Mère
l'Agenda
Volume 11
Je voudrais te dire que j'ai des ennuis avec mon corps depuis quelque temps...
Ah?
Un peu désorganisé.
Qu'est-ce qui lui est arrivé?
Je ne sais pas... J'ai l'impression que quelque chose me menace.
Depuis quand?
Un mois à peu près.
Mais qu'est-ce qui fait mal?
Un fonctionnement qui est désorganisé. J'ai l'impression qu'il y a une obstruction ou quelque chose, ou... enfin je ne sais pas ce qu'il y a.
(après un silence)
Parce que la Force de transformation travaille très-très fort, et il y a beaucoup de gens qui sont comme cela; les fonctions ne sont plus ce que l'on appelle «normales», c'est-à-dire qu'elles changent de fonctionnement, et alors la première impression est toujours un désordre. Mais si l'on peut mettre dans le corps cette espèce de tranquille patience, tu sais, comme cela, qui ne s'inquiète pas, au bout d'un certain temps, ça va bien... Par exemple, pour la digestion, un jour on ne peut plus rien digérer, alors on croit que... et puis, si on reste bien tranquille, comme cela, sans s'inquiéter – surtout sans s'inquiéter –, on voit que, lentement, ça prend un autre mouvement, et alors ça va... mais d'une autre manière, tout à fait nouvelle.
Ce devrait être cela, mais je ne peux pas savoir, n'est-ce pas. Ce devrait être cela.
J'ai beaucoup à lutter contre toutes sortes de suggestions.
Ah! c'est ça, voilà, c'est ça qui trouble.
Des suggestions de quel genre?
Tu sais, ce genre de maladie qu'on a généralement.
(Mère fait la grimace.
Longue concentration)
Une chose, je sais, c'est que la Conscience travaille très fort en toi, mais... Tu ne sens pas ça?
Oh! je sens TOUJOURS cette Force.
Oui, mais [je veux dire] très matériellement, tu comprends. Il y a une différence quand ça travaille dans le mental, par exemple, même dans le vital, et puis quand ça se met à travailler dans le corps.
Mais il y a le fait que ma dernière expérience dans les hôpitaux, m'a laissé une empreinte terrible.
Ah!
Ça a mis sur moi quelque chose qui n'était pas là avant.
Ah! c'est ça... c'est ça.
(longue concentration)
Tu te reposes dans la journée?
Après le déjeuner, oui.
À quelle heure?
Vers une heure et quart.
On essaiera.
Mais en ce moment, tu n'as pas mal?
Non-non pas en ce moment. Je crois qu'il faut surtout balayer ces suggestions.
Oui, c'est ça, c'est surtout ça.
Si tu peux arriver à mettre dans le corps – DANS le corps –, le COMPLET «surrender», c'est-à-dire qu'il ne COMPTE QUE sur l'intervention du Suprême, tu comprends; que le CORPS – le corps – Lui dise: «Voilà (Mère ouvre les mains), voilà...» vis-à-vis du Suprême, avec la connaissance qu'il est là; qu'il est là dans l'atmosphère, dans les cellules, dans tout, et... (geste mains ouvertes) et c'est tout. Ça, c'est très efficace. Parce que je sais, n'est-ce pas, ce corps-ci a beaucoup de difficultés, et c'est son seul remède. Il n'en connaît pas d'autres. Et c'est le seul qui soit vraiment efficace (même geste mains ouvertes, les yeux clos).
Quand on apprend à le faire, même les douleurs s'en vont en quelques minutes.
Et tu essayes.
Il ne faut surtout pas, tu sais, penser, se souvenir des choses... Ça, c'est très mauvais, très mauvais.
*
* *
(Puis Mère passe à la traduction de «Savitri»: la réponse de Savitri à la Mort.)
Mais Savitri répondit au dieu sophiste:
«Une fois encore appelleras-tu la Lumière pour aveugler les yeux de la Vérité,
Pour enfermer la connaissance dans les mailles de l'Ignorance
Et faire du Verbe une flèche pour tuer mon âme vivante?
On ne peut pas tuer l'âme!
Offre, ô Roi, tes bienfaits à des esprits fatigués...
(Mère sourit)
Et aux cœurs qui ne peuvent supporter les blessures du Temps;
Que ceux qui étaient liés au corps et au mental,
Arrachent ces liens et fuient dans le calme blanc...
Blancheur calme? ou... Calme blanc... (souriant) c'est plus concis.
...Et fuient dans le calme blanc
Implorant un refuge hors du jeu de Dieu;
Sûrement tes bienfaits sont grands puisque tu es Lui!»
Savitri, X.IV.647
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