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Mère

l'Agenda

Vol. 1

24 juin 1961

J’ai reçu ton mot1 et cela ne m’a pas étonnée, parce qu’il y a bien à peu près un mois, j’ai reçu comme un S.O.S. de ta maman, et elle me disait que ton père déclinait très vite. J’ai fait ce que j’ai pu, surtout pour apporter un peu de tranquillité, de calme, de paix intérieure. Mais je n’ai pas fait... N’est-ce pas, il y a deux possibilités toujours quand les gens sont comme cela, tout à fait malades: ou que cela aille vite, ou bien les faire durer très longtemps. Quand je n’ai pas d’indications extérieures ou intérieures, je mets seulement, toujours, la conscience sur eux pour que ce soit le mieux qui arrive (naturellement le mieux au point de vue de l’âme).

Tu ne sais pas si ton papa a exprimé un vœu?

D’après la lettre de ma mère, il dit qu’il ne tient plus beaucoup à vivre, que ses jours sont tellement misérables...

Mais il n’a pas demandé à s’en aller encore? Il souffre beaucoup?

Il souffre.

(Mère reste silencieuse un moment, puis dit:) J’ai un nombre considérable d’expériences dans ce domaine depuis des années, et ma première action est toujours la même: envoyer la Paix (mais cela, je le fais dans tous les cas et pour tout le monde), mettre la Force, le Pouvoir du Seigneur pour que ce soit la meilleure chose qui arrive. Il y a des gens qui sont très malades (malades au point qu’il n’y a pas d’espoir, qu’ils ne peuvent pas guérir, que la fin va venir), mais qui sentent (ce doit être que leur âme a encore quelques expériences à faire) et ils s’accrochent, ils ne veulent pas s’en aller. Dans ce cas-là, je mets la Force de façon à ce que ça dure aussi longtemps que possible. Dans d’autres cas au contraire, ils sont fatigués de souffrir, ou bien l’âme a fini son expérience et désire être libérée. Dans ce cas-là, si je suis sûre de cela, que ce sont eux qui expriment le désir de partir, en quelques heures c’est fini – je dis cela avec certitude parce que j’ai un nombre considérable d’expériences. Il y a une certaine force, n’est-ce pas, qui va, et puis qui fait le nécessaire. Pour ton père, je n’ai rien fait de cela, ni pour prolonger (parce que, quand les gens souffrent, ce n’est pas très charitable de prolonger indéfiniment), ni pour finir, parce que je ne savais pas – on ne peut pas le faire sans savoir le vœu conscient de la personne.2

Et pour ta maman, elle doit avoir pensé à moi parce que, autrement, elle ne serait pas venue de cette façon-là: elle serait venue à travers toi (ça, les choses qui viennent à travers toi, c’est différent): c’est venu direct. Alors j’ai pensé qu’elle a dû, pour une raison quelconque, se souvenir de moi, je ne sais pas. Et j’ai regardé, et c’est venu comme cela, je me suis dit: «Tiens, pourquoi ne viendrait-elle pas ici quand elle sera toute seule?» Et cela aussi, je n’ai rien fait ni d’un côté ni de l’autre.

C’est drôle, depuis trois ou quatre jours cette pensée m’est venue aussi: pourquoi ne viendrait-elle pas ici?

Ce n’est pas venu de moi, tu comprends, ce n’est pas du tout parti d’une construction que j’ai faite: c’est venu du dehors. Je me suis dit: pourquoi ne viendrait-elle pas ici?

La même pensée m’est venue trois ou quatre fois.

Alors c’est qu’elle y pense – peut-être pas consciemment mais dans son subconscient.

Cela s’est passé il y a quelque temps. J’ai même parlé à Sujata cl j’ai dit qu’on l’appelait de là-bas. Elle t’a dit cela?

Non.

Que ta maman tirait.

Elle m’a fait écrire par Z.

Je n’ai rien fait ni d’un côté ni de l’autre, comme je le l’ai dit. Alors ne fais rien. Tu comprends, les gens qui sont très malades, de temps en temps quelque chose sort et le dit. Mais il faut être là, l’entendre.

