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SRI AUROBINDO

Lettres sur le Yoga

Volume 3. Section 4

1. La triple transformation: psychique, spirituelle et supramentale

I II  III  IV V

III

2535

C'est la descente des pouvoirs de la conscience supérieure située au-dessus de la tête. En général, cette conscience descend de centre en centre jusqu'à remplir l'être tout entier. Mais son action est, au début, très fluctuante. Elle ne devient constante que lorsque la Paix d'en haut est non seulement descendue, mais établie dans tout l'organisme. La descente a pour but de transformer la conscience; cette transformation prend cependant du temps et tout ne se fait pas en un moment.

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2536

J'ai dit que la voie la plus décisive pour que la Paix et le Silence puissent venir était une descente d'en haut. En fait, et en réalité — bien que pas toujours en apparence — c'est ainsi qu'ils viennent toujours; pas toujours en apparence parce que le sâdhak ne se rend pas nécessairement compte de ce qui se passe; il sent la paix s'établir en lui, ou du moins se manifester, mais il n'a pas été conscient d'où ni comment elle est venue. Pourtant, la vérité est que tout ce qui appartient à la conscience supérieure vient d'en haut; non seulement la paix et le silence spirituels, mais la Lumière, le Pouvoir, la Connaissance, la vision et la pensée supérieures, l'Ânanda, viennent d'en haut. Il est possible aussi, jusqu'à un certain point, qu'ils viennent de l'intérieur, mais c'est parce que l'être psychique leur est ouvert directement et qu'ils descendent là d'abord, puis se révèlent dans le reste de l'être à partir du psychique, ou parce que ce dernier passe au premier plan. Une révélation du dedans ou une descente d'en haut sont les deux voies souveraines de la siddhi du yoga. Un effort du mental de surface, externe, ou de l'être émotif, une tapasyâ ou une autre, peuvent sembler édifier quelque réalisation de ce genre, mais les résultats sont généralement incertains et fragmentaires, comparés à ceux que donnent les deux voies radicales. C'est pourquoi, dans notre yoga, nous insistons toujours sur la nécessité d'une ouverture" comme condition indispensable pour que la sâdhanâ porte ses fruits — une ouverture du mental, du vital et du physique intérieurs vers le dedans, à la partie la plus Profonde en nous, le psychique, et une ouverture vers le haut, à ce qui est au-dessus du mental.

La raison fondamentale en est que ce petit mental, ce petit vital et ce petit corps que nous appelons nous-mêmes ne sont qu'un mouvement de surface et pas du tout notre vrai "moi". Tout cela n'est qu'un bout de personnalité extérieur mis en avant pendant une brève existence, pour le jeu de l'Ignorance. Cette personnalité est pourvue d'un mental ignorant qui tâtonne à la recherche de fragments de vérité, d'un vital ignorant qui se précipite ça et là à la recherche de fragments de plaisir, d'un physique obscur, surtout subconscient, qui reçoit le choc des objets et qui subit plutôt qu'il ne les possède la douleur ou le plaisir qui en résultent. Tout cela est accepté jusqu'à ce que le mental s'en dégoûte et se mette en quête de la Vérité réelle de lui-même et des choses, jusqu'à ce que le vital s'en écœure et commence à se demander s'il n'existe pas quelque chose comme une vraie béatitude, et jusqu'à ce que le physique s'en fatigue et veuille être libéré de lui-même, de ses douleurs et de ses plaisirs. Alors il devient possible à cet ignorant petit bout de personnalité de retourner à son vrai Moi, et en même temps à des réalisations plus vastes — ou bien à l'extinction de soi, au nirvana.

Le vrai Moi ne se trouve nulle part à la surface, mais profondément au-dedans et en haut. Au-dedans se trouve l'âme qui soutient le mental intérieur, le vital intérieur et le physique intérieur, et ceux-ci ont une capacité d'extension universelle qui peut apporter ce dont nous avons besoin maintenant: un contact direct avec la vérité de nous-mêmes et des choses, un goût de la béatitude universelle, une libération de notre petitesse prisonnière et des souffrances du corps physique grossier. Même en Europe, on admet très fréquemment aujourd'hui l'existence de "quelque chose" derrière la surface; mais on se trompe sur la nature de ce quelque chose et on l'appelle "subconscient" ou "subliminal", alors qu'en réalité il est très conscient à sa façon et qu'il n'est pas subliminal mais seulement derrière le voile. Selon notre psychologie, cet être intérieur est relié à la petite personnalité extérieure par certains centres de conscience que nous pouvons percevoir par le yoga. Un peu seulement de l'être intérieur s'échappe par ces centres et passe dans la vie extérieure, mais ce peu est la meilleure partie de nous-mêmes; c'est à lui que nous sommes redevables de notre art, notre poésie, notre philosophie, nos idéaux, nos aspirations religieuses, nos efforts vers la connaissance et la perfection. Mais la plupart des centres intérieurs sont fermés ou endormis; les ouvrir et les rendre éveillés et actifs est l'un des buts du yoga. À mesure qu'ils s'ouvrent, les pouvoirs et les possibilités de l'être intérieur s'animent en nous; nous nous éveillons d'abord à une conscience plus vaste, puis à une conscience cosmique; nous ne sommes plus des petites personnalités séparées avec une vie limitée; nous devenons les centres d'une action universelle, en contact direct avec les forces cosmiques. En outre, au lieu d'être sans le vouloir le jouet de ces forces, comme l'est la personne de surface, nous pouvons dans une certaine mesure devenir conscients et maîtres du jeu de la nature — cette mesure dépend du développement de l'être intérieur et de son ouverture vers le haut, aux niveaux spirituels supérieurs. En même temps, l'ouverture du centre du cœur libère l'être psychique, et celui-ci commence à nous rendre conscients du Divin en nous et de la Vérité supérieure au-dessus de nous.

Car le Moi spirituel suprême n'est pas même derrière notre personnalité ni notre existence corporelle; il est au-dessus et il les dépasse tout à fait. Le plus élevé des centres intérieurs est dans la tête, de même que le plus profond est dans le cœur; mais le centre qui s'ouvre directement au Moi, est au-dessus de la tête, tout à fait hors du corps physique, dans ce que l'on appelle le corps subtil, sūkṣma śarīra. Ce Moi a deux aspects, et lorsqu'on entre dans sa réalité, les résultats correspondent à ces deux aspects. L'un est statique: c'est un état de paix, de liberté, de silence vastes; le Moi silencieux n'est affecté par aucune action ou expérience; il les soutient sans partialité et ne semble pas du tout les engendrer mais se tenir en arrière, détaché ou indifférent, udāsīna. L'autre aspect est dynamique; on le perçoit comme un Moi ou Esprit cosmique qui non seulement soutient mais engendre et contient toute l'action cosmique — non seulement la partie de l'action cosmique qui concerne notre moi physique, mais aussi tout ce qui est au-delà: ce monde-ci et tous les autres mondes, les domaines supraphysiques autant que les domaines physiques de l'univers. En outre, on sent que le Moi est un en tout, mais on sent aussi qu'il est au-dessus de tout, transcendant, surpassant toute naissance individuelle ou toute existence cosmique. Entrer dans le Moi universel — un en tout — c'est être libéré de l'ego; l'ego devient une petite circonstance instrumentale dans la conscience, ou même il disparaît tout à fait de notre conscience. C'est l'extinction ou nirvana de l'ego. Entrer dans le Moi transcendant au-dessus de tout, nous rend capables de dépasser complètement la conscience et l'action cosmiques elles-mêmes — ce peut être la voie de la libération complète hors de l'existence dans le monde, appelée aussi extinction, laya, môksha, nirvāṇa.

Mais notons que la paix, le silence et le nirvana ne sont pas nécessairement le seul aboutissement de l'ouverture vers le haut. Non seulement le sâdhak prend conscience d'une paix, d'un silence, d'une étendue immenses et finalement infinis au-dessus de lui, au-dessus de sa tête pour ainsi dire, et s'étendant dans tout l'espace physique et supraphysique, mais il peut prendre conscience d'autres choses aussi: d'une vaste Force en laquelle est tout pouvoir; d'une vaste Lumière en laquelle est toute connaissance; d'un vaste Ânanda en lequel est toute béatitude et tout ravissement. Tout d'abord, ces expériences apparaissent comme essentielles, indéterminées, absolues, simples, kevala; un nirvana semble possible dans l'une quelconque d'entre elles. Mais nous pouvons arriver à voir aussi que cette Force contient toutes les forces, cette Lumière toutes les lumières, cet Ânanda toute la joie et toute la béatitude possibles. Et tout cela peut descendre en nous. Séparément ou ensemble, toutes ces expériences peuvent descendre, et pas seulement la paix; mais le plus prudent est de faire d'abord descendre une paix et un calme absolus, car cela donne plus de sécurité pour la descente du reste, sinon il peut être difficile pour la nature extérieure de contenir ou de supporter tant de Force, de Lumière, de Connaissance ou d'Ânanda. L'ensemble de ces expériences constitue ce que nous appelons la Conscience spirituelle supérieure ou Conscience divine. L'ouverture psychique par le cœur nous met essentiellement en contact avec le Divin individuel, le Divin dans sa relation intime avec nous; c'est surtout la source de l'amour et de la bhakti. L'ouverture vers le haut nous met en relation directe avec le Divin intégral et peut créer en nous la conscience divine et une nouvelle naissance ou des nouvelles naissances de l'esprit.

Lorsque la Paix est établie, cette Force supérieure ou divine qui vient d'en haut, peut descendre et travailler en nous. D'habitude, elle descend d'abord dans la tête et libère les centres du mental intérieur, puis dans le centre du cœur et libère pleinement l'être psychique et émotif, puis dans le centre ombilical et les autres centres vitaux et libère le vital intérieur, puis dans le Moûlâdhâra et au-dessous, et libère l'être physique interne. Cette Force divine travaille pour la perfection et pour la libération en même temps; elle prend la nature tout entière, élément par élément, et la travaille, éliminant ce qui doit être éliminé, sublimant ce qui doit être sublimé, créant ce qui doit être créé. Elle intègre, harmonise, établit dans la nature un rythme nouveau. Elle peut aussi faire descendre une force de plus en plus haute et des étendues de plus en plus élevées de la nature supérieure, jusqu'à ce qu'il devienne possible, si tel est le but de la sâdhanâ, de faire descendre la force et l'existence supramentales. Tout cela est préparé, soutenu, aidé par le travail de l'être psychique dans le centre du cœur; plus il est ouvert, en avant, actif, plus le travail de la Force sera prompt, sûr et ais. Plus l'amour, la bhakti et la soumission grandissent dans le cœur, plus l'évolution de la sâdhanâ devient rapide et parfaite. Car la descente et la transformation impliquent en même temps un contact et une union croissants avec le Divin.

