Mère
l'Agenda
Volume 4
(Sur la table de Mère, il y a deux hibiscus blancs doubles appelés «Grâce». Mère en prend un et le donne au disciple:)
N a rêvé cette nuit que Sri Aurobindo lui donnait beaucoup de choses, puis je suis venue et je lui ai donné deux fleurs de «grâce». Et le matin, elle se réveille, elle va dans son jardin... sur l'arbre, il y avait deux fleurs de grâce.
C'est amusant.
Alors, qu'est-ce que tu apportes?
J'ai une lettre de X.
Bon!... qu'est-ce qu'il dit?
Parce que je lui demandais ce que je dois faire: j'ai terminé aujourd'hui le deuxième «round» de mes écritures tantriques. Alors il me dit: «Once more start the thing and continue.» [recommencez encore une fois et continuez.]
Naturellement il a dit qu'il fallait finir.
Alors j'ai encore besoin de papier!
Ayo!
Si l'on peut faire comme la dernière fois: de l'Imprimerie me donner des chutes de papier. J'ai besoin de... 5.200 feuilles!
Deux mille?
Cinq mille deux cents!...
*
* *
(Puis Mère traduit cette lettre de Sri Aurobindo sur la descente de l'Amour, dont il avait déjà été question le 24 juillet, et Elle ajoute ce commentaire:)
Si l'Amour divin descendait d'abord, avant la Vérité divine, certains êtres qui ont une puissance ou une réceptivité spéciales pourraient l'attirer en eux, personnellement, et alors tous ces faux mouvements pourraient se produire.1 Mais si cet Amour divin ne descend que dans la Vérité, que dans la Conscience-de-Vérité, il n'entrera dans une personne que si elle est prête à le recevoir. Sans une préparation de Vérité, il peut se produire une attraction très puissante d'éléments qui ne sont pas capables de le garder dans sa pureté; tandis que si la préparation de Vérité est là, dans cette préparation, Ça CHOISIRA pour se manifester les personnes, les individualités prêtes.
*
* *
Plus tard
Tu es toujours dans le colloque avec la Mort?
Ce n'est pas fini, je n'ai plus le temps de travailler, c'est cela qui est embêtant! J'ai tant de travail l'après-midi – je n'appelle pas ça du «travail», ce sont des occupations: gens à voir, lettres... des lettres! Et puis toute l'organisation: tout est dans une confusion terrible. Je devrais avoir fini de voir les gens à quatre heures, et prendre ma traduction jusqu'à cinq heures – ils s'en vont à cinq heures moins dix! Alors je n'ai plus le temps de rien. Un jour sur quatre, je peux traduire, ça n'avance pas.
Il va falloir encore changer quelque chose dans l'organisation – ça se fausse très vite.
Au début (quand Mère s'est retirée), je recevais une lettre, deux lettres, même pas, tous les jours; maintenant c'est dix, douze par jours, et quand je ne réponds pas immédiatement, deux jours après je reçois une autre lettre: «Je vous ai écrit et je suis sans réponse.» Alors immédiatement je griffonne sur leur lettre deux ou trois mots très secs (Mère rit)... pour leur montrer que ce n'est pas avantageux d'être trop pressé.
(Mère entre dans une longue contemplation)
J'ai encore vu un carré.
Il était frangé de rouge, comme des petites flammèches rouges. Le même carré blanc. Et après, il a été comme absorbé et remplacé par un carré de lumière bleue et verte – le bleu et le vert des tantriques: c'est comme de l'émeraude et du saphir très colorés, une puissante couleur. C'est translucide, c'est lumineux. Et les deux carrés se sont superposés: le bleu d'abord et le vert dessus.
Et avant cela, le blanc avec cette bordure rouge, quand c'est entré (il s'est formé d'abord, n'est-ce pas; c'est comme si cela se formait entre nous), ça s'est formé et il y a eu une détente en toi – tu as senti une détente?
(le disciple hoche la tête... silence)
Depuis deux jours, Sri Aurobindo était tout le temps, tout le temps là. Tout le temps, tout le temps mélangé aux choses. Et il y a beaucoup de gens qui l'ont vu, qui lui ont parlé – il était très-très présent. Depuis deux jours.
À certains moments, c'est comme s'il entrait dans une sorte de... (je ne sais pas) d'immobilité intérieure, puis il y a des moments où il est très actif.
Et une fois (il y a deux, trois jours), il m'a dit: «Tu es avec moi autant que tu veux, tu parles avec moi autant que tu veux», comme si ce n'était pas lui qui dirigeait mais moi (!) J'ai dit que ce n'était pas vrai! (Mère rit) Mais enfin...
Depuis cette expérience du bol translucide, il est très-très proche. Ce matin, c'était comme s'il était mélangé à tout.
Il y a même des choses assez amusantes: j'ai vu des gens hier qui ne sont pas d'ici; d'habitude, je ne parle pas aux gens mais je leur ai parlé; j'avais commencé à dire quelque chose, puis Sri Aurobindo m'a interrompu: «Ne leur dis pas ça, ils vont être convaincus que tu rabâches toujours la même chose!» Et c'était vrai –j'ai regardé et j'ai arrêté tout de suite. Tout le temps il me prévient: «Celui-ci sent comme ça, celui-là pense comme ça, celui-là...» Il est très-très mélangé à tout, tout le temps, tout le temps.
Et puis à d'autres moments, c'est comme s'il n'était plus là du tout – «plus là», que là-haut... dans le Supramental!3 (Mère rit)
This text will be replaced |
1 «Aveuglé par les confusions de la conscience actuelle, l'Amour peut s'égarer dans ses réceptacles humains, ou même sans cela, il se peut qu'il ne soit pas reconnu et qu'on le rejette, ou qu'il dégénère rapidement et soit perdu dans la fragilité de la nature humaine inférieure.»
2 L'enregistrement de la première partie de cette conversation n'a pas été conservé.
3 Il existe un enregistrement de la fin de cette conversation.