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Mère

l'Agenda

Volume 5

26 février 1964

Mère a un commencement d'hémorragie à l'œil gauche.

Tu as mal à l'œil?

Mal à l'œil?

Non??

Je ne sais pas... Il y a quelque chose?

Oui.

Ah! je n'ai pas vu... Ça m'a fait mal ce matin, et puis... Tiens, personne ne m'a rien dit.

Et ils sont revenus frémissants d'une Force sans nom Ivres d'un vin d'éclair dans leurs cellules.

Bon, c'est encore complet! Je ne pourrai plus rien faire du tout. Ça me faisait mal, mais je n'y ai pas pensé. Mais c'est beaucoup?

Moins que certaines fois... Mais ici, quand tu baisses l'œil, c'est très rouge. Quand tu baisses la paupière, il y a toute une marque de sang, et ça vient à toucher l'iris.

Alors ça a recommencé... Bon.

N'est-ce pas, c'est une telle avalanche...

Si l'on pouvait faire le travail tranquillement, si l'on n'était pas pressé... ça ne ferait rien, ce n'est rien; seulement il faut faire en dix minutes un travail qui prendrait normalement une heure, c'est cela qui est mauvais.

(silence)

N'est-ce pas, cette semaine, il aurait fallu (c'est-à-dire que j'aurais aimé) être tranquille, parce que cette intensité d'aspiration (dans le corps) a pour résultat de me donner une perception tout à fait claire et presque constante du point auquel la substance matérielle est faite de Mensonge et d'Ignorance – dès que la conscience est claire, au repos, paisible, dans la vision lumineuse, c'est comme si de partout venaient toutes les faussetés. Ce n'est pas une perception active en ce sens que je ne «cherche» pas à voir: ce sont des choses qui se PRÉSENTENT à la conscience. Et alors on se rend compte que pour clarifier tout cela, pour transformer tout cela, quelle puissance formidable de Force-de-Vérité est nécessaire!... Et on s'aperçoit que l'intensité de l'aspiration – qui rend la transformation plus prompte, la réalisation plus proche – risque de... (Mère touche son œil) oui, voilà le résultat.

Et je m'aperçois que tout autour, ce qui est plus proche du centre de descente, ça bouleverse beaucoup – beaucoup. Je vois très peu de corps autour de moi qui soient capables de supporter ça. Et alors si c'est comme cela, nécessairement ça tamise et atténue tellement la descente que... qu'est-ce qui va pouvoir passer?

Ce matin, j'avais un peu mal, mais j'ai dit: «Ce n'est rien, ça ne DOIT PAS être» – ça m'ennuie que ce soit venu. C'est un signe que la descente est trop forte. Alors s'il faut attendre encore quatre ans – 1968...

Et qu'est-ce qui va venir?... Ce sera comme une petite pluie tout à fait anodine! qui ne sera probablement même pas perceptible pour la conscience ordinaire.

Peut-être le travail serait-il plus rapide si au lieu de m'accabler d'une besogne tellement superficielle: envoyer des blessings [bénédictions], signer des photographies...

Oui! oui! vraiment...

Et puis recevoir des gens. Les recevoir l'un après l'autre, l'un après l'autre, par douzaines... Chacun dit, pense, sent: «Mais je ne prends qu'une minute!», seulement, quand les minutes sont accumulées, n'est-ce pas...

(silence)

Mais cela prouve une chose aussi: que si je me décale trop de l'entourage, ce n'est pas bon non plus, en ce sens que ce que MOI, je pourrais faire venir, si les autres ne sont pas capables de le supporter, ce sera un autre genre de catastrophe.

Il faut avoir de la patience.

Patience, on en a.

Beaucoup de patience.1

*
*   *

Peu après

J'ai l'impression que les gens n'ont rien compris au dernier Bulletin2 – ils n'ont osé rien dire, mais ils n'ont rien compris! Même ceux qui, consciemment, doivent comprendre: Nolini, Amrita, Pavitra, André... et sans parler de tout le reste qui est moins développé intellectuellement – rien compris.

J'ai l'impression, une vague impression que quelque part, quelqu'un, qui est très loin physiquement, recevra le coup de grâce avec ça, parce que j'ai eu cette impression au moment où j'avais l'expérience – ce que je t'ai dit et que tu as noté, c'était seulement le souvenir de l'expérience, mais au moment où j'avais l'expérience et où je répondais (geste de communication mentale), j'ai eu l'impression qu'il y avait quelqu'un qui était touché quelque part, d'une façon radicale, et que ça avait une importance pour l'atmosphère intellectuelle de la terre – qui c'est? je n'en sais rien.

C'est pour cela que j'ai laissé paraître cet article, parce que autrement... N'est-ce pas, quand je lis quelque chose, ou quand, par exemple, Nolini me lit la traduction, je lis avec la conscience des autres – c'était devenu d'un plat! Plat-plat: tout le Pouvoir parti.

J'ai fait des découvertes comme cela, sur la façon dont les gens comprennent et lisent – les gens «très cultivés»...

Ils ne savent pas lire, ils lisent avec leur cerveau.

Ils lisent avec une grammaire par-derrière!

Ceux-là, ce sont les érudits, c'est affreux, mais je n'ai jamais essayé de convaincre aucun érudit!

Ils n'«entendent» pas ce qui est derrière, ils ne cherchent pas à attraper cette espèce de musique – simplement, ce sont des phrases.

Mon article leur donne, à la fois, l'impression de quelque chose qui est très ennuyeux et qui est très enfantin – les deux à la fois, alors c'est complet! Parce que la forme extérieure est simple, n'est-ce pas, pas de prétentions littéraires; alors ça n'excite pas le cerveau, pas du tout (j'essaye au contraire de le calmer autant que possible!).

Non, ceux qui te comprennent le mieux, ce sont les gens au cœur simple.

Oui, ceux-là sont touchés.

Et ils ont une compréhension infiniment plus grande que les gens «cultivés» – ils comprennent mieux, ils sont plus intelligents!

Plus réceptifs. Oui, ils sentent.

Ils sentent correctement, ils mentalisent moins.

(Mère entre en contemplation)

*
*   *

Au moment de partir

Alors, si tu sens quelque chose, ou vois quelque chose, ou penses quelque chose, ou as un «rêve», d'ici notre prochaine entrevue, tu me le diras... Je n'ai plus beaucoup d'espoir... parce qu'il y avait une grande intensité ces jours-ci, assez difficile à supporter – formidable –, et ce matin quand je me suis levée, l'intensité était un peu soulevée. La nuit a été bonne (je perçois le subconscient général et l'état de réceptivité, les conditions – ce n'était pas mauvais, c'était assez satisfaisant), mais je me suis aperçue que la Pression, l'intensité de la Pression était moindre.

C'est seulement pendant le travail ici (avec les secrétaires), cette heure de travail (ce n'est pas du travail, c'est du labeur), je sentais quelque chose ici (front, tempes) qui était un peu fatigué, comme une sorte de fatigue qui venait du dehors... Enfin...

Voilà, maintenant il faut tenir le coup.

L'enregistrement du son fait par Satprem    

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1 Il existe un enregistrement de ce début de conversation. Nous n'avons pas conservé la suite.

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2 Mère fait allusion à un extrait de l'Agenda (du 7 septembre 1963) que nous venons de publier dans le Bulletin sous le titre: «Dialogue avec un Matérialiste».

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