Tel est le principe fondamental de la sâdhanâ. Il apparaîtra clairement que les deux choses les plus importantes ici sont l'ouverture du centre du cœur et l'ouverture des centres du mental à tout ce qui est derrière eux et au-dessus. Car le cœur s'ouvre à l'être psychique et les centres du mental s'ouvrent à la conscience supérieure; or, la conjonction de l'être psychique et de la conscience supérieure est le principal moyen d'obtenir la siddhi. La première ouverture s'effectue par une concentration dans le cœur, un appel au Divin pour qu'il se manifeste en nous et qu'à travers le psychique, il se saisisse de notre nature tout entière et la dirige. L'aspiration, la prière, la bhakti, l'amour, la soumission sont les principaux supports de cette partie de la sâdhanâ — accompagnés du rejet de tout ce qui barre la route à ce à quoi nous aspirons. La seconde ouverture s'effectue par une concentration de la conscience dans la tête (ensuite, au-dessus de la tête) et une aspiration, un appel, une volonté soutenue de faire descendre dans l'être la Paix, le Pouvoir, la Lumière, la Connaissance, la Béatitude (Ânanda) divins — la Paix d'abord, ou la Paix et la Force ensemble. En fait, quelques-uns reçoivent d'abord la Lumière ou d'abord l'Ânanda, ou sont brusquement envahis par la Connaissance. Pour certains, il y a d'abord une ouverture qui leur révèle un Silence, une Force, une Lumière ou une Béatitude vastes et infinis au-dessus d'eux, et plus tard, ils s'élèvent jusque-là, ou bien ces expériences commencent à descendre dans la nature inférieure. Chez d'autres, il y a une descente, d'abord dans la tête, puis jusqu'au niveau du cœur, puis au niveau du nombril et au-dessous, et finalement à travers le corps tout entier, ou bien (sans aucun sens de descente) une ouverture inexplicable de paix, de lumière, d'étendue ou de pouvoir, ou encore une ouverture horizontale dans la conscience cosmique, ou un jaillissement de connaissance dans un mental soudain élargi. On doit faire bon accueil à tout ce qui vient, car il n'est pas de règle absolue applicable à tous; mais si la paix n'est pas venue la première, il faut prendre garde de se gonfler d'exaltation ou de perdre l'équilibre. En tout cas, le mouvement capital se produit quand la Force ou Shakti divine, le pouvoir de la Mère, descend et prend le contrôle, car alors l'organisation de la conscience commence et la base du yoga devient plus large.

En général, le résultat de la concentration n'est pas immédiat, bien que chez certains il y ait un épanouissement brusque et rapide; mais la plupart passent par une période plus ou moins longue d'adaptation ou de préparation, surtout si la nature n'a pas été déjà préparée jusqu'à un certain point par l'aspiration et la tapasyâ. L'obtention du résultat peut parfois être facilitée en associant à la concentration l'un des procédés des anciens yogas. Il y a la méthode "advaïta" de la voie de la connaissance: on rejette l'identification de soi avec le mental, le vital et le corps, en se répétant sans cesse: "Je ne suis pas le mental", "je ne suis pas le vital", "je ne suis pas le corps", et en regardant ces éléments comme séparés de son moi véritable; au bout d'un certain temps, on sent toutes les activités mentales, vitales et corporelles, et jusqu'au sens même du mental, du vital et du corps, s'extérioriser et devenir une action en-dehors de soi, tandis qu'à l'intérieur et détaché d'eux, se développe le sens d'un être distinct et autonome qui s'ouvre à la réalisation de l'esprit cosmique et transcendant. Il y a aussi la méthode (très puissante méthode) des "Sâmkhya", la séparation du Pourousha et de la Prakriti. On oblige le mental à prendre la position de Témoin: toute action du mental, du vital et du physique devient un jeu extérieur qui n'est ni moi ni à moi, mais qui appartient à la Nature et a été imposé à un moi extérieur. Je suis le Pourousha témoin; je suis silencieux, détaché et ne suis lié par aucune de ces choses. En conséquence, une division se produit dans l'être; le sâdhak sent croître en lui une conscience distincte, calme et silencieuse, qui se sait tout à fait séparée du jeu superficiel de la Nature mentale, vitale et physique. D'habitude, lorsque ceci se produit, il est possible de faire descendre très rapidement la paix de la conscience supérieure, l'action de la Force supérieure et le plein mouvement du yoga. Mais souvent, la Force elle-même descend d'abord en réponse à la concentration et à l'appel; après quoi, si ces procédés sont nécessaires, elle les utilise, ou bien elle emploie n'importe quel autre moyen ou procédé qui lui semble utile ou indispensable.

Autre chose encore. Dans ce processus de descente et de travail, il est extrêmement important de ne pas compter exclusivement sur soi-même, mais de s'en remettre à la direction du Gourou et de référer tout ce qui se produit à son jugement, son arbitrage, sa décision. Car il arrive souvent que les forces de la nature inférieure soient stimulées et excitées par la descente et veuillent s'y mêler et la détourner à leur profit. Il arrive souvent aussi qu'une ou plusieurs Puissances de nature non divine veulent se faire passer pour le Seigneur suprême ou la Mère divine et exigent de l'être service et soumission. Si l'on y consent, les conséquences seront absolument désastreuses. Si le sâdhak donne vraiment son consentement au travail du seul Divin et se soumet et s'abandonne à sa seule direction, alors tout peut se passer sans heurts. Ce consentement et le rejet de toutes les forces égoïstes ou de celles qui plaisent à l'ego sont la sauvegarde du sâdhak d'un bout à l'autre de la sâdhanâ. Mais les voies de la nature sont pleines d'embûches, les travestissements de l'ego sont innombrables, les illusions des Puissances des Ténèbres, rākṣasī māyā, sont extraordinairement habiles; la raison est un guide insuffisant et nous trahit souvent; le désir vital nous accompagne toujours et nous pousse à répondre à tout appel alléchant. Pour cette raison, nous insistons tellement dans notre yoga sur ce que nous appelons samarpaṇa (que rend assez mal le mot français "soumission"1). Si le centre du cœur est pleinement ouvert et que le psychique garde toujours la direction, aucune question ne se pose: on est en sûreté. Mais le psychique peut à tout moment être voilé par une vague d'en bas. Peu nombreux sont ceux qui échappent à ces dangers, et ce sont justement ceux pour qui la soumission est facile. Dans cette entreprise difficile, la direction de quelqu'un qui est lui-même le Divin par identification ou qui le représente est impérative et indispensable.

Ce que je viens d'écrire pourra vous aider à avoir quelque idée claire de ce que j'entends par le processus central du yoga. J'ai écrit un peu longuement, mais je n'ai évidemment pu traiter que les points fondamentaux. Tout ce qui est du domaine des circonstances et du détail, doit se présenter à mesure que l'on élabore la méthode, ou plutôt que la méthode s'élabore d'elle-même, car c'est cela qui se produit d'habitude lorsque commence effectivement l'action de la sâdhanâ.

Lumières sur le Yoga, chapitre 3. Traduction de la Mère.

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2537

La descente de la Paix, la descente de la Force ou Pouvoir, la descente de la Lumière, la descente de l'Ânanda, tels sont les quatre mouvements qui transforment la nature.

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2538

Présence, Paix, Force, Lumière, Ânanda, tels sont les cinq principes qui descendent le plus souvent.

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2539

Comme tout le reste: Paix, Lumière, Pouvoir/l'immensité descend aussi.

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2540

Lumière, Paix, Force, Ânanda constituent la conscience spirituelle; s'ils ne sont pas parmi les expériences majeures, qu'est-ce qui en ferait partie?

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2541

En réalité, ce n'est pas le plan qui descend, c'est son Pouvoir et sa Vérité qui descendent dans le plan matériel; alors le voile qui sépare le plan matériel de cet autre plan n'existe plus.

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2542

Je n'ai pas dit que la descente de l'Ânanda était vitale et mentale, mais que l'Ânanda se manifestait dans le mental et le vital, ce qui est tout différent; car l'Ânanda unique (le vrai) peut se manifester dans n'importe quelle partie de l'être.

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2543

La conscience supérieure descend aussi dans l'atmosphère, mais pour qu'elle soit efficace, l'individu doit la recevoir et y réagir. Elle descend aussi dans l'individu indépendamment de l'atmosphère.

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2544

La conscience d'où proviennent ces expériences est toujours présente, exerçant sa pression pour les faire entrer. Si elles n'entrent pas librement ou ne durent pas, c'est en raison de l'activité du mental et du vital qui sont toujours à s'agiter, pensant ceci, voulant cela, essayant d'accomplir des hauts faits d'alpinisme sur tous les monticules de la nature inférieure, au lieu de cultiver une aspiration puissante et simple, une puissante et simple ouverture à la conscience supérieure pour qu'elle descende et accomplisse son œuvre. Ce n'est pas le rasa de la poésie, de la peinture ou du travail physique qu'il faut rechercher. Ce qui donne de l'intérêt au yoga, c'est le rasa du Divin et de la conscience divine, c'est-à-dire le rasa de la Paix, du Silence, de la Lumière et de la Béatitude intérieures, de la Connaissance et du Pouvoir intérieur qui grandissent, de l'Amour divin, de tous les domaines infinis d'expérience qui s'ouvrent à vous en même temps que s'ouvre la conscience intérieure. Le vrai rasa de la poésie, de la peinture ou (de toute autre activité, vous le trouverez véritablement lorsque ces activités feront partie du travail de la Force divine en vous, que vous en sentirez le rasa comme tel et qu'en lui vous sentirez la joie de ce travail.

L'état où vous avez perçu l'être intérieur et son silence comme séparés de la conscience de surface et de ses petits mouvements agités est la première libération, le Pourousha libéré de la Prakriti, et c'est l'expérience fondamentale. Le jour où vous pourrez la faire durer, vous saurez que la conscience yoguique s'est établie en vous. Cette fois-ci son intensité s'est accrue, mais elle doit aussi augmenter en durée.

Tout cela ne "tombe" pas: ce que vous avez senti est là, en vous, tout le temps, mais vous ne le sentiez pas parce que vous viviez complètement à la surface, et la surface n'est que multitude et clameur. Mais en tous les hommes réside ce Pourousha silencieux, base de l'être mental vrai, de l'être vital vrai, de l'être physique vrai. Votre prière et votre aspiration ont apporté cette expérience pour vous montrer où vous devez vous diriger pour avoir le vrai rasa des choses, car c'est seulement lorsqu'on est libéré que l'on peut avoir le vrai rasa. D'autres libérations succèdent en effet à celle-là et parmi elles, la libération et l'Ânanda dans l'action autant que dans le silence statique.

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2545

Si l'habitude de la nature ordinaire n'est pas un obstacle à la descente, alors à quoi sert la sâdhanâ? Qu'est-ce qui empêche la conscience supérieure tout entière de descendre et de vous transformer en surhomme en une seconde? C'est parce que les travers de la nature inférieure opposent une résistance obstinée que la sâdhanâ est nécessaire.

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2546

Dans cette phrase, je n'entendais pas, par état général, l'état de surface tel que vous le connaissez. Cet état général contient bien des choses qui vous sont inconnues. Ce qui vient d'en haut peut descendre lorsque le mental est clair ou lorsque le vital est troublé, lorsqu'on est en méditation ou que l'on se promène, lorsqu'on travaille ou que l'on ne fait rien. La plupart du temps, la descente vient quand on est dans un état clair et concentré, mais il se peut aussi qu'elle ne vienne pas: il n'y a pas de règle absolue. En outre tirer ou appeler peut n'engendrer aucun effet concret, et pourtant un résultat peut se produire alors qu'on a cessé de tirer ou d'appeler. Toutes les raisons mentales que l'on invoque pour expliquer ces allées et venues sont trop rigides: parfois elles sont justes, très souvent elles ne le sont pas. Il faut avoir la foi, la confiance, l'aspiration, mais on ne peut pas contraindre la Force à agir à tel moment, de telle manière ou pour telle raison.

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2547

La conscience supérieure, quand elle vient, peut ne pas être exactement conforme à l'aspiration, mais l'aspiration n'est pas inefficace. Elle maintient la conscience ouverte, empêche que ne s'installe un état de consentement inerte à tout ce qui vient et agit comme une force d'attraction qui fait couler les sources de la conscience supérieure.

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2548

Chaque fois qu'il y a une descente de la conscience supérieure dans l'âdhâra:

1. Une partie en est emmagasinée à l'avant de la conscience et y demeure;

2. Une partie va à l'arrière-plan et reste pour soutenir la partie active de l'être;

3. Une partie s'écoule dans la Nature universelle;

4. Une partie est absorbée par l'inconscient et perdue pour la conscience individuelle et son action.

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2549

La Force descend pour faire deux choses:

1) transformer la nature;

2) accomplir son œuvre en utilisant l'instrument.

