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SRI AUROBINDO

Lettres sur le Yoga

Volume 3. Section 4

1. La triple transformation: psychique, spirituelle et supramentale

I  II  III IV V

II

2430

Tout cela est parfaitement exact. La pratique de notre yoga comporte deux mouvements: dans l'un, la conscience s'élève jusqu'aux plans supérieurs, dans l'autre le pouvoir des plans supérieurs descend dans la conscience terrestre afin d'expulser le Pouvoir d'obscurité et d'ignorance et de transformer la nature.

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2431

Dans l'être humain, qui est le mental incarné dans la matière vivante, toute la conscience doit s'élever afin de s'unir à la conscience supérieure; il faut aussi que la conscience supérieure descende dans le mental, dans la vie, dans la matière. Ainsi, les barrières seront renversées et la conscience supérieure pourra prendre en main la nature inférieure tout entière et la transformer par le pouvoir du Supramental.

La terre est un champ matériel d'évolution. Le Mental et la Vie, le Supramental, saccidānanda, sont en principe "involués", contenus dans la conscience terrestre; mais seule la matière s'organise tout d'abord; puis la vie descend du plan vital pour donner une forme, une organisation et une activité au principe de vie dans la matière, elle crée la plante et l'animal; ensuite, le mental descend du plan mental et crée l'homme. À présent, le Supramental doit descendre afin de créer une race supramentale.

Lumières sur le Yoga, chapitre 1. Traduction de la Mère.

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2432

La sâdhanâ se fonde sur le fait que la transformation de la nature inférieure s'effectue par une descente de Forces venant des plans supérieurs, et par une ascension de la conscience inférieure jusqu'aux plans supérieurs; mais naturellement cela prend du temps et la transformation complète ne peut s'opérer que par la descente supramentale.

Nouvelles Lumières sur le Yoga, chapitre 4.

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2433

Il n'y a pas de règle fixe en ces matières. Souvent la descente vient d'abord et l'ascension ensuite, d'autres fois c'est l'inverse; chez certains sâdhak, les deux se poursuivent en même temps. Si l'on peut prendre position au-dessus, tant mieux. Je vous ai expliqué pourquoi cela ne s'était pas produit.

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2434

Je ne parle pas seulement de l'ascension. L'ascension doit être suivie de la descente de la conscience supérieure dans les différentes parties de l'être. Ces deux mouvements, qui sont favorisés par le développement psychique et y contribuent, transforment la nature extérieure.

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2435

Oui, il est plus facile de monter que de faire descendre; la conscience supérieure se trouve empêtrée et entravée dans la conscience physique, le mental et le vital.

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2436

Dans la conscience physique, c'est la descente qui est le plus important. Une partie du physique subtil peut toujours monter, mais la conscience physique extérieure n'en est capable que lorsque la force d'en haut descend et la remplit. Alors une sorte d'unification se produit, où la conscience supérieure et la conscience physique deviennent une seule conscience sans division, les forces d'en bas s'élèvent tandis que les forces d'en haut descendent et elles s'interpénètrent.

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2437

Le mouvement vers le haut et le silence sont indispensable à la manifestation de la Vérité.

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2438

L'ascension, le mouvement vers le haut se produit lorsque l'aspiration de l'être — c'est-à-dire de ses divers plans: mental, vital et physique — est suffisante. Chacun à son tour s'élève au-dessus du mental jusqu'au lieu où il rencontre le supramental, et peut alors recevoir d'en haut l'impulsion première de tous ses mouvements. Le [plan] supérieur descend quand règne, dans les diverses parties de votre être, une tranquillité réceptive, prête à l'accueillir. Dans l'un et l'autre cas, que vous aspiriez vers le haut à vous élever au plan supérieur, ou que vous demeuriez passif en vous ouvrant pour le recevoir, un calme total dans les différentes parties de l'être est l'état qui convient.

Si, dans une aspiration ou une volonté tranquille, vous n'avez pas la force nécessaire, et si vous trouvez qu'un certain effort vous aidera à vous élever, vous pouvez continuer à utiliser temporairement ce procédé, jusqu'à ce que vienne l'ouverture naturelle où un appel silencieux, ou une simple volonté sans effort, suffit à provoquer l'action de la Shakti d'en haut.

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2439

Au cours de la sâdhanâ, tout dans l'Âdhâr, à un certain moment, tend à s'élever et à rejoindre sa source au-dessus.

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2440

L'Âdhâr est ce qui contient maintenant la conscience: mental-vie-corps.

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2441

Vivre dans un plan supérieur et de là, voir l'action dans le physique comme quelque chose de séparé, représente une étape décisive dans le mouvement vers la transformation.

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2442

Le but de la sâdhanâ est que la conscience s'élève hors du corps et prenne position au-dessus, se déployant dans l'étendue partout, sans être limitée au corps. Ainsi libéré, on s'ouvre à tout ce qui est au-dessus de cette position, au-dessus du mental ordinaire, et on reçoit là tout ce qui descend des hauteurs, on observe tout ce qui est au-dessous. Alors, il est possible d'être en toute liberté le témoin de ce qui est plus bas et de le maîtriser, d'être un réceptacle ou un canal qui transmet au corps tout ce qui descend et fait pression pour le préparer à être l'instrument d'une manifestation plus haute et le remodeler en une nature et en une conscience supérieures.

Ce qui se passe en vous, c'est que la conscience essaie de se fixer dans cette libération. Quand on est dans cette position plus haute, on trouve la liberté du Moi, le vaste silence et le calme immuable, mais il faut aussi faire descendre ce calme dans le corps, dans tous les plans inférieurs, et le fixer là comme quelque chose qui se tient en arrière de tous les mouvements et les contient.

chapitre 1. Traduction de la Mère.

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2443

Quelque chose en vous a commencé à percevoir la conscience supérieure et est monté au-dessus de la tête, là où se rencontrent la conscience ordinaire et les plans supérieurs. I! faut cultiver ce mouvement jusqu'à ce que toute la conscience y prenne sa source, et que tout le reste soit dirigé de là; le mouvement doit s'accompagner d'une libération du psychique qui permette à celui-ci de soutenir dans les parties mentales, vitales et physiques l'action qui vient d'en haut.

C'est l'Âtman, l'être spirituel au-dessus du mental; la première expérience qu'il apporte est un silence et un calme (perçus plus tard comme infinis et éternels) indifférents aux mouvements du mental, de la vie et du corps. La conscience supérieure vit toujours en contact avec le Moi; la conscience inférieure en est séparée par les activités de l'Ignorance.

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2444

Si votre conscience s'élève au-dessus de la tête, cela veut dire qu'elle passe au-delà du mental ordinaire et monte vers le centre au-dessus qui reçoit la conscience supérieure, ou bien qu'elle monte vers les degrés ascendants de la conscience supérieure elle-même. Le premier résultat est le silence et la paix du Moi, qui sont la base de la conscience supérieure; celle-ci peut ensuite descendre dans les plans inférieurs et dans le corps lui-même. La Lumière et la Force aussi peuvent descendre. Le nombril et les centres au dessous sont ceux du vital et du physique; il se peut que quelque rudiment de la Force supérieure soit descendu là.

Les Bases du Yoga, chapitre 1. Traduction de la Mère.

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2445

Comment la nature extérieure pourrait-elle donc s'élever dans la Prakriti supérieure avant que vous n'ayez réalisé le Moi? La nature supérieure est celle de la conscience supérieure dont la base première est la paix, l'immensité, la réalisation du Moi, l'Un qui est tout.

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2446

Il y a deux mouvements: par l'un, la conscience inférieure monte à la rencontre de la conscience supérieure, par l'autre la conscience supérieure descend dans la conscience inférieure. Dans la première partie de votre expérience, la conscience inférieure a jailli de toutes parts avec assez de force pour briser le couvercle du mental intérieur — c'était l'éclatement du crâne — et pour permettre aux deux consciences de s'élever complètement au-dessus. Le résultat a été une descente. En général, la première chose qui descend de la conscience supérieure est sa paix profonde et complète; Sa deuxième est la Lumière, ici la lumière blanche de la Mère. Quand la conscience supérieure descend ou est ressentie intensément, l'être personnel limité s'ouvre en général à la conscience cosmique; on sent un être vaste et infini qui seul existe, l'identification avec le corps et même la sensation du corps disparaissent, la conscience personnelle limitée se perd dans l'Existence cosmique. Vous avez d'abord ressenti tout cela d'une manière impersonnelle; mais lorsque le feu psychique s'est allumé, vous avez senti l'Immensité personnelle, la conscience cosmique de la Mère divine, et vous avez reçu sa bénédiction.

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2447

C'est très bien. Les idées et les sentiments qui s'élevaient du plus profond de vous-même appartenaient à la nature psychique nouveau-née.

Dans l'après-midi, vous avez senti la pensée s'interrompre et quelque chose en vous s'élever au-dessus de la tête; ce sentiment et cette sensation font partie du mouvement de la sâdhanâ. Au-dessus de vous — non dans le corps, mais au-dessus de la tête — réside ce que nous appelons conscience spirituelle supérieure, conscience divine ou conscience de la Mère. Quand l'être s'ouvre, alors tout en vous: le mental (la tête), l'être émotif (le cœur), le vital et même une partie de la conscience physique commencent à s'élever pour s'unir à cette conscience supérieure plus grande. Lorsqu'on est assis les yeux fermés en méditation, on a cette impression d'ascension que vous décrivez. Cela s'appelle l'ascension de la conscience inférieure. Ensuite la paix, la joie, la lumière, la force, la connaissance, etc., commencent à descendre, et un grand changement commence à s'opérer dans la nature. C'est ce que nous appelons la descente de la conscience supérieure (de la Mère).

