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SRI AUROBINDO

Lettres sur le Yoga

Volume 1. Section 1

3. Religion, morale, idéalisme et yoga

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La vie spirituelle (adhyātma-jīvana), la vie religieuse (dharma-jīvana) et la vie humaine ordinaire, dont fait partie la morale, sont trois choses très différentes; il faut savoir laquelle on désire et ne pas confondre les trois. La vie ordinaire est celle de la conscience humaine moyenne séparée de son vrai Moi et du Divin et régie par les habitudes courantes du mental, de la vie et du corps qui sont les lois de l'ignorance. La vie religieuse est un mouvement de la même conscience humaine ignorante qui se détourne ou essaie de se détourner de la terre pour se diriger vers le Divin, mais sans avoir encore la connaissance, et qui est menée par les édits et les règles dogmatiques d'une secte ou d'une croyance qui prétend avoir trouvé la voie hors des liens de la conscience terrestre vers quelque Au-Delà béatifique. La vie religieuse peut être une première approche de la vie spirituelle, mais très souvent elle se borne à tourner sans aucune issue dans une ronde de rites, de cérémonies et de pratiques ou d'idées et de formes fixes. La vie spirituelle, au contraire, procède directement par un changement de conscience, un changement de la conscience ordinaire, ignorante et séparée de son vrai moi et de Dieu, en une conscience plus grande dans laquelle on trouve son vrai moi; d'abord on vient en contact direct et vivant avec le Divin et ensuite on s'unit à lui. Pour le chercheur spirituel ce changement de conscience est la seule chose qu'il cherche et rien d'autre n'a d'importance.

La morale est une partie de la vie ordinaire; elle tente de gouverner la conduite extérieure par certaines règles mentales ou de former, par ces règles, le caractère à l'image d'un certain idéal mental. La vie spirituelle va au-delà du mental; elle entre dans la conscience plus profonde de l'Esprit et agit mue par la vérité de l'Esprit. En ce qui concerne la vie éthique et la nécessité de réaliser Dieu, cela dépend de ce qu'on considère comme l'accomplissement des objectifs de la vie. Si une ouverture à la vie spirituelle en fait partie, alors la morale seule ne vous la donnera pas.

La politique en tant que telle n'a rien à voir avec la vie spirituelle. Si l'homme spirituel fait quelque chose pour son pays, c'est afin d'accomplir la volonté du Divin et en tant que partie d'un travail assigné divinement, et non pour aucun autre motif humain courant. Dans aucun de ses actes il ne procède des motifs courants du mental et du vital qui font agir les hommes ordinaires, mais il est mû par la vérité de l'Esprit et par un commandement intérieur dont il connaît la source.

Le genre de culte (pūjā) dont il est question dans la lettre appartient à la vie religieuse. Il peut, s'il est fait correctement dans l'esprit religieux le plus profond, préparer dans une certaine mesure le mental et le cœur, mais pas plus. Mais si le culte est célébré comme une partie de la méditation ou avec une véritable aspiration vers la réalité spirituelle et la conscience spirituelle, avec l'ardent désir du contact et de l'union avec le Divin, alors il peut être spirituellement efficace.

Si, dans votre cœur et dans votre âme, vous aspirez sincèrement au changement spirituel, alors vous trouverez la voie et le Guide. Une recherche et une interrogation purement mentales ne suffisent pas à ouvrir les portes de l'Esprit.

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175

Il est évident que chercher le Divin uniquement pour ce que l'on peut obtenir de Lui n'est pas l'attitude juste; mais s'il était absolument interdit de Le rechercher pour cela, la plupart des gens dans le monde ne se tourneraient pas vers Lui du tout. Je suppose donc que c'est autorisé pour qu'ils puissent faire le premier pas — s'ils ont la foi, il est possible qu'ils reçoivent ce qu'ils demandent, qu'ils pensent que c'est une bonne chose de continuer, et puis un jour l'idée leur vient que ce n'est après tout pas vraiment la seule chose à faire et qu'il y a de meilleurs moyens et un meilleur esprit pour approcher le Divin. S'ils n'en reçoivent pas ce qu'ils veulent et se tournent quand même vers le Divin et Lui font confiance, alors cela prouve qu'ils commencent à être prêts. Considérons cela comme une sorte d'école maternelle pour ceux qui ne sont pas prêts. Mais ce n'est évidemment pas la vie spirituelle, ce n'est qu'une sorte d'approche religieuse élémentaire. Car dans la vie spirituelle la règle est de donner et non d'exiger. Le sâdhak peut cependant demander à la Force divine de l'aider à préserver sa santé ou à la rétablir, s'il le fait comme une partie de sa sâdhanâ, pour que son corps soit puissant et prêt pour la vie spirituelle et qu'il soit un instrument approprié de l'Œuvre divine.