Tout d'abord on n'est conscient d'aucune de ces deux actions; ensuite on devient conscient du travail de la Force, mais non de sa manière de travailler. À la fin on devient conscient de l'action dans son ensemble et dans le détail.

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2550

On ne sent la Force que lorsqu'on est en contact conscient avec elle.

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2551

Tous ces mouvements sont des actions diverses exercées par la Force sur l'âdhâr, dans la seule intention de l'ouvrir d'en haut, d'en bas et aussi latéralement. L'action d'en haut l'ouvre à la descente de forces supérieures au Mental et à la montée de la conscience au-dessus du couvercle du mental humain ordinaire. L'action horizontale l'ouvre à la conscience cosmique à tous ses niveaux. L'action d'en bas aide à relier le supraconscient au subconscient. Enfin la conscience, au lieu d'être limitée par le corps, devient infinie, s'élève au-dessus à l'infini, plonge au-dessous à l'infini, s'élargit de tous côtés à l'infini. Par ailleurs, tous les centres s'ouvrent à la Lumière, au Pouvoir et à l'Ânanda qui doivent descendre d'en haut. À présent seuls les centres du mental semblent recevoir pleinement la descente de la Force, alors que les centres du vital supérieur subissent une préparation, et qu'une action moins importante se déroule sur les autres parties du corps. Un jour la voie sera complètement ouverte; c'est une question de temps et de persévérance.

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2552

C'est l'expérience générale des sâdhak que la force, la conscience ou l'Ânanda vient d'abord ainsi, d'en haut ou d'alentour, exerce une pression sur la tête ou l'environne, puis perce le crâne pour ainsi dire, emplit d'abord le cerveau et le front, ensuite toute la tête, et descend pour occuper chaque centre jusqu'à ce que l'organisme tout entier soit plein et saturé. Évidemment, au stade préliminaire, des descentes envahissent ou peuvent envahir pendant un moment tout le corps ou une partie de l'organisme plus ouverte et moins résistante à l'influence.

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2553

En règle générale, la descente dans le corps s'effectue d'abord dans la tête, puis le long du cou et dans la poitrine. Chez de nombreux sâdhak, un arrêt important se produit avant qu'elle ne se poursuive au-dessous du nombril, en raison d'une certaine résistance vitale. Une fois qu'elle a passé cette barricade, il ne lui faut en général pas très longtemps pour descendre plus bas. Mais il n'y a pas de règle quant au temps que cela prend. Chez certains elle inonde tout, chez d'autres elle pénètre méthodiquement, posément, de plus en plus. Je ne crois pas que la paix, pour descendre, ait coutume d'attendre des compagnons; très souvent elle préfère tout d'abord être seule, puis elle appelle ses amis en leur disant: "Venez, j'ai tout préparé pour vous."

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2554

Si c'est de la descente de la conscience supérieure que vous voulez parler, on la sent dans la région du cœur — et pas seulement dans le centre cardiaque — de la même manière que dans la tête. La pression sur la tête n'est qu'un premier contact. Par la suite, on sent une masse de paix, de force, de lumière, d'Ânanda ou de conscience descendre directement dans la tête, puis plus bas, dans la poitrine, et ainsi de suite jusqu'au nombril, à travers le corps. Chez certains la descente prend des semaines ou des mois, chez d'autres elle est rapide.

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2555

Quand les choses viennent dans cet ordre, la tête s'ouvre d'abord, le cœur ensuite et enfin tous les centres. Si vous vous contentez de ne recevoir que la paix, la connaissance et la moukti, le centre du cœur ne s'ouvrira peut-être qu'à cela. Mais si c'est l'amour que vous voulez, le Pouvoir et la Lumière qui descendent agiront aussi dans ce sens.

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2556

Il est possible que cette tentative d'ouvrir le centre de l'ombilic et le centre inférieur ait été trop précipitée. Dans notre yoga, le mouvement se fait de haut en bas: d'abord les deux centres de la tête, puis le cœur, puis l'ombilic et enfin les deux autres centres. Si l'expérience supérieure, avec sa conscience, sa connaissance et sa volonté supérieures, est déjà tout à fait établie dans les trois centres du haut, il est plus facile d'ouvrir les trois centres inférieurs sans trop de perturbations.

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2557

Oui, c'était la même expérience. Vous vous êtes intériorisé sous la pression de la Force, ce qui est souvent — pas toujours, cependant — le premier résultat, et pendant quelques secondes, vous êtes entré en samâdhi, pour employer la terminologie habituelle. La Force, lorsqu'elle descend, essaie d'ouvrir le corps et de traverser les centres. Elle doit (en général) pénétrer par le sommet de la tête (Brahmarandhra) et passer par le centre du mental intérieur qui est au milieu du front, entre les sourcils. C'est pourquoi sa pression s'exerce d'abord sur la tête. En ouvrant les yeux, on revient à la conscience du monde extérieur, c'est pourquoi lorsqu'on ouvre les yeux, l'intensité se relâche.

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2558

Votre expérience était simplement la descente de la Force divine dans le corps. Par votre attitude et votre aspiration, vous l'avez appelée pour qu'elle agisse en vous, alors elle est venue. Une descente comme celle-ci se traduit naturellement par un état d'intériorisation profonde et un silence du mental, et elle peut apporter bien plus: la paix, un sentiment de libération, le bonheur, l'Ânanda. Très souvent elle s'accompagne, comme dans votre expérience, d'une lumière ou d'une luminosité. Vous avez senti qu'elle enveloppait la partie supérieure du corps jusqu'au centre cardiaque, parce que ces centres — le centre de la tête et celui du cœur — sont les premiers à être envahis et emplis par tout ce qui descend d'en haut: Conscience, Force, Lumière ou Ânanda. En général il y a d'abord une pression d'en haut sur la tête, ensuite on sent quelque chose entrer dans la partie supérieure de la tête, puis la tête tout entière est remplie, comme vous le sentez maintenant, d'un fourmillement2 au moment de la concentration. Une fois que la tête et ses centres mentaux sont ouverts et remplis, la Force descend rapidement jusqu'au centre du cœur, à moins d'un obstacle ou d'une résistance dans les parties vitales supérieures. De là, elle s'élance dans tout le corps et commence à s'établir dans les centres du vital et du physique, depuis l'ombilic jusqu'au Moûlâdhâra. Cette expérience du corps empli par la Force d'en haut indique que la sâdhanâ a avancé d'un grand pas.

La crainte d'une syncope n'était due qu'au saṃskāra dans le mental; elle doit être écartée. La Force peut très bien descendre dans la pleine conscience de veille; si elle produit une sorte de samâdhi, cet état intérieur est en général conscient: la conscience se retire des choses extérieures, mais conserve au-dedans tout son pouvoir. Même si une transe apparaissait, ce serait une véritable transe et non un évanouissement.

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2559

Parmi les expériences que vous énumérez, les plus importantes sont les suivantes:

1. Le sentiment de calme et l'absence relative de pensées troublantes. C'est le signe que la tranquillité du mental, qui est nécessaire à une méditation pleinement efficace, s'accroît.

2. La pression sur la tête et les mouvements à l'intérieur de la tête. La pression est celle de la Force de la conscience supérieure située au-dessus du mental, qui appuie sur le mental (les centres du mental sont dans la tête et dans la gorge) pour y pénétrer. Lorsqu'elle entre, elle prépare le mental à s'ouvrir plus complètement à elle et les mouvements dans la tête sont dus à cette action. Les centres et les espaces de la tête une fois ouverts, on la sent descendre librement comme un courant ou sous une autre forme. Ensuite elle ouvre de la même manière les centres situés plus bas dans le corps. Le mouvement physique de la tête vient sans doute de ce que le corps n'a pas l'habitude de la pression et de la pénétration de la Force. Lorsqu'il est devenu capable de recevoir et d'assimiler, ces mouvements ne se produisent plus.

3. Il est normal que la méditation dans le cœur s'étende à la tête et y crée des mouvements; quel que soit le centre où se situe la méditation, la force yoguique qu'elle engendre s'étend aux autres centres et y produit une concentration ou des activités.

4. La cessation soudaine de la pensée et de tous les mouvements est très importante, car elle indique un éveil de la capacité au silence intérieur. Elle ne dure qu'un court instant lorsqu'elle commence à se manifester, mais elle augmente ensuite son emprise et sa durée.

La sâdhanâ a pris une bonne direction et vous n'avez qu'à continuer dans le même sens.

Nous ne pouvons rien dire de définitif au sujet des Maires extérieures; je suppose que dans les circonstances, us êtes obligé d'y penser, mais c'est la sâdhanâ qui est le Plus important.

Notre sâdhanâ n'inclut pas la pratique du Hathayoga. Si vous l'utilisez uniquement pour des raisons de santé, elle doit rester séparée de la sâdhanâ; c'est à vous de choisir.

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2560

Le mental ne peut devenir totalement inactif et silencieux dès le début; ce qui est possible, c'est qu'il se tranquillise, c'est-à-dire qu'il cesse d'être absorbé par l'activité multiforme et agitée de pensées mal reliées entre elles ou dépourvues de lien, et se concentre sur l'objet de la sâdhanâ. L'imagination dont la Mère vous a recommandé l'usage était un moyen d'acquérir cette concentration. Une idée mentale de l'omniprésence, comme celle qui vous est venue, la favorise aussi, surtout si elle apporte une foi et une confiance puissantes. La vibration de la Force de Mère que vous avez sentie autour de la tête est plus qu'une idée mentale ou même une réalisation mentale, c'est une expérience. Cette vibration est en effet l'action de la Force de la Mère que l'on sent d'abord autour de la tête ou au-dessus, puis dans la tête. La pression indique qu'elle agit pour ouvrir le mental et ses centres, afin de pouvoir y pénétrer. Les centres du mental sont dans la tête, l'un au sommet et au-dessus, un autre entre les yeux, le troisième dans la gorge. C'est pourquoi vous sentez la vibration autour de la tête et parfois jusqu'au cou, mais pas plus bas. Il en est ainsi habituellement parce que c'est seulement après avoir enveloppé le mental et pénétré en lui qu'elle descend plus bas, dans les parties émotives et vitales (cœur, nombril, etc.), bien que parfois elle enveloppe plutôt le corps avant d'y pénétrer. [...] Pour voir la lumière dans le cœur, il faut y entrer profondément, mais on peut la voir ailleurs sans pénétrer profondément à cet endroit. Souvent on voit la lumière d'abord entre les sourcils, devant eux, ou à leur niveau, car c'est là que se trouve le centre de la vision intérieure et s'il s'ouvre, si peu que ce soit, c'est suffisant; on voit souvent aussi la lumière autour de la tête ou au-dessus, à l'extérieur.

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2561

La pression qui s'exerce du dedans sur le centre du front commence très souvent après la pression d'en haut sur le front; une partie de la Force a suffisamment pénétré pour exercer cette deuxième pression. La pression sur le dos est sans doute une pression directe sur la région psychique (si elle s'exerce au milieu du dos ou presque); son but est de préparer l'action dans le cœur. Quand les centres commencent à s'ouvrir, des expériences comme l'apparition de lumière ou d'images à la vision subtile dans le centre du front, ou des expériences, des perceptions psychiques dans le cœur se font fréquentes; peu à peu on commence à percevoir l'être intérieur comme distinct de l'être extérieur, et ce que l'on peut appeler une conscience yoguique, avec tous ses mouvements profonds, se développe et remplace les mouvements superficiels ordinaires du mental et du vital.