Le malaise que vous avez ressenti avait pour cause la nature inhabituelle de ce mouvement. Il est sans importance et disparaît rapidement.

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2448

Les expériences que vous décrivez sont cohérentes et s'expliquent très clairement. La première indique qu'une certaine partie de votre mental était ouverte et cette ouverture, favorisée par une ouverture dans le psychique, vous a permis de vous élever et de pénétrer dans les régions supérieures: les plans du mental spirituel libéré où s'ouvre le sentier infini de l'esprit qui mène à la réalisation suprême. Mais le reste de la nature n'était pas prêt. Il n'aurait pas fallu exercer cette tension pour faire revenir l'expérience; vous auriez dû aspirer à la purification et à la préparation de la nature, à l'ouverture psychique permanente et à l'augmentation de l'ouverture spirituelle vers le haut, jusqu'à ce qu'une libération totale de l'être puisse se produire. La véhémence de l'action des forces était due à cette résistance dont elles s'efforçaient de vous libérer en brisant les nœuds dans la tête et les diverses parties de la nature. L" 'électricité" qui passait par la colonne vertébrale était la Force frayant sa route vers le bas en traversant les centres. C'est évidemment la force obscure et résistante du vital, de la nature de désir, qui s'élève et assombrit tout jusqu'au cœur. D'autre part, le flot descendant et la détente qu'il procure indiquent que l'ouverture vers le haut est toujours là; car le silence, la tranquillité de la nature sont un contact d'en haut, et sont très nécessaires à la purification et à la libération. Ce qui vous manque, c'est la pleine ouverture de l'être psychique derrière le cœur, car elle pourrait libérer le cœur des forces obscures et permettre au reste de se déblayer par un effort tranquille et régulier, et non pas impétueux et accompagné d'une action et d'une lutte chaotiques. Quand le mental spirituel est ouvert, mais que la transformation psychique est insuffisante, il est possible que ce genre d'action véhémente de la force et cette résistance se produisent; lorsque le psychique s'ouvre, il agit sur toute la nature, sur le mental, le vital et le physique, et les gouverne du dedans pour qu'ils se transforment et soient prêts pour l'ouverture spirituelle et la conscience spirituelle complètes. La dévotion et une consécration intérieure de plus en plus complète sont la meilleure manière d'ouvrir le psychique.

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2449

C'est bien; l'éveil de la conscience psychique qui exerce sa maîtrise sur le reste de l'être est l'un des éléments les plus indispensables à la sâdhanâ.

C'est ce que nous appelons la conscience supérieure ou spirituelle; elle contient ou soutient tous les plans supérieurs, les mondes supérieurs. Quand on commence à les sentir sans cesse au-dessus de soi, on a avancé d'un grand pas dans la sâdhanâ; la conscience peut alors s'y élever et de là, voir discerner, maîtriser tout ce qui se trouve dans le mental, le vital et le corps. C'est là que se rejoignent les forces montantes et descendantes, comme vous pouvez le constater.

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2450

Ce que vous voyez au-dessus est évidemment Sa conscience vraie ou supérieure — celle de la Mère — dans laquelle on voit le monde entier comme une unité, une conscience vaste et libre pleine de liberté, de paix et de lumière: c'est ce que nous appelons la conscience supérieure ou divine. Même si elle est intermittente, ses effets sur le cœur montrent cependant qu'un lien a été établi par l'intermédiaire du psychique car le psychique est derrière le cœur. C'est là, au-dessus de la tête, que la conscience doit monter et demeurer; en même temps, elle descend aussi dans la tête, le cœur, le vital inférieur et le physique et y apporte sa largeur infinie, sa lumière, sa paix et sa liberté.

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2451

Ce que vous avez ressenti n'avait rien d'imaginaire; c'est l'expérience que l'on a en général lorsque la conscience se soulève hors du corps et s'installe au-dessus de la tête. Alors on n'est plus lié par la conscience physique ou par la sensation du corps; le corps devient seulement un instrument, une petite partie de la conscience, qu'il faut amener à la perfection. On entre dans une conscience spirituelle libre et vaste, au lieu de demeurer dans la conscience physique actuelle, liée et limitée. Si cette ascension, à force de se répéter, vous amène à prendre position en permanence au-dessus du corps, vous aurez franchi une étape importante dans votre progrès. C'est la claustration dans la conscience physique qui vous rend (qui rend tout le monde) étroit, égoïste et malheureux. Jusqu'à présent, la conscience supérieure avec sa paix, etc., est descendue en vous à grand-peine, en combattant la résistance vitale et physique. Si cette libération vers le haut, dans la conscience supérieure, peut se perpétuer, cette difficulté disparaîtra. Il restera encore beaucoup à faire, mais la fondation aura été établie.

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2452

La conscience est généralement emprisonnée dans le corps; elle est centralisée dans les centres du cerveau, du cœur et du nombril (mental, émotions et sensations). Quand vous sentez qu'elle s'élève, ou qu'une partie d'elle s'élève et prend position au-dessus de la tête, c'est que la conscience emprisonnée se libère de la formule du corps. C'est le mental en vous qui monte là, prend contact avec quelque chose de plus haut que le mental ordinaire et, de là, applique la volonté mentale supérieure à la transformation du reste. La chaleur et le tremblement sont produits par la résistance et le manque d'accoutumance du corps et du vital à cette exigence et à cette libération. Quand la conscience mentale peut ainsi prendre position au-dessus, d'une manière permanente ou à volonté, cette première libération devient complète (siddha). De là, l'être mental peut s'ouvrir librement aux plans supérieurs ou à l'existence cosmique et à ses forces, et aussi il peut agir avec plus de liberté et de pouvoir sur la nature inférieure.

chapitre 3. Traduction de la Mère.

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2453

On se sent parfois monter au-dessus de la tête. Je crois que c'est ce qui lui est arrivé, mais à moins qu'on ne soit simplement sorti du corps, c'est le mental qui monte dans les plans du mental supérieur. Pour être au-dessus du mental, il faut d'abord réaliser le moi au-dessus du mental et y vivre.

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2454

Se sentir dégagé de tout souci, léger dans le mental et le corps, voilà de fort bons résultats. D'ordinaire ils ne deviennent pas permanents tout de suite: il suffit qu'ils soient habituellement ou souvent là.

L'impression que la poitrine et la tête s'élèvent appartient au corps subtil; cela signifie que la conscience du mental et du cœur (le mental pensant et l'être émotif) s'élèvent pour rejoindre le plan de la conscience spirituelle, au-dessus de la tête.

Le son indique que la conscience s'ouvre et que la Force intérieure agit. Ceux qui pratiquent le yoga entendent souvent des sons subtils comme celui-ci.

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2455

Quand la conscience est centrée au-dessus, on peut dire qu'elle y a son siège. Cela ne signifie pas qu'il ne reste aucune conscience dans les parties inférieures.

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2456

On peut recevoir des influences d'en haut, mais tant que le mental n'est pas empli du calme, de la paix, du silence supérieurs, on ne peut pas être en contact direct avec les plans supérieurs. Ces influences diminuent, se mentalisent, se vitalisent; elles ne sont pas les pouvoirs des plans supérieurs dans leur état naturel. Cela ne suffit pas non plus pour acquérir la maîtrise des forces cachées de tous les plans de conscience, si c'est là ce qu'il veut dire par occultisme.

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2457

C'est tout naturel. Les plans supérieurs ne sont pas des plans où l'on est conscient naturellement, et X n'est même pas ouvert directement à leur influence, mais seulement à une certaine influence indirecte des plans qui se trouvent le plus près du mental humain. Il ne peut les atteindre que dans un état intérieur profond ou transe, et plus il s'élève, moins il lui est facile d'en être conscient, même en transe. Si l'on n'est pas conscient de son être intérieur, il est plus difficile d'être conscient en transe.

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2458

On est en relation indirecte (avec le Divin) lorsqu'on vit dans la conscience ordinaire sans être capable de s'élever au-dessus d'elle, et que l'on reçoit des influences d'en haut sans savoir d'où elles viennent, ni en sentir la source.

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2459

Lorsque vous montez, réalisez-vous l'être supérieur comme vaste et infini? Quand vous êtes là-haut, le sentez-vous répandu à travers l'infini? Sentez-vous tout l'univers en vous et vous sentez-vous vous-même un avec le moi de tous les êtres? Sentez-vous la Force cosmique unique agissant partout? Sentez-vous votre mental un avec le mental cosmique? Votre vie une avec la vie cosmique? Votre matière une avec la Matière cosmique? Sentez-vous l'irréalité de l'ego séparateur? Le corps n'est-il plus une limitation? À quoi bon dire seulement que l'être supérieur est vaste et infini? Ces réalisations viennent-elles lorsque vous êtes dans l'être supérieur et sinon, pourquoi ne viennent-elles pas? L'être intérieur s'ouvre aisément à toutes ces réalisations, mais pas l'être extérieur? Alors à moins que votre être intérieur ne devienne conscient de lui-même, la simple ascension ne peut donner que de la hauteur ou un vague sentiment des autres Plans, non ces réalisations concrètes.

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2460

Je voulais dire que la conscience intérieure est là, établie, même lorsqu'elle est cachée. Une fois qu'elle est là, la descente de la force, etc., devient plus continue ou du moins plus fréquente. Les difficultés de la nature extérieure doivent encore être résolues, mais on peut le faire avec plus de sûreté et d'efficacité sur la base de cette conscience intérieure.

