Mère
l'Agenda
Volume 7
Après la traduction de «Savitri» (le dialogue avec la Mort).
Behold the figures of this symbol realm....
Here thou canst trace the outcome Nature gives
To the sin of being and the error in things
And the desire that compels to live
And man's incurable malady of hope.1
(X.IV.64 3)
Mais elle te répondra!... Je voudrais bien savoir ce qu'elle va lui dire.
(silence)
Si l'on suit jusqu'au bout l'idée avec laquelle Sri Aurobindo a écrit cela, la Mort serait le principe qui a créé le Mensonge dans le monde... Évidemment, c'est ou le Mensonge qui a créé la Mort ou la Mort qui a créé le Mensonge.
C'est plutôt le Mensonge qui a créé la Mort!
Oui, logiquement.
D'après l'histoire (si l'on peut dire que c'est une histoire) que Théon a racontée, c'était le Mensonge qui a créé la Mort. Mais d'après ce que l'on vient de lire, ce serait la Mort qui a créé le Mensonge... Évidemment, ce ne doit être ni l'un ni l'autre! Ce doit être quelque chose d'autre qu'il faudrait trouver.
(silence)
L'idée de Théon (qui correspond aussi à l'enseignement ici dans l'Inde où l'on dit que c'est la séparation qui a créé tout le Désordre – la Mort, le Mensonge et tout le reste), c'était que ces quatre premiers Émanés, c'est-à-dire la Conscience, l'Amour, la Vie et la Vérité (l'Amour est le dernier, je crois, mais je ne me souviens plus de ce qu'il disait), ces quatre êtres Émanés individuels, selon lui, dans la pleine conscience de leur pouvoir et de leur existence, se sont coupés de leur Origine. C'est-à-dire qu'ils ne voulaient dépendre que d'eux-mêmes, ils ne sentaient même pas la nécessité de garder la connexion avec leur Origine (je dis cela d'une façon tout à fait matérielle). Et alors, c'est cette coupure qui a fait que, immédiatement, la Conscience est devenue Inconscience, l'Amour est devenu Douleur (ce n'était pas l'Amour: vraiment, c'est l'Ananda qui est devenu Douleur), la Vie est devenue Mort et la Vérité est devenue Mensonge. Et ils se sont précipités dans la création comme cela. Alors, il y a eu une seconde création, qui était la création des dieux, pour réparer les méfaits de ces quatre-là (l'histoire est racontée d'une façon presque enfantine pour que ce ne soit pas abstrait, pour que cela devienne concret). Les dieux sont la seconde émanation et ils sont venus pour réparer. Dans l'Inde et partout, on leur a donné des noms et des fonctions diverses et ils sont dans cette région du Surmental, c'est-à-dire au-dessus du quaternaire physique, du quaternaire matériel. Et la fonction des dieux est de réparer ce que les autres ont abîmé. Et le domaine où les autres (les premiers Émanés) se sont concentrés, c'est le domaine vital.
Tout cela, on peut le traduire philosophiquement, intellectuellement, etc. C'est raconté comme une histoire pour que la mentalité la plus physique puisse comprendre. Mais dans le principe, c'est la séparation de l'Origine qui a créé tout le Désordre. Et ma foi, dans l'Inde aussi, je crois, les Oupanishads disent la même chose; en tout cas, Sri Aurobindo dit que le Désordre est venu avec le sens de la Séparation. Donc, ce sont des façons différentes de raconter la même chose. Dans un cas, vu d'une certaine façon, c'est une séparation volontaire; dans l'autre cas, c'est une conséquence inévitable – conséquence inévitable de... de quoi? Je ne sais pas.
Parce que, selon les théogonies, les dieux sont restés en rapport avec leur Origine et ils se sentent être la représentation de l'Origine; comme dans la théogonie indienne où ils disent que Shiva est le représentant du Suprême – Brahma, créateur; Vishnou, conservateur; Shiva, transformateur –, et tous les trois sont des représentants conscients du Suprême, mais partiels.
Il est de toute évidence que ce sont seulement des manières de dire. Il y a bien des entités et elles existent, mais... c'est une façon de raconter; d'une façon ou d'une autre, c'est la même chose. La métaphysique est aussi une façon de raconter. Et l'une n'est pas plus vraie que l'autre.
(silence)
Mais pour moi, le problème est de trouver... N'est-ce pas, on cherche le processus afin d'avoir le pouvoir de défaire ce qui a été fait.
Quand on demandait à Théon: «Comment se fait-il que ce soit arrivé comme cela (lui, disait que le premier Émané et les trois suivants se sont séparés), pourquoi se sont-ils séparés?» Il répondait très simplement (riant): «Pourquoi le monde est comme il est, dans cet état de désordre? Pourquoi est-ce comme cela?... Ce n'est pas cela qui est intéressant: ce qui est intéressant, c'est d'en faire ce qu'il doit être.» Mais pour moi, après toutes ces années, il y a quelque chose qui voudrait avoir le pouvoir ou la clef: le procédé. Et est-ce qu'il ne faut pas sentir ou vivre ou voir (mais «voir»: voir activement), comment ça a fait comme cela (Mère tord son poignet dans un sens), afin de pouvoir faire comme cela (torsion dans l'autre sens). Voilà.
(silence)
Ce qui est intéressant, c'est que maintenant que ce mental des cellules s'est organisé, il semble repasser avec une rapidité vertigineuse à travers tout le procédé de développement mental humain pour atteindre... justement la clef. Il y a bien le sentiment que l'état dans lequel on est, est une irréalité mensongère, mais il y a une sorte de besoin ou d'aspiration de trouver, non pas un «pourquoi» mental ou moral, rien de ce genre-là, mais un COMMENT – comment ça a été tordu comme cela (Mère tourne son poignet dans un sens), afin de le redresser (geste en sens inverse).
La sensation pure a l'expérience des deux vibrations (mensongère et vraie, tordue et directe), mais le passage de l'une à l'autre est encore un mystère. C'est un mystère, parce que cela ne s'explique pas: ni comme ça (torsion du côté mensonger) ni comme ça (torsion du côté vrai).
Alors il y a quelque chose qui dit comme Théon: «Apprends à ÊTRE comme cela (du côté vrai) et reste comme cela.» Mais on a l'impression que le «reste comme cela» doit dépendre de savoir pourquoi l'on est comme cela ou comment l'on est comme cela?
Je ne sais pas si je me fais comprendre ....
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1 Regarde les formes de cette région symbolique...
Ici, tu peux retrouver la conséquence que donne la Nature
Au péché d'être et à l'erreur des choses
Et au désir qui contraint à vivre
Et à l'espoir, cette incurable maladie de l'homme.