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C'est exact, les religions modifient tout au plus la surface de la nature. En outre, elles dégénèrent très vite en une routine habituelle de cultes, de cérémonies et de dogmes fixes.

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Je n'ai pas la même opinion que J sur la religion hindoue. La religion est toujours imparfaite parce que c'est un mélange de la spiritualité de l'homme et de ses efforts pour sublimer de façon ignorante sa nature inférieure. La religion hindoue me fait penser à un grand temple à demi ruiné, noble dans sa masse, souvent fantastique dans le détail — mais fantastique avec une signification — croulant ou complètement dégradé par endroits, mais un grand temple dans lequel le culte est toujours rendu à l'Invisible dont la présence réelle peut être ressentie par ceux qui y pénètrent avec l'attitude juste. La structure sociale extérieure qu'elle a construite pour s'en approcher est une autre affaire.

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Je considère l'histoire spirituelle de l'humanité et spécialement celle de l'Inde comme le développement constant d'un dessein divin, non comme un livre qui est achevé et dont les lignes doivent être constamment répétées. Même les Oupanishad et la Guîtâ n'étaient pas définitives, bien que tout s'y trouve en germe. L'histoire spirituelle récente de l'Inde est un stade très important de ce développement et les noms que j'ai mentionnés tenaient une place remarquable dans ma pensée à l'époque — ils me semblaient indiquer les voies selon lesquelles le développement spirituel futur devait le plus directement se poursuivre, non pas pour s'arrêter mais pour aller au-delà. Loin de moi l'intention de propager quelque religion, nouvelle ou ancienne, pour l'avenir de l'humanité. Il ne s'agit pas de fonder une religion, mais d'ouvrir une voie qui est encore bloquée.

18.08.1935

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Si cette déclaration1 signifie que la forme de la religion est quelque chose de permanent et d'immuable, alors elle est inacceptable. Mais si par religion on entend ici la manière qu'a chacun de communiquer avec le Divin, alors il est vrai que c'est quelque chose qui appartient à l'être intérieur et ne peut être changé comme une maison ou un vêtement par convenance personnelle, sociale ou matérielle. Si un changement doit être fait, ce ne peut être que pour une raison spirituelle intérieure, à cause d'une évolution intérieure. Personne ne peut être lié à une forme de religion, à une croyance, à un système particulier, mais s'il échange celui qu'il a accepté contre un autre pour des raisons extérieures, cela signifie qu'il n'a pas de religion du tout et que l'ancienne comme la nouvelle ne sont que des formules vides. C'est au fond, je suppose, ce que signifie cette déclaration. L'objection faite ici aux motifs invoqués pour recommander le changement ne porte pas sur une préférence pour une voie différente vers la Vérité, ni sur le désir intérieur de s'exprimer spirituellement — le but proposé est un rehaussement du statut social et de la considération qui n'est pas plus un motif spirituel qu'une conversion pour une raison d'argent ou de mariage. Si un homme n'a aucune religion en lui, il peut changer son credo pour n'importe quelle raison; s'il en a une, il ne le peut pas; il ne peut le changer qu'en réponse à un besoin spirituel intérieur. Si un homme a une bhakti pour le Divin sous la forme de Krishna, il ne peut guère dire: "Je vais mettre Krishna au rebut et le remplacer par le Christ, pour devenir socialement plus respectable. "

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Le vaïrâgya est certainement une voie pour progresser vers le but — la voie traditionnelle, et une voie radicale pour douloureuse qu'elle soit. Perdre le désir des plaisirs du vital humain, perdre la passion des succès littéraires ou autres, des louanges, de la renommée, perdre même la volonté du succès spirituel, le bhoga intérieur du yoga, ces choses ont toujours été reconnues comme des pas vers le but — pourvu que le Divin reste l'essentiel. Pour ma part je préfère le calme chemin de l'égalité, la voie montrée par Krishna, plutôt que celle, plus pénible, du vaïrâgya. Mais si la nature ou l'être intérieur, forçant la voie par ce moyen à travers les difficultés, obligent à marcher de cette manière, elle doit être reconnue comme valable. Ce qu'il faut éliminer dans ce cas, c'est la note de désespoir dans le vital qui correspond au cri dont vous parlez — qu'il n'atteindra jamais le Divin parce qu'il n'a pas encore le Divin ou qu'il n'y a eu aucun progrès. Il y a certainement eu un progrès, cette plus grande poussée du psychique, ce détachement même, croissant quelque part en vous. Le tout est de tenir bon, de ne pas couper la corde qui vous hisse parce qu'elle vous blesse les mains; de garder cette unique volonté si toutes les autres se détachent de vous.

