SITE DE SRI AUROBINDO ET LA MÈRE
      
Page d’accueil | Les travaux | Les travaux du Sri Aurobindo | Lettres sur le Yoga

SRI AUROBINDO

Lettres sur le Yoga

Volume 3. Section 4

1. La triple transformation: psychique, spirituelle et supramentale

I II III  IV  V

V

2737

Il ne peut y avoir d'immortalité du corps sans supramentalisation; la potentialité est là, dans la force yoguique, et les yogis peuvent vivre 200, 300 ans ou plus, mais le principe ne peut pas réellement exister sans la supramentalisation.

La Science elle-même croit qu'un jour la mort sera vaincue par des moyens physiques, et ses raisonnements sont tout à fait fondés. Il n'y a pas de raison que la Force supramentale ne le fasse pas. Sur terre, les formes ne durent pas (elles le font dans d'autres plans) parce qu'elles sont trop rigides pour exprimer par une évolution le progrès de l'Esprit. Si elles deviennent assez malléables pour le faire, il n'y a pas de raison qu'elles ne se perpétuent pas.

*

2738

Ne savez-vous donc pas que certains vieillards ont une nouvelle ou troisième dentition à un âge avancé? Et si des glandes de singe peuvent renouveler les fonctions et les forces et faire repousser les cheveux sur un crâne chauve, comme l'a prouvé Voronoff sur des sujets vivants, alors? Et notez que la science n'en est qu'à ses débuts dans ces expériences. Si ces possibilités s'ouvrent à la science, pourquoi les dénierait-on absolument à d'autres techniques?

*

2739

La mort existe parce que l'être, dans le corps, n'est pas encore assez évolué pour continuer à se développer dans le même corps sans avoir besoin d'en changer, et le corps n'est pas lui-même assez conscient. Si le mental, le vital et le corps étaient plus conscients et plus malléables, la mort ne serait pas nécessaire.

*

2740

La mort physique est la dissolution de la forme physique, niais toute forme ne disparaît pas par la mort.

*

2741

Seule une transformation totale de la conscience que chacun doit opérer en lui-même peut immuniser contre une mort autre que celle qui est causée par la volonté personnelle de quitter le corps, et contre la maladie; l'immunité ne peut pas être obtenue automatiquement, sans cette réalisation.

*

2742

La mort elle-même n'a pas d'existence séparée, elle n'est qu'un effet du principe de dégradation du corps et ce principe est déjà là, il fait partie de la nature physique. Elle n'est pas non plus inévitable; si l'on peut avoir la conscience et la force nécessaires, la décrépitude et la mort ne sont pas inévitables. Mais amener cette conscience et cette force dans la nature matérielle tout entière est la chose la plus difficile qui soit; du moins suffisamment pour annihiler le principe de dégradation. Ce principe vous est apparu parce qu'il est présent dans le subconscient et dans la Matière où vous essayez en ce moment de faire descendre l'intuition et le surmental; il voulait pénétrer dans le centre subjectif pour combattre le pouvoir supérieur dans le mental autant que dans le corps.

*

2743

Je ne vois ici1 aucune ambiguïté. "En fait" et "attachée" n'évoquent rien d'inéluctable. "En fait" signifie simplement qu'en réalité, les choses étant ce qu'elles sont, actuellement, la mort est attachée à toute vie (sur terre) dont elle est le terme; mais cela ne suggère nullement l'idée que jamais il n'en sera autrement, ou que telle est la loi immuable de toute existence. C'est un fait, à l'heure actuelle, pour certaines raisons qui sont exposées dans ce texte, et qui découlent de certaines circonstances mentales et physiques, mais si celles-ci sont changées, la mort n'est plus inévitable. Il est évident que le changement ne peut venir que "si" certaines conditions sont remplies; tout progrès, tout changement par évolution repose sur un "si" qui doit être réalisé. Si le mental animal n'avait pas été poussé à élaborer la parole et la raison, l'homme mental n'aurait jamais vu le jour; mais le "si" — un "si" stupéfiant et formidable — a été réalisé. Il en est de même des "si" dont dépend un progrès ultérieur.