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2562

Il est bon que vous ayez senti la paix au-dedans et le mouvement dans le cœur. C'est l'indication que la force agit non seulement d'en haut, mais au-dedans de vous, et c'est la promesse d'un progrès ultérieur. La pleine ouverture viendra en son temps; l'important, c'est que vous êtes sur la bonne voie et que vous avancez plus vite que vous ne le croyez.

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2563

C'est ce que nous appelons la pression de la Force (la Force de la conscience spirituelle supérieure ou conscience divine, la Force de la Mère); elle se manifeste sous différentes formes: vibrations, courants, vagues, un vaste flot, une averse ou une pluie, etc. Elle traverse tous les centres l'un après l'autre: sommet de la tête, centre du front, centres de la gorge, du cœur, de l'ombilic, jusqu'au Moûlâdhâra, et se répand aussi dans tout le corps. Le mouvement de rotation es! le mouvement de la Force lorsqu'elle agit pour former quelque chose dans l'être.

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2564

Tout ce qui vient d'en haut peut venir ainsi en vagues, que ce soit la Lumière, la Force, la Paix ou l'Ânanda. Dans votre cas, c'était la Force agissant en vagues sur le mental. Il est vrai aussi que lorsqu'elle se manifeste ainsi et non sous forme de courants, de pluie, ou de flot tranquille, c'est la Force de Mahâkâlî qui est à l'oeuvre. La première nécessité, dans ce cas, est de ne pas avoir peur.

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2565

Le flot que vous avez senti descendre dans la tête et se déverser en vous est en effet un courant de la force de la Mère; c'est souvent ainsi qu'on le sent; il coule en courants dans le corps où il agit pour libérer et transformer la conscience. À mesure que la conscience se transformera et se développera, vous commencerez à comprendre par vous-même la signification et le fonctionnement de ces phénomènes.

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2566

Les vibrations appartiennent soit à une Force, soit à une Présence.

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2567

Les pressions, les pulsations, les vibrations électriques sont autant de signes de l'action de la Force. L'endroit indique le champ d'action: le haut de la tête est le sommet du mental pensant, c'est là qu'il communique avec la conscience supérieure; le cou ou la gorge est le siège du mental physique extériorisant ou expressif; l'oreille est le point de communication avec le centre mental intérieur, c'est par là que les pensées venant de la Nature générale entrent dans l'être personnel. Le sternum, au point indiqué, contient le centre psychique et émotif dont le sommet se trouve derrière, dans la colonne vertébrale.

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2568

[Une vibration semblable à un courant électrique:] C'est la force qui coule par la colonne vertébrale. Dans le système tantrique, la colonne vertébrale est considérée comme le conduit naturel de la Force, parce que c'est en elle que résident les six centres.

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2569

Un choc électrique indique toujours le passage d'une Force dynamique.

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2570

Je suis heureux d'apprendre que ces expériences ont commencé; elles annoncent un progrès rapide. La descente qui ressemble à une pluie fine et pénétrante est un mode de descente bien connu et très caractéristique de la conscience supérieure; elle apporte la paix, mais elle apporte aussi toutes les autres possibilités de la conscience supérieure et, comme vous l'avez senti, les germes de la transformation de la conscience physique: elle introduit dans la conscience physique les germes des pouvoirs et des qualités de la Nature supérieure.

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2571

Je suis très heureux que l'expérience que nous avons travaillé à vous apporter soit venue avec tant de force et s'intensifie. C'est la descente concrète de la conscience supérieure dont l'établissement marque toujours un tournant décisif dans la sâdhanâ. Même si elle n'acquiert pas aussitôt une stabilité complète on peut être assuré, une fois qu'elle est apparue avec une telle force, qu'elle viendra de plus en plus jusqu'à ce qu'elle ait achevé son œuvre et soit devenue votre conscience permanente. L'averse et la pluie, l'emprise au-dessus de la tête et dans le cœur, l'enveloppement, l'embrasement d'Agni au-dedans, le sentiment de fermeté et de solidité, la Paix, la sécurité et la dévotion, le sentiment de l'emprise de la Mère sont autant de signes de cette descente; à la longue elle pénétrera partout et deviendra quelque chose de solide et de stable qui occupera la conscience et le corps tout entiers.

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2572

Un son accompagne parfois une descente particulière de la conscience ou de la force.

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2573

L'expérience que vous avez eue en vous rendant chez les hommes de loi était une ouverture à la Force d'en haut qui, lorsqu'elle est soudaine, s'accompagne souvent d'un grand bruit de ce genre et de l'impression que la tête s'ouvre; c'est dans le corps subtil que se produit cette ouverture de la tête, bien que la sensation soit éprouvée comme quelque chose de physique. La Force est descendue et remontée, sous l'autorité de la Mère revêtant les formes de Mahâlakshmî et de Mahâsaraswatî; elle a fait ce mouvement ascendant et descendant (ici dans la colonne vertébrale, conduit principal de la force yoguique traversant les centres) qui aide la conscience supérieure et la conscience inférieure à se joindre. Il en est résulté ce sentiment d'identité avec moi dans votre corps. La toux indique sans doute une difficulté qui contrarie la concentration dans le mental physique. Mieux vaut ne pas forcer la concentration, mais rester tranquille et appeler, puis laisser les choses se faire d'elles-mêmes grâce à la Force de la Mère.

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2574

C'est un obstacle dans le mental qui se brise sous la pression de la Force; il y a chaque fois un éclair et un mouvement de la Force.

Nouvelles Lumières sur le Yoga, chapitre 7.

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2575

Si la sensation est celle du percement d'un couvercle, alors c'est une sensation qui apparaît souvent lorsque la Force s'ouvre un passage à travers une résistance; ici, cette résistance se trouve sans doute dans une certaine partie du mental physique.

Continuez à vous reposer entièrement sur la Mère. Quand on le fait, la victoire, même si elle tarde, est certaine.

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2576

Lorsqu'une pression de la Force s'exerce sur l'Âdhâr pour agir sur lui ou y pénétrer, on ressent souvent cette lourdeur au milieu de la tête, surtout si la Force agit dans la tête. La lourdeur disparaît si l'organisme reçoit et assimile la Force, et que celle-ci s'écoule librement dans le corps; auparavant, on ressent souvent la pression ou une sorte de lourdeur à un centre ou à un autre, là où agit la Force.

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2577

Une lourdeur qui donne de la force indique vraisemblablement une descente. Cela s'accompagne souvent de sensations de morsure ou de piqûre dans la tête. C'est en général le signe qu'une force d'en haut essaie de se frayer un chemin à travers la substance physique ou d'agir en elle pour la préparer à recevoir.

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2578

La maîtrise des pensées et la faculté de voir l'image de la Mère et de Sri Aurobindo dans la tête sont un très bon début. La chaleur dans la tête n'est pas de la fièvre; elle résulte de l'action de la Force dans les centres mentaux, qui travaille à surmonter la résistance mentale toujours présente dans le mental humain; la lourdeur est parfois l'effet de la Pression de la Force; elle disparaît d'elle-même, en général, quand le mental reçoit librement la Force.

Cette sensation de gonflement de la tête est une expérience très fréquente; c'est la tête du corps subtil qui ressent un élargissement.

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2579

Les sensations que vous décrivez au sommet de la tête et dans la partie supérieure du front sont de celles que l'on éprouve souvent lorsque la conscience supérieure, ou Force, essaie de se frayer un passage à travers le mental. C'est donc probablement ce qui se passe. Le malaise ou la faiblesse que vous ressentez à cet endroit quand vous pariez fort, etc., apparaît aussi dans ces moments-là. La raison en est que la concentration d'énergie nécessaire au travail intérieur s'interrompt et que les énergies sont jetées au dehors et épuisent ces parties de l'être en tirant chacune de son côté. Mieux vaut, lorsqu'une action s'accomplit au-dedans, parler très calmement et être aussi peu loquace que possible. À d'autres moments, c'est moins important.

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2580

Certaines sensations sont dues à la descente et ne sont en rien gênantes ni dangereuses; d'autres sont des sensations physiques. Mais pour les distinguer, une description est nécessaire.

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2581

Ce que vous avez vu était bien un soleil, le soleil de lumière bleue qui est la lumière d'un mental supérieur au mental humain ordinaire. Le soleil est le symbole de la Lumière et de la Vérité. Ce Mental spirituel supérieur essaie de s'éveiller en vous, mais au début c'est toujours difficile parce que la conscience n'a pas l'habitude de recevoir, de sorte que la sensation de pression s'intensifie parfois au point de devenir un mal de tête ou de donner cette impression que la tête est prête à se fendre. Ce n'est rien d'autre qu'une sensation suscitée dans le physique par le mental intérieur (cette partie de la tête est le siège;du mental intérieur) qui essaie de s'ouvrir au contact d'en haut.

Votre rêve n'indiquait pas une attirance pour les choses de ce monde; il n'était qu'une épreuve, comme le rêve que vous aviez eu auparavant. Votre absence de réaction pendant le rêve montre que vous n'avez aucune attirance pour ce genre de choses, contrairement à beaucoup d'autres personnes. Tout cela n'était qu'une formation ou une suggestion des forces extérieures sur le plan vital, pour voir quelle sorte de réaction — si réaction il y avait — aurait votre conscience.

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2582

L'action de la Force ne crée pas toujours une pression. Quand elle n'a pas besoin de presser, elle agit tranquillement.

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2583

Il n'est pas nécessaire de ressentir une pression. On sent la force quand quelque chose se fait, quand la force s'écoule ou si elle se manifeste dans le corps, mais pas quand ce qui se manifeste est la paix et le silence.

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2584

On peut être réceptif sans être conscient, sans savoir exactement ce qui est donné.

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2585

Le flot tranquille est nécessaire pour imprégner les parties inférieures. Les grandes descentes ouvrent la voie, consolident sans cesse l'acquis et finalement portent la force à son apogée, mais le flot tranquille est nécessaire aussi.

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2586

Certains sâdhak ont cette oscillation du corps lorsque la Paix ou la Force commence à descendre sur lui, car la réception en est facilitée. L'oscillation cesse, d'ordinaire, lorsque le corps s'est habitué à assimiler la descente.

La Paix vient pleinement à l'heure de la méditation parce que la concentration de la Mère à ce moment fait descendre le pouvoir de la conscience supérieure et on peut la recevoir, si l'on en a la capacité. Lorsqu'elle a commencé à venir, la paix accroît en général sa force en même temps que la réceptivité du sâdhak, jusqu'à ce qu'elle puisse venir à tout moment et en toutes circonstances, demeurer de plus en plus longtemps et finalement se stabiliser. Le sâdhak doit, de son côté, maintenir sa conscience aussi tranquille et silencieuse que possible pour la recevoir. La Paix, le Pouvoir, la Lumière, l'Ânanda de la conscience spirituelle supérieure sont là en tous, voilés au-dessus. Une certaine ouverture vers le haut est nécessaire pour que cette conscience supérieure descende; la tranquillité du mental et une certaine passivité vaste et concentrée à l'Influence qui descend sont les meilleures conditions pour cette descente.

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2587

Ce tremblement du corps se produit parfois quand la force descend. Il disparaîtra à mesure que le corps deviendra plus tranquille et plus capable d'assimiler; il faut lui en laisser le temps.

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2588

Si la pression est trop grande, le remède consiste à élargir la conscience. La paix et le silence doivent s'accompagner d'un élargissement suffisant pour que l'on puisse recevoir n'importe quelle quantité de Force sans aucune réaction, que ce soit la lourdeur, le besoin de rester en concentration ou la pêne que vous éprouvez dans les yeux.

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2589

La Force accumulée était sans doute trop grande par rapport à ce que l'être physique pouvait recevoir. Quand cela se produit, la chose à faire est de s'élargir (on peut y arriver, avec un peu de pratique). Si la conscience est dans un état vaste, elle peut recevoir n'importe quelle quantité de force sans en être incommodée.