Il est évident que quelque chose en vous, poursuivant la courbe inachevée d'une vie antérieure, vous pousse sur le sentier du vaïrâgya et sur la voie plus orageuse encore de la bhakti — malgré notre préférence, qui est aussi la vôtre, pour un chemin moins douloureux — quelque chose qui est déterminé à traiter radicalement la nature extérieure afin de se libérer pour accomplir son aspiration secrète. Mais n'écoutez pas ces suggestions de la voix qui dit: "Vous ne réussirez pas et il est inutile d'essayer. " Il n'est jamais nécessaire de dire cela sur le Chemin de l'Esprit, quelque difficile qu'il paraisse dans l'instant. Gardez à travers tout l'aspiration que vous exprimez d'une manière si belle dans vos poèmes; car elle est certainement là et sort des profondeurs, et si elle est une cause de souffrance — comme toutes les grandes aspirations, dans un monde et une nature où tant de choses s'opposent à elle — c'est aussi la promesse et la certitude de l'émergence et de la victoire dans l'avenir.

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181

J'ai soulevé autrefois des objections à l'égard du vaïrâgya de type ascétique et de type tamasique. Par type vaïrâgya tamasique j'entends l'esprit qui vient vaincu par la vie, non parce qu'il est vraiment dégoûté de la vie, mais parce qu'il n'a pas pu s'en arranger ni en conquérir les récompenses; car il vient au yoga comme à une sorte d'asile pour les infirmes ou les faibles et au Divin comme à un prix de consolation pour les cancres de la classe du monde. Le vaïrâgya de celui qui a goûté aux présents ou aux récompenses mais les a trouvés insuffisants ou finalement insipides et s'en détourne pour aller vers un idéal plus grand et plus beau, ou le vaïrâgya de celui qui a joué son rôle dans les batailles de la vie mais qui a vu que quelque chose de plus grand est exigé de l'âme, est une aide parfaite et une bonne porte d'entrée au yoga. De même le vaïrâgya sattwique qui a appris ce qu'est la vie et se tourne vers ce qui est au-dessus de la vie et derrière elle. Par vaïrâgya ascétique j'entends celui qui nie entièrement la vie et le monde et veut disparaître dans l'Indéfinissable — je m'y oppose chez ceux qui viennent à mon yoga parce qu'il est incompatible avec mon but qui est d'amener le Divin dans la vie. Mais si on se satisfait de la vie comme elle est, alors il n'y a pas de raison de chercher à amener le Divin dans la vie — donc le vaïrâgya, pris dans le sens d'une insatisfaction à l'égard de la vie telle qu'elle est, est parfaitement admissible, et même dans un certain sens indispensable pour mon yoga.

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Je reconnais volontiers l'utilité d'un état temporaire de vaïrâgya comme antidote à une trop forte attirance du vital. Mais le vaïrâgya tend toujours à éloigner de la vie et l'élément tamasique du vaïrâgya désespoir, dépression etc. — dilapide le feu de l'être et peut dans certains cas conduire à tomber entre deux chaises, de sorte qu'on perd la terre tout en ratant le ciel. C'est pourquoi je préfère remplacer le vaïrâgya par un rejet ferme et tranquille de ce qui doit être rejeté — sexe, vanité, égocentrisme, attachement, etc. — mais cela n'inclut pas le rejet des activités et des pouvoirs qui peuvent être transformés en instruments de la sâdhanâ et de l'œuvre divine, comme l'art, la musique, la poésie, etc., bien que cela doive trouver une base nouvelle, spirituelle et psychique, une inspiration plus profonde, une tendance vers le Divin ou les choses divines. Le yoga peut être fait sans rejeter la vie, sans tuer ni amoindrir la joie de la vie ou la force vitale.

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183

Non, je n'ai pas dit que vous aviez choisi le vaïrâgya radjasique ou tamasique, j'ai seulement expliqué comment c'est arrivé, de soi-même, comme un résultat du mouvement du vital, au lieu du vaïrâgya sattwique qui est censé précéder, provoquer, accompagner un mouvement qui fait se détourner du monde pour rechercher le Divin, ou qui en résulte. Le vaïrâgya tamasique vient du recul du vital lorsqu'il sent qu'il doit abandonner la joie de la vie et qu'il devient apathique et triste; le vaïrâgya radjasique vient quand le vital commence à perdre la joie de la vie mais se plaint qu'il ne reçoit rien en échange. Personne ne choisit ces mouvements; ils viennent indépendamment du mental comme des réactions habituelles de la nature humaine. Refuser ces choses par le détachement, par une aspiration croissante et tranquille, une pure bhakti, une consécration ardente au Divin, c'est ce que j'ai suggéré comme étant le vrai mouvement vers l'avant.

