Mère
l'Agenda
Volume 3
Alors, la nuit, pareil?
Pas brillant.
Pareil.
J'ai fait un rêve symbolique (bien symbolique!) c'est la dernière chose dont je me souvienne ce matin... J'étais dans une sorte de vêtement qui m'encombrait beaucoup, et qui était plein de grandes épines...
Oh! quelle horreur!
Alors je ne pouvais me mettre dans aucune position – dans toutes les positions c'était désagréable!
Tu t'es réveillé comme cela...
Mais c'est tout à fait curieux. Il y a quelque chose qui m'arrive tout le temps, au moins une cinquantaine de fois dans la journée (et surtout la nuit, c'est très-très clair), c'est comme si (sous la forme la plus extérieure), comme si on changeait d'une chambre à une autre, ou d'une maison à une autre, et on traverse la porte ou on traverse le mur presque sans s'en apercevoir, automatiquement; et alors, dans une chambre, ça se traduit extérieurement par un état tout à fait confortable où il n'y a pas de douleur du tout, nulle part, et une grande paix – une paix joyeuse, d'un calme parfait... enfin un état idéal qui dure quelquefois très-très longtemps. En fait, c'est surtout la nuit (dans la journée je suis dérangée par les gens, ils viennent pour toutes sortes de choses), mais la nuit il y a un certain nombre d'heures: l'état est presque constant. Et puis, tout d'un coup, sans aucune raison perceptible, apparente (je n'ai pas pu encore trouver pourquoi ni comment), on... comme TOMBE dans l'autre chambre, ou dans l'autre maison, comme si on faisait un faux pas, et puis alors on a mal ici, mal là, on n'est pas confortable.
C'est évidemment la continuation de la même expérience que je t'ai dite,1 mais c'est devenu comme cela. C'est-à-dire que les deux états maintenant sont distincts – perceptiblement distincts; mais je n'ai pas encore trouvé le pourquoi ni le comment: si c'est quelque chose du dehors ou si c'est tout simplement un vieux pli – oui, ça me fait l'effet d'un vieux pli dans une étoffe: tu sais, on a beau repasser, le pli revient. Ça me fait plus cet effet-là – pas une habitude consciente, du tout: un vieux pli. Mais c'est peut-être aussi provoqué par quelque chose qui vient du dehors??...
Et alors, quand je suis dans l'état du vieux pli, j'ai des rêves!... Oh! il y en a toute une série (il y a des genres spéciaux et des catégories): on arrive pour descendre un escalier – il n'y a plus d'escalier; on veut passer par une route – la route se ferme; on veut attraper quelqu'un – on ne peut pas. Toutes sortes de choses. Et ces rêves-là (j'en ai tout un échantillonnage, à vrai dire) se reproduisent avec des petites différences d'apparence dans la forme extérieure, mais c'est le même genre; c'est un genre bien connu, et qui maintenant, pour moi, est catalogué dans les self-imposed troubles [les ennuis délibérés]. Quand je sors de là, je regarde et je vois très clairement que c'est tout simplement une sale habitude qu'on a de s'embêter à propos de rien! (Mère rit) Oh! tout-tout ce que l'on veut faire, immédiatement une complication, une difficulté!...
Oui, ce sont des rêves qui viennent du subconscient. Ce sont surtout des habitudes subconscientes... Mais les douleurs, les épines dans le vêtement, c'est tellement clair! (Mère rit) et pas moyen de se tourner dans aucun sens!
Avant, quand j'avais un rêve comme cela, ça m'embêtait pendant des heures; j'étais ennuyée, je me disais (il y a très-très longtemps: des âges), je me demandais quelles calamités allaient m'arriver. Mais j'ai compris que c'était tout à fait idiot, que ce n'était pas ça. Après, j'ai compris que c'était dans le subconscient, une forme imagée de... eh bien, des mauvaises habitudes psychologiques que l'on a, voilà tout. Et je me tourmentais, je me disais: «Comment (on est plein d'un tas d'infirmités comme cela, qui sont et qui ont été construites avec le corps), comment se débarrasser de ça?» Et puis j'ai compris par expérience, et j'ai vu que c'étaient seulement des mauvais plis.
