Mère
l'Agenda
Volume 3
(La nuit du 3 avril dernier, Mère avait rencontré un être asourique qui avait réussi à prendre l'apparence de Sri Aurobindo, ainsi qu'un groupe de gens qui voulaient fonder une religion de type nietzschéen. C'est à la suite de cette rencontre que l'existence de Mère avait été gravement menacée par une attaque cardiaque. Mais ce n'était pas la première rencontre.)
J'avais dit [le 3 avril] que je retrouverais la date de ma première rencontre avec ce faux Sri Aurobindo. J'ai retrouvé la date d'une expérience qui n'est pas celle-là, mais qui a suivi de peut-être trois ou quatre semaines, par conséquent ça situe (Mère tend un feuillet d'une ancienne éphéméride où Elle a inscrit:)
«Nuit du 24 au 25 juillet 59, première pénétration de la force supramentale dans le corps. Sri Aurobindo vivant dans un corps physique subtil, concret et permanent.»
Je t'ai raconté cette expérience, quand j'ai rencontré Sri Aurobindo (le vrai) dans le physique subtil – c'est la date exacte; le matin de bonne heure j'ai marqué sur ce papier. Et ça me donne à peu près la date de l'autre vision, c'est-à-dire que ce devait être fin juin ou commencement de juillet 1959 que j'ai eu la première expérience avec ces gens.
Est-ce que je t'ai dit cela?... C'était une sorte de vision, que j'ai prise pour un commencement de travail sur le Subconscient. J'étais arrivée dans un endroit où habitait Sri Aurobindo. Et Sri Aurobindo était enfermé dans sa chambre. C'était comme un grand hall, immense hall, avec des chambres qui donnaient dessus, et son appartement était d'un côté, comme cela (geste). Et j'ai demandé à le voir. On m'a répondu que ce n'était pas possible, qu'il fallait attendre. J'étais étonnée. Puis il s'est passé certaines choses dans le hall, concernant A et concernant M (des choses assez intéressantes mais enfin qui leur étaient personnelles). Et comme cela, j'attendais. Et puis, quand tout a été fini, de nouveau j'ai demandé à entrer. Alors on m'a répondu, ou plutôt j'ai vu à travers l'entrée: j'ai vu un Sri Aurobindo qui était grand – beaucoup plus grand qu'il n'était –, fort, un peu maigre (maigre en ce sens... pas comme il était: c'était quelque chose de sec, mais très dur et très froid), un peu plus sombre qu'il n'était d'habitude. Je l'ai vu là qui marchait de long en large; et quand on lui a dit que je demandais à le voir, je l'ai vu de loin qui disait: «Non, je ne veux pas la voir. Je ne la reconnais pas, je n'en veux pas, elle m'a trahi.» Quelque chose comme cela (je n'entendais pas les paroles, mais enfin les gestes étaient clairs). C'était la première fois, n'est-ce pas; jamais rien de ce genre n'était arrivé avant.
Et alors, j'ai eu tout de suite l'impression que c'était l'expression de la pensée de certaines personnes. Il y avait toute une clique, que je connais (je sais leurs noms et tous les détails), qui a dit au moment de la guerre, que c'était moi qui avais influencé Sri Aurobindo, qui l'avais fait dévier de son chemin nationaliste et l'avais tourné vers les Alliés; et on considérait que j'avais abîmé sa vie, sa conscience, son travail et tout – tu comprends.1 Et ce que je voyais là, c'était bien L'IMAGE de ça. Et il y a quelqu'un que je ne nommerai pas (mais je lui ai parlé après, quelqu'un qui est encore ici), qui est sorti de là pour me dire tout cela. Je lui ai dit deux choses dans ma vision (maintenant c'est très loin – c'était en 59 – et je ne me souviens plus si je les ai dites l'une après l'autre ou ensemble). D'abord, je protestais contre tout ce que ce prétendu Sri Aurobindo disait de moi, et, en même temps, j'allais vers celui qui venait (qui habite ici, n'est-ce pas, qui est tout à fait intime, qui a été intime avec Sri Aurobindo, et qui était là comme s'il était un peu sous l'influence de ces pensées de doute, de certains doutes), alors je l'ai appelé par son nom et je lui ai dit en anglais: «Mais pourtant, nous avons eu un rapport spirituel véritable et une union véritable!...» Lui, immédiatement a fondu et il a dit oui, et il s'est précipité pour que je le prenne dans mes bras. C'est-à-dire que ça a été sa conversion (c'est pour cela que je lui en ai parlé après – je ne lui ai pas raconté l'expérience mais je lui ai dit qu'il y avait un doute en lui), et vraiment c'était le point de départ d'une conversion d'une partie de son être, c'est pourquoi je ne le nomme pas. Et en même temps, pour répondre à ce que l'autre, le prétendu Sri Aurobindo disait, j'ai dit, en anglais aussi, avec force: «Alors, c'est la négation de toute expérience spirituelle!» Et immédiatement, toute l'image, toute la construction, tout, pfft! disparue – dissoute. La Force a tout nettoyé.