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184

Il y a le vaïrâgya sattwique — mais beaucoup de gens ont un vaïrâgya de type radjasique ou tamasique. Le radjasique est porté par une révolte contre les conditions de sa propre vie, le tamasique naît de l'insatisfaction, de la déception, d'un sentiment d'incapacité à réussir ou à faire face à la vie, d'un écrasement sous les emprises et les douleurs de la vie. Ces deux types de vaïrâgya amènent un sens de la vanité de l'existence, un désir de chercher quelque chose de moins misérable, de plus sûr et de plus heureux, ou encore de rechercher une libération de l'existence ici-bas, mais ils n'apportent pas immédiatement une aspiration lumineuse ou une aspiration pure accompagnée de paix et de joie à l'égard de l'accomplissement spirituel.

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185

Le passage par sattwa est l'idée ordinaire du yoga, c'est la préparation et la purification par le yama-niyama de Patanjali ou par d'autres moyens dans d'autres yoga, par exemple, la sainteté dans les écoles de bhakti, l'octuple sentier du bouddhisme, etc., etc. Dans notre yoga l'évolution par sattwa est remplacée par la culture de l'équanimité, samatā, et par la transformation psychique.

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186

C'est évident, les mouvements radjasiques tendent à créer plus de désordre dans la sâdhanâ que les mouvements sattwiques. La grande difficulté de l'homme sattwique est le piège de la vertu et de la dévotion ostentatoire, les liens de la philanthropie, les idéalisations mentales, les affections familiales, etc., mais sauf la première, ces choses, bien que difficiles à surmonter ou encore à transformer, ne le sont pourtant pas tellement. Quelquefois, cependant, elles sont aussi opiniâtres que les difficultés radjasique.

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187

Le sannyâsa ne retire pas l'attachement — il consiste seulement à s'enfuir devant l'objet de l'attachement, ce qui peut aider mais ne peut être en soi une cure radicale.

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188

C'est un sentiment (l'absence d'importance des choses dans le Temps) que les disciplines ascétiques emploient quelquefois pour débarrasser de l'attachement au monde — mais cela n'est pas bon pour un but spirituel positif ou dynamique.

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189

Le principe de vie que je cherche à établir est spirituel. La morale est une affaire de mental et de vital humains, elle appartient à un plan inférieur de conscience. Une vie spirituelle ne peut donc se fonder sur une base morale, elle doit être fondée sur une base spirituelle. Cela ne signifie pas que l'homme spirituel doit être immoral — comme s'il n'y avait pas d'autre loi de conduite que la loi morale. La loi d'action de la conscience spirituelle est supérieure, non inférieure à la morale — elle se fonde sur l'union avec le Divin et sur la vie dans la Conscience divine, et son action se fonde sur l'obéissance à la Volonté divine.

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190

Les croyances dont vous parlez en ce qui concerne le bien et le mal, la beauté et la laideur, etc., sont nécessaires à l'être humain et à la conduite de sa vie. Il ne peut agir sans les distinctions qu'elles entraînent. Mais dans une conscience supérieure, quand il entre dans la Lumière ou est touché par elle, ces distinctions disparaissent, car il approche alors du bon et du bien éternel et infini qu'il atteint parfaitement quand il est capable d'entrer dans la Conscience-de-Vérité ou supramental. La croyance en la direction de Dieu se justifie aussi par l'expérience spirituelle et est très nécessaire à la sâdhanâ; elle aussi s'élève à sa vérité la plus haute et la plus complète quand on entre dans la Lumière.

Ce que vous dites de la prière est exact. C'est la plus haute sorte de prière, mais l'autre (c.à.d. la prière plus personnelle) est acceptable et même désirable. Toute prière offerte de la manière juste nous rapproche du Divin et établit la relation juste avec Lui.

Les obstacles dont vous parlez sont les obstacles ordinaires de la sâdhanâ, soulevés par certaines parties de l'être, spécialement par les troubles du vital et l'inertie physique, mouvements qui doivent être graduellement éliminés de la conscience.

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Je suppose que chacun organise ou essaie d'organiser sa propre vie parmi la masse de possibilités que les forces lui présentent. Le Moi (le moi physique) et la famille sont la construction qu'ils font pour la plupart — gagner de l'argent, créer une famille et l'entretenir, travailler dans la carrière que l'on choisit, dans les affaires, les professions libérales, etc... ou y obtenir une situation. Une minorité y ajoute habituellement la patrie et l'humanité. Quelques-uns s'adonnent à un idéal et le poursuivent en en faisant la raison majeure de leur vie. Seuls les hommes très religieux essaient de faire de Dieu le centre de leur vie — cela aussi plutôt imparfaitement, sauf quelques-uns. Aucune de ces choses n'apporte de sécurité ou de certitude, même la dernière qui n'en apporte que si elle est poursuivie d'une manière absolue dont très peu sont capables. La vie de l'Ignorance est un jeu de forces à travers lequel l'homme cherche sa voie et tout dépend de sa croissance à travers l'expérience jusqu'au moment où il peut en sortir pour entrer dans autre chose. Cet autre chose est en fait une nouvelle conscience — une nouvelle conscience au-delà de la vie terrestre ou une nouvelle conscience dans la vie terrestre.