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2590

Entre deux mouvements, il y a toujours des pauses de préparation et d'assimilation.

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2591

Rester tranquille pendant un moment après la descente de la Force est le meilleur moyen de l'assimiler.

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2592

Le silence et la paix peuvent être vides et trouver en eux-mêmes la satisfaction. La réceptivité est un pouvoir distinct. Évidemment la tranquillité du mental crée toujours de bonnes conditions pour que la réceptivité puisse agir.

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2593

En ce qui concerne votre sâdhanâ et celle des autres [...], je crois utile de formuler deux ou trois observations. En premier lieu j'ai l'impression que depuis quelque temps, une activité et une pression trop constantes se manifestent, en vue d'accélérer le progrès et de multiplier les expériences. Cette tendance est juste en elle-même, mais il faut y apporter certaines précautions. Tout d'abord il faut se ménager des périodes suffisamment longues de repos et de silence, et même de détente, où puisse s'effectuer une assimilation tranquille. L'assimilation est très importante et les périodes nécessaires à cette fin ne doivent pas être accueillies avec impatience, comme des interruptions du yoga. On doit avoir soin de fonder toute son activité sur le calme, la force tranquille et le silence intérieur. Il ne doit y avoir aucune tension excessive: toute fatigue, toute perturbation, toute sensibilité anormale des parties nerveuses et physiques — vous en mentionnez certains symptômes dans vos lettres — devrait être tranquillisée et éliminée, puisque souvent elle révèle une tension excessive, une activité ou une rapidité trop grande dans le yoga. Il faut aussi se souvenir que les expériences n'ont de valeur que dans la mesure où elles sont des indications et des ouvertures, et que l'essentiel est toujours l'ouverture et la transformation progressives, harmonieuses et de mieux en mieux organisées des différentes parties de la conscience et de l'être.

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2594

Une fatigue physique de ce genre au cours de la sâdhana! peut avoir plusieurs raisons:

1. Elle peut venir de ce que le corps reçoit plus qu'il ne peut assimiler. Le remède est alors un repos tranquille dans une immobilité consciente qui reçoit les forces, mais sans autre but que de récupérer la solidité et l'énergie.

2. Elle peut venir de ce que la passivité s'est changée en inertie; l'inertie fait descendre la conscience au niveau physique ordinaire, qui est bientôt fatigué et enclin au tamas. Le remède ici est de retourner à la vraie conscience et de s'y reposer au lieu de se reposer dans l'inertie.

3. La fatigue peut être due à un simple surmenage du corps si on ne lui donne pas assez de sommeil ou de repos. Le corps est le support du yoga, mais son énergie n'est pas inépuisable et elle a besoin d'être ménagée; on peut l'entretenir en puisant dans la force vitale universelle, mais ce renfort a aussi ses limites. Une certaine modération est nécessaire, même dans l'ardeur du progrès; modération, et non indifférence ou indolence.

Les Bases du Yoga, chapitre 5. Traduction de la Mère.

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2595

Non, la conscience physique ordinaire n'est pas capable de maintenir le contact et se fatigue, en effet; elle ne peut pas non plus assimiler beaucoup à la fois. Mais ce n'est pas toujours le Divin qui retire la pression; la conscience inférieure la perd d'elle-même ou l'abandonne.

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2596

Oui, l'organisme doit prendre du repos pour assimiler et pour renouveler son pouvoir de réceptivité.

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2597

Pendant qu'on assimile, on ne reçoit pas.

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2598

Des périodes comme celles-ci sont tout à fait normales au cours de la journée. La conscience a besoin de temps pour se reposer et assimiler, elle ne peut pas être à tout moment au même degré d'intensité. Pendant l'assimilation, une calme tranquillité est l'état qui convient.

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2599

La passivité ne doit pas conduire à l'inaction; sinon elle favoriserait l'inertie de l'être. Seule une passivité intérieure a ce qui descend est nécessaire; la passivité inerte n'est pas celle qui convient.

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2600

On peut aussi assimiler pendant le sommeil. Il n'est pas bon de rester éveillé ainsi, car le manque de sommeil finit par créer une tension nerveuse et l'organisme absorbe mal, avec exaltation, ce qu'il reçoit, ou alors la fatigue l'empêche de recevoir.

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2601

Il y a toujours un gain ou un progrès après ces périodes d'assimilation, si on les prend comme il faut, même si elles sont ennuyeuses ou gênantes.

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2602

Des vertiges, des faiblesses et des troubles de ce genre ne devraient pas se produire. Quand ils apparaissent, c'est que l'on fait descendre plus de Force que le corps ne peut en assimiler. Dans ces moments-là, il faut se reposer jusqu'à ce que ces troubles disparaissent et que le bon équilibre soit rétabli.

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2603

Je veux dire que vous n'avez pas besoin de tirer la Force f pour qu'elle descende: vous devez l'aider à entrer par votre g aspiration et votre assentiment complets.

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2604

Si l'on fait descendre plus de Force ou de Lumière qu'une certaine partie de l'être n'est prête à en assimiler, et que cette partie résiste, ou si ce qui descend entre en conflit avec des forces adverses dans le corps, ces phénomènes (sensation de brûlure dans le corps, etc.) peuvent se produire.

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2605

Un malaise de ce genre a toujours pour origine une résistance quelque part, quelque chose qui reste fermé, ne s'ouvre pas au contact de la Force. Il est dû sans doute moins à vous-même qu'à d'autres influences contradictoires qui agissent sur vous.

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2606

L'impression de résistance peut venir de l'effort déployé pour répondre à la descente. Quand le flot coule librement, il n'y a ni effort, ni résistance.

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2607

Les maux de tête "produits par une pression d'en haut", comme vous dites, ne sont pas dus à la pression ni produits par elle: ils sont produits par une résistance.

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2608

La pression ne "provoque" pas la résistance. "S'il n'y avait pas de résistance, il n'y aurait pas de mal de tête": c'est cela qu'il faut savoir et non l'inverse. Tant que vous penserez que c'est la pression qui produit la résistance, cette idée créera elle-même la résistance. Le cas de X n'est un exemple ni de mal de tête dû à une résistance, ni de mal de tête dû à une pression; il a pour origine des causes physiques et psychologiques normales.

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2609

Non, la Mère n'a pas pour méthode de rendre les gens malades pour les améliorer ou les perfectionner. Mais parfois des malaises — un mal de tête, par exemple — apparaissent parce que le cerveau a fait trop d'efforts, ne veut pas recevoir ou fait des difficultés. Les maux de tête yoguiques sont cependant d'un genre particulier et lorsque le cerveau a découvert la manière de recevoir ou de réagir, ils cessent complètement.

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2610

La première condition du progrès dans la sâdhanâ est de ne pas avoir peur, d'avoir confiance et de garder son calme pendant une expérience. Ce qui s'est passé, c'est simplement que la Force est descendue et a essayé de calmer le mental et de faire tenir le corps tranquille pour pouvoir agir. Si vous n'aviez pas eu peur, c'est ce qui serait arrivé. Mais votre frayeur a engendré la résistance du mental et du corps, et aussi leur impression de subir une torture ou de courir un danger. La sensation que le corps se raidit et qu'une grande force se pose sur lui comme une main est très fréquente dans ce genre d'expérience et ne terrifie pas le sâdhak, mais lui apporte un grand sentiment de joie et de libération. À l'avenir, vous devrez essayer d'être calme, sans redouter ni imaginer aucun danger. Il est tout naturel que la Force se soit retirée au moment où vous avez pensé ne plus pouvoir la supporter, puisque vous n'étiez pas prêt à la recevoir.

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2611

Les périodes d'assimilation se poursuivent, en réalité, jusqu'à ce que tout ce qui doit être fait soit fondamentalement accompli. Seulement dans les stades ultimes de la sâdhanâ, elles sont différentes. Si elles cessent complètement à un stade initial (et vous en êtes encore tout au début), c'est que tout ce dont la nature était capable a été fait, et cela signifierait qu'elle n'était pas capable de grand-chose.

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2612

Ce que j'ai écrit est parfaitement clair. Les périodes d'assimilation se poursuivent jusqu'à ce que tout ce qui doit être fait soit fondamentalement accompli. Si elles cessent rapidement, cela veut dire que tout ce qui pouvait être fait a été accompli et que rien de plus n'est possible, que les développements ultérieurs et plus avancés de la sâdhanâ ne sont pas possibles: s'ils l'étaient, les périodes d'assimilation, au lieu de cesser, auraient continué jusqu'à ce que tout ait été élaboré. La seule raison d'un arrêt si prématuré de la sâdhanâ serait que le sâdhak n'est pas capable d'aller plus

loin.

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2613

Le seul changement qui apparaît plus tard, dans les périodes d'assimilation, est que certaines choses restent stables tandis que l'assimilation s'applique à d'autres qui ne sont pas encore stabilisées dans l'organisme; par exemple, on perçoit sans arrêt une paix constante dans l'être intérieur, mais les perturbations continuent à la surface, jusqu'à ce que la surface, elle aussi, ait assimilé la paix. Ou la paix a pu s'établir partout et en permanence, mais la connaissance va et vient, ou la force va et vient. Ou elles sont toutes là, mais l'Ânanda va et vient, etc., etc.

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2614

Une fois que la paix est devenu stable, aucune assimilation n'est plus nécessaire à cet effet, puisque cela signifie que l'être tout entier est suffisamment prêt à recevoir et à absorber de façon continue. Des périodes d'assimilation peuvent être nécessaires pour d'autres choses, mais l'état intérieur n'en sera pas interrompu pour autant. Par exemple si la Force, l'Ânanda ou la Connaissance d'en haut commence à descendre, des interruptions peuvent se produire et se produiraient sans doute, puisque l'organisme n'est pas capable d'absorber en flot continu, mais la paix demeurerait dans l'être intérieur. Ou même des semblants de luttes pourraient se dérouler à la surface, durant certaines périodes, mais l'être intérieur demeurerait calme et tranquille, observerait sans être perturbé et si, au-dedans, la connaissance était établie, comprendrait l'action. Seulement pour cela l'être tout entier, vital, physique et matériel, doit s'être ouvert à la paix et être devenu capable de la recevoir. La Paix demeurerait alors, peut-être en s'approfondissant et en s'élargissant peu à peu, mais les périodes d'interruption et d'assimilation ne seraient pas nécessaires.

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2615

Oui. Cette impression d'être capable de briser une pierre à main nue, ou même de briser le monde sans aucun outil si ce n'est la force elle-même, est de celles qui viennent en particulier quand le mental et le vital n'ont pas assimilé le Pouvoir. Ils ont l'impression d'une chose extraordinaire, d'une omnipotence; l'idée de briser ou d'écraser naît sous l'influence du radjas dans le vital. Ensuite, quand on l'assimile calmement, cette sensation disparaît et seule demeure la sensation d'une calme vigueur et d'une fermeté inébranlable.

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2616

Oui, quand les descentes commencent, elles doivent trouver une base solide. C'est pourquoi il est nécessaire que la paix descende la première et devienne aussi forte et aussi solide que possible. Mais en tout cas, la première nécessité est d'être capable de contenir ce que l'on reçoit; ensuite les choses pourront venir et s'établir de plus en plus. La paix et la force une fois établies, on peut supporter l'Ânanda, la Connaissance, etc. en quantité illimitée.

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2617

La Paix, la Pureté et le Calme du Moi doivent se stabiliser, sinon les forces éveillées par la Descente active peuvent se trouver influencées par des Pouvoirs inférieurs et une confusion se crée. C'est arrivé à de nombreux sâdhak.