(silence)

Ces jours-ci, il y a eu une expérience comme cela, tout récemment; c’était la mère de A qui était malade (vieille et sérieusement malade). A la voyait décliner et il m’a écrit: «Si le moment est venu, faites que cela aille vite et qu’elle ne souffre pas.» Alors j’ai vu très clairement qu’il y avait encore, en elle, quelque chose qui ne voulait pas s’en aller; et en mettant la Force sur elle pour que ce soit le mieux qui arrive, tout d’un coup elle était sur le point de guérir! parce que cela a dû coïncider avec cette espèce d’aspiration intérieure – plus de fièvre, elle était bien. El A préparait son départ pour revenir ici, il disait: «Ce n’est plus la peine que je reste si elle guérit!» Et le soir même, ça a basculé dans l’autre sens: il m’a envoyé un télégramme. Entre-temps (c’était le soir), j’étais montée là-haut pour «marcher»; tout d’un coup est venue La Volonté (ça, c’est une chose très-très rare), La Volonté: «Maintenant, ça doit finir, assez, c’est assez comme cela» – en une demi-heure elle était morte.

Ces choses-là sont très intéressantes.

Cela doit faire partie du travail pour lequel je suis venue sur la terre. Parce que avant même de rencontrer Théon, avant de rien savoir, j’avais des expériences la nuit, des espèces d’activités de la nuit, où je m’occupais des gens qui quittaient leur corps – et avec une connaissance (pourtant je ne savais pas, je ne cherchais pas à savoir ni rien): je savais exactement ce qu’il fallait faire et je le faisais. J’avais une vingtaine d’années.

Dès que j’ai trouvé l’enseignement de Théon (même avant de le rencontrer, lui), que j’ai lu, que j’ai compris toutes sortes de choses que je ne savais pas, j’ai commencé à travailler tout à fait systématiquement: toutes les nuits, à la même heure, je faisais un travail qui consistait à construire entre l’atmosphère purement terrestre et l’atmosphère psychique une sorte de voie de protection à travers le vital, pour que les gens n’aient pas à passer par là (pour ceux qui sont conscients et qui n’ont pas la connaissance, c’est vraiment très difficile: c’est infernal). C’est infernal. Alors j’avais préparé cela (c’était peut-être en 1902-1903 ou 4, je ne me souviens pas exactement), mais alors pendant des mois et des mois et des mois, je faisais ce travail. Là, il s’est passé toutes sortes de choses, toutes sortes, ex-tra-or-di-naires. Extraordinaires. Je pourrais raconter de longues histoires...

Alors, quand je suis allée à Tlemcen, j’ai raconté cela à Madame Théon. Elle m’a dit: «Oui, cela fait partie du travail que vous êtes venue faire sur la terre: tous les gens qui ont un petit peu d’être psychique éveillé et qui peuvent voir votre Lumière iront à votre Lumière au moment de mourir, quel que soit l’endroit où ils meurent, et vous les aiderez à passer là-bas.» Et ça, c’est un travail constant. Constant. Mais alors cela m’a donné un nombre considérable d’expériences sur ce qui arrive aux gens quand ils quittent leur corps. J’ai eu toutes sortes d’expériences, d’exemples de tous genres: c’est vraiment très intéressant.

Ces temps derniers, ça s’est augmenté, précisé.

Il y a ici un garçon, V, qui s’intéresse spécialement à ce qui arrive au moment de la mort (cela semble être une des raisons pour lesquelles il s’est réincarné). C’est un garçon conscient, un voyant remarquable, et il a un pouvoir. Et avec lui, il s’est produit (comment dire?) des corrélations d’expériences tout à fait intéressantes au sujet des gens, ici, quand ils s’en vont. Vraiment très intéressant, et d’une précision extraordinaire: il me faisait dire quelque chose, moi je lui répondais, et quand le désincarné venait la nuit, il lui disait: «Mère a fait ceci et a dit de faire cela», et l’autre le faisait. Et nous ne parlions pas – avec une précision!3

C’est dans le sommeil que cela se passait?

Pour lui, c’est peut-être dans le sommeil qu’il fait ce travail. C’est quelquefois en méditation, ou c’est une espèce de transe dans laquelle il entre – cela dépend des cas.