*

2744

La transformation de la conscience est nécessaire et sans elle il ne peut y avoir de siddhi physique. Mais la transformation supramentale complète n'est pas possible si le corps reste ce qu'il est, esclave de la mort, de la maladie, de la dégradation, de la douleur, de l'inconscience et de toutes les autres conséquences de l'ignorance. Si tout cela doit se perpétuer, la descente du supramental n'est guère nécessaire; pour effectuer la transformation de conscience qui entraînerait l'union avec le Divin sur le plan du mental spiritualisé, le surmental suffit; même le Mental supérieur suffit. La descente du supramental est nécessaire pour que la Vérité puisse avoir une action dynamique sur le mental, le vital et le corps. Le résultat final entraînerait la disparition de l'inconscience du corps; il ne serait plus soumis à la dégradation et à la maladie. Cela signifierait qu'il ne serait plus soumis aux processus qui entraînent normalement la mort. Si une transformation du corps devait se faire, elle se produirait par la volonté de celui qui l'habite. Telle serait l'essence de l'immortalité physique, et non une obligation de vivre 3000 ans qui serait, elle aussi, une servitude. Si, cependant, on voulait vivre 1000 ans ou plus, à supposer que l'on ait atteint la siddhi complète, ce ne devrait pas être impossible.

*

2745

C'est l'argument du Mâyâvâdi2 pour qui toute manifestation est inutile et irréelle parce qu'elle est temporaire; même la vie des dieux est inutile, puisqu'elle est dans le Temps et non dans l'Intemporel. Mais si la manifestation est d'une utilité quelconque, mieux vaut une manifestation parfaite qu'une manifestation imparfaite. "Être obligé de quitter volontairement le corps" est une contradiction dans les termes. On conserve le corps aussi longtemps que l'on veut, par une volonté illuminée, on le quitte ou on en change selon la même volonté. C'est tout différent d'un corps sans cesse assailli par le désir, la souffrance et la mort provoquée par la décrépitude et la maladie. Toujours à supposer que la manifestation divine — ou toute autre manifestation — en vaille la peine.

Quant au deuxième argument,3 la vie supramentale n'exclut pas le changement et le progrès. Je ne vois pas pourquoi la modification des cellules, à supposer qu'elle se poursuive dans le corps supramentalisé, ôterait toute valeur à la transformation, si cette modification mène à quelque chose d'aussi conscient et lumineux, ou plus.

*

2746

Immerger la conscience dans le Divin et faire en sorte que l'être psychique maîtrise toute la nature et la transforme sans cesse en la tenant orientée vers le Divin, jusqu'à ce que l'être tout entier puisse vivre dans le Divin, telle est la transformation que nous recherchons. Au-delà, il y a la supramentalisation, mais elle ne fait que porter la transformation à ses possibilités les plus hautes et les plus vastes: elle ne modifie pas sa nature essentielle.

L'immortalité est l'un des résultats possibles de la supramentalisation, mais ce n'est pas un résultat obligatoire et cela ne veut pas dire que ce sera une prolongation éternelle ou indéfinie de la vie telle qu'elle est. C'est ce que beaucoup de gens pensent; ils croient qu'ils resteront ce qu'ils sont, avec tous leurs désirs humains, et que la seule différence sera qu'ils pourront les satisfaire indéfiniment. Mais pareille immortalité ne vaudrait pas la peine d'être obtenue et avant qu'il soit longtemps, les gens s'en fatigueraient. Vivre dans le Divin et avoir la Conscience divine est en soi l'immortalité, et être capable de diviniser le corps aussi, et d'en faire un bon instrument des œuvres divines et de la vie divine, serait seulement l'expression matérielle de cette Conscience.

*

2747

Quant à la victoire sur la mort, ce n'est que l'une des conséquences de la supramentalisation, et à ma connaissance je n'ai pas renié mes opinions sur la descente supramentale. Mais jamais je n'ai dit ni pensé que par la descente supramentale, tout le monde deviendrait automatiquement immortel. Le supramental peut seulement créer les meilleures conditions possibles pour que tous ceux qui seront capables de s'ouvrir à lui, aussitôt ou par la suite, puissent atteindre la conscience supramentale et en ressentir les effets. Mais il ne dispenserait pas de la nécessité de la sâdhanâ. S'il le faisait, la conséquence logique serait que la terre entière, les hommes, les chiens, les vermisseaux s'éveilleraient soudain pour s'apercevoir qu'ils sont supramentaux. Il n'y aurait nul besoin d'Ashram ni de yoga.

