SITE DE SRI AUROBINDO ET LA MÈRE
      
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Mère

l'Agenda

Volume 7

28 mai 1966

(Mère prend son visage entre ses mains et semble épuisée.)

Ça va?

C'est toi qui es fatiguée?

Non, c'est pire que fatiguée, c'est pire...

Il y a tout un travail d'ajustement qui se fait, qui est devenu très-très difficile, très difficile (Mère fait un geste triturant).

Pratiquement, je ne peux plus manger, je me force, autrement je ne ferais que boire. Et ça ne vient pas de l'estomac, ce n'est pas cela, c'est... (même geste de trituration).

Je ne me sens pas fatiguée, mais j'ai depuis longtemps et de plus en plus (ces jours-ci, c'est devenu très aigu) l'impression de marcher, d'avancer (geste en équilibre instable) et que le moindre faux-pas vous fait tomber dans le précipice. On est comme sur une crête entre deux précipices.

Et c'est quelque chose qui se passe dans les cellules du corps. Cela n'a rien de moral, ce n'est même pas de la sensation.

On est dans la nécessité d'une vigilance constante. Le moindre relâchement, n'est-ce pas, est... catastrophique.

(longue contemplation)

Alors, je te vois jeudi? Eh bien, j'espère que ce sera fini, que j'en serai sortie!

La consolation, c'est que l'action du Suprême devient de plus en plus claire et évidente. N'est-ce pas, je suis comme un petit bout de... (Mère fait un geste au creux d'une Main) comment dire?... de la poussière, mais c'est une poussière qui souffre, c'est embêtant. Très sensible. Mais le jeu des forces devient de plus en plus clair et de plus en plus puissant, et sur un champ de plus en plus étendu. Et directement [dans la matière], avec une précision et une force extraordinaires. C'est une consolation.

Il n'y a qu'à ne pas s'en occuper.

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