Il y a deux phénomènes distincts. Dans l'un, la conscience sort réellement du corps, mais la conséquence en est un sommeil profond ou transe. Dans l'autre, la conscience s'élève et prend position en dehors du corps, au-dessus de lui et largement étendue. Dans cet état, le yogi peut rester éveillé; il ne se sent pas dans le corps, il sent le corps dans son moi vaste et libre, il est libéré des limites de la conscience corporelle.

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2461

D'après votre récit, deux expériences différentes sembleraient s'être produites simultanément.

1. Une extériorisation de la conscience qui est sortie du corps. Une partie de la conscience mentale, vitale ou physique subtile, ou toutes ensemble, s'élève hors du corps et le laisse dans un état fortement intériorisé, sommeil ou transe; elle peut se mouvoir seule dans d'autres plans, dans la pièce et au-dehors, sur le plan terrestre. Dans les cas de ce genre, on peut voir le corps au-dessous ou dans la pièce, le voir aussi clairement que l'on voit un objet distinct avec les yeux physiques. Une frayeur comme celle que vous avez ressentie peut surgir lors de ces extériorisations et faire rentrer précipitamment la conscience dans le corps.

2. Une ascension de la conscience à une position qui n'est plus dans le corps, mais au-dessus de lui. La conscience peut ainsi monter et s'élever de plus en plus haut, en se sentant pénétrer dans des régions supérieures au ment ordinaire; en général elle ne va pas très loin au début, mais mesure que cette expérience se répète elle devient capable d'aller de plus en plus haut. À la fin de l'expérience, el réintègre le corps. Mais une élévation définitive peut aussi 'i produire, grâce à laquelle la conscience prend position au-dessus de façon permanente. Elle n'est plus dans le corps ni limitée par lui; elle se sent non seulement au-dessus, mais répandue dans l'espace; le corps est au-dessous de cette position supérieure et enveloppé dans cette conscience élargie. Parfois, à vrai dire, l'élargissement est ressenti seulement au-dessus, au niveau supérieur: l'expérience du vaste enveloppement au-dessous ne vient que plus tard. Elle est cependant, par nature, définitive: ce n'est pas seulement une expérience, mais une réalisation, une transformation permanente. Elle a pour effet de vous libérer de l'identification avec le corps qui n'est plus qu'un détail dans l'immensité de l'être, une partie de l'être utilisée comme un instrument; ou bien on le sent comme quelque chose de très petit ou même d'inexistant, on a l'impression de ne plus rien sentir qu'une conscience vaste, pratiquement infinie, qui est soi-même; ou si elle n'est pas immédiatement infinie, elle est cependant ce que l'on appelle de nos jours un fini sans limite.

Cette nouvelle conscience est ouverte à toute connaissance venant d'en haut; mais elle ne pense pas avec le cerveau comme le mental ordinaire; elle a des moyens de perception autres que la pensée et plus vastes. Aucune ouverture méthodique des centres n'est nécessaire: les centres sont en réalité ouverts, sinon l'ascension ne pourrait pas se produire. Dans notre yoga, leur ouverture se fait automatiquement; ce que nous appelons ouverture, ce n'est pas cela, c'est une aptitude de la conscience elle-même, aux différents niveaux, à recevoir la descente de la Conscience supérieure. Par l'ascension on peut, il est vrai, amener la connaissance supérieure à descendre, mais par un mouvement plus vaste on la reçoit d'en haut et on la laisse couler dans les niveaux inférieurs, mental et autres. J'ajouterais qu à tous ces niveaux, dans le mental, le cœur et plus bas, on se libère des limites physiques, une immensité apparaît qui interdit dorénavant toute identification avec le corps.

Dans cette expérience, la peur que vous avez ressentie n'apparaît généralement pas, à moins qu'elle ne soit pour ainsi dire dans la conscience corporelle qui s'alarme de ce mouvement inhabituel et craint d'être abandonnée ou rejetée. Mais cela arrive rarement et d'ordinaire ne se répète pas. Il est par conséquent probable qu'une extériorisation s'est produite en même temps. Vous parlez de la faculté de quitter le corps et de le réintégrer à volonté; mais cette faculté n'est vraiment nette que pour les phénomènes d'extériorisation; dans l'ascension de la conscience, la montée et la descente deviennent faciles et normales, et quand la position au-dessus devient une réalisation définitive, il n'y a plus vraiment de descente, sauf dans une partie de la conscience qui peut descendre pour agir dans le corps ou aux niveaux inférieurs alors que l'être, établi en permanence au-dessus, préside à toute expérience et à toute action.

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2462

L'expression "être soulevé hors du corps" pourrait s'appliquer à divers états d'expérience. Dans l'un, on s'élève à partir des centres corporels jusqu'à un centre de conscience qui s'étend au-dessus de la tête physique, et on s'établit là dans une position où l'on est libéré de l'assujettissement au sens corporel et à son emprise pesante; cette expérience s'accompagne en effet d'une sensation générale d'allégement. On peut alors être en relation directe avec la conscience supérieure, son pouvoir et son action. D'après la description, il n'est pas tout à fait clair que ce soit bien cela qui se soit produit. Certains phénomènes respiratoires accompagnent aussi les états de libération ou d'ascension. Mais ici, le mot "souffle" signifie peut-être, d'une manière générale, le principe de vie.

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2463

Cette expérience est très fréquente. Elle signifie que pendant un moment, vous n'étiez plus dans votre corps, mais, d'une manière ou d'une autre, soit au-dessus, soit en dehors de la conscience corporelle. Cela se produit parfois lorsque l'être vital s'élève au-dessus de la tête ou, plus rarement, lorsque tout en restant dans son enveloppe (qui fait partie du corps subtil), il se projette hors des liens physiques. Mais cette expérience vient aussi lorsqu'on se libère tout à coup — même fugitivement — de l'identification avec la conscience du corps et cette libération peut devenir fréquente, prolongée ou permanente. Le corps est ressenti comme quelque chose de séparé, comme un petit détail dans la conscience ou comme un objet que l'on transporte avec soi, etc., etc.; l'expérience n'est pas toujours exactement la même. Beaucoup de sâdhak ici l'ont eue. Quand on y est habitué, son étrangeté (pays de rêve, etc.) disparaît.

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2464

Ce sont les parties subtiles du physique qui s'élèvent. La conscience extérieure peut, elle aussi, s'élever, mais alors la transe est complète. Dans notre sâdhanâ, la transe complète n'est pas très utile.

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2465

Si tout s'élevait, il n'y aurait pas d'existence dans le corps. Il reste toujours un peu de conscience — et par conséquent un peu de moi — pour soutenir le corps.

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2466

Non, le corps lui-même ne peut pas monter: comment le pourrait-il? La raison d'être du corps est de maintenir la conscience en relation avec le monde physique.

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2467

Une fois que l'être ou ses différentes parties commencent à s'élever aux plans supérieurs, n'importe quelle partie de l'être en devient capable, qu'elle soit en surface ou en profondeur. Il faut se débarrasser du samskâra que l'on ne pourrait pas revenir. On peut avoir l'expérience du nirvana au sommet du mental ou dans n'importe lequel des plans qui sont encore supraconscients pour le mental; le mental spiritualisé, par l'ascension dans le Moi, a le sentiment de laya, de la dissolution de lui-même, de ses pensées, de ses mouvements, de ses samskâra dans un Silence et un Infini supraconscients qu'il est incapable d'appréhender: c'est l'Inconnaissable. Mais cette expérience ne pourrait apporter une certaine forme de nirvana, ou y conduire, que si l'on faisait du nirvana son but, ou si l'on était attaché au mental et que l'on acceptait sa dissolution dans l'Infini comme sa propre dissolution, ou encore si l'on n'avait pas Sa faculté de réorganiser l'expérience sur un plan supérieur au plan mental. Mais autrement, ce qui était supraconscient dévient conscient, on commence à posséder la dynamique des plans supérieurs ou à en être l'instrument, et le mouvement n'est pas une libération dans le nirvana, mais une libération et une transformation. Quelle que soit l'altitude atteinte, on peut toujours revenir, à moins d'avoir la volonté de ne pas le faire.

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2468

Ce sont les expériences normales et ordinaires de la sâdhanâ, lorsqu'une ouverture vient d'en haut: contact avec la paix du Brahman, du Moi ou du Divin et contact avec le Pouvoir d'en haut, le Pouvoir de la Mère. X ne sait pas ce que c'est, c'est tout naturel, mais ses sentiments sont justes et ses descriptions tout à fait exactes. "Comme tout semble beau, calme et immobile, comme une eau sans la moindre ride. Mais ce n'est pas le Néant. En méditation, je sens une Présence plongée dans la vie, mais absolument silencieuse et tranquille." Il serait difficile de mieux décrire cette expérience, l'expérience de la paix et du silence du Divin, ou du Divin lui-même, dans l'essence de son silence et de sa paix. Ce qu'il a ressenti au sujet de la Force est aussi tout à fait juste: "Quelque chose qui vient d'au-dessus de la création manifestée (mental-matière), une Force par-derrière, distincte de celle qui donne naissance aux émotions, à la colère, au désir sexuel, qui toutes, peu à peu, se purifient et se transforment." En d'autres termes, c'est la Force divine ou spirituelle, différente du vital cosmique qui soutient la conscience ordinaire incarnée; c'est aussi très clair. Je suppose que ce n'est encore qu'un contact, mais il est très authentique et très net, s'il fait naître un sentiment aussi vrai et aussi vif. Il serait, semble-t-il, en train de prendre un très bon départ.