La seule chose à faire, c'est de ne pas s'en tourmenter et de dire au Seigneur, en toute sincérité naturellement: «C'est Ton affaire. Débarrasse-moi de ça.» Et c'est très efficace. C'est très efficace. Il m'est arrivé d'avoir ainsi des vieilles choses – en un éclair, c'était dissipé; des espèces de petites habitudes invétérées, tellement stu-pides, mais tellement habituelles, et on n'arrive pas à s'en débarrasser, et puis au moment du japa ou en marchant, ou dans une méditation, n'importe, tout d'un coup la flamme jaillit et... (vraiment on en a assez de cette affaire-là, c'est dégoûtant, on veut que ça change; vraiment on veut que ça change), et alors on dit au Seigneur: «Moi, je ne peux pas (très sincèrement, on sait qu'on ne peut pas; on a essayé-essayé-essayé, on n'est arrivé à rien du tout – on ne peut pas), eh bien, je Te le donne, fais-le.» Comme ça. Et tout d'un coup, on voit la chose qui s'efface. Ça, c'est merveilleux. Tu sais, comme Sri Aurobindo enlevait une douleur à quelqu'un? – La même chose. Des habitudes qui sont liées à la formation du corps.
Un jour, certainement, j'emploierai la même méthode pour ces «changements de chambre», mais il faut pour ça que la chose soit devenue très distincte et très claire, qu'elle soit bien clairement définie dans la conscience. Parce que ce changement de chambre (intellectuellement, on dit un «changement de conscience» – ça ne veut rien dire du tout: il s'agit d'une chose très-très matérielle, n'est-ce pas), il m'est arrivé d'avoir le changement de chambre SANS AVOIR LE CHANGEMENT D'EFFET. C'est-à-dire, probablement, que j'étais centrée dans une conscience plus haute, pas dans la conscience matérielle (la conscience logée elsewhere [ailleurs] et regardant: une conscience de témoin) et que je me trouve dans une position où tout ça coule... comme une rivière de paix tranquille – c'est vraiment merveilleux: toute la création, toute la vie, tous les mouvements, toutes les choses, et tout ça comme une seule masse, et ce corps au milieu de tout cela fait une partie très homogène, et ça coule comme une rivière de paix, paisible, souriante, à l'infini. Et puis, tout d'un coup, clac! on trébuche (geste de renversement2), alors on est de nouveau SITUÉ; on est quelque part, c'est un moment quelconque; et alors, une douleur ici, une douleur là, une douleur... Il m'est arrivé de voir, c'est-à-dire d'être le témoin du changement de l'un à l'autre, SANS sentir les douleurs ou sans en avoir l'expérience concrète; c'est-à-dire que je n'étais pas dans le corps du tout, pas LIÉE au corps: je voyais, je voyais seulement, j'étais tout à fait comme un témoin. Et ça vient toujours avec quelque chose comme la remarque d'un ami bienveillant, mais pas aveugle, qui vous dit: «Mais enfin, pourquoi encore!» Ça vient comme ça: «Mais enfin, pourquoi encore ça? À quoi ça sert?» Et je ne peux pas arriver à attraper ce qui le fait faire...
Ça viendra.
C'est très intéressant parce que c'est très nouveau.
Qu'est-ce qui arrive?... Qu'est-ce qui arrive, qu'est-ce qui se passe??...
(silence)
J'ai plusieurs fois noté (parce que je ne suis pour ainsi dire jamais seule dans la chambre – mais probablement il y a beaucoup de raisons), j'ai plusieurs fois noté un tout petit changement, un petit mouvement dans la conscience de la ou les personnes qui sont la chambre. Mais j'hésite toujours à rejeter la responsabilité sur quelque chose en dehors parce que ça vous enlève les trois quarts de la possibilité de contrôle.
Si on pouvait trouver le mécanisme!...
C'est évidemment quelque chose qui est accroché [aux autres] et qui répond. Mais l'accrochage, je ne peux pas le défaire, parce que c'est le produit d'un travail d'années d'universalisation – je ne vais pas m'amuser à défaire ça! Je ne veux pas – je ne veux pas trouver ça pour moi toute seule, ça m'est absolument indifférent. Ce n'est pas pour ça que je suis restée. Il faut que je trouve le mécanisme. D'ailleurs, je fais plutôt le contraire: chaque fois que je suis dans l'état, je le répands et le passe. Mais c'est peut-être cela qui fait que ces vieilles habitudes viennent?...
*
* *
(Puis il est à nouveau question de ce livre sur Sri Aurobindo comme un «conte de fées»:)
Il n'y a pas eu d'effet de notre méditation?