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2618

Il ne s'agit pas d'une action ou d'un sentiment en particulier, mais d'une sorte de vibration exaltée que la conscience vitale pt physique oppose à la perturbation vitale: c'est ce qui ressort clairement du ton et du style de ce que vous écrivez sous la pression de cette influence vitale; mais lorsque vous aviez les expériences, vous réagissiez aussi par une vibration exaltée et un bouillonnement de joie qui se dégradaient aisément en un mouvement radjasique ou étaient remplacés par une excitation contraire faite de souffrance et de bouleversement. Tranquillité, tranquillité, de plus en plus de tranquillité, une force calme, une joie calme, telle est la base qu'il faut à la siddhi dans le mental, les nerfs et le corps, précisément parce que la Force, la Lumière, l'Ânanda qui descendent sont d'une extrême intensité: une grande immobilité est nécessaire dans le corps pour pouvoir les endurer et les porter.

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2619

En imposant la paix de l'être supérieur aux parties inférieures jusqu'au physique, on devient capable: (1) de créer une séparation qui empêcherait l'être intérieur d'être affecté par la perturbation et la résistance superficielles; (2) de faciliter la descente de la Force et d'autres pouvoirs de l'être supérieur.

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2620

Quand on est arrivé au point où la paix d'en haut peut descendre, un progrès considérable a été accompli.

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2621

C'est bien; la force est ce qui doit descendre juste après la Paix et s'unir à elle. Le moment venu, toutes deux ne font qu'une.

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2622

Le premier aspect de l'Un qui s'établisse est fait de paix et de mouvement sur une base de paix. La béatitude et la lumière ne se stabilisent ni si aisément, ni si tôt; elles doivent grandir peu à peu.

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2623

Dans ce que l'on peut appeler le premier silence, c'est ainsi: rien que le silence, sans émotion, sans aucune autre activité intérieure. Quand il s'approfondit, on peut sentir le nirvana des bouddhistes ou l'ātmabodha des védântin. La force et la félicité peuvent descendre dans le silence, ensemble ou séparément, et l'emplir d'un calme tapas ou d'un Ânanda silencieux.

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2624

Il y a deux états: l'un est fait d'Ânanda, l'autre d'un grand calme et d'une grande égalité où il n'y a ni joie ni peine. Si l'on atteint le second, un Ânanda plus grand et plus permanent devient possible par la suite.

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2625

L'Ânanda vient plus tard; même s'il vient au début, en général il n'est pas constant. L'immensité ne vient pas parce que la conscience n'est pas encore libérée du corps. Lorsque ce que vous sentez au-dessus de la tête descendra, la conscience se libérera sans doute dans l'immensité.

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2626

Oui vous a dit que chaque fois que régnerait le silence, ou un silence authentique, la connaissance descendrait? Le silence est un réceptacle approprié pour tout ce qui vient d'en haut, mais il ne s'ensuit pas que chaque fois qu'il y a silence, tout doive descendre automatiquement.

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2627

Il n'y a pas de règle, mais dans le déroulement le plus normal une certaine Paix, une certaine Force, une certaine Lumière qui se trouvent au-dessus du mental descendent et leur activité a pour effet d'ouvrir la conscience cosmique et, en elle, les niveaux de plus en plus élevés situés au-dessus du mental. Beaucoup de gens s'ouvrent d'abord à la conscience cosmique, mais cette conscience, si elle n'est pas établie sur la base de la Paix et de la Lumière d'en haut, n'apporte qu'une masse d'expériences inorganisées.

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2628

Quand vient la Paix, on a plus facilement l'expérience du Moi pur et libre.

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2629

C'était sans doute la descente du silence supérieur, le silence du Moi ou de l'Âtman. Dans ce silence, on a des perceptions, mais le mental n'est pas actif: on sent les choses, mais on n'y réagit par aucune relation, aucune vibration. Le Moi silencieux est là, comme une réalité séparée; il n'est ni lié ni concerné par l'activité de la Nature; il est lointain, détaché, existant en soi. Même si des pensées traversent ce silence, elles ne le troublent pas; le Moi est séparé aussi du mental pensant. À ce propos, le sentiment "Je pense" est une survivance de l'ancienne conscience; dans le silence complet, ce que l'on sent, c'est: "La pensée se produit en moi"; on cesse de s'identifier aux pensées comme à la perception des objets.

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2630

Votre expérience est celle du vrai Moi, inaccessible au chagrin et à la joie, au désir, à l'anxiété ou au trouble; vaste, calme, plein de paix, il observe les agitations de l'être extérieur comme on regarderait jouer des enfants. C'est en réalité l'élément divin en vous. Plus vous pouvez demeurer dans cet état, plus ferme sera la fondation de la sâdhanâ. Dans ce Moi viendront toutes les expériences supérieures: unité avec le Divin, lumière, connaissance, force, assimilation, le jeu des forces supérieures de la Mère. Cet état ne se stabilise pas dès le début, bien que pour certains ce soit le cas; mais l'expérience devient de plus en plus fréquente et durable, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus dissimulée par la nature ordinaire.

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2631

Il n'y a pas de distinction entre le Moi et l'esprit. Le psychique est l'âme qui se développe au cours de l'évolution; l'esprit est le Moi qui n'est pas affecté par l'évolution, qui est au-dessus d'elle; seulement il est recouvert ou caché par l'activité du mental, du vital et du corps. Lorsque ce voile est retiré, l'esprit se libère; et il est retiré quand règne un silence spirituel complet et vaste.

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2632

Lorsqu'on devient conscient du Moi calme, silencieux, vaste, universel, il n'est plus dissimulé par l'ignorance; lorsqu'on s'identifie au Moi et non au mental, à la vie, au corps et à leurs mouvements ou à leur petit ego, c'est la libération du Moi.

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2633

Votre expérience actuelle est celle de l'Âtman, du Moi cosmique qui soutient la conscience cosmique; il n'est pas encore clair, mais c'en est une première impression. En redescendant de cet état, la conscience en rapporte quelque chose dans la conscience vitale et physique; le résultat en est que ces parties de l'être, ou au moins le vital, s'ouvrent et entrent en contact avec ce qui a été apporté d'en haut. Le tāmasikatā inerte ou le malaise dans les jambes vient parce que le physique n'est pas capable de recevoir ou d'assimiler. Cela disparaîtra quand cette partie de l'être s'ouvrira pour recevoir et sera capable d'assimiler.

Autrefois, la Force descendait de temps en temps pour établir un lien; ici la descente prend une autre forme, dans l'intention d'établir les expériences fondamentales de la Réalisation.

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2634

C'est le silence et la paix du Moi qui essaient de descendre en vous; quand ils sont tout à fait établis, on ne perçoit pas l'ego qui est noyé dans l'immensité du silence et de la paix du Moi. Mais au début, on n'obtient cette réalisation que dans l'état statique du Moi; dans les mouvements dynamiques, l'ego peut encore être présent en raison des habitudes passées, mais chaque fois qu'on abandonne le mouvement de l'ego, le sentiment de perdre l'ego devient plus profond et plus complet. Vous avez peut-être ressenti une impression de ce qui essaie de venir.

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2635

Le sens de l'individualité peut en effet disparaître complètement lorsque tout est paix et immensité. On sent qu'on est soi-même cette paix et cette immensité, mais pas dans un sens individuel, car on est aussi l'"Âtman" de tous les autres. Ensuite on peut avoir l'expérience d'un autre genre de "je", mais c'est un "je" universalisé qui contient tous les autres, qui est en union avec eux et qui est lui-même contenu dans le Divin. C'est ce que les yogis appellent parfois l'Aham "vaste", par opposition au petit Aham. Dans mes écrits je l'ai appelé la vraie Personne.

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2636

Si ce sont vraiment des fonctionnements de la conscience supérieure, ou s'ils prédominent, l'ego s'efface; mais souvent il y a aussi une vaste ouverture à l'existence mentale vitale et physique universelle, et si le sâdhak réagit davantage à cela qu'à la conscience supérieure, il n'est pas libéré. Il arrive même parfois que l'ego s'agrandisse. Mais si le psychique est éveillé, il n'y a aucun danger; on trouve son être vrai à la place de l'ego.

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2637

La paix, en descendant, peut arrêter l'action inférieure, si elle s'installe dans tout l'être. Mais elle ne suffit pas si l'on veut aussi développer l'aspect dynamique de l'être selon les voies du yoga.

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2638

C'est-à-dire que le pouvoir continue à agir sur la conscience physique (mental mécanique et subconscient) pour y apporter l'immobilité. Tantôt l'immobilité vient, mais elle n'est pas complète; tantôt le mental mécanique recommence à s'affirmer. Cette alternance se traduit en général par un mouvement de ce genre. Même s'il y a une descente ou un choc transformateurs soudains et rapides, une élaboration ultérieure de ce genre est nécessaire; du moins telle a toujours été mon expérience. Chez la plupart des sâdhak, cependant, ce lent processus de préparation vient d'abord.

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2639

Si une forte activité se déploie dans les parties supérieures de la conscience, le mental mécanique a beaucoup moins de possibilité d'agir. Il peut se manifester dans les moments de détente ou de fatigue, mais en général son activité n'est que secondaire et n'attire pas l'attention.

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2640

Ce bloc de paix solide et frais exerçant une pression sur le corps el l'immobilisant correspond sans nul doute — votre description en apporte la preuve — à ce que nous appelons, dans notre yoga, la descente de la conscience supérieure. Une substance profonde, intense ou massive, faite de paix et d'immobilité, est très souvent le premier pouvoir de la conscience supérieure qui descende et beaucoup le ressentent ainsi. Tout d'abord il ne vient et ne dure que pendant la méditation ou, sans s'accompagner d'une sensation d'inertie physique ou d'immobilité, persiste un peu plus longtemps, puis se perd; mais si la sâdhanâ suit son cours normal, il vient de plus en plus souvent, dure de plus en plus longtemps, et finit par devenir, sous la forme d'une paix, d'une immobilité intérieure et d'une libération profondes et durables, une caractéristique normale de la conscience, la base même d'une conscience nouvelle, calme et libérée.

Votre idée du psychique est certainement une construction mentale qu'il faut écarter. Le psychique a en effet la qualité de paix, mais ce n'est pas sa caractéristique principale, comme c'est le cas pour le Moi ou Âtman. Le psychique est l'élément divin dans l'être individuel et son pouvoir caractéristique est de tout orienter vers le Divin, d'apporter un feu de purification, d'aspiration, de dévotion, une véritable lumière de discernement, un sentiment, une volonté, une action qui transforment peu à peu toute la nature. La tranquillité, la paix et le silence dans le cœur, et par conséquent dans la partie vitale de l'être, sont nécessaires pour atteindre le psychique et plonger en lui, car les perturbations de la nature vitale, le désir, l'émotion tournée vers l'ego ou vers le monde forment la partie principale de l'écran qui cache l'âme à la nature. Mieux vaut par conséquent être dépourvu de constructions mentales lorsqu'on fait le plongeon, et n'avoir que le sentiment d'aspiration, de dévotion, de don de soi au Divin.

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2641

C'est le silence et le calme de la conscience supérieure qui pèsent en descendant dans le corps. Quand ils descendent complètement, on a tout d'abord la sensation d'être "immobile comme une statue". Ensuite le calme ou silence devient facile et normal.

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2642

Je présume que cela [sentir la paix très concrètement dans les lobes du cerveau] voudrait dire que la paix est devenue ou était en train de devenir très matérielle, très solide, physiquement très tangible: c'est la "paix dans les cellules". Tout est "substance" — même la paix, la conscience, l'Ânanda — mais il y a différents ordres de substance.

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2643

Oui, la paix peut certes pénétrer aussi dans la conscience extérieure; c'est bien ce qui doit arriver. Le corps est tout à fait capable de supporter la paix et l'immobilité. Il lui est plus difficile de supporter la pleine action de la Force, mais si la paix s'est d'abord établie en lui, alors il n'y a aucune difficulté de ce genre.