Pourquoi vital? Ce qui est vital, c'est la transformation supramentale de la conscience; la victoire sur la mort est une chose mineure et — je l'ai toujours dit — sa dernière conséquence physique et non le premier de tous ses effets ni le plus important, une chose qui s'ajoutera pour compléter l'ensemble, non la seule chose nécessaire et essentielle. Lui donner la première place, c'est renverser toutes les valeurs spirituelles; cela signifierait que le chercheur est mû non par un objectif spirituel élevé, mais par un attachement vital à la vie, ou par une quête égoïste et craintive de la sécurité du corps. Un tel état d'esprit ne pourrait amener la transformation supramentale.

Tout dépend certes de ma réussite... Mais est-ce que vous imaginiez qu'elle aurait pour conséquence l'abolition de la mort sur toute la planète, et que la sâdhanâ cesserait d'être une nécessité pour quiconque?

*

2748

Ce que vous dites à ce sujet est tout à fait exact. La sâdhanâ comporte trois étapes: la transformation psychique, le passage vers les niveaux supérieurs de conscience — accompagné d'une descente de leurs forces conscientes — et le supramental. Dans la dernière, même la maîtrise de la mort est un stade ultime et non initial. Chacune de ces étapes exige beaucoup de temps et un effort élevé et soutenu.

*

2749

Il est tout à fait oiseux de penser à transformer le corps quand d'autres choses bien plus faciles à faire (quoique, bien entendu, aucune ne soit facile) ne sont pas faites. Le dedans doit changer avant que le dehors puisse suivre. Ainsi, à quoi sert cette concentration, à moins de croire que tout le reste est parfait, ce qui serait plutôt étonnant? Ce qu'il faut commencer par faire avec le corps, c'est l'ouvrir à la Force afin qu'il reçoive l'énergie contraire à la maladie et à la fatigue; quand celles-ci viennent, il faut avoir le pouvoir de réagir et de les rejeter, et garder un courant de force constant dans le corps. Cela fait, le reste de la transformation corporelle peut attendre son heure.

*

2750

Il est tout à fait vrai que la consécration, et la transformation de l'être tout entier qui en découle, sont le but du yoga; le corps n'est pas exclu, mais cette partie de l'entreprise est aussi la plus difficile et la plus incertaine; le reste, bien que ce ne soit pas facile, est comparativement moins difficile à réaliser. On doit commencer par une maîtrise intérieure de la conscience sur le corps, un pouvoir de le faire obéir de plus en plus à la volonté ou à la force qui lui est transmise. À la fin, à mesure qu'une Force de plus en plus haute descend et que le corps acquiert davantage de plasticité, la transformation devient possible.

*

2751

On ne peut pas parvenir à l'immortalité si l'on est attaché au corps, car c'est seulement en vivant dans la partie immortelle de soi-même, qui ne s'identifie pas au corps, et en faisant descendre sa conscience et sa force dans les cellules, qu'elle peut venir. Je parle évidemment de moyens yoguiques. Les hommes de science soutiennent maintenant qu'il est possible (au moins théoriquement) de découvrir des moyens physiques de vaincre la mort, mais cela reviendrait à prolonger la conscience actuelle dans le corps actuel. À moins que la conscience et les fonctions du corps ne soient transformées, le gain serait bien mince.

*

2752

Cela dépend de la conscience. Le fait est qu'à présent, la plupart des gens ne se lassent pas de vivre; ils meurent parce qu'ils y sont forcés, et non parce qu'ils le veulent; du moins c'est vrai du vital; seule une minorité d'individus se fatigue de vivre et dans de nombreux cas, c'est parce qu'ils subissent les inconforts de la vieillesse, sont constamment en mauvaise santé et ne sont pas heureux. Supposons qu'une conscience descende dans le corps, qui le débarrasserait de ces inconforts: les gens se lasseraient-ils tout autant de la vie, simplement à cause de sa durée, ou auraient-ils, en eux et en dehors d'eux, une source perpétuelle d'intérêt qui les ferait continuer? C'est la question. Évidemment l'immortalité physique ne signifierait pas que l'on serait ligoté au corps, mais que l'on ne serait plus soumis à la maladie et à la mort et que l'on pourrait garder ou quitter son corps à volonté. Je ne sais pas si Ashwatthamân4 vit toujours parce qu'il ne peut pas ou parce qu'il ne veut pas mourir, si c'est pour lui une fatalité ou un privilège. À propos, certains animaux vivent des centaines d'années, mais comme ils n'ont pas une tournure d'esprit philosophique, ils ne se posent pas la question; c'est sans doute pour eux une chose qui va de soi.