Je vais te donner un exemple concret, comme cela tu comprendras. Quand I a été tué, j’ai fait un certain travail pour rassembler tous ses états d’être et ses activités qui avaient été dispersés par la violence de l’accident4 – c’était terrible, il était dans un étal de dispersion affreux. Pendant deux jours ou deux jours et demi, ils ont lutté avec l’espoir de le faire revivre, mais c’était impossible. Pendant ces deux jours-là, je rassemblais toute-toute sa conscience, et je la rassemblais au-dessus de son corps, au point même que, au bout d’un certain nombre d’heures quand c’est venu et que ça s’est formé au-dessus de son corps, les docteurs ont cru qu’il allait être sauvé tellement il y avait une vitalité, une vie qui rentrait dans le corps. Mais ça n’a pas pu durer (une partie du cerveau était sortie, ce n’était pas possible). Bon, et alors quand vraiment, non seulement son âme mais son être mental, son être vital, tout ça, a été bien rassemblé et organisé là, au-dessus du corps, et qu’ils5 se sont aperçus que le corps était devenu tout à fait inutilisable, ça a été fini – on a laissé tomber le corps et c’était fini.

Moi je gardais I près de moi, parce que déjà j’avais eu l’idée de le remettre immédiatement dans un autre corps – parce que l’âme n’était pas satisfaite, elle n’avait pas fini son expérience (il y avait tout un concours de circonstances) et elle voulait continuer à vivre sur terre. Alors, à ce moment-là, la nuit, son être intérieur allait trouver V, se lamentant, disant qu’il était mort et qu’il ne voulait pas mourir, qu’il avait perdu son corps et qu’il voulait continuer à vivre. V était très embarrassé. Il m’a fait prévenir le matin en me disant: voilà ce qui est arrivé. Je lui ai fait répondre ce que je faisais, que je gardais I dans mon atmosphère, qu’il reste bien tranquille, qu’il ne s’agite pas et que je le remettrai dans un corps aussitôt que possible – que j’avais déjà quelque chose en vue. Le soir même, I est allé le trouver encore avec la même plainte; alors V lui a dit très clairement: «Voilà ce que Mère dit, voilà ce qu’elle va faire; allez, restez tranquille et ne vous tourmentez pas.» Et il a vu à sa figure que I avait compris (l’être intérieur prenait son apparence physique naturellement): sa figure se détendait, il était content.

Il est parti et il n’est jamais plus revenu. C’est-à-dire qu’il est resté tranquille avec moi, jusqu’au moment où j’ai pu le mettre dans l’enfant de C.

Cette corrélation dans le travail est très intéressante parce que cela a un effet tout à fait pratique: V a pu lui communiquer exactement, et à travers lui, I a mieux compris que de moi directement (parce que, moi, je fais le travail, mais je n’ai pas le temps de m’occuper de tous les détails, n’est-ce pas, de raconter à chacun ce qu’il faut faire).

L’autre jour, je te disais comme c’est ennuyeux que l’on soit tout le temps dans des plans différents,6 mais avec ce garçon, ça marche très bien sur ce plan-là – sur ce point-là, tout petit point précis de ce qui se passe au moment où on quitte son corps. Comme cela on peut faire du travail intéressant.

On est happé par la zone vitale quand on quitte son corps?

Non, cela dépend.

Cela dépend de la façon dont ils meurent, absolument: de la façon dont ils quittent leur corps, de ce qui est autour d’eux, de l’atmosphère qu’on leur fait.

S’ils m’appellent, alors ça va bien.

Il n’y a eu que très-très peu, un nombre tout à fait minime de cas où des gens ont appelé (pas très sincèrement) et que leur appel n’a pas eu beaucoup d’effet. Mais même ceux-là ont une protection. Il y avait une femme ici, une vieille femme qui n’était pas très sincère (elle n’habitait pas ici: elle venait en visite) et la dernière fois qu’elle est venue en visite, elle est tombée malade et elle est morte. Et alors j’ai vu: elle était toute dispersée dans tous ses désirs, tous ses souvenirs, tous ses attachements... et ça a été projeté ici et là, dans toutes sortes de choses (une partie d’elle-même était à cher-cher-chercher où aller et quoi faire), enfin c’était assez lamentable. Après, on m’a dit: «Mais comment se fait-il? Elle appelait tout le temps.» J’ai répondu que je n’avais pas entendu son appel, ce ne devait pas être très sincère, seulement une formule.7

Mais c’est très rare qu’ils n’obtiennent pas la réponse.