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2644

On peut faire descendre la paix dans le physique, jusque dans les cellules mêmes. C'est la transformation active du physique qui ne peut se faire complètement sans la descente supramentale.

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2645

Lorsque le corps s'est accoutumé à la paix, la paix elle-même peut devenir dynamique.

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2646

Une sensation de fraîcheur est en général le signe d'un contact ou d'une descente de paix. Le vital humain a l'impression qu'elle est très froide parce qu'il est toujours dans une agitation fiévreuse.

Nouvelles Lumières sur le Yoga, chapitre 7.

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2647

La fraîcheur est une expérience très fréquente, mais l'odeur fraîche est inhabituelle. Parfois les gens sentent un parfum, mais sans cette relation étroite. Peut-être n'observent-ils pas assez attentivement.

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2648

Si la fraîcheur s'est transformée en apathie, elle n'était peut-être que physique. Mais un flot pénétrait peut-être, seulement la Nature physique a ensuite réagi par l'inertie inférieure qui est sa réponse caractéristique à la paix et à la tranquillité. Lorsque l'inertie apparaît, les vieux mouvements que le subconscient tient toujours prêts peuvent apparaître automatiquement en même temps qu'elle. Dans un certain sens, cette inertie est la réplique obscure de la paix comme la paix est la réplique lumineuse de l'inertie, tamas, śama: la Nature supérieure trouve le repos dans la paix, la Nature inférieure y cherche un relâchement de l'énergie et un retour au subconscient, au tamas.

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2649

Le silence n'engendre pas forcément la lassitude: il contient toute la force possible. Mais il se peut que dans votre tendance au silence se trouve une disposition à faire refluer l'énergie de la conscience corporelle. C'est ce qui produirait l'inertie physique.

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2650

Exactement. "Le corps s'est senti fatigué." C'est ce que je voulais dire par habitude de tamas. Le corps ne peut pas supporter une expérience prolongée, il la ressent commel une tension. C'est le cas chez la plupart des sâdhak. Mais chez vous, l'obstacle, lorsqu'il surgit, semble acquérir une grande intensité. Je vous ai déjà indiqué le moyen de vous en débarrasser, mais cela ne peut se faire en un jour parce que c'est une habitude ancrée dans la nature, et pour éliminer les habitudes ancrées il faut du temps. Mais on peut le faire en un temps relativement court, pourvu que l'on ne soit pas bouleversé quand l'obstacle apparaît et que l'on s'y oppose avec fermeté et constance.

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2651

Quand la volonté mentale consent à l'inertie — devient passive devant elle, comme nous disons — on reste dans cet état passif, on n'est pas poussé à réagir contre lui, tant qu'il ne s'efface pas de lui-même. Si la volonté mentale ou même la volonté vitale, ou encore une certaine partie dynamique de la nature n'a pas été atteinte et peut réagir, l'effort qui se produit pour le rejeter peut abréger la période intermédiaire.

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2652

Il n'y a pas de lien entre la descente de la Paix et l'abattement. Il peut y avoir de l'inertie, si l'être physique se sent poussé à la tranquillité, mais la transforme en une simple inaction: mais cela ne peut pas exactement s'appeler une descente, du moins pas une descente complète, puisqu'elle ne touche pas le physique.

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2653

On entend souvent des plaintes de ce genre [affaiblissement de la mémoire] au cours de la sâdhanâ. Je suppose que l'activité habituelle de la mémoire est interrompue pendant un certain temps par le silence mental, ou bien par le tamas physique.

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2654

La transformation de la conscience peut entraîner un fonctionnement plus conscient et plus parfait de la mémoire, qui remplace l'ancien mécanisme.

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2655

Une fois que l'être intérieur a établi cette séparation complète, même des océans d'inertie ne peuvent l'empêcher de la garder. C'est la première chose à faire pour avoir une base sûre dans le yoga: établir complètement cette séparation. Le plus souvent elle apparaît lorsque la paix est complètement installée dans les parties intérieures; alors la séparation, elle aussi, se stabilise et devient permanente.

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2656

Si l'être intérieur est en sécurité, il n'y a plus aucune lutte, on n'est plus accablé par l'inertie, la dépression ni aucune des autres difficultés fondamentales. Le reste peut se faire peu à peu et tranquillement, y compris la descente de la Force. L'être extérieur devient simplement un mécanisme ou un instrument qu'il faut mettre au point. Être entièrement mukta dans l'être intérieur n'est pas si facile.

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2657

Le tamas doit être transformé en śama, paix et repos de la Prakriti supérieure, et ensuite rempli de tapas et de jyoti. Mais cela ne pourra se faire complètement dans le physique e lorsque le physique aura été définitivement transformé Par le Pouvoir supramental.

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2658

On ne peut pas expulser le radjas et le tamas, on ne peut que les convertir et donner la prédominance au sattwa. Tamas et radjas ne disparaissent que lorsque la conscience supérieure non seulement descend, mais maîtrise tout jusqu'aux cellules du corps. Alors ils se transforment en un repos divin, en une paix divine et en l'énergie divine ou tapas; enfin sattwa se transforme aussi en Lumière divine. Quant à rester tranquille lorsque règne le tamas, la tranquillité peut aussi être tamasique.

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2659

Les trois guṇa sont purifiés, affinés et transformés en leurs équivalents divins: sattva devient jyoti, la lumière spirituelle vraie; rajas devient tapas, la force divine tranquillement intense; tamas devient śama, la quiétude, la paix, le repos divins.

Lumières sur le Yoga, chapitre 1. Traduction de la Mère.

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2660

Ce que vous dites est exact. Tout ce qui est indésirable est une mauvaise interprétation, dans l'Ignorance, de quelque chose qui, sur un plan supérieur, est ou pourrait être souhaitable. L'inertie ou tamas est une interprétation fausse du śama, du repos, de la tranquillité, de la paix divins; la douleur est une interprétation fausse de l'Ânanda; le désir est une interprétation fausse de l'amour, etc. C'est seulement lorsqu'on s'est débarrassé de ces perversions inférieures que les choses supérieures peuvent régner dans leur vérité.

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2661

Chaque défaut de la nature de l'Ignorance est une déformation de quelque chose dans la nature supérieure, déformation qui équivaut même à une perversion. C'est une perception symbolique de cette vérité que vous avez eue dans votre expérience.

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2662

Je ne crois pas, moi non plus, que ce soit correct. Selon cette hypothèse, lorsque les trois qualités [sattwa, radjas et tamas] ne sont pas équilibrées, lorsqu'il y a une diversité et un mouvement varié, la création est active; sinon tout devient la Prakriti originelle en repos. On peut douter qu'il en soit réellement ainsi.

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2663

Les expériences que vous relatez dénotent un grand progrès: vous passez de la perception de la Force ascendante à celle de la Shakti descendante. Car les spirales de Lumière que vous avez vues, et dont vous avez senti les effets — immersion dans le silence et la paix, paix de l'Âtman ou de la conscience du Brahman — sont en général un premier résultat, une représentation visuelle de la descente dynamique de la Force divine; de même vous êtes passé de la réalisation du Brahman statique, associée au sentiment de l'irréalité de l'existence du monde, à la réalisation de l'état du Brahman dynamique. C'est un pas considérable dans le yoga intégral.

La conscience du Brahman est parfois décrite comme une conscience statique, mais elle a deux aspects, l'un statique, l'autre dynamique, et c'est quand ils sont tous deux réunis qu'elle devient intégrale. C'est la conscience plus grande dont j'ai parlé dans la phrase que vous citez: plus grande que celle qui perçoit seulement le silence et l'immobilité du Brahman, ou que celle qui perçoit seulement l'existence et l'action cosmiques.

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2664

Par Force j'entends non pas l'énergie mentale ou vitale, mais la Force divine d'en haut: tout comme la paix et l'élargissement, cette Force (Shakti) vient d'en haut. Rien, pas même la pensée ou la méditation, ne peut se faire sans une certaine action de la Force. La Force dont je parle est une Force qui œuvre à l'illumination, à la transformation, à la purification, à tout ce qui doit se faire dans le yoga, à l'élimination des forces hostiles et des mouvements erronés; évidemment elle œuvre aussi pour le travail extérieur, qu'il soit en apparence grand ou petit, s'il fait partie de la Volonté divine. Je n'entends pas par là une force personnelle égoïste ou radjasique.

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2665

Le Pouvoir, c'est la vigueur et la force, Shakti, qui donne la capacité de faire face à tout événement, de tenir bon et de triompher, et aussi d'accomplir le dessein de la Volonté divine. Il peut inclure beaucoup de choses: pouvoir sur les hommes, les événements, les circonstances, les moyens, etc. Tout cela n'appartient cependant pas au mental ou au vital, mais agit par l'unité de la conscience avec le Divin, avec toutes les choses et tous les êtres. Ce n'est pas une force individuelle qui dépendrait de certaines capacités personnelles, c'est le Pouvoir divin utilisant l'individu comme instrument. Il n'a pas de rapport particulier avec les siddhi occultes.

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2666

Que veut dire "sa propre force"? Toute force est cosmique et l'individu n'est qu'un instrument; une certaine quantité de force peut être accumulée en lui, elle n'est pas sienne pour autant.

L'expérience peut s'obtenir de différentes manières. D'abord il y a la foi, ou parfois une réalisation mentale, et cela suffit pour que l'on s'ouvre à la force de la Mère, de sorte qu'elle est toujours à portée en cas de besoin ou lorsqu'on l'appelle. Même si l'on ne sent pas venir la Force, les résultats sont pourtant là, et visibles. La deuxième possibilité est de sentir que l'on est comme un instrument et d'être conscient de l'Énergie qui l'utilise. Dans la troisième, on est en contact avec le Pouvoir d'en haut et sa descente (spontanée ou provoquée par un appel) dans le corps; c'est le moyen le plus concret d'obtenir cette expérience, car on sent physiquement la Force œuvrer en soi. Enfin il y a un état où l'on est conscient d'être en contact intérieur étroit avec la Mère et qui apporte un résultat similaire.

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2667

La Force est la Shakti essentielle; l'Énergie est l'élan agissant de la Force, son dynamisme actif; le Pouvoir est la capacité née de la Force; la Vigueur est l'énergie consolidée et emmagasinée dans l'Âdhâr.

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2668

Parler d'une Force passive n'a pas de sens: la Force est toujours dynamique. Seulement une Force peut agir sur une base de calme passivité, tout comme dans le monde matériel la Force agit sur la base de l'inertie.

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2669

Il y a, derrière chaque action, une force qui agit d'une manière appropriée à cette action. Elle revêt toutes ces formes multiples pour la nécessité de l'action, mais c'est une Force unique.

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2670

Jamais je n'ai classé les différentes formes de la Force: elles sont peut-être des centaines ou des milliers. La Force utilise celle ou telle de ses formes selon le travail qu'elle doit accomplir.

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2671

La connaissance vient d'en haut, comme la lumière, la paix et tout le reste.

À mesure que la conscience progresse, la connaissance vient d'un niveau de plus en plus élevé. D'abord c'est le mental supérieur illuminé qui prédomine, puis c'est le mental intuitif, ensuite le surmental et enfin le supramental; mais la conscience tout entière doit être déjà suffisamment transformée pour que la Connaissance supramentale puisse commencer à venir.

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2672

La Lumière a ses forces particulières qui agissent en fonction des besoins, mais on peut aussi vivre dans la Lumière, tout comme on peut vivre dans la Paix ou dans l'Ânanda.