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2469

L'expérience décrite dans votre lettre est un aperçu de la réalisation du vrai Moi qui est indépendant du corps. Quand elle se stabilise, c'est la libération (moukti). On ressent non seulement le corps, mais aussi le vital et le mental comme de simples instruments; on sent le moi calme, existant en soi, libre et vaste ou infini. Dans cette liberté, l'être psychique devient capable de transformer complètement la nature. Toutes vos expériences antérieures vous préparaient à cette expérience-ci, mais la conscience physique y faisait obstacle. Maintenant que vous avez entrevu le moi séparé du corps, cette difficulté physique devrait bientôt être surmontée.

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2470

Lorsqu'on réalise pour la première fois le silence dans la conscience supérieure, il n'y a pas de Temps; il y a seulement le sentiment d'une existence, d'une conscience, d'une paix pures ou d'un Ânanda puissant et indifférencié. La seule autre chose qui puisse apparaître est un mouvement mineur à la surface de cette existence-en-soi sans temps. Cela, et le sentiment de libération qui l'accompagne, est l'effet de la tranquillisation du mental. À un niveau plus Élevé, cette paix et cette libération demeurent, mais elles peuvent s'unir à un mouvement dynamique libre et plu vaste.

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2471

Dans le moi ou pure existence, il n'y a ni temps ni espace, ce n'est l'espace ou immensité de l'Esprit.

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2472

Non, dans le silence du moi, il n'y a pas de temps; c'est akāla.

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2473

Votre expérience de quelque chose qui sortait de la tête comme une flèche indique sans doute que quelque chose sortait de la conscience mentale pour se diriger vers un but ou un objet. Tantôt c'est une partie de la conscience mentale elle-même qui sort ainsi, soit vers le haut, vers un plan supérieur, soit dans le monde environnant, pour revenir ensuite; tantôt c'est une pensée-force ou une volonté-force. Nous émettons constamment des forces sans même le savoir, et souvent ces forces ont un effet à l'extérieur. Lorsque nous pensons à une personne, ou à un lieu et à des événements qui s'y déroulent, quelque chose peut sortir ainsi vers cette personne ou ce lieu. Si nous avons une volonté ou un fort désir mental qu'un événement se produise, une volonté force peut sortir et essayer de le provoquer. Mais des forces peuvent sortir aussi du mental intérieur sans aucune cause consciente à la surface.

Le yogi, dans votre vision, était peut-être un être des plans supérieurs ou une forme de Shiva. Les lotus indiquent une conscience pleinement développée aux endroits indiqués.

Votre désir d'un don de soi sans exigence sera certainement exaucé lorsque le psychique sera tout à fait ouvert. La position que vous avez fini par adopter au sujet de l'incident d'aujourd'hui est juste: faire sur soi-même un effort de perfection et n'être troublé par aucune faute chez les autres mais répondre par une volonté silencieuse pour qu'eux aussi deviennent parfaits, telle est toujours la bonne attitude.

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2474

Elle a eu cette expérience d'une grande étendue de lumière dorée au sommet d'une montagne parce que je lui avais demandé d'aspirer à recevoir les expériences supérieures de la conscience d'en haut. L'image symbolique de la montagne baignée de lumière à son sommet apparaît à la plupart des sâdhak qui ont tant soit peu le pouvoir de vision. La montagne est la conscience qui s'élève de la terre (le physique) par paliers successifs (vital, mental, mental supérieur) jusqu'aux cieux spirituels. La lumière dorée est toujours la lumière de la Vérité supérieure (supramentale, surmentale ou, un peu plus bas, la pure Intuition) et elle se présente comme une grande étendue lumineuse sur les sommets de l'être. X, en se concentrant sur la lumière, est entrée en contact avec les régions supérieures; les effets de cette concentration sont toujours la paix, la joie, la force, une conscience fermement établie dans le pouvoir du Divin. C'est évidemment par l'intermédiaire du psychique qu'elle a eu ce contact, mais l'expérience, en elle-même, relève de la conscience spirituelle supérieure au mental plutôt que du psychique.

La nature de la méditation dépend de la partie de l'être dans laquelle on est concentré à ce moment-là. Dans le corps (plutôt dans le corps subtil que dans le corps physique, mais aussi en liaison avec les parties correspondantes du corps Physique matériel) il y a des centres propres à chaque niveau de l'être. Il y a un centre au sommet de la tête et au-dessus elle qui est celui de la conscience au-dessus du mental ou conscience supérieure; il y a un centre dans le front, entre les sourcils, qui est celui du mental pensant, de la volonté mentale, de la vision mentale; il y a un centre dans la gorge qui est celui du mental expressif ou extériorisant; ce sont les centres du mental. Au-dessous viennent les centres du vital le cœur (centre de l'émotion), l'ombilic (centre dynamique de vie), puis un autre centre sous l'ombilic, dans l'abdomen qui est le centre vital inférieur ou centre vital des sensations Au bas de l'épine dorsale se trouve enfin le Moûlâdhâra ou centre physique. Derrière le cœur est le centre psychique. Si l'on se concentre dans la tête, comme le font de nombreux sâdhak, on recherche une méditation spirituelle et mentale; si c'est dans le cœur, c'est une méditation psychique; c'est ces endroits que l'on se concentre en général. Mais ce n'es pas nécessairement le mental ou le psychique qui émerge on s'ouvre en premier; ce peut être l'émotionnel ou le vital; cela dépend de la nature: ce qui, en elle, est le plus aisé à ouvrir a des chances de s'ouvrir en premier. Si c'est le vital, la méditation tend à projeter la conscience dans le plan vital et dans des expériences appartenant à ce plan. Mais à partir de là on peut atteindre le psychique en se retirant de plus en plus au-dedans, en se séparant des expériences vitales au lieu de s'absorber en elles, et en les observant avec détachement, comme si l'on était profondément à l'intérieur et que l'on regardait des objets extérieurs à soi. On peut, de même recevoir les expériences mentales en se concentrant dans la pensée et en produisant par ce moyen une expérience correspondante, comme par exemple la pensée que tout es Brahman; on peut encore se retirer de la pensée, observe ses propres pensées comme des objets extérieurs jusqu'à ce que l'on entre dans le silence et dans la pure expérience spirituelle.

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2475

L'illumination au-dessus de la tête, telle qu'on la voit d'ordinaire dans notre yoga, est la Lumière de la Vérité divine C'est au-dessus de la tête que règnent parfaitement la Paix, la Force la Lumière, la Connaissance, l'Ânanda du Divin. Ils commencent à descendre et à pénétrer le corps lorsque la conscience personnelle a été suffisamment préparée. La préparation est, en général, pleine de vicissitudes comme celles-ci, mais il faut persévérer avec patience, en s'ouvrant de plus en plus, jusqu'à ce que la conscience soit prête.

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2476

Si l'on peut demeurer sans cesse dans la conscience supérieure, tant mieux. Mais pourquoi n'y reste-t-on pas tout le temps? Parce que la conscience inférieure fait encore partie de la nature et vous attire vers elle, c'est-à-dire vers le bas. Si, au contraire, la conscience inférieure est transformée, elle devient une en substance avec la conscience supérieure et plus rien d'inférieur ne peut vous attirer vers le bas.

La transformation, c'est le processus par lequel on fait descendre la conscience ou la nature supérieure dans le mental, le vital et le corps pour qu'elle remplace la conscience inférieure. Le moi véritable possède une conscience supérieure qui est spirituelle, mais elle est au-dessus; si l'on s'élève pour y pénétrer, alors on est libre, tant qu'on y demeure; mais si l'on descend dans le mental, le vital et le corps, ou qu'on les utilise — et si l'on reste en contact avec la vie, on est obligé de le faire soit en descendant pour agir au moyen de la conscience ordinaire, soit en utilisant le mental, la vie et le corps tout en restant dans le moi — alors il faut faire face aux imperfections de ces instruments et les corriger; elles ne peuvent être corrigées que par la transformation.

Vous dites que vous vous élevez un peu au-dessus de la tête dans la conscience supérieure, mais où montez-vous? Dans le mental tranquille et au-dessus du vital, ou au-dessus du "mental lui-même dans quelque chose qui est toujours calme, pur et libre?

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2477

Non, ma question ne contenait aucune intention sarcastique. Vous aviez écrit qu'en s'élevant un peu au-dessus de la conscience ordinaire, on se libérait de la difficulté, et que c'était cela que l'on ressentait. Je pensais que vous vouliez parle de votre expérience personnelle. J'ai donc posé cette question, car l'expérience du mental tranquille est de celles qui peuvent aisément être interrompues par le malaise du vital ou l'inertie de l'être physique. L'expérience de la liberté et du calme profonds, qui est une partie intégrante du moi, subsiste, mais elle peut être cachée par la conscience inférieure.

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2478

On peut demeurer dans la conscience supérieure tout en collaborant à la transformation de la nature inférieure. C'est, sans aucun doute, la Force de la Mère qui fera le nécessaire, mais le consentement du sâdhak, l'association de sa volonté à Son action, ou du moins son attitude de témoin et d'observateur sont nécessaires aussi.

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2479

Vous aviez tendance à monter et à laisser la conscience I supérieure agir sur la nature inférieure sans faire aucun I effort personnel dans ce sens. Cette méthode aurait fort bien pu réussir, à deux conditions: (1) que la paix et la force descendent et occupent tout, jusqu'au physique; (2) que vous réussissiez à maintenir l'impassibilité de l'être intérieur g face à la nature extérieure. Le physique n'a pas réussi à absorber la paix, et à sa place l'inertie est apparue; la force n'a pas pu descendre; les influences de la nature extérieur se sont montrées trop fortes pour vous et se sont combinée avec l'inertie pour interrompre la sâdhanâ.