Il y a la sœur de M qui est morte il n’y a pas très longtemps (psychologiquement, elle était dans un état épouvantable, elle n’avait pas de foi), eh bien, juste quand je savais qu’elle était en train de passer, ce jour-là,8 je me souviens, j’étais là-haut et j’étais en communication, une sorte de conversation avec Sri Aurobindo (ça arrive très souvent), dans le cabinet de toilette, et je lui ai dit: «Mais des gens comme cela, qu’est-ce qui leur arrive quand ils sont à l’Ashram et qu’ils meurent à l’Ashram?» Il m’a répondu: «Regarde.» Et j’ai vu, sur elle (je l’ai vue, n’est-ce pas, qui était en train de s’en aller), sur son front, juste comme ça, devant elle, le symbole de Sri Aurobindo dans une sorte de lumière dorée solide (pas très lumineux mais très concret): c’était là, comme cela. Et avec ce signe, n’est-ce pas, l’état psychologique n’avait plus d’importance: rien ne la touchait. Elle est partie tranquille-tranquille. Alors Sri Aurobindo m’a dit: «Tous ceux qui ont vécu à l’Ashram et qui y meurent, automatiquement ils ont la même protection, quel que soit leur état intérieur.»

Je ne peux pas dire que j’ai été étonnée, mais j’ai admiré la puissance du pouvoir pour que, simplement, le fait d’avoir été ici et d’être mort ici, soit suffisant à vous aider dans cette transition de la façon maximum.9

Mais il y a toutes sortes de cas. Par exemple, N.D, voilà un homme qui toute sa vie a vécu avec l’idée de servir Sri Aurobindo: il est mort en serrant ma photo sur sa poitrine. C’était un homme consacré, très conscient, d’un dévouement à toute épreuve, et toutes les parties de son être étaient bien organisées autour de l’être psychique. Le jour où il devait quitter son corps, il y avait la petite M qui était en train de méditer près du Samâdhi quand, tout d’un coup, elle a eu une vision: elle a vu toutes les fleurs de l’arbre près du Samâdhi (ces fleurs jaunes que j’ai appelées «service») qui se rassemblaient comme cela, pour faire un grand bouquet, et qui montaient-montaient tout droit. Et dans sa vision, ces fleurs étaient liées à l’image de N.D. Alors elle a couru vite chez eux: il était mort.

Je n’ai su que plus tard cette vision, mais de mon côté, quand il est parti, j’ai vu aussi tout son être qui était rassemblé, bien uni, bien homogène, dans une grande aspiration, et qui montait-mon-tait, tout droit, sans se disperser, sans dévier, jusqu’à la frontière de ce que Sri Aurobindo a appelé «l’hémisphère supérieur», là où Sri Aurobindo préside dans son action supramentale sur la terre. Et il s’est fondu dans cette lumière.

Quelque temps avant son attaque cardiaque, il disait à ses enfants: the gown is old, it must he thrown away [le vêtement est vieux, il faut le jeter].

(silence)

Mais les gens sont tellement ignorants! Ils font toute une histoire avec la mort, comme si c’était la fin, ce mot de «mort» est tellement absurde! Je vois, c’est simplement comme quand on passe d’une maison dans une autre ou d’une chambre à l’autre: on fait un pas, comme cela, comme pour franchir le seuil, et puis on est de l’autre cote, et puis on revient.

Je t’ai raconté cette expérience que j’ai eue le jour où je me suis retrouvée tout d’un coup dans la maison de Sri Aurobindo, dans le physique subtil?10 Eh bien, c’est comme si j’avais fait un pas, et je suis entrée dans un monde beaucoup plus concret que le monde physique – plus concret parce que les choses contiennent plus de vérité. Là, j’ai passé un bon moment avec Sri Aurobindo, et puis, quand ça a été fini, j’ai fait un autre pas et je me suis retrouvée ici... un peu abrutie. J’ai mis pas mal de temps à m’y reconnaître parce que c’était ce monde-ci qui me semblait irréel, pas l’autre.

Mais c’est simplement cela: on fait un pas, et puis on entre dans une autre chambre. Et quand on vit dans son âme, il y a une continuité, parce que l’âme se souvient, elle garde toute la mémoire; elle se souvient de tous les faits, même extérieurs, de tous les mouvements extérieurs auxquels elle a été associée. Alors c’est un mouvement continu, sans interruption, ici et là, d’une chambre à une autre, d’une maison à une autre, d’une vie à l’autre.

