Mère
l'Agenda
Volume 3
(Lecture d'un passage du manuscrit où le disciple explique les rapports du subconscient et du supraconscient; il dit notamment: «On ne peut guérir que si l'on va tout au fond, et on ne peut aller tout au fond que si l'on va tout en haut.»)
Ça devient intéressant... C'est la formulation (pas la théorie, pas l'explication, c'est plus qu'intellectuel, mais l'expression en formes littéraires) de mes expériences de toutes les nuits maintenant. Non seulement la nuit, mais aussi le jour.
C'est comme si je touchais le bas-fond des choses.
Et pas plus tard qu'hier (hier nuit), cette impression: «Mon Dieu! il y a toujours plus bas à descendre! Toujours-toujours, c'est toujours plus bas.» Et en même temps, mon identité avec le Suprême va croissant, et simultanément il me semble descendre dans des bas-fonds d'obscurité et... oui, de boue, incroyables! dans les possibilités de la vie. Tiens, tu parles de l'expérience de Sri Aurobindo; je ne savais pas, figure-toi, qu'il avait eu cette vision de toutes les tortures;1 mais moi, je viens de l'avoir, en détail, par morceaux – des choses! des choses incroyables, incroyables! Et je me disais: «Pourquoi tout ça? Pourquoi je vois tout ça? Est-ce que je suis en train de perdre mon contact?» Au contraire, c'était de plus en plus proche, de plus en plus fort, de plus en plus conscient, de plus en plus lumineux, et en même temps... ça (geste tout en bas).
Et tu l'as formulé très-très bien. Est-ce toi qui sens mon expérience et le fais sans le savoir, est-ce moi qui... Je ne sais pas – tout ça se tient. Mais c'est très intéressant.
Parce que mon impression était cela: plus je monte haut, plus je m'aperçois de choses en bas. (Mais je n'en faisais pas une doctrine ou une théorie, n'est-ce pas, parce que j'ai aboli cette habitude depuis très longtemps.) Mais je suis comme ça à regarder, et je constatais le fait. Je constatais le fait sans me dire: «C'est parce que ceci ou cela» (ce que tu expliques là dans ton livre). Je constatais et je pouvais dire: plus je sens cette Présence constante, lumineuse, plus je vois ces choses. Et alors, pour moi, ça devient tellement clair qu'il est impossible de manifester Ça intégralement, sans que tout ça [en bas] ce soit offert à la Lumière.
Au fond, mon moyen est très simple: chaque chose qui vient, je dis: «Tiens, Seigneur, voilà, c'est pour Toi; change-le, transforme-le», et c'est ce travail d'offrande, de dedication (geste de présentation à la Lumière). Et alors, ce matin, c'était comme une réponse à, pas positivement une question mais comme si je me demandais: «Comment est-ce que je fais? (n'est-ce pas, le Seigneur me dit que je suis ici pour Son travail) comment est-ce que je fais Son travail? La nouvelle manière de faire le Travail? (Toutes les vieilles manières, on les connaît.) Mais la nouvelle manière de faire le Travail?» Et alors la réponse était si concrète, sans mots: «Mettre les deux bouts ensemble – tout ce que tu vois, tout ce qui se présente à toi ou tout ce que tu découvres, c'est quelque chose qui, automatiquement, est mis en présence du Plus-Haut, du Suprême. Et tu joins les deux bouts. Et tout ton travail est de joindre.»2
Et alors maintenant tu me lis tout ça! C'est comme si tu l'expliquais, c'est intéressant, tu ne trouves pas! (Mère rit) Moi, je trouve ça très intéressant.
Et encore plus: ce matin Sri Aurobindo m'a dit, lui: «Aujourd'hui, il te dira quelque chose qui t'expliquera tes expériences.» Alors c'est ça. Ce n'est pas une explication mentale, tu comprends, mais ce sont des choses qui sont VUES comme ça.
Justement maintenant, il était encore là et il m'a dit... (comment dire?) quelque chose que je pourrais formuler comme ça: he receives well [il reçoit bien], comme s'il te dictait beaucoup de choses.
C'est très bien, je suis très contente! (Mère rit)
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Peu après
J'en aurais et j'en aurais des centaines de volumes si je pouvais raconter le matin, quand je me souviens, tout ce que j'ai vu! Et au fond, ce serait une indication.
Je n'ai jamais cessé de voir. Maintenant, je vois le jour et la nuit, ça ne fait pas de différence; mais je ne vois pas les mêmes choses, je ne fais pas le même travail [le jour ou la nuit]. Mais toujours, tout le travail se transcrit par des visions (j'ai bien l'audience, je me souviens de mots, mais c'est secondaire): les idées, ce sont des images; et les volontés, ce sont des actions. Et alors, tout ça, c'est comme de la vie – une vie dans d'autres mondes, différents mondes.
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1 Dans la prison d'Alipore: «Pendant deux semaines, j'eus la vision de toutes sortes de tortures et de souffrances...» (Voir Life of Sri Aurobindo, par A.B. Purani, p. 122)
2 Nous n'avons pas gardé la suite de cet enregistrement, le jugeant trop...