*

2753

Ce que vous dites de la lassitude de vivre est exact. Dans la famille d'Edison, on vivait très vieux, mais son grand-père, devenu centenaire, trouva que c'était trop long et mourut volontairement. Certains individus ont au contraire un vital puissant et ne se lassent pas de vivre, comme ce Turc qui, paraît-il, est mort récemment à l'âge de 150 ans et était cependant toujours avide de vivre.

*

2754

Il est fondamentalement vrai que chez la plupart des gens le plaisir de vivre, d'exister, l'emporte sur les désagréments de la vie; sinon, pour la plupart, ils voudraient mourir, alors qu'en fait ils veulent tous vivre; et si vous leur proposiez un moyen facile de disparaître à jamais, ils refuseraient sans un mot de remerciement. C'est ce que dit X, et c'est indéniable. Il est vrai aussi que la cause en est l'Ânanda de l'existence qui est derrière toute chose et se reflète dans le plaisir instinctif d'exister. Naturellement, ce plaisir essentiel et instinctif n'est pas l'Ânanda, il n'en est qu'un pâle et faible reflet dans une conscience inférieure de vie, mais il suffit à son but. J'ai dit cela moi-même quelque part et je ne vois rien d'absurde ni d'excessif dans cette affirmation.

*

2755

Certains se dégoûtent du corps en raison de son impureté, mais je dois dire qu'ils sont très rares.

Cette affirmation de Pâtanjali5 postule que le mental est tout; donc si j'ai l'idée que le corps est impur, tous mes sentiments seront en harmonie avec cette idée. Mais ce n'est pas le cas: d'autres parties de l'être ne se soucient pas de l'idée ou de la connaissance du mental et n'en sont pas affectées, mais sont guidées par leurs instincts et leurs désirs. Seuls ceux qui ont déjà une tendance au vairāgya peuvent utiliser la proposition de Pâtanjali pour ajouter au vairāgya déjà existant. Le médecin, par exemple, considère sa connaissance de la composition du corps comme un ensemble de faits scientifiques qu'il tient là, à l'écart, dans le compartiment scientifique de son mental, et cela n'affecte en rien ses autres idées, ses sentiments ou ses activités.

*

2756

Par la perfection supramentale, le corps devient conscient, s'emplit de conscience, et comme c'est la Conscience-de-Vérité, toutes ses activités, ses fonctions, etc. deviennent, par le pouvoir de la conscience en lui, harmonieuses, lumineuses, justes et vraies, sans ignorance ni désordre.

La méthode du Hathayoga consiste à introduire une force vitale immense dans le corps et par cette force, ainsi que par certains procédés, à le maintenir vigoureux, en bonne santé: un bon instrument.

*

2757

C'est un corps lumineux dont parlent les Véda, et que posséderaient les êtres des plans supérieurs. Certaines écoles de yoga, en Orient et en Occident, présument que lors de la dernière transformation qui aura lieu sur terre, l'homme élaborera un corps doté de ces caractéristiques. Le premier instructeur spirituel de Mère l'appelait le "corps glorieux".

*

2758

J'ai lu la Bible, avec beaucoup d'assiduité à une certaine époque [...] Cette lecture m'apportait toujours un sentiment d'imprécision dans la substance de la pensée, malgré la vivacité de l'expression, et c'est pourquoi il m'est très difficile d'avoir une quelconque certitude en la matière. Ce passage concernant le corps, par exemple: bien que saint Paul ait eu des expériences mystiques remarquables et, sans aucun doute, une connaissance spirituelle profonde — plus profonde que vaste, je crois — je ne jurerais pas qu'il se réfère ici au corps supramentalisé (corps physique). Peut-être s'agit-il du corps supramental ou de quelque autre corps lumineux dans son propre espace et sa propre substance, dont il s'est senti parfois comme enveloppé, et qui abolissait cette enveloppe matérielle qu'il ressentait alors comme un corps de mort. Ce verset — comme bien d'autres — se prête à plusieurs interprétations et concerne peut-être une expérience tout à fait supraphysique. L'idée d'une transformation du corps apparaît dans différentes traditions, mais je n'ai jamais été tout à fait sûr qu'elle signifiait la transformation de notre matière même. Il y avait récemment dans la région un yogi qui enseignait cela, mais il espérait qu'une fois la transformation achevée, il disparaîtrait dans la lumière. Les vishnouïtes parlent d'un corps divin qui remplacera celui-ci quand la siddhi sera atteinte. Mais là aussi, est-ce un corps physique divin ou un corps supraphysique? Rien n'empêche, en même temps, de supposer que toutes ces idées, intuitions, expériences, sans se référer exactement à une transformation physique, vont dans cette direction.