Tu n'as rien senti?
(geste négatif)
Rien.
Bon.
Nous essaierons.
Oh! après t'avoir quitté l'autre jour, pendant longtemps, pendant plus d'une heure, je continuais à raconter l'histoire! Et je me voyais comme ça, debout, avec toute une foule d'enfants. C'était quelque chose qui descendait sur moi (ce n'est pas que je tirais ou que j'y pensais: je n'y pensais pas du tout), mais j'étais debout et je racontais et je racontais et je racontais, et ça venait, c'était amusant comme tout!
Je te l'ai passé, mais (riant) je ne sais pas si tu l'as reçu.
Quelque chose qui est fait très légèrement, sans y attacher d'importance, mais qui provient justement d'un nouveau monde – oh! maintenant, je fais une distinction constante entre... (comment dire?) la vie en lignes droites et en angles droits, et la vie ondulatoire. Je pourrais dire: il y a une vie qui est comme ça (Mère fait des gestes hachés, avec des lignes qui s'entrecoupent) où tout est coupant, dur, angulaire, et puis on se cogne partout; et il y a une vie ondulatoire, très douce, très charmante – très charmante – mais pas... pas trop solide. C'est curieux, c'est tout à fait un autre genre de vie. Eh bien, mon histoire appartenait à ce monde-là: il n'y avait rien là (Mère touche son front) et même rien là (au-dessus de la tête), c'était quelque chose comme... comme des vagues. Et c'était très joyeux, très joyeux, et sans souci.
(silence)
Tu veux qu'on reste tranquille un petit peu? (si tu sens comme cela). Si tu veux me dire quelque chose, dis-le moi.
Non.
Si tu veux poser une question, pose. Si tu veux te taire, on peut se taire, tout ce que tu veux – je suis à ta disposition jusqu'à onze heures!
Rien? Tu ne veux rien me dire? Il n'y a rien que tu aimerais dire?
Oh! bien, tout est un peu confus... J'ai l'impression qu'on est en train de couper-couper autour de moi; l'impression qu'on est en train de me pousser sur une voie où je déboucherais sur l'illusionnisme du monde.
Ça, c'est encore le vêtement aux épines!
Eh bien, moi, ce que je voyais ou ce que j'ai vu depuis avant-hier, pour toi, c'est tout le contraire. C'est quelque chose, au contraire, qui se débride. Seulement je vois bien, je vois bien... il y a une route qui ne vaut rien et qu'il ne faut pas suivre – et elles sont très près l'une de l'autre. Pourquoi si près?? C'est comme ces deux chambres, pourquoi elles sont si près?... S'il y avait une distance! mais non, tout est emboîté.
Et c'est la même chose, ce qu'il faut, c'est cette voie d'ampleur, d'élargissement, de relaxation, de détente, d'ÉPANOUISSEMENT, dans le vital – un vital pas très sensoriel, plutôt... plutôt une douceur. Le vital qui s'épanouit dans la beauté: une douceur et une beauté. Je ne veux pas parler de «sentiments» parce que, oh! on entre tout de suite dans un bourbier; non, mais... une douceur, un charme, une beauté – mais pas là (dans la tête): ici. Et puis un repos, mais pas un repos dur et arrêté et stagnant: un repos dans l'ondulation... On se laisse flotter.3
(silence)
L'art de se laisser porter par le Suprême, dans l'Infini.
(silence)
Mais c'est dans l'Infini du Devenir. Mais sans aucune des duretés et aucun des chocs de la vie telle qu'on la sent d'ordinaire.
L'art de se laisser porter par le Suprême (Mère joint les mains) dans le Devenir Infini.
(long silence)
Tout ce qui vient de là (Mère touche son front, son visage), à partir de là, c'est dur, c'est sec, c'est froissé – c'est violent, c'est agressif. Même les bonnes volontés sont agressives, même les affections, les tendresses, les attachements – tout ça, c'est agressif comme tout. C'est comme des coups de bâton.
Au fond, toute la vie mentale est dure.
(silence)
C'est ça, c'est ça qu'il faut arriver à attraper: une sorte de cadence, un mouvement ondulatoire, qui est d'une ampleur, d'une puissance! – C'est formidable, n'est-ce pas. Et ça ne dérange rien. Ça ne déplace rien, ça ne heurte rien.4 Et ça emporte l'univers dans son mouvement ondulatoire – si souple!