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2480

Je n'ai pas dit que vous aviez commis une erreur. J'ai simplement décrit ce qui s'était passé et quelles en étaient les causes. Si vous aviez été capable de demeurer au-dessus et de laisser la Force descendre et agir, tout en restant détaché, ig nature extérieure, tout se serait très bien passé. Vous avez été capable de monter parce que la Paix descendait. Vous n'avez pas été capable de rester en haut parce que la Paix ne pouvait pas occuper suffisamment le physique et que la Force ne descendait pas assez. Entre-temps, l'inertie est apparue, vous avez été de plus en plus troublé par les influences vitales dans la nature extérieure et par l'inertie oui vous envahissait, au point que vous êtes devenu incapable de rester détaché et de laisser la Force descendre progressivement, ou de l'appeler à descendre de plus en plus. D'où votre descente dans la conscience physique.

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2481

Si vous êtes capable de maintenir votre conscience au-dessus, c'est déjà quelque chose. Quant à l'ouverture, il est normal qu'elle soit venue, puis qu'elle ait paru cesser: l'expérience doit se répéter plusieurs fois avant de se stabiliser par un équilibre permanent de la conscience supérieure et une descente de plus en plus intense dans la tête et au-dessous. Ce qu'il faut éviter, c'est de se laisser tirer vers le bas: de nombreux sâdhak le font, mais ce procédé, qui vous fait marcher en crabe, n'est pas le bon. Il faut s'être stabilisé au-dessus avant de pouvoir descendre sans dégringoler. Non que la dégringolade, si elle se produit, empêche de remonter, car il n'en est rien; mais il n'y a aucune raison de la laisser se produire.

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2482

Je ne vois pas pourquoi vous devriez vous mettre à déchirer vos vêtements, à courir les routes ou à vous lacérer la gorge. Même si l'ouverture permanente ne vient pas tout de suite, us n'avez qu'à attendre et elle viendra inévitablement. Il 681 certes dommage que le vital agité se regimbe tellement contre le vide de la conscience; car si vous pouviez supporter ce vide, qui est maintenant neutre et par conséquent sans intérêt pour le vital, il deviendrait positif et serait un puissant réceptacle pour ce qui se déverserait d'en haut. La difficulté est que le vital a toujours eu l'habitude soit de faire quelque chose, soit que quelque chose se fasse, et quand il ne fait rien ou que rien ne se fait (ou qu'il semble en être ainsi à la surface), il s'ennuie et commence à sentir, à dire ou à faire des sottises. Cependant, malgré cet obstacle, la Descente peut venir; elle n'a pas besoin d'attendre le supramental.

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2483

Je dirais que cette première expérience d'une ouverture vers le haut et d'une montée dans la Lumière, suivies d'une chute dans la conscience ordinaire et la vie humaine normale, est très fréquente dans la pratique du yoga et peut fort bien se produire, même sans pratique du yoga, chez ceux qui sont prédestinés à la transformation spirituelle, surtout si, dans une certaine partie d'eux-mêmes, ils sont déçus par la vie ordinaire et cherchent quelque chose de plus, de plus grand ou de meilleur. Souvent cette expérience vient exactement comme elle l'a décrite; l'arrêt de l'expérience et la chute viennent aussi de la même manière. Cette première expérience peut être suivie d'une très longue période durant laquelle elle ne se répète pas ou n'est suivie d'aucune autre. Si la pratique du yoga est constante, l'intervalle ne sera pas forcément aussi long; même dans ce cas, cependant, il peut durer assez longtemps. La chute est inévitable parce que ce n'est pas l'être tout entier qui s'est élevé, mais seulement quelque chose à l'intérieur, et tout le reste de la nature n'est pas prêt, est absorbé par la vie ordinaire ou y est attaché et se laisse gouverner par des mouvements qui ne sont pas en harmonie avec la Lumière. Pourtant, ce quelque chose au-dedans est, dans l'être, un élément central, et l'expérience est par conséquent, d'une certaine manière, définitive et décisive. Car elle est un signe décisif de la destinée spirituelle et une indication de ce que l'on devra atteindre, un jour ou l'autre, dans la vie. Du moment qu'elle est venue, inévitablement quelque chose se passera qui ouvrira la voie, déterminera la connaissance juste et l'attitude juste nui permettront d'avancer sur le chemin, et apportera une influence salutaire. Ensuite on pourra commencer et poursuivre jusqu'à son terme le travail de déblayage des obstacles qui empêchent le retour à la Lumière et l'ascension de tout l'être, et — ce qui est tout aussi important — la descente de la Lumière dans l'être tout entier. Le temps que cela prendra dépend de l'élan intérieur et aussi des circonstances extérieures, mais l'aspiration et l'effort intérieurs comptent davantage que les circonstances qui peuvent s'adapter au besoin intérieur, s'il est très fort. Ce moment est venu pour elle, et aussi l'aspiration et la connaissance nécessaires, ainsi que l'influence qui peut l'aider.

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2484

La force que vous avez sentie venait évidemment de la Koundalinî qui montait à la rencontre de la Force au-dessus et faisait descendre l'énergie nécessaire pour dissiper la dépression, puis s'élevait de nouveau pour renforcer le lien entre l'En-Haut et les centres inférieurs. L'impression d'expansion de la tête est due à la rencontre du mental avec la conscience du Moi ou du Divin au-dessus. Cette conscience est vaste et illimitée et lorsqu'on s'y élève, la conscience individuelle brise elle aussi ses limites et se sent vaste et sans borne. Dans ces moments, on a souvent l'impression que l'on n'a ni tête ni corps, mais que tout est un vaste moi et sa conscience, ou que la tête, ou le corps, n'est qu'un détail dans ce tout. Le corps ou le mental physique se laisse parfois impressionner ou alarmer par ces expériences parce qu'elles "t, pour lui, anormales; mais il n'y a pas lieu de s'en mariner, elles sont fréquentes dans le yoga.

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2485

La colonne vertébrale est la voie principale de la montée et de la descente de la Force qui, par là, établit la communication entre la conscience supérieure et la conscience inférieure.

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2486

Cette sensation de part et d'autre de la colonne vertébrale et en elle est un signe de l'éveil du Pouvoir de la Koundalinî. On le sent comme un courant ascendant et descendant. Ces courants suivent deux principaux conduits nerveux, de chaque côté du passage central dans la colonne vertébrale. Le courant descendant est l'énergie d'en haut qui descend à la rencontre du Pouvoir endormi dans le centre nerveux inférieur, au bas de la colonne vertébrale. Le courant ascendant est l'énergie libérée qui s'élève de la Koundalinî éveillée. Ce mouvement, à mesure qu'il se poursuit, ouvre les six centres du système nerveux subtil, et grâce à cette ouverture, on échappe aux limitations de la conscience de surface enchaînée au corps matériel; de vastes domaines d'expérience, propres au moi subliminal (mental, vital, physique subtil) se découvrent au sâdhak. Lorsque la Koundalinî, traversant dans son ascension le sommet de la tête, rencontre la Conscience supérieure, il se produit une ouverture des régions supérieures du supraconscient, au-dessus du mental normal. C'est en en gravissant les degrés dans notre conscience, et en recevant une descente de leurs énergies, qu'il nous sera finalement possible d'atteindre le supramental. Telle est la méthode du Tantra. Dans notre yoga, il n'est pas nécessaire d'appliquer systématiquement cette méthode. Le processus se déroule spontanément, selon les besoins, par la force de l'aspiration. Dès qu'une ouverture se fait, le Pouvoir divin descend et mène l'action nécessaire, agit selon les besoins, chaque chose en son temps, et la Conscience yoguique commence à naître dans le sâdhak.

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2487

Sri Aurobindo ne peut pas entreprendre de vous guider et de devenir votre Gourou, car il n'accepte comme disciples que ceux qui suivent sa voie particulière de yoga; vos expériences se déroulent selon une voie différente. Dans son yoga, on peut ressentir de temps en temps un courant dans la colonne vertébrale comme dans d'autres conduits nerveux ou dans d'autres parties du corps, sans que la Koundalinî s'éveille de cette manière particulière et avec cette puissance. Il y a seulement une ascension tranquille de la conscience qui s'élève des centres inférieurs pour rejoindre, au-dessus, la conscience spirituelle, et une descente de la Force divine qui, d'en haut, vient accomplir son œuvre dans le mental et le corps; la manière et les étapes varient avec chaque sâdhak. La loi principale de ce yoga est une confiance parfaite en la Mère divine et une vigilance qui repousse toutes les influences et toutes les suggestions fausses. Votre ouverture, qui s'est faite selon les voies ordinaires du Tantra (sans même l'intervention de votre volonté), est déjà si puissante qu'elle a maintenant peu de chances de pouvoir changer pour s'adapter aisément à d'autres voies; tout effort dans ce sens risquerait d'entraîner un grave bouleversement. Par Gourou compétent, Sri Aurobindo entendait quelqu'un qui a lui-même pratiqué cette ouverture des centres et est devenu siddha dans cette voie de yoga. Cela ne devrait pas être impossible à trouver; quand on a un appel pour le Gourou, le Gourou vient tôt ou tard. En attendant, il est indispensable d'écarter la peur et de faire confiance à l'action du Divin, mais aucun effort ne doit être tenté pour forcer l'allure par une méditation concentrée, à moins d avoir un guide à qui l'on peut se fier: claire direction intérieure ou guide extérieur. L'inspiration relative à l'Idâ nâdî et l'action de la Shakti qui l'a suivie montrent qu'une intervention s'est produite à un moment critique et qu'un appel à cela, chaque fois que c'est nécessaire, aura toute chance d'être efficace.