Après, quand j'ai eu cette deuxième vision [du 3 avril 62], j'ai vu que c'était le même être qui était dans ce soi-disant Sri Aurobindo (et il y avait tout un groupe organisé autour de lui, des gens, des cérémonies, etc.). Par conséquent j'en ai conclu que ça se développait. Mais quand j'ai eu le premier contact avec ces gens-là [en 1959], à ce moment-là, c'était seulement une chose du Subconscient, et l'effet avait été uniquement psychologique (il a suffi d'une ou deux heures pour mettre les choses en place, les classer et les mettre en place). Mais ça n'a eu aucun effet sur ma santé. Tandis que cette fois-ci...
C'était donc en 59 la première fois que je les ai vus. Et ce devait être fin juin ou commencement de juillet. C'est ce papier-là [le feuillet d'êphéméride] qui m'a donné l'indication, parce que je sais que cette expérience [de Sri Aurobindo dans le physique subtil], c'était quelques semaines après.
Tu dis qu'il y avait tout un groupe organisé autour de cet être asourique, des gens, des cérémonies...
Des cérémonies?
Tu peux enlever ça parce que ce n'est pas ça: c'était toute une organisation.
Mais je voudrais te demander: est-ce que ces gens existent dans le physique subtil ou dans notre monde physique?
Non-non, mes visions sont dans le physique subtil, mais ces gens-là existent sur la terre. Je ne les connais pas, n'est-ce pas. Il n'y en a qu'un, comme je l'ai dit, que je connaissais. Mais c'est sûr, il y a une organisation physique qui correspond à ces visions. Les détails, je ne les connais pas – justement, on ne me les a pas donnés. Mais ça correspond à un groupe de gens physiques.
Puissants?
Je ne sais pas. Je ne les connais pas.
Ils ont parmi eux, sûrement, au moins un tantrique – mais un tantrique calé, quelqu'un qui sait son métier: ça, oui, il y a tous les signes!
Mais extérieurement, quelle est leur capacité?... Les gens qui étaient autour de celui-là [le faux Sri Aurobindo], ceux qui m'ont fait tous ces reproches, ils étaient dans l'Ashram – ils sont partis. Ça, ce sont des gens tout à fait concrets. Mais ceux du dernier groupe [de la dernière vision], je ne sais pas, je ne les connais pas physiquement, alors je ne peux pas dire. Peut-être que je saurai, un jour.
*
* *
(Puis le disciple lit à Mère ce qu'il a noté de la dernière conversation du 13 mai et il demande de nouveaux détails sur l'expérience du 13 avril:)
Mais la promesse que tu as reçue...
Ce n'est pas une promesse que j'ai reçue, c'est cette Voix qui m'a fait souvenir de ma promesse. Quand je me disais: «Comment passer de cette Conscience vraie à celle-là, c'est impossible!» à ce moment-là, c'était comme si, pas exactement Sri Aurobindo parce que immédiatement on pense à un corps, mais enfin cette sorte de Voix que j'entendais m'a dit: «Ta promesse. Tu as dit que tu ferais le Travail», et alors c'est à ce moment-là que j'ai dit: «Oui, je ferai le Travail.» Et à partir de ce moment-là, a commencé le processus de matérialisation, toute la transition de la vraie Conscience à la conscience ordinaire.
Je n'ai pas «reçu» une promesse: c'est le rappel de la promesse que j'avais faite.
Et c'est ça qui t'a permis de dire: «The thing is done» [la chose est faite]?
Non. C'est l'expérience.
C'est l'expérience, c'est quand... ça, je ne te l'ai pas dit.
(long silence)
C'est quand j'étais ces bouffées – ces bouffées d'Amour. C'est au moment où j'étais consciente de la dernière, de celle qui a été (comment dire?) organisée extérieurement par Sri Aurobindo – ce qui s'est traduit par l'avatar de Sri Aurobindo –, c'est à ce moment-là qu'il y a eu l'absolue certitude que la chose était faite, qu'elle était décrétée.
