Mère
l'Agenda
Volume 12
(À la suite de la dernière lettre de Mère au disciple.)
Mon petit! si je t’ai fait de la peine, je le regrette beaucoup (Mère prend les mains du disciple).
Oh! écoute, douce Mère!
Tu vois, je t’ai parlé comme je me parle à moi-même [la lettre de Mère au disciple], aussi franchement que possible. Mais vraiment, je ne pensais pas que cela te ferait de la peine. Je voyais en toi que tu savais les choses... Dis-moi ce que tu as sur le cœur.
Non, douce Mère, maintenant c’est tout à fait parti. C’est parti. Il y a eu un ou deux jours un peu... difficiles, et puis c’est parti.
(Mère tient serrées les mains du disciple)
Finalement, ce que je regrettais, c’est que cela te prenne tout ce temps et que l’on fasse tant d’histoires pour cela, c’est tout...
Oh! ça, cela ne fait rien.
... Alors qu’il y a des choses bien plus importantes.1
Oh! mon petit, la situation est... terriblement dangereuse.
Oui.
Il n’y a que... C’est seulement en s’accrochant désespérément au Divin – mais au Divin le plus pur et le plus puissant – que l’on peut éviter une... une catastrophe générale. C’est terrible.
C’est l’impression qu’il ne faudrait pas perdre une minute, qu’il faudrait tout le temps, tout le temps, tout le temps s’accrocher au Divin pour l’obliger à descendre ici. Autrement... autrement c’est terrible.
Alors j’ai besoin... j’ai besoin que tous ceux qui m’aiment me comprennent.
Oui, douce Mère, oui.
(silence)
Oui, en moi-même aussi, j’ai traversé (je n’ose pas parler au passé) une période où il semblait y avoir une désintégration complète.
Oui. Moi aussi.
Un assaut.
Je sais, je sais.
Quelque chose qui veut m’atteindre très...
Je sais, j’étais avec toi jour et nuit, mais d’une façon si concrète, tu ne peux pas t’imaginer.
Tu sais tout ce que j’ai traversé?
Oui, je sais... Je sais... Oublie-le, veux-tu? C’est ce qu’il y a de mieux à faire. C’est une partie de l’être qui doit disparaître – ce n’est pas toi.
Je sais, douce Mère, que ce n’est pas moi. Mais ça a cherché beaucoup à me frapper.
Oui, oui, ça... Je te dis, la nuit, le jour, tout le temps, tout le temps ça venait comme cela... Mais si l’on pouvait – non... pas «si»: on DOIT, on doit changer ça en une grande victoire, petit. Que tout ce qui s’accroche encore en bas, parte – fini, qu’on n’en parle plus.
Oui, douce Mère, je voudrais. Avec ton aide, oui.
C’est comme si... comme si tu montais, comme si tu rejetais une vieille robe et que tu montais tout droit dans la Lumière – je l’ai vu... Je l’ai vu.
(silence
Mère garde toujours serrées les mains du disciple)
Justement, cette citation que nous avons mise dans le «Bulletin», c’est tellement vrai!2
Oui. Oui, ça se débat. Tout ce qui doit partir se débat.
Oui, se débat avec férocité.
(silence)
Mais la situation du pays est dangereuse, très dangereuse.
Oui.
La Chine... Il y avait longtemps (longtemps, plus d’une année), j’avais vu cette intention de la Chine. Maintenant, elle a l’occasion.3 Et la Chine, cela veut dire que l’Inde tout entière, brff! (geste de submersion). Non, je te dis, il n’y a que le Divin qui peut sauver. Il faut une intervention divine, elle seule peut sauver – quelque chose d’extraordinaire, d’anormal, d’inattendu. Autrement... autrement...
(long silence)
Vraiment... vraiment cela peut s’exprimer comme cela: seulement la Volonté Divine peut nous sauver – toutes les circonstances sont... (geste, doigts entremêlés). Et alors, il faut... il faut, n’est-ce pas, que nous nous débarrassions de tout ce qui nous accroche encore en bas de façon à être vraiment prêts à recevoir cette Volonté Divine.
Je comprends bien, douce Mère, profondément. Seulement je ne crois qu’en la Grâce, tu comprends – parce que nos propres forces, c’est...
Oui, je sais, mon petit.
(très long silence)
Oh! tu sais, le corps, le corps tout entier vraiment, il veut, il veut la transformation, et il est... Ce monde d’insincérité qu’il y a là-dedans, c’est une chose effrayante – dans les cellules, dans ces... oh!... Et alors, l’urgence, cette urgence – l’urgence POUR cela... effrayant... C’est jour et nuit la volonté, la volonté de devenir... de devenir divin.
(silence)
Ces jours-ci, TOUTES les vieilles notions se sont écroulées, toutes les vieilles réactions se sont écroulées, ça a été... Et alors, et alors quoi? quoi?... C’est cela, n’est-ce pas, il ne reste plus rien, plus rien, plus rien... (geste poings fermés) seulement, seulement une volonté – une volonté, une aspiration, un besoin impérieux: oh! il faut, il faut que le règne du Divin vienne.
(silence)
Avoir le sens de son infériorité et de son incapacité, et dans cette aspiration que seul le Divin existe.
(silence)
Et toi, mon petit, c’est ton destin. C’est ton destin: que tu deviennes conscient et que tu manifestes le Divin – c’est ton destin. Il faut... Moi, je suis pressée parce que je vois que les circonstances deviennent de plus en plus... aiguës – dangereuses. C’est seulement un miracle qui peut nous sauver – c’est-à-dire ce qui est pour nous un miracle: une intervention... une intervention de la Volonté Divine dans sa pureté, sans déformation, sans contradiction, sans obstacle – seulement Ça.
(silence)
Il faut être à notre maximum possible – et c’est encore loin de ce que ça doit être.
(Mère plonge.
Longue contemplation qui est
comme une prière commune
pour la douleur de la terre)
Oh! mon petit...4
(Mère replonge)
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1 Les troupes du Pakistan ont lancé une attaque générale sur le Bangladesh avant l’arrivée de la mousson; ils ont réussi à sceller presque toute la frontière avec l’Inde, coupant les possibilités d’aide de l’Inde, et les Chinois ont massé leurs troupes aux frontières du Nord-Est.
2 «La fin d’un stade de l’évolution est généralement marqué par une puissante recrudescence de tout ce qui doit sortir de l’évolution.»
3 La Chine a proclamé que si l’Inde intervenait dans les «affaires intérieures» du Pakistan, elle attaquerait.
4 Il existe un enregistrement de cette conversation.