Les gens sont si ignorants! C’est cela qui est irritant pour ceux qui sont passés de l’autre côté; les gens ne comprennent pas, ils les envoient promener: «Mais qu’est-ce qu’il veut? Pourquoi est-ce qu’il vient m’embêter? – il est MORT»!

*
*   *

(Plus tard, au moment de partir)

Il faut que je m’en aille, il y a un grand-prêtre qui m’attend! Oui, un homme qui est à la tête de tous les temples du Goudjérat, un orthodoxe à tous crins qui, pour une raison mystérieuse, est venu à l’Ashram et veut me voir. J’ai dit: «Est-ce bien nécessaire?» Il voulait une entrevue, me parler (naturellement il doit parler dieu sait quoi – goudjérati!). Je lui ai dit: «Je n’entends pas, je suis sourde»! C’est tellement commode – je suis sourde, je n’entends pas. S’il veut recevoir une fleur de moi (je n’ai pas dit faire un pranam,11 parce que c’aurait été scandaleux!), il peut venir, je lui donnerai une fleur. J’ai dit onze heures, il est temps.

Et ça, c’est tout le travail de X. Partout les gens les plus inattendus, ceux dont on croirait qu’ils aimeraient mieux être maudits que de venir dans un endroit comme ici, ils viennent de partout, et des milieux les plus divers: les matérialistes les plus matérialistes, des communistes enragés, et alors toutes sortes de sannyasins, de bhik-kous, de swamis, de prêtres – ouh! – qui auparavant n’étaient pas du tout... c’était moins que de l’intérêt, ils étaient tout à l’ail mécontents de l’Ashram.

Nous avons un disciple qui est ici et qui, de temps en temps, retourne dans son pays, et il a dit (après la première année où X a commencé à faire son poudjâ pour intéresser les gens à l’Ashram) que c’était extraordinaire: lui, que l’on regardait de travers et qui devait discuter, il est arrivé là-bas et tout le monde l’appelait! Il a écrit qu’il était tout à fait étonné (il n’était pas au courant du travail de X): des centaines de gens venaient lui demander des grandes réunions; des sadhous, des moines, des prêtres venaient lui demander des renseignements sur l’Ashram. Les choses se sont développées tellement rapidement et intégralement qu’ils ont un terrain maintenant où ils ont construit un centre et où ils font des réunions.

Et un peu partout c’est comme cela.

Quand P reviendra de Suisse, elle aura des histoires très intéressantes à raconter. Elle m’a écrit des expériences qu’elle avait eues avec des enfants suisses, vraiment des expériences intéressantes. Ça marche partout-partout-partout, et d’une façon beaucoup plus précise, exacte, qu’on ne croit. Même en Amérique.

Tu sais l’histoire des deux opérations simultanées de E et de T, ce vice-amiral qui était venu ici et qui était devenu tout à fait enthousiaste? Il avait eu une espèce de révélation intérieure ici, et tous deux ont été opérés d’une maladie similaire (un ulcère dans le système digestif, dangereux). Ils n’étaient pas dans la même ville: lui, était à un endroit, et elle à un autre, et ils ont été opérés à un jour d’intervalle, et les deux opérations sérieuses. Et dans les deux cas, au bout de quelques jours, le chirurgien (pas le même naturellement!) qui les avait opérés, leur a dit: «Je vous félicite», à peu près la même phrase à tous les deux. Et comme ils protestaient: «Pourquoi féliciter? (ils m’ont écrit chacun séparément et ne se sont rencontrés qu’après, ils étaient loin l’un de l’autre) Pourquoi? c’est vous qui avez fait l’opération et c’est vous qu’il faudrait féliciter de ce que nous nous remettions si vite.» Et dans les deux cas, le docteur a répondu: «Non-non; nous, nous opérons, mais c’est le corps qui guérit, et vraiment je vous félicite, vous avez guéri d’une façon que nous pourrions qualifier de miraculeuse.» Et alors, tous deux ont eu la même réaction; ils m’ont écrit en me disant: «Nous savons d’où vient le miracle.» El tous deux m’avaient appelée. D’ailleurs, E m’avait écrit quelques jours avant son opération une lettre remarquable où elle citait la Guîta comme si c’était pour elle tout à fait naturel, et elle me disait: «Je sais que l’opération est i)i ma faite, que le Seigneur l’a déjà faite, par conséquent je suis tranquille.»