Et alors, au moment où c'est venu que c'était décrété, moi, j'ai pensé: «Mais comment traduire ça en ça, joindre les deux?» Et c'est à ce moment-là qu'est venu: «Tu as promis de le faire, par conséquent tu le feras», et a commencé lentement la transition, comme si j'étais renvoyée de nouveau pour le faire. Oui, comme si: «Tu as promis de le faire, tu le feras», alors comme cela c'était une promesse. Et je revenais vers ce corps pour le faire.
J'avais dit [le 3 avril] que le corps était le champ de bataille, que la bataille se livrait dans ce corps. Et là, dans cette expérience-là [du 13 avril], j'étais renvoyée au corps, parce que la chose, cette dernière bouffée créatrice, devait se réaliser à travers ce corps.
(silence)
Les expériences continuent...
Par exemple, je marche un peu pour réhabituer le corps (je marche accompagnée par quelqu'un) et je me suis aperçue, quand j'ai commencé à marcher, d'une condition assez particulière... quelque chose que je pourrais décrire comme: ce qui me donne l'illusion du corps (Mère rit)... Je le confie à la personne avec laquelle je marche (c'est-à-dire que ce n'est pas ma responsabilité: c'est cette personne qui s'occupe que ça ne tombe pas, que ça ne se cogne pas – tu comprends!) et la conscience est une sorte de conscience qui n'a pas de limites, qui est comme un équivalent matériel ou une traduction de ces bouffées, comme des vagues, mais des vagues qui n'ont pas... ce ne sont pas des vagues individuelles: c'est un mouvement de vagues; un mouvement de vagues matérielles, corporelles, pourrait-on dire, vastes comme la terre, mais pas – pas rond ni plat ni... quelque chose qui est très infini de sensation, mais qui est en mouvement ondulatoire. Et ce mouvement ondulatoire est le mouvement de vie. Et alors la conscience (du corps, je suppose), il y a une conscience là, qui flotte là-dedans, dans une sorte de paix éternelle... mais ce n'est pas une étendue, le mot est faux: c'est un mouvement qui n'a pas de limites et qui a un rythme très harmonieux et très tranquille, très vaste, et très calme. Et c'est ce mouvement qui est la vie.
Je marche autour de la chambre, et c'est ça qui marche.
Et c'est très silencieux – il n'y a pas de pensée, il y a à peine, à peine une capacité d'observation, et toutes sortes, une infinitude de mouvements, de vibrations de quelque chose qui serait l'essence des pensées, qui se meut là, dans un mouvement rythmique, comme un mouvement de vagues qui n'a ni commencement ni fin, qui a une condensation comme ça (geste de haut en bas) et une condensation comme ça (geste latéral), et puis un mouvement d'expansion (geste exprimant comme la pulsation d'un océan). C'est-à-dire une sorte de rassemblement, de concentration, puis d'expansion, de diffusion.2
Hier, j'en ai fait l'expérience complète – je me suis laissée aller absolument. Ça a duré à peu près quarante minutes pendant que je marchais autour de la chambre.
Et ça, à dire vrai, excepté l'unique fait de la souffrance (n'est-ce pas: mal ici, mal là, une douleur ici, une douleur là, qui donne la perception de l'individualité du corps), à part cela, c'est la conscience normale: ce grand mouvement ondulatoire de vie, c'est ma conscience normale. C'est-à-dire que moi (enfin ce que j'appelle Moi: geste tout en haut), ma conscience, est tout à fait hors du corps. C'est ça qui est la conscience du corps (ce que je viens de décrire), avec le rappel de ce qu'est un corps d'habitude simplement par le point de douleur: mal ici, mal là, mal là... C'est comme ça. Et cette douleur a une petite vie extrêmement limitée: ce n'est pas général, ce n'est pas un corps qui souffre: c'est la souffrance qui souffre, c'est le point – le point qui a mal: une égratignure ici, une blessure là, des choses comme cela. C'est cela qui est individuel et qui souffre; ce n'est pas le corps qui a une blessure, tu comprends?
Mais c'est difficile à exprimer.
Ça, c'est mon expérience. Je l'ai étudiée spécialement hier avec l'idée de pouvoir te la dire.
Mais tu fais une distinction entre la conscience corporelle et la conscience physique?...
Oui. Oh! la conscience physique est une chose très complexe! elle contient tout le monde physique, conscient.