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192

Famille, société, patrie sont un ego plus large — ce n'est pas le Divin. On ne peut travailler pour elles et dire que l'on travaille pour le Divin que si l'on est conscient de l'âdésha divin qui ordonne de travailler pour cela, ou de la Force divine qui travaille en soi. Autrement ce n'est qu'une idée du mental qui identifie la patrie, etc., au Divin.

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193

Tout dépend du but que vous vous fixez. Si, pour la réalisation de la vie spirituelle, il est nécessaire de renoncer à la vie ordinaire de l'ignorance (saṃsāra), il faut le faire; l'exigence de la vie ordinaire ne peut s'opposer à celle de l'esprit.

Si le seul yoga des œuvres est choisi comme sentier, alors il faut rester dans le saṃsāra, mais librement, comme champ d'action et sans aucun sens d'obligation; car le yogi doit être libre intérieurement de tous liens et attachements. Par ailleurs, il n'est pas nécessaire de mener une vie familiale; on peut la quitter et prendre n'importe quel travail comme champ d'action.

Dans le yoga pratiqué ici, le but est de s'élever à une conscience plus haute et de ne vivre que pour la conscience supérieure, sans les mobiles ordinaires. Cela implique un changement de vie autant qu'un changement de conscience. Mais tous ne sont pas dans des circonstances telles qu'ils puissent couper les amarres de la vie ordinaire; ils l'acceptent donc comme un champ d'expérience et d'entraînement dans les premiers stades de la sâdhanâ. Mais ils doivent prendre soin de ne la considérer que comme un champ d'expérience et de se libérer des désirs, des attachements et des idées qui l'accompagnent habituellement; autrement, elle devient un boulet au pied et une entrave à leur sâdhanâ. Quand on n'y est pas obligé par les circonstances il n'est pas nécessaire de poursuivre la vie ordinaire.

On ne devient tamasique en quittant les actions ordinaires et la vie que si le vital est tellement habitué à tirer les mobiles de son énergie de la conscience ordinaire et de ses désirs et activités qu'en les perdant, il perd toute la joie, le charme et l'énergie de l'existence. Mais si on a un but spirituel et une vie intérieure et que la partie vitale les accepte, alors elle tire ses énergies de l'intérieur et il n'y a pas de danger de devenir tamasique.

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194

Il n'est pas absolument nécessaire d'abandonner la vie ordinaire pour rechercher la Lumière ou pratiquer le yoga. C'est ce que font habituellement ceux qui veulent faire une coupure franche, vivre une vie purement religieuse ou exclusivement intérieure et spirituelle, renoncer entièrement au monde et abandonner l'existence cosmique par la cessation de la naissance humaine et en passant dans quelque état supérieur ou dans la Réalité transcendante. Autrement, ce n'est nécessaire que quand la pression intérieure devient si grande que la poursuite de la vie ordinaire n'est plus compatible avec la poursuite de l'objectif spirituel dominant. Jusque-là, il n'est besoin que d'un pouvoir de pratiquer un isolement intérieur, une capacité de se retirer en soi-même et de se concentrer à tout moment sur le dessein spirituel nécessaire. Il doit aussi y avoir un pouvoir de s'occuper de la vie extérieure ordinaire à partir d'une nouvelle attitude intérieure et il est alors possible de faire des événements de cette vie même un moyen du changement intérieur de la nature et de la croissance de l'expérience spirituelle.

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Il n'est pas possible de dire si votre amie peut venir ici, car cela dépend de beaucoup de choses qui n'apparaissent pas clairement ici. D'abord on doit s'engage dans ce Sentier ou il doit être évident qu'on y est appelé, ensuite se pose la question de savoir si on est fait pour la vie de l'Ashram. On peut répondre à la question des devoirs de famille de la façon suivante: les devoirs familiaux existent tant qu'on est dams la conscience ordinaire du gṛhastha; si la vie spirituelle appelle, s'y tenir ou non dépend en partie de la voie de yoga que l'on suit, en partie de la propre nécessité spirituelle de chacun. Beaucoup poursuivent intérieurement la vie spirituelle tout en préservant les devoirs de famille, non comme des devoirs sociaux mais comme un domaine de pratique du Karmayoga, d'autres abandonnent tout pour suivre l'appel ou le chemin spirituel, et ils ont raison si c'est nécessaire pour " le yoga qu'ils pratiquent, ou si c'est une exigence impérative de l'âme en eux.

