SITE DE SRI AUROBINDO ET LA MÈRE
      
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Mère

l'Agenda

Volume 1

27 novembre 1958

(Mère s’était demandé à propos du karma du disciple et de la discipline tantrique qu’il est en train de suivre pour dissoudre ce karma, pourquoi elle n’avait pas pu elle-même, directement, dissoudre ce karma et qu’il avait fallu recourir à des intermédiaires)

Le processus ou le fonctionnement des choses, je le voyais plus à un point de vue spirituel, général; et cela, c’est un point de vue occulte de détail.

Par exemple, un point m’avait toujours paru sans importance: ce sont les intermédiaires, dans l’action, entre l’être individuel spiritualise, l’âme consciente, et le Suprême. Il m’avait toujours semblé, d’après mon expérience personnelle, que dans l’action, si l’on est exclusivement tourné vers le Suprême et qu’on l’exprime directement, les choses qui devaient être faites se faisaient automatiquement. Par exemple, si l’on est toujours ouvert et qu’à chaque seconde on veuille consciemment n’exprimer que ce que le Seigneur Suprême veut qui soit exprimé, cela se faisait automatiquement. Mais avec tout ce que j’ai appris à propos des poudja, certains textes, certaines cérémonies aussi, la nécessité du «procédé» m’est apparue très clairement. C’est la même chose que dans la vie physique: dans la vie physique tout a besoin d’un procédé, nous le savons, et c’est la connaissance des procédés qui constitue la science physique; eh bien, dans un fonctionnement plus occulte, la connaissance, et surtout le respect des procédés, semble avoir beaucoup plus d’importance qu’il ne me semblait tout d’abord.

Et c’est quand j’ai étudié cela, quand j’ai regardé cette science du procédé, des intermédiaires, que tout d’un coup j’ai compris clairement le fonctionnement du karma, que je n’avais pas compris avant. J’avais travaillé, en ce sens que j’étais intervenue assez souvent pour changer le karma de quelqu’un, mais il m’avait fallu quelquefois attendre, sans que je sache exactement pourquoi: l’action n’avait pas été immédiate. Et là vraiment, j’attendais sans me soucier des raisons de ce retard ou de cette attente: c’était comme ça. Et cela se terminait généralement comme je l’ai dit, par la vision exacte de la source du karma, de sa cause première; et à peine avais-je eu la vision, le Pouvoir venait, et la chose était dissoute. Mais pourquoi était-ce comme cela, je ne me souciais pas de le savoir.

J’avais fait une réflexion, un jour, à X.1 à propos de cela, quand il me faisait voir ou qu’il me décrivait les différents mouvements des poudja, les procédés, le processus des poudja, et je lui ai dit: «Oh! c’est pour que l’action soit immédiate, pour que le résultat soit immédiat, que, par exemple, il faut reconnaître la part ou la participation de certains esprits, de certaines forces, et se mettre en relation amicale ou de collaboration avec ces forces pour obtenir le résultat immédiat?» Alors il m’a dit oui, autrement ça laisse au jeu des forces un temps indéfini, et vous ne savez pas quand vous aurez le résultat de votre poudja.

Cela m’a beaucoup intéressée. Parce que l’un des obstacles que j’avais senti, c’est que la Force agissait bien, mais il y avait un temps qui paraissait inévitable, il y avait une sorte de participation du temps dans le travail, qui ne semblait pas pouvoir être évitée: un jeu laissé aux forces de la Nature. Mais avec la connaissance de leurs procédés, ils abolissent cela. Alors j’ai compris pourquoi ceux qui ont étudié, reçu l’initiation et qui suivent les méthodes prescrites, apparemment sont plus puissants – plus puissants même que ceux qui sont conscients dans la conscience la plus haute.

Ce qui m’a intéressée, c’est que pour eux (ceux qui suivent les initiations tantriques ou autres), pour eux, ce qui est douteux, c’est s’ils réussiront à avoir la réponse du vrai Pouvoir, le pouvoir divin, le pouvoir suprême: ils font tout ce qu’il faut, mais là, c’est le point d’interrogation. Tandis que pour moi, c’est la position opposée: le Pouvoir est là, je l’ai, mais comment le faire agir ici dans la matière? Et c’est le procédé pour y arriver qui me manquait – pas dans sa totalité; au point de vue psychologique, je connais, mais il y a quelque chose d’autre que le pouvoir psychologique, il y a tout un jeu des forces conscientes individualisées qui sont partout dans la Nature et qui ont droit à l’existence. Puisque ça a été formé comme cela, ça doit exprimer quelque chose de la Volonté suprême, autrement Il ne se serait pas servi d’intermédiaires – mais dans Son plan, il est évident qu’il y a une place légitime pour l’intermédiaire.

C’est comme l’histoire que m’a racontée X. à propos de son gourou:2 son gourou qui pouvait commander la venue de Kâli (ça, c’est une chose qui me paraît très naturelle quand on a le développement suffisant), mais alors il pouvait commander non seulement la venue de Kâli, mais de Kâli avec ses je ne sais combien de crores3 de guerriers!... Pour moi, Kâli c’était Kâli, n’est-ce pas, et elle travaillait; mais dans l’organisation universelle, son action, la multiplicité innombrable de son action, se traduit par une multitude innombrable d’entités conscientes qui travaillent. C’est pour ainsi dire cette individualisation des forces qui leur donne une conscience et un certain champ de liberté, et c’est cela qui fait toute la différence dans l’action. C’est en quoi le système occulte est un complément tout à fait indispensable de l’action spirituelle.

L’action spirituelle est directe, mais il se trouve (enfin mon expérience est comme cela) qu’elle n’est pas immédiate. Sri Aurobindo disait qu’avec la présence supramentale, elle devient immédiate – ça, j’en ai eu l’expérience. Mais alors, cela voudrait dire que le Pouvoir supramental commande automatiquement à tous ces intermédiaires, tandis que s’il n’est pas là, le pouvoir spirituel même le plus haut a besoin d’une connaissance particulière pour agir dans ce domaine, une connaissance qui correspond à la connaissance occulte ou initiatique dans tous ces domaines. C’est pour cela que j’ai dit à X.: «Eh bien, vous m’avez appris beaucoup de choses pendant que vous étiez ici!» II y a toujours à apprendre.

Naturellement, quand le Supramental sera là, ce sera tout différent. Je le vois bien: dans les moments où il est là, tout est retourné, et tout cela appartient à un monde... au monde de la préparation. C’est comme une préparation, une longue préparation.

Et c’est à savoir s’il ne faut pas avoir maîtrisé tout cela pour avoir la possibilité même de maintenir le Supramental, de le fixer dans la manifestation. C’est cela la grande différence. Par exemple, ceux qui ont le pouvoir de matérialiser des forces ou des êtres, il leur manque la possibilité de fixer ça: ce sont des choses fluides, qui agissent et puis qui se dissolvent. C’est la différence avec ce qui se produit dans le monde physique: cette condensation d’énergie qui fait que c’est... (Mère frappe les bras de son fauteuil) stable. Toutes les choses des domaines extra-physiques ne sont pas stables, elles sont fluides: fluides et par conséquent incertaines.4

L'enregistrement du son fait par Satprem    

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1 Le gourou tan trique du disciple.

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2 Le gourou (mort) du gourou du disciple.

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3 Crore = dix millions.

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4 Quelques jours après, le disciple est parti en voyage, puis Mère est tombée «malade». Ce devait être le premier grand tournant de son yoga: le début du yoga des cellules.

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