*

2759

Nombreux sont ceux qui, en spéculant sur ce sujet, ont eu l'idée que le corps de l'espèce future sera un corps lumineux (corps glorieux),6 ce qui pourrait signifier radioactif. Mais il faut aussi considérer (1) qu'un corps supramental sera nécessairement un corps où la conscience déterminera jusqu'à l'action et la réaction physiques les plus matérielles, et que celles-ci, par conséquent, ne dépendront pas entièrement de conditions ou de lois matérielles telles qu'elles sont actuellement connues; (2) que le processus subtil sera plus puissant que le processus matériel, de sorte qu'une action subtile d'Agni sera capable d'effectuer ce qui, actuellement, nécessiterait un changement physique comme, par exemple, une élévation de température.

*

2760

Si la conscience ne peut déterminer l'action et la réaction physiques dans le corps actuel, s'il lui faut une base différente, cela signifie que cette base différente doit être préparée par des moyens différents. Par quels moyens? physiques? Les anciens yogis ont essayé de le faire en pratiquant une tapasyâ physique, d'autres en recherchant l'élixir de longue vie, etc. Selon notre yoga, l'action de la Force et de la conscience supérieures, qui inclut l'action subtile d'Agni, doit ouvrir et préparer le corps et le rendre plus réceptif à la Conscience-Force, alors qu'actuellement il est fixé dans ses habitudes (appelées lois). Mais seule l'action supramentale peut créer une base différente. Et le supramental n'est-il pas seul à pouvoir déterminer sa propre base?

*

2761

Je ne cherchais nullement à éluder quoi que ce soit; seulement dans la mesure où je ne sais pas encore quelle sera la constitution chimique du corps transformé, je ne pouvais rien répondre à cette question. C'est pourquoi j'ai dit qu'elle nécessitait une recherche.

Je ne faisais qu'exposer mon idée sur la question, qui a toujours été que le supramental créera sa propre base physique. Si vous voulez dire que le supramental ne peut pas s'accomplir dans le corps actuel, tel qu'il fonctionne à présent, c'est vrai. Les processus devront être changés, c'est évident. Dans quelle mesure la constitution du corps sera transformée, et dans quelle direction, c'est une autre affaire. Comme je le disais, et comme vous l'avez suggéré, il peut devenir radioactif; Théon (l'instructeur de Mère en occultisme) en a parlé comme d'un corps lumineux, le corps glorieux.7 Mais cela n'implique pas qu'il sera impossible au supramental d'agir dans le corps actuel pour le transformer. C'est ce que j'envisage maintenant.

Une certaine transformation préliminaire est évidemment nécessaire, tout comme la transformation psychique et spirituelle précède la transformation supramentale. Mais il s'agit là d'un changement de la conscience physique jusqu'en bas, jusqu'à la conscience enfouie dans les cellules, afin que celles-ci puissent répondre aux forces supérieures et les laisser entrer; c'est aussi, dans une certaine mesure, un changement ou du moins une plus grande plasticité dans les fonctionnements. Les règles relatives à la nourriture, etc., ont pour but d'y contribuer, en minimisant les obstacles. Jusqu'à quel point cela entraîne un changement dans la constitution chimique du corps, je ne saurais le dire. Il me semble pourtant que quels que puissent être les changements préparatoires, seule l'action de la Force supramentale peut les consolider et les parachever.

 

1 Ces observations portent sur une phrase de la Mère: "En fait, la mort a été attachée à toute vie sur terre." (Entretien du 5 mai 1929, Conversations, édition 1979, p. 43.)

En arrière

2 "À quoi bon la transformation du physique si après tout, volontairement (si l'on a atteint la conscience de l'immortalité) ou involontairement (dans d'autres cas), on est obligé de quitter le corps?"

En arrière

3 "La matière, en particulier les cellules du corps, subit une modification à chaque seconde, alors quelle peut être, pour le corps, la valeur de la transformation?"

En arrière

4 Ashwatthamân est censé avoir vécu 36 000 ans au bord de la rivière Narmada.

En arrière

5 śaucāt svāṅga-jugupsā: "De la propreté naît le dégoût du corps", Yoga-soutra de Pâtanjali, chapitre 2, 40.

En arrière

6 En français dans le texte.

En arrière

7 En français dans le texte.

En arrière

Sur russe

À l'anglais

in German