Mère
l'Agenda
Volume 4
2 janvier 1963
J'ai un début d'année effroyable. Et j'ai peur que ce début se prolonge.
Des difficultés nouvelles?
Non, tout le monde veut me voir!
On me fatigue – on me fatigue beaucoup.
J'aurais justement... Oh! il y a des moments où je sors complètement de l'action – de l'«action», je veux dire: parler et recevoir surtout des tas de vibrations... terribles, terribles!
Je sens que le travail va plutôt vite dedans, il y a des choses qui sont intéressantes (comment dire?)... comme des promesses. Mais la sensibilité (du corps) et les possibilités de déséquilibre se sont aggravées en ce sens qu'une toute petite chose, qui en d'autres circonstances n'aurait eu aucune importance, aurait passé comme cela, détruit l'équilibre du corps – le corps est devenu effroyablement sensible. Par exemple, une mauvaise réaction chez quelqu'un, une crispation ou une réaction du domaine tout à fait ordinaire se traduit dans le corps par une fatigue subite, comme s'il était épuisé. Alors il faut que je me rassemble, que j'aille replonger dans la Source pour que...
Ces jours-ci sont difficiles.
Et il y a cette habitude terrible des gens, cet esprit démocratique, tu sais: si je fais quelque chose pour l'un, pourquoi je ne le fais pas pour l'autre? – Ils accepteraient très bien que je sois malade et que je ne voie personne (!), on dirait: «Pauvre Mère, il faut être bien gentil pour elle et ne pas l'ennuyer», mais que je sois une force et que je ne donne pas à celui-ci ce que j'ai donné à celui-là et à celui-là, ils ne peuvent pas l'admettre! C'est l'égalitarisme qui est à la mode; ce n'est plus la mode de la hiérarchie, ou même simplement d'une diversité de traitement suivant les cas.
Enfin, je ne veux pas commencer à expliquer tout ça, je le ferai plus tard.
Mais il y a quelques jours, là, à passer, qui sont durs.
Il ne faut pas te laisser envahir.
Non.
Je ne me laisse pas faire, mais...