SITE DE SRI AUROBINDO ET LA MÈRE
      
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Mère

l'Agenda

Volume 10

10 décembre 1969

(Mère commence par rédiger d'une traite un message pour la rentrée des classes.)

Il faut avoir vécu ce que l'on veut enseigner.

Pour parler de la conscience nouvelle, laissez-la pénétrer en vous pour vous révéler ses secrets. Car, alors seulement, vous pourrez en parler avec compétence.

*

Pour jaillir dans la conscience nouvelle, La première condition est une modestie mentale suffisante pour être convaincu que tout ce que l'on croit savoir n'est rien en comparaison de ce qui reste à apprendre.

Tout ce que l'on a appris extérieurement ne doit être qu'un échelon pour permettre de s'élever vers les connaissances supérieures.

*
*   *

(silence)

Le dressage de la conscience physique continue à une allure accélérée, très accélérée. Le corps a une petite difficulté à garder son équilibre. C'est comme s'il recevait des coups de partout! (Mère rit)

Intérieurement, il est tout à fait bien. Extérieurement, les choses ont été très difficiles pendant ces trois derniers jours et il a été un petit peu fatigué – avant, il ne connaissait plus la fatigue, il ne savait plus ce que c'était. Mais ça n'a pas duré: dès qu'il a eu un moment où il pouvait se concentrer et se remettre dans la vraie attitude, c'est parti. Et le progrès (geste comme un bond), oh! tout à fait disproportionné à l'effort. L'effort est tout petit et le progrès est grand. On voit bien.

Et alors, sur d'autres gens (proches, qui sont en relation proche), c'est cela aussi, le progrès va à pas de géant – ça secoue la maison un peu, mais ça va à pas de géant. Et pour certains, comme Z par exemple, c'est très conscient, elle est très consciente. Elle a eu un accident à une jambe il y a longtemps, et cette jambe est un peu plus faible que l'autre, il y a une possibilité de dérangement. Elle a remarqué que tant qu'elle était dans la bonne attitude, elle ne sent plus rien; il n'y a plus rien, c'est comme tout à fait parti. Dès qu'elle retombe dans la conscience ordinaire, le mal revient... Et elle a eu d'innombrables expériences. J'ai trouvé cela très intéressant. D'autres aussi.

Et c'est vraiment intéressant. C'est vraiment intéressant parce que c'est d'une clarté tout à fait limpide et tout à fait évidente que c'est uniquement un état de conscience. Quand on est dans la conscience (c'est-à-dire la conscience qui devient de plus en plus vraie: pas quelque chose qui est arrêté mais une conscience en ascension), quand on est là-dedans, tout va bien; dès que l'on en sort pour retomber dans l'ancienne conscience non progressive ou d'une progression tout à fait lente et invisible, alors le désordre revient. Et ça, c'est comme une leçon donnée d'une façon tout à fait claire et évidente.

C'est vraiment intéressant.

Et le corps est en train d'apprendre. Il apprend très vite.

(silence)

(Riant) Il se dit toujours: «On est vraiment de pauvres bougres!» C'est comme cela son impression vraiment! Nous qui sommes si fiers d'être des hommes et d'être conscients et de pouvoir être autre chose qu'un animal pensant... nous sommes encore tout en bas en comparaison de... ce qui est à conquérir – pas même le premier échelon de l'ascension.

On croit bien faire, on se caresse un peu comme cela pour s'encourager!... C'est vraiment cela, l'impression: on est vraiment des pauvres bougres! (Mère rit)

(silence)

Certainement, un grand pas sera fait quand il sera naturel pour l'homme de chercher à se perfectionner lui-même au lieu de s'attendre à trouver la perfection dans les autres... Ça, ce renversement, est à la base de tout vrai progrès. Le premier instinct humain: «C'est la faute des circonstances, la faute des gens, la faute... Celui-ci est comme ceci, celui-là est comme cela, celui-là...» Et ça dure indéfiniment. Le premier pas, le premier pas est de dire: si j'étais comme je dois être, ou si ce corps était comme il doit être, tout serait pour lui parfaitement bien. Et si, pour faire un progrès, vous attendez que les autres le fassent, vous pouvez attendre indéfiniment.

Ça, c'est la première chose qu'il faudrait répandre partout.

Ne jamais mettre la faute sur les autres et sur les circonstances parce que, quelles que soient les circonstances, même celles qui sont en apparence les pires, si vous êtes dans la vraie attitude et que vous ayez la vraie conscience, cela n'a aucune importance pour votre progrès intérieur, aucune importance – je dis cela: y compris la mort.

Vraiment, ça paraît être la première leçon à apprendre.

(silence)

Tu te souviens où Sri Aurobindo avait écrit cela (je traduis librement), que pour faciliter le progrès, la notion de péché avait été introduite, et immédiatement (riant) l'homme a vu le péché chez tous les autres – il ne l'a jamais vu pour lui-même!... La phrase de Sri Aurobindo est charmante, mais je ne me souviens plus.1

(long silence)

Tu as vu le Message du nouvel an? (Mère cherche un papier)

Le monde se prépare à un grand changement. Voulez-vous aider?

C'est amusant, il y a N.S. (du gouvernement de l'Inde) qui veut faire des cartes de vœux (elle est obligée de distribuer une quantité de cartes le jour de l'an), alors elle veut faire une carte avec, de ce côté-ci, mon message, et de ce côté-là, ses vœux de bonne année! Elle veut envoyer ça. Amusant!

J'ai l'impression que 70 sera mieux que 69, non?

Je crois.

J'ai l'impression qu'en 72, il y aura vraiment un changement. Un changement sérieux.

Partout-partout dans le monde, dans les endroits les plus inattendus, on reçoit des lettres de gens qui suivent et qui comprennent, qui attendent... Le Canada est très secoué. Même en Norvège, en Suède, en Italie beaucoup de gens, en Allemagne beaucoup, en France... ça commence – un petit peu! (Mère rit) Aux États-Unis, c'est bien, c'est en train de bien marcher, et au Canada, ça va bien. Même au Japon il y a des gens...

L'enregistrement du son fait par Satprem    

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1 Aphorisme 68 – «Le-sens du péché était nécessaire pour que l'homme puisse se dégoûter de ses propres imperfections. C'est le correctif que Dieu apportait à l'égoïsme. Mais l'égoïsme de l'homme déjoue les stratagèmes de Dieu, parce qu'il s'intéresse médiocrement à ses propres péchés, tandis qu'il observe avec zèle les péchés d'autrui.» (II existe un enregistrement de cette conversation. La suite n'a pas été conservée.)

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