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Je ne me souviens pas du contexte; mais je suppose qu'il veut dire que quand on doit échapper au dharma i inférieur, on est souvent obligé d'y renoncer pour arriver à un dharma plus vaste, par exemple, devoirs sociaux, payer ses dettes, prendre soin de sa famille, aider à servir son pays, etc., etc. L'homme qui se tourne vers la vie spirituelle doit souvent laisser tout cela derrière lui et beaucoup de gens lui reprochent son Adharma. Mais s'il ne fait pas cet Adharma, il est lié pour toujours à la vie inférieure — car il y a toujours quelque devoir à accomplir — et il ne peut s'adonner au dharma spirituel, ou ne peut le faire que quand il est vieux et que; ses facultés sont amoindries.

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197

Vous pouvez lui demander sa photographie cela peut aider à voir quel genre de nature il a. Mais il n'est pas nécessaire de se donner du mal pour le persuader: d'après sa lettre il n'a pas l'air prêt du tout pour la vie spirituelle. Son idée de la vie semble actuellement plutôt morale et philanthropique que spirituelle; et derrière il y a l'attachement à la vie de famille. Si l'impulsion à rechercher le Divin dont il parle est plus qu'une tendance mentale suggérée par une vague émotion, s'il y a vraiment dedans quelque chose de psychique, cela sortira en son temps; il n'est pas nécessaire de le stimuler, et une stimulation prématurée peut le pousser dans une voie pour laquelle il n'est pas encore prêt.

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198

Le véritable but du yoga n'est pas la philanthropie; c'est de trouver le Divin, d'entrer dans la conscience divine, et de trouver dans le Divin son être vrai — qui n'est pas l'ego.

Damana ne peut pas triompher des Ripous. Même s'il y parvient jusqu'à un certain point, il ne fait que les empêcher de s'élever, il ne les détruit pas; souvent même cette oppression ne fait qu'en accroître la force. Cela ne peut se réaliser que lorsque la purification par la Conscience divine pénètre dans la nature égoïste et la transforme.

Sâdhak ne pourra réussir que s'il se donne du profond de lui-même et s'il persévère rigoureusement sur la Voie.

Nouvelles Lumières sur le Yoga, chapitre 1.

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199

L'idée d'être utile à l'humanité est une vieille confusion née d'idées de seconde main importées d'Occident. Il est évident que pour être utile à l'humanité on n'a pas besoin du yoga: tous ceux qui mènent la vie humaine sont utiles à l'humanité d'une manière ou d'une autre.

Le yoga est orienté vers le Divin, non vers l'homme. Si une conscience et un pouvoir divins et apparaissent pouvaient être amenés ici-bas et établis dans le monde matériel, cela entraînerait évidemment un changement immense sur la terre, y compris dans l'humanité et la vie. Mais l'effet sur l'humanité ne serait que l'un des résultats du changement; il ne peut être l'objet de sâdhanâ. L'objet de sâdhanâ ne peut être que de vivre dans la conscience divine et de la manifester dans la vie.

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200

Ce que j'avance dans ce passage sur Vivékânanda, ne me parait pas humanitaire. Vous verrez j'insiste sur les dernières phrases de la page de Vivékânanda que je cite,2 non sur les paroles concernant Dieu le pauvre, le pécheur et le criminel. Mon point porte sur le Divin dans le monde, le Tout, sarva-bhūtāni de la Guîtâ. Ce n'est pas seulement l'humanité, moins encore les pauvres et les méchants seuls; même les riches ou les bons font sûrement partie du Tout, et aussi ceux qui ne sont ni méchants, ni bons, ni pauvres, ni riches. Il n'est pas non plus question (je veux dire dans mes propres remarques) de service philanthropique; donc pas non plus de daridrer sevā. J'avais autrefois, non une vision humanitaire, mais une vision de l'humanité — et il en reste peut-être quelque chose dans mes articles de l'Ârya. Mais j'avais déjà changé mon point de vue de "notre yoga pour l'humanité" en "notre yoga pour le Divin". Le Divin inclut non seulement le supracosmique mais le cosmique et l'individuel — non seulement le Nirvana ou l'Au-delà mais la Vie et le Tout. C'est là-dessus que j'insiste partout.

29.12.1934

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201

Je ne me souviens pas de ce que j'ai dit à propos de Vivékânanda. Si j'ai dit que c'était un grand védântiste, c'est tout à fait vrai. Il ne s'ensuit pas que tout ce qu'il a dit ou fait doive être accepté comme la vérité la plus haute ou la meilleure. Son idéal du sevā était un besoin de sa nature et a dû l'aider — il ne s'ensuit pas qu'il doive être accepté comme une nécessité spirituelle ou un idéal universel. Qu'il ait été ou non le porte-parole de Râmakrishna en le proclamant, je ne puis en décider. Il semble certain que Râmakrishna s'attendait à ce qu'il soit un grand pouvoir pour faire prendre une orientation spirituelle à la mentalité du monde, et on peut supposer que la mission a été confiée au disciple par le Maître. Les détails de son action sont une autre affaire. Quant au sentiment d'avancer comme un aveugle, il vient facilement quand on est poussé à une action plus large par un pouvoir plus grand que son propre mental; car le mental ne comprend pas intellectuellement tout ce qu'il est poussé à faire et peut avoir ses moments de doute ou d'étonnement à ce sujet — et cependant il est obligé de continuer. La réalisation védântique (Adwaïta) est la réalisation du statique silencieux ou Brahman absolu — on peut l'avoir sans pour autant avoir la même clarté absolue et indubitable quant à la signification de sa propre action — car sur sa propre action l'adwaïtin voit toujours s'étendre l'ombre de Maya.