Absolument rien, dans les expériences proprement dites e relate votre première lettre, n'aurait dû vous troubler: tout était parfaitement normal, les expériences étaient c1' celles qui viennent habituellement au yogi à ce stade; elle étaient bonnes et puissantes, telles qu'il n'en peut venir que par la grâce du Divin. L'ouverture est venue sans doute après une préparation lente et invisible, à la suite de la méditation sur le lotus au sommet de la tête; car cette méditation appelle toujours la Koundalinî à s'éveiller, ou la conscience inférieure à s'élever pour rejoindre la conscience supérieure. Les éléments perturbateurs sont venus en même temps que le sentiment de malaise dans le cœur, dû h même à une résistance dans l'être physique qui est fréquente et peut être surmontée par l'action de la Force, tout comme la peur qui est apparue ensuite dans les centres de la nature vitale: cœur, ombilic, etc. Mais cela ne faisait pas partie ( l'expérience; c'était l'interférence d'une réaction erronée venant de la conscience inférieure ou extérieure. Si vous ne vous étiez pas laissé troubler, rien de fâcheux n'aurait sans doute déformé ce processus. Il ne faut pas avoir peur des états, des mouvements ou des expériences inhabituels: le yogi doit être intrépide, abhī; avoir peur parce qu'on est capable de maîtriser ses états est absurde: ce pouvoir est très souhaitable et très bien venu dans le yoga.

Les crises relatées dans la deuxième lettre ne se seraient guère produites sans cette réaction; mais en tout cas l'intervention a eu lieu et y a mis bon ordre. Ces réactions, et le fait même que le bouleversement se soit produit, montrent cependant que quelque chose dans la conscience extérieure n'est pas tout à fait prêt; mieux vaut attendre et chercher un guide pour que des comportements ou des réactions d'ignorance ne fassent pas renaître un désagrément sérieux ou un grave danger. C'est tout ce que Sri Aurobindo peut vous donner en fait d'éclaircissements et de conseils. Il n'intervient pas, en général, lorsque la personne n'est pas son disciple, mais comme votre cas était inhabituel et votre appel pressant, il vous a donné au sujet de votre expérience toute la lumière qu'il peut vous apporter.

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2488

Yoga signifie union avec le Divin — une union qui peut être transcendante (au-dessus de l'univers), cosmique (universelle) ou individuelle; ou encore, comme dans notre yoga, les trois à la fois. Le yoga signifie aussi que l'on entre dans un état de conscience où l'on n'est plus limité par le petit ego, par le mental personnel, le vital personnel et le corps, mais où l'on est en union avec le Moi suprême, ou avec la conscience universelle (cosmique), ou encore avec quelque conscience intérieure plus profonde en laquelle on perçoit son âme, son être intérieur, et la vérité réelle de l'existence. Dans la conscience yoguique, on perçoit non seulement les choses mais les forces; non seulement les forces mais l'être conscient qui est derrière les forces. On perçoit tout cela, non seulement en soi-même, mais dans l'univers.

Il y a une force qui accompagne la croissance de la conscience nouvelle et qui, en même temps qu'elle grandit avec elle, l'aide à s'établir et à se parfaire. Cette force est la Shakti du yoga (yogaśakti). Elle est ici-bas repliée et assoupie dans tous les centres (cakra) de notre être intérieur, et elle forme à la base de la colonne vertébrale ce qu'on appelle dans les Tantra la Shakti Koundalinî. Mais elle est aussi au-dessus de nous, au-dessus de notre tête, en tant que Force divine — et là, elle n'est ni repliée ni emprisonnée ni assoupie, mais éveillée, consciente et puissante, étendue et vaste; elle est là, attendant de se manifester, et c'est à cette Force — au pouvoir de la Mère — que nous devons nous ouvrir. Dans le mental, elle se manifeste en tant que force mentale divine ou en tant que force mentale universelle et elle peut faire tout ce que le mental personnel est incapable de faire: c'est la force mentale yoguique. De même, quand elle se manifeste et agit dans le vital ou dans le physique, elle . se manifeste en tant que force vitale yoguique ou en tant que force corporelle yoguique. Elle peut s'éveiller sous toutes ces formes, éclatant vers le dehors et vers le haut, s'étendant en largeur depuis le bas. Ou bien elle peut descendre et devenir un pouvoir défini pour certaine action; elle peut se déverser de haut en bas dans le corps, œuvrant, établissant son règne, s'étendant en largeur depuis le haut. Elle peut relier ce qui est tout en bas en nous et ce qui est tout en haut au-dessus de nous, libérer l'individu dans l'universalité cosmique ou dans l'Absolu et le Transcendant.

Lumières sur le Yoga, chapitre 2. Traduction de la Mère.

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2489

Il y a une Yoga-Shakti qui reste lovée ou endormie, inactive dans le corps intérieur. Quand on fait le yoga, cette Force se déroule et monte à la rencontre de la Conscience et de la Force divines qui attendent au-dessus de nous. Quand ceci arrive, quand la Yoga-Shakti éveillée s'élève, on la sent souvent comme un serpent qui se déroule et se dresse, se soulevant de plus en plus haut. Lorsqu'elle rencontre la Conscience divine au-dessus, la force de la Conscience divine peut alors descendre plus facilement dans le corps et on peut la sentir travailler là à changer la nature.

La sensation que votre corps et vos yeux sont tirés vers le haut fait partie du même mouvement. C'est la conscience intérieure du corps qui bouge, la vision interne subtile dans le corps qui regarde vers le haut; elles cherchent à rencontrer la conscience et la vision divines au-dessus.

Les Bases du Yoga, chapitre 5. Traduction de la Mère.

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2490

L'Énergie dans la Koundalinî est celle de la Mère.

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2491

Je ne vois pas où réside votre difficulté. Une force divine est assoupie ou voilée par l'Inconscience dans la Matière, et b Force supérieure doit descendre et l'éveiller par la Lumière et la Vérité. C'est là une notion bien connue, et c'est la bai. même de notre yoga.

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2492

J'ai bien peur qu'en essayant d'appliquer des analogies scientifiques aux sujet spirituels ou yoguiques, on ne soit conduit plus souvent à la confusion qu'à autre chose, comme c'est le cas lorsqu'il s'agit de sujets philosophiques. La Koundalinî lovée dans le Moûlâdhâra est endormie, plongée dans l'inconscience, et soutient le jeu de l'Ignorance. Si, de là elle se soulève, les états d'Ignorance peuvent naturellement en être perturbés ou rompus, mais ce bouleversement serait plutôt salutaire et contribuerait à faire avancer le yoga. La Koundalinî, en devenant consciente, s'élève à la rencontre du Brahman dans le lotus aux mille pétales. Si elle se contentait de se projeter au dehors et de s'unir à la conscience supérieure, cela ne mènerait guère à un changement radical. Elle n'a évidemment pas besoin d'abandonner tout à fait son lien avec le centre physique, mais elle n'est plus lovée dans ce centre: si elle l'était, la grande force occulte qui réside en elle ne se libérerait pas. L'image habituelle de la Koundalinî dressée et éveillée est, je crois, celle d'un serpent qui se tient droit, la queue touchant le centre le plus bas et la tête le plus haut, le Brahmarandhra. Ainsi, tous les centres étant ouverts et actifs, elle unit les deux pôles de l'être, le supérieur et l'inférieur; elle unit la Matière à l'Esprit.

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2493

[Monter au-dessus de la tête:] C'est très bien. Ces ascensions contribuent à briser le couvercle entre les plans supérieur et inférieur dans la conscience et préparent l'élargissement.

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2494

La conduite à tenir dépend de l'endroit où se trouve le blocage. Deux mouvements sont nécessaires: l'un est l'ascension, par l'accroissement de la paix et du silence, jusqu'à leur source au-dessus du mental; c'est ce qu'indique la tendance de la conscience à sortir du corps pour s'élever au sommet de la tête et au-dessus, où il est facile de réaliser le Moi dans toute son immobilité, sa libération et son immensité, et de s'ouvrir aux autres pouvoirs de la Conscience supérieure. L'autre est la descente, dans les niveaux inférieurs jusqu'au plus physique et même au subconscient, de la paix, du silence, de la liberté et de l'immensité spirituelles, et des pouvoirs de la conscience supérieure à mesure qu'ils se développent. À chacun de ces mouvements peut s'opposer un blocage: blocage au-dessus, dû au mental et à la nature inférieure qui n'y sont pas habitués (c'est cela, en réalité, et non une incapacité) et blocage au-dessous, dû à la conscience physique et à sa lenteur naturelle à changer. Tout le monde a ces blocages, mais par la persévérance de la volonté et de l'aspiration ou abhyāsa, ils peuvent être surmontés.

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2495

L'immensité est le signe d'une extension de la conscience au-delà de ses limites ordinaires; la blancheur de l'immensité signifie que c'est dans la conscience pure qu'on la ressent, à moins que cette lumière blanche ou cette luminosité n'indique la présence de la conscience de la Mère, ou une influence de sa conscience. La barrière subtile que vous avez sentie doit être celle-là même qui vous empêche de monter à partir du cœur pour aller, au-delà, dans les régions supérieures. Il y a toujours à cet endroit une sorte de couvercle et c'est seulement lorsqu'il s'ouvre ou disparaît que l'on peut s'élever librement. On peut être conscient d'une "immensité invisible", mais on n'y a pas son moi tant que ce n'est pas fait.