La conscience physique est universalisée, depuis très longtemps, et elle contient tous les mouvements terrestres.3 Tandis que le corps, c'est seulement limité à ça (Mère touche son corps), ce petit rassemblement de substance – c'est ça que j'appelle la conscience du corps.
Et quand j'ai dit: «Je suis sortie du corps»,4 ça ne veut pas dire du tout que je suis sortie de la conscience physique – mon rapport avec le monde terrestre général est resté le même. Il s'agit seulement de la chose purement corporelle, cette espèce de concrétisation ou de rassemblement de substance spécial qui nous donne à chacun un corps différent – une apparence différente.
C'est d'ailleurs assez illusoire, cette apparence. Dès qu'on s'élève à une certaine hauteur (je l'ai bien vu dans cette reconcrétisation progressive5), c'est très vite que ça n'a plus de réalité. Notre apparence est très-très illusoire. Notre forme spéciale, c'est-à-dire la forme de celui-ci, la forme de celui-là, ce que l'on voit avec les yeux physiques, ça ne va pas très loin. Dès le monde vital, c'est tout à fait différent.
Voilà, c'est tout ce que je crois pouvoir dire pour aujourd'hui.6
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(Un peu plus tard, Mère donne au disciple son ancienne éphémé-ride avec la note de l'expérience du 24-25 juillet 1959 – la première rencontre de Sri Aurobindo dans le physique subtil –, puis un autre feuillet où Elle a écrit: «I am only realizing what He has conceived. I am only the protagonist and the continua-tor of His work.»7 Mère explique:)
On voulait me faire avoir le prix Nobel de la Paix et on m'a demandé des papiers – j'ai écrit ça. C'est-à-dire que ce n'était pas cette personne-ci qui a fait les choses, c'était tout Sri Aurobindo.
Ils avaient voulu donner le prix Nobel à Sri Aurobindo, et il est parti l'année juste avant la décision. Et comme on ne donne pas le prix aux gens qui sont «morts», on ne le lui a pas donné. Alors on a voulu transférer cela à moi, et j'ai écrit cette note, parce que je ne voulais pas du tout de gloriole. Alors c'est tout – ils n'ont pas donné de prix cette année-là pour la Paix.
Je pense que l'affaire est enterrée.
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(Puis Mère se met à la préparation du prochain Bulletin. Elle demande au disciple de parler lentement et distinctement:)
Il y a une espèce de nuage universel entre moi et les gens – je vois comme derrière un voile et j'entends comme derrière une sorte de nuage, alors c'est pour ça, je demande qu'on soit très clair.
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NOTE
(À propos du mouvement ondulatoire vécu par Mère dans son corps)
Une fois de plus, avec Mère, nous sommes en plein cours de physique de la Matière! Toutes les théories physiques qui tentent de décrire la structure de notre univers et la composition de la matière, qu'elles émanent des laboratoires de la science «officielle» ou des travaux de chercheurs isolés, s'accordent sur un point: le mouvement ondulatoire est le constituant et le fondement dynamique de la réalité physique. En effet, qu'il s'agisse des champs électromagnétique ou gravitationnel ou même «matériel» comme l'avancent certains savants, au cœur de l'atome comme aux confins de l'univers, tout se meut ou se propage selon un mouvement ondulatoire: «Le mouvement ondulatoire est le mouvement de vie», dit Mère d'une façon saisissante.
«...Un mouvement de vagues qui n'a ni commencement ni fin, qui a une condensation comme ça (geste de haut en bas) et une condensation comme ça (geste latéral)...» Comment ne pas se rappeler du champ électromagnétique et de ses deux composantes perpendiculaires: le champ électrique et le champ magnétique qui se propagent selon une onde sinusoïdale infinie?! Et puis encore: «...Une sorte de rassemblement, de concentration, puis d'expansion, de diffusion.» Mais c'est la propagation dans l'espace d'un train d'ondes sinusoïdales!
Aussi saisissant ce parallèle soit-il, il existe pourtant une différence fondamentale entre ces concepts mathématiques et l'expérience de Mère. C'est que, dans un cas, il s'agit d'instruments conceptuels utilisés par le mental humain pour mieux expliquer et maîtriser le monde: personne n'a vu d'ondes électromagnétiques – à plus forte raison d'ondes gravitationnelles! Ce sont là des images,
des «modèles» commodes, invisibles et inexistants à l'état pur. Ils n'existent que par leurs effets: la lumière du soleil qui est onde électromagnétique vient frapper notre rétine et nous permet de distinguer cette fleur; la pomme de Newton tombe de l'arbre sous l'impulsion d'ondes gravitationnelles – mais nul n'a vécu la réalité de ces ondes. Pour Mère, au contraire, toute appréhension de la réalité est d'abord une expérience vécue. Elle est ce mouvement ondulatoire, elle est cette onde: «Je marche autour de la chambre et c'est ça qui marche.» Nous touchons là un prodigieux mystère et une formidable question: comment peut-on être corporellement, matériellement, cette onde qui compose et emmène les mondes dans son mouvement infini et gouverne l'existence des atomes et des galaxies? Comment peut-on être une onde électromagnétique infinie et ubiquitaire tout en restant dans les limites étroites d'un corps humain?!
