Mère
l'Agenda
Volume 13
(Mère vient de passer une heure et quart à prendre son «petit déjeuner».)
As-tu quelque chose?
Non, rien de spécial, douce Mère.
Alors je vais te donner seulement dix minutes. Il y a un phénomène bizarre que je ne comprends pas – et ça devient de plus en plus fort: j’ai passé plus d’une heure à déjeuner, et quand j’ai commencé, je me suis dit: en vingt minutes, il faut que je finisse. Et je croyais avoir fini en vingt minutes!
Le temps... com-plè-te-ment perdu la notion.
J’étais persuadée que j’avais fini en vingt minutes et j’ai mis plus d’une heure – pour ne rien manger!
Je prends une bouchée ou une gorgée, et alors il se passe dix minutes, vingt minutes... (geste montrant le verre ou la cuillère en l’air pendant que Mère s’en va)... je ne sais pas où, je ne sais pas quoi.
Mais ce qui est remarquable, c’est la contradiction: d’habitude je n’y pense pas, mais comme c’était ton jour et qu’il était déjà tard, je me suis dit: en vingt minutes, il faut que je finisse – j’ai mis plus d’une heure!
Il y a là quelque chose à comprendre. Il est évident que la valeur du temps doit changer. Mais c’est très incommode.
Mais c’est dans une conscience... (comment dire?) immobile ou active?
(Mère ferme les yeux un instant) J’ai l’impression d’être dans une lumière. Mais une lumière...
Si je veux y rentrer, ça pourra durer une heure!
C’est comme la nuit: je ne dors pas; alors au commencement, je suis couchée: j’ai mal ici, j’ai mal là... Puis j’entre dans la conscience où je n’ai plus mal, et puis tout d’un coup je me réveille (ce n’est pas «endormi», c’est... une lumière – une lumière sans forme), et j’ai l’impression qu’il y a une heure que je suis couchée, et il y en a cinq ou six.
J’entre... (Mère ferme les yeux) oh! ça peut durer – je te dis, il suffit que je fasse comme ça (Mère ferme les yeux)... je te garderais une heure sans le savoir!
Et alors aujourd’hui, je suis tellement en retard qu’il ne faut pas que je te garde.
Je regrette, mais il y a là quelque chose à trouver.
Mais cette lumière, est-ce qu’elle est active? ou bien tu es...
Oui! oui, elle fait des TAS de choses... Mais pas, pas de cette manière. C’est...
(Mère ferme les yeux un instant)
Tu as senti quelque chose?
Oui, douce Mère!1
C’est comme ça. Et les heures passent sans savoir.
Il faut que je te donne un jour où nous irons ensemble.
Oui, douce Mère.
Pas aujourd’hui. Mais un jour où je ne serai pas en retard, nous irons ensemble, peut-être que tu sauras. Voilà.
Il faut être patient, mon petit.
(le disciple tend une guirlande d’«aspiration»)
Oh! ça sent bon!
Nous sommes quel jour aujourd’hui?
Samedi.
Mercredi prochain, c’est?
C’est le 6, douce Mère.
Le six, il doit y avoir beaucoup de monde...
Et le 9, c’est aussi méditation.
Alors il faudra attendre la semaine d’après. Ce sera quelle date?
Le 13 décembre.
(À l’assistante:) Le 13, tu mettras aussi peu de gens que possible.
(L’assistante:) Je ne mets pas de gens!
Je veux faire une expérience.
(L’assistante:) Je ne mettrai personne... de plus.
Bon. Alors il faut être patient!
(le disciple pose son front sur les genoux de Mère)
C’est tout à fait, tout à fait nouveau... Quelque chose de tout à fait nouveau, que je ne comprends pas.
On verra. Ça m’intéressera de le faire avec toi, nous verrons quelle sera ton expérience. Mais il faut attendre.
Voilà, au revoir.2
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1 Toujours cette masse de puissance qui semble éclore du dedans et saisit tout comme dans un feu solide.
2 Il existe un enregistrement de cette conversation.