mental et du physique – qui, sous l’impulsion joyeuse du dynamisme nerveux, commencent leur effort, en accord avec le mouvement ou sous le contrôle de Vayu, et livrent peu à peu leurs formes secrètes; car toutes les formes sont enfouies en eux et il faut les obliger à les révéler. Ce vers complète ainsi, nous le constatons, le sens des deux précédents, Car dès que le Véda est interprété correctement, on voit ses vers dérouler leur pensée avec une cohérence logique profonde en une progression riche de sens.

(rik 4) – Les deux derniers Riks précisent l’effet que produisent sur le mouvement de Vayu cette action commune du Ciel et de la Terre et la restitution de leurs formes secrètes et de leurs énergies non manifestées, tandis que son char galope vers l’Ananda. Mais ses chevaux doivent commencer par atteindre le nombre qui est généralement le leur quand ils sont au complet. “Que les quatre-vingt-dix-neuf soient attelés et te portent, eux qui sont rattachés au mental.2” L’usage récurrent des nombres quatre-vingt-dix-neuf, cent et mille a dans le Véda une signification symbolique qu’il est très difficile de dégager avec précision. L’explication réside peut-être dans la multiplication par lui-même, puis l’addition, du chiffre mystique sept, les faisant ensuite précéder et suivre du chiffre un, ce qui fait 1+49+49+1 = 100. Sept est le nombre des principes essentiels dans la Nature manifestée, les sept formes de la Conscience divine à l’œuvre dans le monde. Chacune, formulée séparément, inclut les six autres; la somme est donc quarante-neuf, auquel s’ajoute l’unité supérieure, d’où tout provient, ce qui donne au total une série de cinquante et constitue la gamme complète de la conscience active. Reste à dupliquer ce nombre pour former deux séries, ascendante et descendante, la descente des dieux, l’ascension de l’homme. Ceci nous donne quatre-vingt-dix-neuf, chiffre qui dans le Véda recense, selon les cas, des chevaux, des cités, des fleuves, symbolisant chaque fois quelque chose de différent mais voisin. Si nous ajoutons une unité obscure en bas, en quoi tout se résorbe, à l’unité lumineuse en haut, vers quoi tout s’élève, nous obtenons la gamme complète de cent.

(rik S) – Le mouvement de Vayu aboutit donc nécessairement à une énergie complexe de conscience, l’émergence du plein essor de l’activité mentale, encore latent et virtuel chez l’homme – les quatre-vingt-dix-neuf coursiers qui sont rattachés au mental. Et au vers suivant, l’unité finale est ajoutée. Nous avons cent chevaux, et comme le fonctionnement est désormais celui d’une mentalité parfaitement lumineuse, ces coursiers, bien qu’ils servent encore de montures à Vayu et Indra, ne sont plus simplement niyut, mais hari, la couleur éclatante des bais d’Indra, “Attelle, ô Vayu, tes cent chevaux brillants, qui devront être augmentés.”3

Mais pourquoi faut-il en accroître le nombre? Parce que cent représente la somme globale des mouvements diversement répartis, mais non leur absolue complexité. Chaque centaine peut être décuplée; chacune peut être respectivement augmentée: c’est ce type d’accroissement, en effet, que suggère le mot poṣyāṇām. Par conséquent, dit le Rishi, soit tu arrives avec la plénitude globale des cent, qu’il faut ensuite nourrir pour qu’elle devienne la complexité absolue de dix fois cent, ou, si tu préfères, viens tout de suite avec tes mille et que ton mouvement nous parvienne avec la masse totale de son énergie potentielle intégrale4. C’est une illumination mentale absolument multidimensionnelle qu’il désire, qui englobe tout, dynamise tout, atteignant, dans l’être, le pouvoir, la félicité, la connaissance, l’intellect, la force vitale et l’activité physique, une perfection totale. Car, ceci réalisé, le subconscient se voit contraint de livrer toutes ses possibilités latentes, quand le décide le mental rendu parfait, pour servir le mouvement riche et généreux d’une vie devenue parfaite.

 

1 anu kṛṣṇe vasudhitī yemāte viśvapeśasā

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2 vahantu tvā manoyujo yuktāso navatir nava

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3 vāyo śataṃ harīṇāṃ yuvasva poṣyāṇām

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4 uta vā te sahasriṇo ratha ā yātu pājasā

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