On pourrait dire aussi qu'en étant ça, Mère résout du même coup la fameuse question de la «théorie unitaire» qui voudrait rassembler en une seule équation mathématique le mouvement des planètes et le mouvement des atomes, et à laquelle Einstein consacra en vain les dernières années de sa vie. La conscience corporelle de Mère est une avec le mouvement de l'univers, Mère vit la «théorie unitaire» dans son corps. Et Elle nous ouvre ainsi non pas une théorie conceptuelle de plus, mais le chemin même d'une autre espèce sur la terre, qui vivra physiquement, matériellement, à la dimension de l'univers. La prochaine espèce après l'homme n'est probablement pas celle qui aura quelques organes de plus ou de moins: c'est celle qui sera capable d'être en tous les points de l'univers. Une sorte d'ubiquité matérielle. Ce n'est peut-être pas tant une espèce «nouvelle» qu'une espèce globale qui embrasse tout, depuis le brin d'herbe sous nos pieds jusqu'aux galaxies «lointaines». Une innombrable existence ondulatoire. Réellement, un résumé ou un épitomé de l'évolution, qui, en fin de parcours, redevient chaque point et chaque espèce et chaque mouvement de sa propre évolution.
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1 En effet, il y avait tout un groupe de gens à l'Ashram (ce que l'on pourrait appeler les «intellectuels» de l'Ashram), influencé par Subhas Bose, qui était fortement en faveur des Nazis et des Japonais contre les Anglais (rappelons tout de même que les Anglais étaient les envahisseurs de l'Inde et que, de ce fait, les ennemis de l'Angleterre étaient automatiquement considérés par beaucoup comme les amis de l'Inde), au point que Sri Aurobindo a dû intervenir et écrire fortement: «Je vous affirme encore une fois et avec force que cette guerre est la guerre de la Mère... La victoire d'un côté (les Alliés) garderait la route ouverte aux forces évolutives, tandis que la victoire de l'autre traînerait l'humanité en arrière, la dégraderait horriblement et pourrait même, au pire, conduire à sa faillite finale en tant qu'espèce, comme d'autres ont failli et péri dans l'évolution passée... Les Alliés au moins ont défendu les valeurs humaines, bien qu'ils aient souvent pu aller à rencontre de leurs propres idéaux (les hommes font toujours cela), tandis que Hitler défend des valeurs diaboliques ou des valeurs humaines outrées à en devenir diaboliques... Ceci ne veut pas dire que les Anglais et les Américains soient des petits anges sans tache ni que les Allemands soient une race pécheresse et méchante, mais...» (29 juillet 1942 et 3 septembre 1943) Et Mère, de son côté, avait dû écrire aussi publiquement: «Il est devenu nécessaire de déclarer catégoriquement et clairement que tous ceux qui, par leurs pensées ou par leurs souhaits, soutiennent ou appellent la victoire des Nazis sont de ce fait des collaborateurs de l'Asoura contre le Divin et aident à la victoire de l'Asoura... Par conséquent, ceux qui souhaitent la victoire des Nazis et de leurs associés doivent comprendre désormais qu'ils souhaitent la destruction de notre travail et qu'ils agissent en traîtres contre Sri Aurobindo.» (6 mai 1941)
2 Voir note à la fin de cette conversation.
3 À titre d'exemple, Mère a ajouté: «J'étais toujours baignée dans l'atmosphère des gens qui m'entourent: leur pensée, leur façon de sentir, de voir, de comprendre...»
4 Le 3 avril, Mère a dit: I am no more in my body (je ne suis plus dans mon corps).
5 Expérience du 13 avril, ce que nous avions appelé à tort «la descente» vers la conscience corporelle.
6 Il existe un enregistrement de cette conversation.
7 «Je réalise seulement ce qu'il a conçu. Je suis seulement le protagoniste et la continuatrice de Son œuvre.» (1951)