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2496

L'immensité est nécessaire à l'action de la conscience supérieure; si l'être est enfermé en lui-même, des expériences intenses et une certaine ouverture aux contacts d'en haut peuvent se produire, mais la base solide qui est nécessaire à la transformation ne peut pas s'établir complètement.

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2497

Le vide et l'immensité dans le cerveau sont un très bon signe. C'est un état qui favorise l'ouverture horizontale à la conscience cosmique et l'ouverture verticale au Moi et au Mental spirituel supérieur, au-dessus de la tête.

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2498

La légèreté, l'impression que la tête disparaît et que tout est ouvert est un signe de l'élargissement de la conscience mentale qui n'est plus limitée par le cerveau et son sens corporel, qui n'est plus emprisonnée, mais vaste et libre. Cet état n'est ressenti tout d'abord qu'en méditation et les yeux fermés, mais à un stade ultérieur il devient permanent et on sent alors qu'on est devenu une conscience vaste qui n'est limitée par aucun sens corporel. Vous avez ressenti un peu cet élargissement de votre être dans votre deuxième expérience, lorsque la Mère appuyait son pied sur votre mental physique (la tête) jusqu'à ce qu'il s'enfonce et laisse place à ce sentiment d'un Moi infini. La conscience vaste, qui ne dépend pas du corps et n'est pas limitée par lui, est ce que l'on appelle dans le yoga l'Âtman ou Moi. Vous n'avez fait que l'entrevoir, mais plus tard cela devient normal et l'on sent que l'on a toujours été cet Âtman infini et immortel.

Je ne crois pas que l'insomnie, quand elle apparaît, soit due à l'inactivité, car même ceux qui ne travaillent pas du tout ont un bon sommeil. C'est autre chose, mais il faut surmonter cela.

Se souvenir sans cesse de la Mère est difficile et peu y sont parvenus, mais cela viendra en son temps. En attendant, sa Force agit en vous et y prépare votre conscience.

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2499

On rencontre d'abord le Moi au niveau du Mental supérieur, mais il n'est pas confiné à un seul endroit; on le sent en général comme quelque chose qui est répandu dans l'immensité, mais on peut aussi sentir une conscience centralisatrice dans le sahasrâra ou au-dessus de lui.

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2500

Le Moi gouverne la diversité de sa création par son unité sur tous les plans — depuis le mental supérieur jusqu'en haut — où la réalisation de l'Un est le fondement normal de la conscience. Mais lorsqu'on s'élève, le point de vue change, le pouvoir de conscience change, la Lumière devient de plus en plus intense et puissante. Bien que la réalisation statique de l'Infini, de l'Éternité et de l'Un hors du temps demeure identique, la vision des modes d'action de l'Un s'élargit de plus en plus, tandis que la Force trouve de meilleurs instruments et que l'on saisit de façon plus intégrale ce qu'il faut faire et connaître. Toutes les formes et constructions possibles deviennent de plus en plus visibles, elles sont mises à leur juste place, utilisables. De surcroît ce qui, dans le Mental supérieur, est connaissance par la pensée, devient illumination dans le Mental illuminé et vision intime et directe dans l'Intuition. L'Intuition voit par éclairs et ses combinaisons se font par un jeu constant de lumière, par révélations, inspirations, intuitions, discernements rapides. Le Surmental, lui, voit les choses avec calme et constance; c'est une vision massive qui embrasse de vastes étendues d'Espace et de Temps et toutes les relations, de façon globale: il crée et agit de la même façon; c'est le monde des grands Dieux, des Créateurs divins. Seulement chacun crée à sa manière; il voit tout, mais de son propre point de vue. Ce n'est pas l'harmonie ni la certitude absolues du Supramental. Voilà, imparfaitement exprimées, quelques-unes des différences. Bien entendu, je parle de ce que ces plans sont en eux-mêmes; lorsqu'ils agissent dans la conscience humaine, leur action est nécessairement très diminuée, car elle dépend alors des instruments humains, le mental, le vital et le physique, qui doivent être apaisés pour que ces plans puissent agir avec plus de force et révéler davantage leur nature.

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2501

La substance de la connaissance est identique sur tous les plans "au-dessus de la tête", mais le mental supérieur ne donne que la forme et la substance de cette connaissance dans la pensée et les mots; dans le mental illuminé, on trouve déjà une lumière, une énergie et un Ânanda de connaissance particuliers qui croissent à mesure que l'on s'élève vers les degrés supérieurs, ou à mesure que la connaissance vient de sources de plus en plus hautes. Dans le mental illuminé la lumière, etc., demeure diluée et diffuse; sur les plans supérieurs, elle devient de plus en plus intense, clairement définie, dynamique et efficace, au point de changer constamment la nature et le pouvoir de la connaissance.

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2502

L'Ignorance peut agir d'au-dessus de la tête, mais non comme une partie des plans supérieurs; elle vient du dehors. Les plans supérieurs juste au-dessus de la tête ne sont cependant pas la Vérité absolue; celle-ci, vous ne la trouvez que dans le supramental.

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2503

Les plans et le corps ne sont pas la même chose. Au-dessus de la tête, on voit tous les plans depuis le surmental en haut Jusqu'au mental supérieur en bas, mais ce n'est qu'une corrélation dans la conscience, non une localisation de fait dans l'espace.

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2504

À mesure que la pensée s'élève dans l'échelle, elle cesse d'être intellectuelle, devient illuminée, puis intuitive, puis surmentale et finit par disparaître à la recherche de l'ultime Au-Delà. Ce poème1 n'exprime cependant aucune pensée philosophique; c'est simplement la perception d'un certain mouvement, rien de plus.

Le bleu pâle est la couleur des régions supérieures du mental jusqu'à l'intuition. Plus haut, cette couleur se dore de la Lumière supramentale.

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2505

La pensée n'est pas dispensatrice de Connaissance; elle est la "médiatrice" entre l'Inconscient et le Supraconscient. Elle contraint le monde né de l'Inconscience à rechercher une Connaissance autre que la connaissance vitale instinctive ou purement empirique, une Connaissance qui dépasse la pensée; elle appelle cette Connaissance supraconsciente et prépare la conscience d'ici-bas à la recevoir. Elle se soulève jusqu'aux régions supérieures et, en disparaissant dans les niveaux du supramental et de l'Ânanda, se transforme même en quelque chose qui fera descendre leurs pouvoirs dans le moi silencieux qu'elle laisse derrière elle en cessant d'exister.

Le rouge doré est la couleur du supramental dans le physique; le poème décrit la Pensée durant la phase où elle subit la transformation, où elle est sur le point de s'élever dans l'Infini et de disparaître en lui. L'"hymne au verbe de flamme" est le Verbe de l'Inspiration supérieure, de l'Intuition, de la Révélation, qui est le sommet le plus élevé que puisse atteindre la Pensée.

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2506

Par moi intuitif, j'entends l'être intuitif, cette partie de l'être oui appartient au plan intuitif ou est en relation avec lui. L'intuition est l'un des plans supérieurs de la conscience, entre le mental pensant de l'homme et le plan supramental.

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2507

Le mental intuitif ne reçoit pas le contact direct du supramental. Au-dessus de lui se trouve le surmental, où l'intuition est plus haute et plus grande; au-dessus encore, ce sont les régions supramentales.

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2508

Je ne crois pas que l'on puisse dire que la pureté, la force et la beauté correspondent à des niveaux différents dans le mental intuitif. Ce sont des pouvoirs divins séparés, non des niveaux séparés. Mais le mental peut évidemment les ranger de cette manière, dans un certain but d'organisation.

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2509

La révélation fait partie de la conscience intuitive.

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2510

Il existe un discernement qui n'est pas intellectuel, qui est une perception directe.

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2511

On peut recevoir des intuitions, des communications venant du plan de l'Intuition, même si l'ego existe encore, mais on ne peut pas vivre dans l'immensité de l'Intuition en conservant la limitation de l'ego.

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2512

Pour vivre dans le plan de l'Intuition, il faut d'abord être ouvert à la conscience cosmique et vivre d'abord dans le Mental supérieur et illuminé, et tout contempler de là. Pour recevoir sans cesse l'Intuition d'en haut, ce n'est pas nécessaire; il suffit de sentir l'Un partout et d'entrer en contact avec les choses et les gens par l'intermédiaire du mental intérieur et du sens intérieur plutôt que par le mental et If sens extérieurs, car ceux-ci n'atteignent que la surface d( choses et ne sont pas intuitifs.

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2513

La conscience cosmique a de nombreux niveaux: physique cosmique, vital cosmique, Mental cosmique; au-dessus des plans supérieurs du Mental cosmique se trouve l'Intuition, au-dessus de l'Intuition le plan surmental, et encore au-dessus le supramental où commence le Transcendant. Pour vivre dans le plan de l'Intuition (et pas seulement recevoir des intuitions), il faut vivre dans la conscience cosmique, parce qu'en elle le cosmique et l'individuel se fondent pour ainsi dire l'un dans l'autre et la séparation mentale entre eux a déjà été abolie; nul ne peut donc atteindre ce plan s'il est encore dans l'ego séparateur.

Une réalisation statique reflétant le Satchidânanda est possible sur l'un quelconque des plans cosmiques, mais pour y pénétrer complètement, pour s'unir entièrement au Divin suprême dynamique autant que statique, il faut atteindre transcendance.