Des choses comme cela, partout; et PRÉCIS! Quelque chose de précis. Naturellement, dire que je travaille consciemment, c’est presque une ânerie, c’est un lieu commun; mais on travaille consciemment dans beaucoup de cas et pendant de longues années et cela n’a pas cette précision dans le résultat: ça entre dans une atmosphère floue et ça fait une espèce de remous, et il en sort ce qui peut en sortir de mieux mais c’est tout. Tandis que là, maintenant, c’est la chose exacte, précise – ça devient intéressant.

Et alors cette sorte d’impersonnalisation de l’individualité matérielle est très importante. Maintenant, je sais pourquoi. Très importante pour l’exactitude de cette action, pour que ce soit seulement – SEULEMENT – la Volonté divine toute pure, si l’on peut dire, qui s’exprime, avec un minimum de mélange. Toute individualisation ou personnalisation fait un mélange. Ça agit comme cela (geste direct).

Oh! au balcon, ce matin, c’était magnifique!

Et alors on comprend tout-tout, tous les détails. N’est-ce pas, il y a des choses que l’on comprend intellectuellement ou psychologiquement (ça, c’est très bien, ça fait de l’effet et ça vous aide), mais cela paraît toujours si flou, c’est-à-dire que ça travaille dans une imprécision. Mais là, maintenant, c’est cette compréhension du mécanisme, MÉCANIQUE, de la vibration; alors ça devient précis. Toutes ces attitudes que recommande le Yoga: d’abord l’action faite comme une offrande, puis le détachement complet du résultat (laisser le résultat au Seigneur), puis la parfaite équanimité en toutes circonstances, enfin toutes ces choses qui sont des étapes et que l’on comprend intellectuellement, que l’on éprouve sentimentalement, dont on a fait toute l’expérience, eh bien, cela prend son vrai SENS seulement quand cela devient ce qu’on pourrait appeler une action de vibration mécanique – alors là, on comprend pourquoi ça doit être comme cela.

Et ces jours-ci, ces jours derniers, spécialement hier et ce malin, oh! des découvertes extraordinaires! On commence à tenir le bon bout.

Voilà, mon petit, maintenant nous allons voir le prêtre, quelle tête il va me faire!

(Mère se lève pour sortir)

Il y a au moins une cinquantaine de gens qui attendent les derniers jours du mois pour me voir et qui s’imaginent... Ça, je n’ai pas encore compris: comment faire pour que le temps physique n’ait pas sa réalité physique?... Tu vois, je suis obligée de regarder la pendule, et quand je suis en retard, eh bien, cela fait le temps plus court! – Ça viendra peut-être. A moins que je n’aie le pouvoir (comment appelle-t-on ça?)... d’ubiquité. Je crois que c’est la solution! Que je sois ici, puis là-bas, comme ça – ce serait très amusant!

L'enregistrement du son fait par Satprem    

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1 Le texte de notre lettre n’est plus entre nos mains.

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2 L’enregistrement du fragment suivant n’a pas été conservé.

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3 La question suivante et les trois lignes du paragraphe d’après ont été ajoutées plus tard.

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4 I a été renversé par un camion.

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5 Ils = les différentes parties de l’être de I (âme, mental, vital).

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6 Agenda du 17 juin 61.

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7 Parmi les feuillets de Mère, nous avons retrouvé la note suivante qui montre que cet état de dispersion après la mort est assez fréquent (il s’agit d’une personne qui n’habitait pas à l’Ashram, mais qui était la mère d’un disciple): «Elle a quitté son corps sans être du tout préparée au changement de condition, elle s’est trouvée désorientée et un peu dispersée. Il faudra un peu de temps avant qu’elle se remette de cette dispersion et que l’on puisse faire quelque chose d’utile pour elle.»

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8 Le 17 mai 1959.

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9 Par suite d’une panne mécanique, la fin de cette conversation n’a pas pu être enregistrée.

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10 Expérience du 24 juillet 1959.

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11 Pranam: s’incliner.

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