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202

Aujourd'hui un Himalaya de correspondance m'est tombé sur la tête, si bien que je n'ai pas pu écrire sur l'Humanité et son progrès. Les dernières opinions de Lowes Dickinson n'ont-elles pas été assombries par un accès maladif d'idéalisme déçu? Je n'ai pas moi-même un respect exagéré de l'Humanité et de ce qu'elle est — mais dire qu'elle n'a fait aucun progrès est un pessimisme aussi exagéré que l'optimisme des hallelujas ravis adressés par le dix-neuvième siècle à l'humanité en progrès. Je m'arrangerai pour lire le chapitre que vous m'avez envoyé, bien que le fait que je m'arrange pour trouver le temps de tout faire soit un miracle constant et une preuve insigne de la Divine Providence.

Oui, les progrès que vous faites sont authentiques, les signes en sont reconnaissables. Et après tout, la meilleure manière de faire progresser l'Humanité est d'avancer soi-même — cela peut paraître soit individualiste, soit égoïste, mais ça ne l'est pas: c'est du simple bon sens. Comme dit la Guîtâ: "Ce que font les meilleurs est pris pour modèle par le reste."3

Il y a toujours des parties non régénérées qui tirent les gens en arrière; qui n'est pas divisé? Mais il vaut mieux placer sa confiance en l'âme, l'étincelle du Divin au-dedans, et la couver jusqu'à ce qu'elle monte en une flamme suffisante.

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203

Il est inutile de cultiver ces sentiments. Il faut voir le monde comme il est sans devenir amer; car l'amertume vient de l'ego et de ses espérances déçues. Si on veut la victoire du Divin, il faut d'abord l'accomplir en soi-même.

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204

La première nécessité pour le sâdhak est de se concentrer sur sa propre croissance et sa propre expérience spirituelles — l'ardeur à aider les autres éloigne du travail intérieur. Croître dans l'esprit est la plus grande aide qui puisse être apportée aux autres, car alors quelque chose qui les aide se déverse naturellement sur eux.

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205

Toute cette insistance sur l'action est absurde si l'on n'a pas la lumière qu'il faut pour agir. "Le yoga doit inclure la vie et non l'exclure", ne signifie pas que nous soyons forcés d'accepter la vie telle qu'elle est avec toute son ignorance maladroite et sa misère, ni la confusion obscure de la volonté et de la raison humaines, ni les impulsions et les instincts qu'elles expriment. Les avocats de l'action s'imaginent que l'intellect et l'énergie humaine en se précipitant toujours à nouveau peuvent tout arranger. L'état actuel du monde, après le développement de l'intellect et une formidable dépense d'énergie sans parallèle dans l'histoire, est une preuve évidente de l'illusion creuse qui les fait œuvrer. Le yoga affirme que c'est seulement par un changement de conscience que la vraie base de la vie peut être découverte; du dedans vers le dehors, telle est en vérité la loi. Mais dedans ne signifie pas un quart de centimètre derrière la surface. Il faut aller tout au fond et trouver l'âme, le Moi, la Réalité divine au-dedans de nous, et c'est alors seulement que la vie peut devenir une expression vraie de ce que nous sommes au lieu d'exprimer l'aveugle brouillage confus et toujours répété de cette chose inadéquate et imparfaite que nous fûmes. Il s'agit de choisir entre rester dans le vieux méli-mélo et tâtonner ça et là dans l'espoir de tomber un jour sur quelque découverte, ou de se tenir en retrait et de chercher la Lumière intérieure jusqu'à ce que nous ayons découvert la Divinité et que nous puissions la construire au-dedans de nous et au-dehors.

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206

Je n'ai jamais beaucoup compté que la conversion de X au yoga prendrait le pas sur son activisme, il a deux liens très forts qui l'en empêchent — dans le vital, l'ambition et le besoinin d'agir et de diriger, et dans le mental un idéalisme intellectuel; deux grands pourvoyeurs d'illusion. Le sentier spirituel requiert une certaine dose de réalisme — il faut voir la valeur réelle des choses qui existent, ce qui est très peu sauf s'il s'agit de degrés dans l'évolution. Alors il est possible de suivre soit le sentier spirituel statique du repos et de la délivrance, soit le sentier spirituel dynamique d'une vérité plus grande à faire descendre dans la vie.