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2514

Le moi individuel n'est pas relié spécialement [à l'Intuition]; l'intuition est le pouvoir le plus élevé que puisse atteindre l'individu incarné sans s'universaliser. Lorsqu'il s'universalise, il devient capable d'entrer en contact avec le surmental. Si, par moi individuel, on veut dire jîvâtman, celui-ci peut se trouver sur n'importe quel plan de conscience.

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2515

Ce n'est pas le psychique, mais le mental qui se soulève et se transforme, et dont l'action s'intensifie lorsque la conscience devient intuitive. Le psychique est toujours, dans son essence, semblable à lui-même et il adapte son action à tout changement de conscience sans avoir besoin d'être transformé.

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2516

Oui, il y a des êtres [dans le plan de l'Intuition]. L'intuition est en contact direct avec la Vérité supérieure, mais ce contact n'est pas intégral. Elle reçoit la Vérité par éclairs et change en intuitions — en idées intuitives — ces perceptions fulgurantes de la Vérité. Les idées qui proviennent de l'Intuition vraie sont toujours justes dans leur domaine, mais lorsque l'intuition se trouve diluée dans la substance mentale ordinaire, sa vérité se mêle d'erreur.

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2517

Je ne me souviens pas du contexte dans lequel j'ai écrit cela. Mais pour prévenir une chute, il ne suffit pas de faire appel à l'intuition; si celle-ci est complète (et elle ne l'est pas tant que non seulement le mental, mais aussi le vital et le physique ne sont pas devenus intuitifs), elle peut vous faire comprendre tout le processus en vous et autour de vous, vous en rendre conscient, mais elle ne vous donne pas forcément la maîtrise complète de vos réactions. Pour cela, la Connaissance ne suffit pas; une certaine Volonté-Connaissance (connaissance et volonté fondues ensemble) ou un certain Pouvoir-Conscience est nécessaire.

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2518

Le surmental reçoit la Vérité divine et la disperse en formations variées, en jeux de forces divers, construisant ainsi, par cette dispersion, des mondes différents. Dans l'Intuition, la Connaissance est une Vérité qui n'est pas, par nature, globale et totale; c'est une Vérité qui surgit en autant de points, de contours, d'éclairs, qui se tient derrière la Connaissance et lui fournit ses perceptions directes.

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2519

X semble dire qu'au-delà du surmental se trouve un plan d'"Intelligence supérieure lumineuse". C'est impossible. Au-delà du surmental, il y a le supramental; le surmental est le plan le plus élevé en dessous du supramental, et X n'est pas encore en contact avec le supramental. Ce qu'il appelle ici surmental ne peut pas être le véritable surmental. Ses expériences sont celles du mental qui s'ouvre aux plans du mental supérieur et essaient de faire descendre quelque chose de ces plans et de leurs pouvoirs dans le mental, la vie et le corps.

Par cette classification en quatre mondes, il tente d'interpréter avec son mental quelque chose qu'il a vu, mais que son mental n'a pas compris correctement. Si Mahâsaraswatî l'a arrêté à ce moment-là, c'est certainement parce que son mental faisait une formation fausse et qu'il était inutile de la pousser plus avant.

À ce stade de son yoga, il doit observer ce qui se passe, sans attacher une importance définitive ou décisive à ce genre de classifications ou de catégories mentales. Le, mental, à ce stade, tantôt reçoit ces choses correctement, tantôt en fait des formations qui ne sont pas exactes et doivent être écartées ou rectifiées quand vient une connaissance plus haute.

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2520

La conscience que vous appelez supramentale est sans aucun doute au-dessus du mental humain; elle devrait cependant être appelée non pas supramentale, mais simplement supérieure. Cette conscience supérieure contient de nombreux degrés dont le supramental est le sommet, ou la source. Il n'est pas possible d'atteindre d'un seul coup ce sommet, cette source; la conscience inférieure doit tout d'abord se purifier et se préparer. C'est ce que signifie la Lumière que vous avez vue, dont le corps intérieur ou substance est trop dense et trop puissant pour que vous soyez dès à présent capable d'y pénétrer.

Nouvelles Lumières sur le Yoga, chapitre 1.

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2521

La descente surmentale est certes nécessaire à ceux qui veulent la transformation supramentale. Si la conscience ne s'ouvre pas au surmental, elle ne peut s'ouvrir directement au supramental. Si l'on reste dans le mental, même le mental illuminé ou l'intuition, on peut recevoir du supramental des messages indirects ou une influence, mais non obtenir la maîtrise directe du supramental sur la conscience ni la transformation supramentale.

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2522

Les gens parlent avec une grande légèreté du surmental et du supramental, comme s'il était très facile d'y pénétrer, et prennent à tort des mouvements inférieurs pour le surmental ou le supramental, brouillant ainsi la Vérité et retardant le progrès de la sâdhanâ.

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2523

Ce que vous voulez dire par Volonté-Connaissance n'est pas très clair. D'ordinaire, ce terme décrit le supramental où il n'existe aucune séparation entre la Connaissance et la Volonté qui agissent mutuellement l'une sur l'autre, ou plutôt sont indissolublement liées dans l'unité et sont par conséquent infaillibles. Vous dites que cette Volonté-Connaissance a pris forme dans le mental, le vital et le corps; s'il en était ainsi, cela signifierait que la transformation est stabilisée et décisive; il ne peut donc s'agir du supramental. C'est sans doute un certain plan de Vérité du surmental.

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2524

La connaissance et la volonté doivent naturellement s'unifier avant que chacune soit capable d'une action parfaite.

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2525

C'est l'expérience des plans transcendants tels qu'ils se reflètent sur les plans supérieurs de la conscience (surmental, etc.) par rapport à eux; on peut avoir une expérience du Satchidânanda et de ces plans tels qu'ils se reflètent dans le mental, le vital ou la conscience physique; on peut aussi l'avoir dans les plans supérieurs, mais sur chaque plan il apparaît sous une forme différente.

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2526

On a l'expérience du surmental lorsqu'on s'élève au plan surmental et que l'on voit les choses telles qu'elles sont dans ce plan, ou telles qu'elles apparaissent à une conscience qui voit les autres plans du point de vue surmental. Quand on est dans le mental, dans la vie ou dans le plan physique, une Influence surmentale descend et modifie plus ou moins les fonctionnements du mental, de la vie ou du physique selon les possibilités ou l'action à accomplir à ce moment. Il n'est pas le seul pouvoir, comme lorsqu'il est dans son propre plan; son action est subordonnée aux conditions mentales, vitales ou physiques. Son pouvoir est plus subjectif qu'objectif; il lui est facile de changer notre vision et notre expérience de l'objet, et la connaissance que nous en avons; il lui est moins aisé de changer l'objet, sa nature, les circonstances ou l'état extérieur des choses dans ce plan.

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2527

Il n'y a pas de dangers dans le surmental; seule la conscience inférieure, lorsqu'elle utilise mal des messages du surmental ou de la conscience supérieure, peut créer un danger. Il n'y a cas non plus de Mensonge dans le surmental. Le surmental fait partie de l'Ignorance, en ce sens qu'il est la connaissance la plus haute que puisse atteindre l'Ignorance, mais cette connaissance est encore divisée et ne peut donc connaître que des parties ou des aspects de la Vérité; elle n'est pas la connaissance intégrale. C'est pour cette raison qu'elle peut être mal utilisée et transformée en mensonge par le Mental.

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2528

L'expérience du surmental ne délivre pas forcément des mouvements du vital et du physique inférieurs; elle ne les transforme que jusqu'à un certain point, pour les préparer à une Vérité plus grande.

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2529

C'est tout à fait naturel. Dans ces expériences, vous commencez à percevoir la conscience propre aux autres plans. Ainsi vous avez l'expérience d'être une forme de la Conscience divine, de la Mère, et tant que dure l'expérience vous sentez Son pouvoir; quand l'expérience cesse, vous revenez à votre état normal, le pouvoir se retire. Ces expériences sont propres à la conscience qui possède la Connaissance surmentale et elles la préparent à la transformation.

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2530

C'est très simple: c'est l'attirance vers la Conscience divine, représentée par une expérience concrète. Le caractère concret de l'expérience vous rend perplexe, mais dans ce plan, toute expérience tend à être concrète, il n'y a pas de vérités "abstraites" comme dans le mental; même la pensée, dans le surmental, est une force concrète et une substance palpable.

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2531

Oui, c'est l'un des aspects de la Vérité, car dans le surmental la Vérité a de nombreux aspects séparés, combinés ou superposés.

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2532

Pourquoi pas? Les deux sont vrais, à différents niveaux du surmental ou dans différentes formations cosmiques qui viennent du surmental. Tous les aspects sont présents dans le surmental, même ceux que l'intellect considère comme contradictoires; dans le surmental, ils ne sont pas contradictoires, mais complémentaires.

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2533

Seul le supramental échappe totalement à l'erreur. Le surmental présente la vérité organisée selon différents modes qui tous, considérés globalement, représentent quelque chose qui ressemble à la vérité entière; mais ceux-ci à leur tour se reflètent en vous dans la conscience terrestre ou se communiquent à votre conscience terrestre en descendant des plans supérieurs, et la conscience terrestre, lorsqu'elle les reçoit, peut commettre des erreurs d'interprétation, de compréhension, d'application, d'organisation.

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2534

La certitude absolue en toutes choses ne peut venir que du supramental. En attendant, il faut poursuivre son chemin avec la connaissance que l'on peut recevoir des autres plans.

 

1 Cette lettre et la suivante ont trait à un poème de Sri Aurobindo intitulé Thought the Paraclete. Voir appendice, page 394.

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