(silence)
Je ne sais pas si c'est la même chose pour les autres (probablement pas), mais pour moi, il est incontestable que c'est la seule chose vraiment efficace. Cette impression qu'on n'existe pas et que la seule chose qui existe, c'est-à-dire qu'on a l'habitude d'appeler «soi-même», c'est quelque chose qui grince et qui résiste.
Mais ça, on peut facilement l'éliminer de sa conscience avec un mouvement très simple, qui peut se formuler d'une façon presque enfantine: «Seigneur, Toi seul, Tu peux faire... Toi seul, Tu peux faire.» Et alors, cette détente (vraiment c'est relaxation): on se laisse fondre – on se laisse fondre. Ça [la tête] ça se tient tranquille, ça ne bouge plus; on est tout dans la sensation: on se laisse fondre. Et... avec un sens d'illimité.
Et plus de distinctions.
Plus de distinctions. Et aussi, même physiquement, quelque chose qui n'a pas commencé: il n'y a pas le sentiment «à partir de ce moment-là, à partir de ça» – ça n'existe plus. C'est comme ça: comme une détente dans un passé indéfini.
Je suis en train de parler d'une sensation CORPORELLE.
C'est en tout cas comme cela que ce qui parle ici arrive à se trouver dans... dans la vraie chambre.
Tel que je le dis maintenant, ça a l'air de prendre du temps, mais en fait, une minute, deux minutes de silence et ça y est.
(silence)
Le corps a été bercé par trois Mots...
Qui se répètent automatiquement, sans effort de volonté (mais il est lui-même conscient, très conscient que ça se trouve être ces trois Mots-là mais que ç'aurait pu être autre chose; que ça a été originellement le choix d'une Intelligence supérieure). Mais c'est devenu un accompagnement automatique. Ce ne sont pas les mots en eux-mêmes mais c'est tout ce qu'ils vont représenter et apporter dans leur vibration... C'est-à-dire qu'il serait tout à fait inexact de dire: «Ce sont ces Mots-là qui aident», ce n'est pas ça. Mais ils font un accompagnement – un accompagnement de vibrations (vibrations subtiles physiques) – qui a bâti une sorte d'association, d'état, ou d'expérience, entre leur présence et ce mouvement de Vie éternelle, de vibration ondulatoire.
Il est évident qu'un autre centre de conscience, qu'une autre (comment dire?) une autre concrétisation, un autre amalgame, pourrait avoir une autre vibration – aurait naturellement une autre vibration.
Pour parler le langage ordinaire, c'est la vibration du mantra qui aide le corps à entrer dans un certain état – mais ce n'est pas CE mantra en soi: c'est la relation établie entre un mantra (il faut qu'il soit vrai, c'est-à-dire doué de pouvoir), entre un mantra et le corps. Ça jaillit spontanément: le corps se met à marcher et il marche au rythme de ces Mots. Et le rythme des Mots amène tout normalement une certaine vibration qui, elle, amène l'état.
Mais il ne faudrait pas dire: ce sont ces Mots-là, exclusivement. Ce serait une ânerie. C'est la sincérité de l'aspiration, l'exactitude de l'expression et le pouvoir; c'est-à-dire le pouvoir qui vient de l'acceptation du mantra – ça, c'est très intéressant: le mantra a été ACCEPTÉ par le Pouvoir suprême comme un moyen efficace, et alors il contient immédiatement une certaine force, un certain pouvoir.5 Mais c'est un phénomène purement personnel (l'expression est la même, mais les vibrations sont personnelles). Un mantra qui, pour quelqu'un, le mènerait tout droit à la réalisation divine, pour un autre le laisserait froid et terne.
Quelle est ton expérience quand tu dis ton mantra?... Tu m'avais dit une fois que tu te sentais bien quand tu le disais.
Généralement, ça me repose.
Oui, c'est ça, c'est très bien.
Mais ce qu'il représente, je ne sais pas.
Il représente ce que tu mets dedans – ton aspiration, mon petit. Non, pour moi, ça ne peut représenter qu'une chose: je l'appelle «le Suprême» parce qu'il faut bien appeler quelque chose, mais c'est ce Quelque chose qui est l'extrême limite de notre aspiration dans tous les sens, toutes les directions, toutes les occasions; qui est le point suprême de notre aspiration, quelle qu'elle soit, en quelque direction que ce soit et dans quelque domaine que ce soit – par-delà, n'est-ce pas, ce qui dépasse toutes les activités.
