SITE DE SRI AUROBINDO ET LA MÈRE
      
Page d’accueil | Les oeuvres | Les oeuvres de Mère | l'Agenda

Mère

l'Agenda

Volume 4

9 janvier 1963

...Comme les gens aiment bouger! comme ils ont besoin de bouger pour se sentir vivre! Hein, c'est comme ça.

*
*   *

(Mère parle du Bulletin et notamment de l'Entretien du 3 juillet 1957 où Elle racontait sa vision symbolique du «Grand Hôtel» en perpétuelle démolition:)1

Mais tout ça me paraît en dehors. Je comprends que ça puisse intéresser les gens, mais c'est encore parmi les choses qui me font sourire. Ça me paraît comme cela. Même cette vision.

J'en ai trois-quatre toutes les nuits, de grandes visions, avec toutes les complications,2 tous les symboles, toutes les explications. Et je rencontre des gens... qui ne sont pas comme ils croient qu'ils sont.

Mais c'est formidable! Formidable ce qu'en quelques heures de nuit on peut faire de choses...

(silence)

Et tout ce qu'il y a à savoir, qu'on ne sait pas (pas les choses extérieures)...

(long silence)

Mais c'est très difficile pour le corps, de changer. Parce qu'il ne vit que par son habitude de vivre. Et chaque fois que quelque chose s'infiltre, de la vraie manière de vivre, sans pensée, sans raisonnement, sans rien qui ressemble à une idée, presque sans sensation, presque automatiquement, il y a l'affolement du nouveau, dans les cellules. Alors tu comprends, tout est à changer. Ce n'est plus le cœur qui doit envoyer le sang, qui doit recevoir la Force; ce n'est plus l'estomac qui doit digérer, ce n'est plus tout ça – ça fonctionne d'une autre façon. La base doit être déplacée, le fonctionnement complètement changé – et alors toutes ces cellules qui sont très attentives à ce que tout aille selon l'habitude...

(silence)

Terrible. Une étrange difficulté.

Si c'est l'être intérieur – l'être vrai – qui gouverne, le corps fait les choses automatiquement par le pouvoir de l'être vrai; mais alors il ne devient pas conscient de son changement, il ne collabore pas au changement, et pour que le changement se fasse, probablement il faudrait... peut-être des millénaires. Il faut que l'être vrai soit comme ça (geste à l'arrière-plan, en retrait) et que le corps fasse les choses lui-MÊME, c'est-à-dire contienne le Seigneur, reçoive le Seigneur, se donne au Seigneur, SOIT le Seigneur. Il a l'aspiration, oh! intense, ça flambe – c'est très bien. Mais le Seigneur (souriant), Il ne marche pas selon l'habitude ordinaire! Alors toutes les habitudes, dès que, simplement, Il essaye de prendre possession d'une fonction ou de l'autre, même partiellement (pas totalement), toutes les relations, tous les mouvements sont instantanément changés – affolement. Affolement sur le point. Ça se traduit: on s'évanouit, ou on est sur le point de s'évanouir, ou on a une douleur effroyable, ou enfin quelque chose APPAREMMENT se détraque complètement. Alors qu'est-ce qu'il faut faire?... Attendre patiemment que ce petit nombre, ou ce grand nombre, de cellules, ce petit coin de conscience, ait appris sa leçon. Ça prend un jour, ça prend deux jours, ça prend trois jours, et puis ce «grand» événement chaotique, bouleversant, se calme, s'explique, et ces cellules-là se disent (commencent à se dire): «Dieu que nous sommes bêtes!...» Ça prend un petit moment, elles ont compris.

Mais il y en a des milliers, des milliers, des milliers!

On ne peut pas forcer la dose, parce qu'il faut empêcher la dislocation, n'est-ce pas! J'ai vu ça ces jours-ci; la dernière fois que tu es venu, j'étais en plein – en plein bouleversement.3

La conscience est là (geste en arrière), mais... elle n'intervient que si c'est absolument indispensable. Seulement elle tâche localement de leur faire... (pas comprendre, ce n'est pas «comprendre» parce qu'il n'y a pas de mental) avoir la vraie sensation, la vraie expérience – la vraie expérience –, jusqu'à ce que les cellules commencent à se dire: «Oh! oh!...»

Il y en a qui s'affolent. Il y en a qui ont déjà eu des expériences, qui savent mieux et qui voient plus clair et qui font le travail d'adaptation à la nouvelle vibration. Mais d'autres, il faut qu'elles comprennent. Alors elles se sentent si stupides, si stupides! Et là-haut, il y a quelque chose qui voit tout ça et qui à la fois (les deux à la fois), s'amuse beaucoup parce que c'est vraiment follement ridicule, mais en même temps c'est si triste! C'est si triste de voir que c'est TOUT comme ça: TOUTE la terre, TOUTE la terre! que ce corps représente l'effet d'une concentration spéciale, d'un effort spécial, d'une CHARGE spéciale, d'une attention spéciale, d'un soin spécial – ce tout petit coin, tout petit –, et il y a toute la terre, toute la terre... Et ça se croit si merveilleux, si intelligent!...

Je pourrais pendant des heures raconter des choses.

Plus tard.

Encore maintenant, il faut aller doucement-doucement-doucement – pas trop débrider. On est entouré de gens qui disent: «Oh! elle est très malade! qu'est-ce qui va arriver?...» et qui me rendent la chose difficile. Parce qu'il faut encore, avec la Force, écarter tout ça: «Tenez-vous tranquilles! N'allez pas faire des formations qui vont aggraver la difficulté.»

Tu vois comme on est loin de ces transformations romantiques où les gens sortent de leur méditation rajeunis, embellis, lumineux, oh là! là! mes enfants. Ça, ça viendra très facilement. À la fin, ce n'est rien: on fera comme ça (Mère souffle en l'air) et ça y sera.

C'est le reste qui est difficile.

L'enregistrement du son fait par Satprem    

This text will be replaced

 

1 Voir Agenda, tome i, p. 106.

En arrière

2 Les difficultés collectives du yoga.

En arrière

3 Au cours de la précédente entrevue, Mère s'est interrompue brusquement comme si Elle allait s'évanouir.

En arrière

 

 

 

 

 

 

 

in English

in German