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207

En réponse à votre question — Tagore appartenait évidemment à un temps qui avait foi en ses idées et dont même les refus étaient des affirmations créatrices. Cela fait une immense différence. Vos restrictions en ce qui concerne son évolution ultérieure peuvent ou non être correctes, mais ce mélange même était la marque de l'époque et il exprimait l'espoir tangible d'une fusion avec quelque chose de nouveau et de vrai — par conséquent il pouvait créer. Maintenant tout cet idéalisme a volé en éclats sous l'effet d'un néfaste cataclysme et tout le monde s'empresse d'exposer ses faiblesses — mais personne ne sait quoi mettre à la place. Un mélange de scepticisme et de slogans, "Heil Hitler" et le salut fasciste et le Plan de Cinq Ans et tout le monde forgé sur le même modèle amorphe, un refus désabusé de tous les idéaux d'un côté et de l'autre un plongeon aveugle dans le marécage, "fermez-moi les yeux et fermez ceux des autres", dans l'espoir d'y trouver quelque ferme base, ne mèneront pas très loin. Et qu'y a-t-il d'autre? Jusqu'à ce que de nouvelles valeurs spirituelles soient découvertes, aucune création grande et durable n'est possible.

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Il est étrange que ces intellectuels continuent à parler de création alors que tout ce qu'ils défendent s'effondre dans le Néant sans qu'ils soient capables de lever le petit doigt pour le sauver. Que vont-ils créer, et à partir de quoi? De plus à quoi bon tout cela si un Hitler avec sa trique ou un Mussolini avec son huile de ricin peut venir à tout moment et le balayer ou le réduire en poussière?

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Oui, mais la raison humaine est un instrument très commode et elle ne travaille que dans le cercle qui lui est tracé par son intérêt, sa partialité et ses préjugés. Les politiciens raisonnent faussement et sans sincérité, et ont le pouvoir d'appliquer le résultat de leurs raisonnements pour faire des affaires mondiales un gâchis; les intellectuels raisonnent et montrent ce que leur mental leur montre, et qui est loin d'être toujours la vérité, car c'est généralement déterminé par les préférences intellectuelles et l'angle de vision du mental, à la fois inné et inculqué par l'éducation; mais souvent même quand ils voient la vérité, ils n'ont pas de pouvoir pour l'appliquer. Ainsi va le monde entre le pouvoir aveugle et l'impuissance lucide, accomplissant sa destinée à travers la gabegie mentale.

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210

Vous écrivez comme si ce qui se passe en Europe était une guerre entre les pouvoirs de Lumière et les pouvoirs d'Obscurité — mais ce n'est pas plus le cas que pendant la Grande Guerre. C'est un combat entre deux sortes d'Ignorance. Notre but est de faire descendre une Vérité supérieure, mais cette Vérité doit être capable de vivre sur sa propre force et ne doit pas dépendre de la victoire de l'une ou l'autre des forces de l'Ignorance. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas à nous mêler des controverses et des luttes politiques ou sociales; cela ne ferait que maintenir notre effort à un niveau inférieur et empêcher la Vérité de descendre, car elle n'a rien à voir avec cela mais a une loi et une base complètement différentes. Vous parlez de Brahmatédja écrasé par Kshâtratédja, mais où cela se passe-t-il? Les combattants n'incarnent ni l'un, ni l'autre.

 

1 Ces commentaires portent sur la déclaration suivante du Mahatma Gandhi à propos de l'opinion du Dr Ambedkar sur les changements de religion: "Mais la religion n'est pas comme un vêtement ou une maison dont on peut changer à volonté. C'est une partie intégrante de soi plus que le corps. La religion est ce qui lie quelqu'un à son créateur, et alors que le corps disparaît comme il doit le faire, la religion persiste même après sa disparition."

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2 "J'ai perdu tout désir de mon salut, puisse-je naître encore et encore, et souffrir des milliers de misères afin de pouvoir adorer le seul Dieu qui existe, le seul Dieu en qui je crois: la somme totale de toutes les âmes — et par-dessus tout, —mon Dieu le mauvais, mon Dieu le misérable, mon Dieu le pauvre de toutes les races et de toutes les espèces, car tel est l'objet spécial de mon adoration. Lui qui est haut et qui est bas, qui est saint et pécheur, dieu et larve, adore-Le, Lui, le visible, le connaissable, le réel, l'omniprésent — brise toutes les autres idoles. Celui en qui il n'est ni vie passée, ni naissance future, ni mort, ni va, ni vient. Celui en qui nous avons toujours été un et serons toujours un, adore-Le, Lui — brise toutes les autres idoles." (Extrait d'une lettre de Vivékânanda citée par Sri Aurobindo dans la Synthèse du Yoga, chapitre XII.)

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3 Yadyadācarati śreṣṭhastattadevetaro janaḥ

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