Moi, mon approche la plus concrète, c'est l'approche dans la vibration de l'Amour en soi – non pas l'amour pour un objet que l'on reçoit et que l'on donne, mais l'Amour en soi, l'Amour. C'est quelque chose qui existe en soi. Et c'est évidemment, pour moi, l'approche la plus concrète. (Mais ce n'est pas exclusif: ça contient tout le reste en soi, ce n'est pas exclusif de toutes les autres approches et de tous les autres contacts.)
N'est-ce pas, toute mon enfance et toute ma jeunesse, tout le commencement de mon yoga, j'avais une sorte de refus de mon être à employer le mot «Dieu», à cause de tout le mensonge qui était derrière (Sri Aurobindo m'a enlevé ça, comme il a enlevé toutes les limitations – il m'a enlevé celle-là aussi). Mais ce mot-là ne vient pas spontanément.
Mais ça, l'Amour... Au moment du contact, quand ça fait comme ça (geste), à ce moment-là quelque chose jaillit...
Mais les mots n'ont pas d'importance – pas d'importance.
Pourtant, j'ai remarqué qu'au point de vue du corps, ça l'aide; qu'associer un certain état et une certaine aspiration à un certain son, ça l'aide. Personne ne m'a dit le mantra, j'avais commencé le japa avant que nous rencontrions X (cela m'était venu quand j'essayais de trouver le moyen de faire participer le corps à l'expérience – le corps lui-même, n'est-ce pas, ÇA), et certainement c'était une aide qui m'était donnée, parce que la méthode s'est imposée à moi d'une façon très-très impérieuse, et quand j'ai entendu certains Mots, ça a fait comme un choc électrique. Et alors, en dépit de toute règle sanscrite, je me suis fabriqué une phrase, qui n'est pas une phrase sanscrite, qui n'est une phrase de rien, faite de trois Mots; et ces trois Mots ont un sens complet pour moi (je me garderais bien d'en parler à un sanscritiste!). Ils ont un sens complet, vivant. Eh bien, ils ont été répétés des millions et des millions de fois littéralement, ce n'est pas une exagération – ça jaillit spontanément du corps.
C'est le premier son que le corps a donné quand j'ai eu cette dernière expérience [du 13 avril]. Avec la première douleur, c'est le premier son qui est venu – c'est donc qu'il est très bien dedans.6 Et ça amène justement cette vibration de Vie éternelle: la première chose que j'ai sentie, c'est tout d'un coup, une espèce de calme fort, confiant et souriant.
Oh! je suis sûre que c'est très bon, très utile.
Voilà, mon petit. Alors maintenant je n'ai rien à dire –je bavarde tout à fait inutilement. Mais... j'aime à te voir. Et je crois que c'est utile.
Bon.
Je recommande qu'on te donne des choses agréables à manger! Mais je ne sais pas si on le fait... Il faut que tu manges avec plaisir. Si personne ne le fait, je vais recommencer...7
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1 Le 18 mai: la douleur, symbole de la vie dans l'Ignorance.
2 «Comme le renversement du prisme», a précisé Mère, plus tard.
3 Mère entre dans une sorte de transe et, presque jusqu'à la fin de cette conversation, Elle parlera lentement, comme de très loin.
4 Étrangement, les physiciens disent également que le mouvement ondulatoire ne déplace pas la matière. Par exemple, les ondes concentriques créées à la surface d'un étang par la chute d'une pierre ne transportent pas les molécules d'eau: un bouchon flottant sur l'eau monte et descend au rythme des ondulations sans se déplacer sur l'étang.
5 Mère parle non seulement de son propre mantra, mais de tout mantra, comme Elle l'a ajouté plus tard: «Tout mantra n'a d'effet que quand il est accepté par le Pouvoir auquel on s'adresse. Quand on fait un mantra pour une divinité quelconque, comme les tantriques, par exemple, si cette divinité accepte le mantra, alors ça donne le pouvoir, mais si la divinité n'accepte pas, votre mantra n'a aucun pouvoir. Je ne l'ai pas lu: je le sais par moi-même, mais je crois que cela a été expliqué dans les textes tantriques.»
6 Très bien entré dans la matière du corps.
7 Il existe un enregistrement de cette conversation.