La Paix et l'Ânanda peuvent se déverser dans tout l'organisme et finir par se stabiliser, de sorte qu'ils sont dans le corps et que le corps et tout l'être sont en eux: on pourrait presque dire qu'ils sont cela, qu'ils sont la Paix et l'Ânanda; il peut en être de même de la Lumière. Elle peut se déverser dans le corps, rendre chaque cellule lumineuse, se stabiliser et entourer l'être de tous côtés en une masse brillante de Lumière.

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2673

Ce ne sont pas des boules ou des éclairs de lumière; c'est un flot ou une mer de Lumière qui pénètre dans le corps, l'entoure et illumine tout le champ de la conscience. On peut aussi avoir un vif sentiment de Lumière et d'illumination, sans la vision. En général, on peut voir ou sentir comme une Lumière d'un blanc intense ou diamantin, ou dorée, ou comme quelque chose qui ressemble à la lumière du soleil; ou encore, pour beaucoup de gens, c'est une lumière bleue ou blanc bleuté.

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2674

La lumière ou les rayons lumineux appartiennent toujours à la conscience supérieure qui agit dans l'être pour l'illuminer ou le purifier, ou encore pour éveiller la conscience ou la mettre au diapason de la Vérité.

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2675

Cela dépend de la couleur de la Lumière. En tout cas, c'est la Lumière d'une Force d'en haut. Toutes les lumières sont des signes d'une Force ou d'un Pouvoir. Les Lumières et les Forces qu'elles représentent ont pour tâche d'agir, par leur descente, sur la nature inférieure, et de la transformer.

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2676

Il n'est ni nécessaire, ni possible de la définir. La Lumière est la lumière, semblable à la lumière que vous voyez, sauf qu'elle est subtile; elle clarifie la conscience; elle agit comme une force et rend possible la connaissance.

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2677

Elle [la Lumière divine] n'a pas de fonction: elle est simplement la Lumière de la Conscience divine. Si vous voulez parler de son effet, elle est censée vous illuminer, faire disparaître l'ombre et l'obscurité, rendre la nature apte à la vraie conscience, à la Connaissance, etc.

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2678

La Lumière est le pouvoir qui éclaire toute chose sur laquelle il se projette; son effet peut être une vision, un souvenir, une connaissance, une volonté juste, une impulsion juste, etc.

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2679

(1) Le couvercle du crâne qui se soulève signifie que l'être mental s'est ouvert à la Lumière divine, et les flammes indiquent une aspiration pleine de Lumière qui s'élève pour relier la partie mentale à ce qui est au-dessus du Mental.

(2) La Lumière divine qui vient d'en haut a des couleurs variées. Blanche, c'est le Pouvoir divin de pureté; bleue c'est la lumière de la conscience spirituelle; l'or est la couleur de la connaissance supramentale ou d'une connaissance émanant des plans intermédiaires.

(3) Un signe OM (doré) s'élevant vers le ciel signifie que la conscience cosmique supramentalisée s'élève vers la Conscience transcendante.

(1) et (2) indiquent soit quelque chose qui est en train de se produire, soit une possibilité qui essaie de se matérialiser; (3) symbolise la marche que suivra le yoga si cette possibilité se réalise et se poursuit jusqu'à son but naturel.

Nouvelles Lumières sur le Yoga, chapitre 7.

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2680

Ce feu est le feu divin de l'aspiration et de la tapasyâ intérieure. Quand le feu descend d'une façon répétée, avec une force et une densité croissantes, dans l'obscurité de l'ignorance humaine, il semble tout d'abord être absorbé et englouti par cette obscurité, mais plus la descente se répète, plus l'obscurité se change en lumière, plus l'ignorance et l'inconscience du mental humain se changent en une conscience spirituelle.

Les Bases du Yoga, chapitre 2. Traduction de la Mère.

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2681

C'est bien. Le Pouvoir au-dessus de la tête est évidemment celui de la Mère; c'est le pouvoir de la Conscience supérieure qui prépare le chemin de sa descente. Cette Conscience supérieure, qui s'accompagne d'un sentiment d'existence vaste et sans limite, de lumière, de pouvoir, de paix, d'Ânanda, etc., est toujours là, au-dessus de la tête, et quand quelque chose de la Force spirituelle descend pour agir sur la nature, c'est de là que cela vient. Mais rien de comparable à la descente complète de la paix, de la béatitude, etc. ne peut venir tant que l'être n'est pas prêt. Très souvent, la première préparation consiste en une action sur le mental, le vital et la nature physique afin que l'âme, l'être psychique, ait une chance de se manifester et d'influencer le reste de la nature; pour cela, toutes les obscurités majeures du mental et du vital doivent être combattues et rejetées, et le physique doit, lui aussi, subir une préparation matérielle pour que la descente soit possible. C'est ce qui s'opérait en vous depuis si longtemps. Ce mouvement préliminaire doit encore se renforcer et devenir plus complet, mais ce qui a été accompli suffit à préparer la descente de la conscience supérieure. Deux choses se produisent: une ascension de votre propre conscience aux niveaux supérieurs dans la tête et au-dessus d'elle, et une descente de la conscience supérieure, située au-dessus de la tête, dans votre mental, votre vital et votre corps. La manière, les étapes, la durée varient selon la personne. Mais cette conscience nouvelle est très différente de la conscience ordinaire et bien des choses se passent lorsqu'elle vient, qui n'arriveraient pas au mental et pourraient lui paraître étranges, par exemple la dissolution de l'ego et l'ouverture à un moi plus vaste ou esprit non limité par le corps, pour lequel le corps n'est qu'un petit instrument et rien de plus. Il faut par conséquent écarter toute peur de ces phénomènes nouveaux et accepter avec calme et confiance chaque domaine d'expérience nouvelle, en se reposant sur la Force divine de la Mère pour qu'elle vous guide, vous soutienne et vous protège tout au long de la transformation.

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2682

un mot au sujet de votre sâdhanâ. Il me semble que la clé de votre développement futur est contenue dans l'expérience à laquelle vous dites avoir accédé souvent pendant quelques jours à K. "Un état qui était plein de connaissance, de calme sérénité, de force et de vaste conscience; tous les problèmes se résolvaient automatiquement, un flot continu de pouvoir pénétrait dans le corps par le centre du front; une extrême puissance, un samatā imperturbable, une calme conviction, une vision aiguë et la connaissance." C'était la conscience du vrai Pourousha en vous, conscient de son être supramental, et c'est cela qui doit devenir votre conscience normale et la base du développement supramental. Afin qu'il puisse en être ainsi, il faut rendre le mental calme et fort, purifier l'être émotif et vital et ouvrir la conscience physique de sorte que le corps puisse contenir et garder la conscience et le pouvoir. Je note qu'à l'époque où vous aviez cette expérience, le corps l'exprimait lui aussi. C'est un signe que cette possibilité est déjà là, dans votre être physique. Le calme et la force descendront; ce que vous devez faire, c'est vous ouvrir pour les recevoir et en même temps rejeter tous les mouvements de la nature inférieure qui les empêchent de persister et qui sont régis par des désirs et des habitudes incompatibles avec l'être vrai, le vrai pouvoir et la vraie connaissance. Évidemment le pouvoir supérieur vous révélera tous les obstacles et les éliminera de votre nature, mais à la condition que non seulement votre mental, mais aussi votre être vital et physique s'ouvre et se soumette à lui et refuse de se soumettre à d'autres pouvoirs et à d'autres forces. Comme vous en avez vous-même eu l'expérience à ce moment-là, cette conscience plus grande amènera d'elle-même le développement de la volonté et de la connaissance supérieures. Les expériences psychiques appropriées sont évidemment d'un grand secours, mais dans votre cas il est possible que le plein épanouissement du psychique ne se produise que dans la mesure où cette conscience, accompagnée du calme de la connaissance, de la volonté et de la samatâ, aura pris possession des différentes parties de l'être.

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2683

Tout ce que vous notez dans votre lettre est très encourageant; cela montre que la force est à l'œuvre en vous, et de la bonne manière. Deux choses sont nécessaires: il faut que votre mental et votre vital soient complètement reliés à votre être psychique, et que la conscience s'ouvre à celle de la Mère qui est au-dessus. Toutes deux commencent à apparaître. La voix qui vous a parlé était celle de votre âme, de votre être psychique; l'impulsion à vous intérioriser profondément était le mouvement de plongée dans les profondeurs du psychique. La conscience qui a repoussé et rejeté la colère et les anciens mouvements était aussi celle du psychique.

La pression que vous avez sentie sur la tête apparaît toujours lorsque par une pression d'en haut, la Conscience supérieure, la conscience de la Mère, cherche à entrer; la fraîcheur et tout ce que vous avez senti apparaîtront souvent aussi à ce moment-là. Le premier effet en a été le détachement des liens personnels, la liberté, la légèreté, l'ouverture du cœur, l'absence de crainte, et aussi le sentiment de la présence de la Mère. Ces phénomènes sont des signes de la vraie conscience et font partie de la nature spirituelle. Ils viennent d'abord sous la forme d'expériences, puis deviennent plus fréquents, durent plus longtemps et s'installent dans la nature.

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2684

Vos expériences semblent solides. La première est celle de la conscience supérieure (yoguique ou spirituelle) qui descend dans le corps, venant d'au-dessus de la tête. On la sent souvent comme un courant qui s'écoule à travers la tête et pénètre dans tout le corps, et la première chose qu'elle apporte est une descente de paix. L'un des résultats de cette descente est que l'on sent en soi un être intérieur qui est détaché de l'action extérieure, la soutient à l'arrière-plan, "lais n'y est pas mêlé; c'est votre deuxième expérience. La troisième, qui concerne le sommeil, vient aussi lorsqu'on a confiance en la Mère et que l'on s'endort sous sa protection, sur ses genoux en quelque sorte, environné de sa présence. Quant au rêve, les jambes symbolisent la conscience physique encore soumise à une double attirance, l'une vers le haut, vers la conscience supérieure, pour que la conscience physique s'unisse à la conscience spirituelle, l'autre vers le bas, vers la conscience inférieure. Le regard dirigé vers moi indique que l'être choisit le mouvement vers le haut.

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2685

L'immensité est celle de la conscience supérieure, car l'or est la couleur de la lumière de Vérité, et la vache est le symbole de la Lumière de la conscience supérieure qui descend en transformant tout en Lumière de Vérité.

L'état vaste et tranquille, qui n'est affecté par aucun incident, est l'effet naturel de la descente que vous avez vue sous cette forme. L'attitude d'impartialité à l'égard du travail ou de l'absence de travail est aussi un effet de cette descente. C'est en général le vital qui pousse à travailler, et sans cette impulsion du vital on ne peut pas faire grand-chose. Quand la conscience supérieure descend dans le mental et le vital, cette impulsion devient silencieuse, mais la faculté de travailler demeure; plus tard, quand la conscience nouvelle s'est établie, elle se charge du travail et l'exécute à l'aide d'une autre force qui vient remplacer l'impulsion du vital et qui est bien plus grande.

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2686

L'état d'ouverture qui convient, avec la Force qui descend et le souvenir constant — ou toute autre forme que prenne cet état — est le début de la vraie conscience et au commencement, elle est toujours de courte durée parce que la conscience ordinaire n'en a pas encore l'habitude, étant accoutumée à autre chose. Mais sa durée et son pouvoir vont sans cesse grandissant, jusqu'à ce qu'elle soit capable de persister même lorsque la conscience extérieure est plongée dans d'autres occupations. D'abord elle demeure à l'arrière-plan et émerge dès que cesse la préoccupation extérieure; ensuite elle reste à l'arrière-plan, mais on ne fait que la sentir, et à un stade ultérieur elle est sans cesse présente, de sorte qu'il y a deux consciences: la conscience intérieure toujours reliée à la Mère et pleine de son action, de sa présence ou des deux, et la conscience de surface occupée à l'extérieur. Enfin même la conscience de surface commence à sentir la relation directe dans l'action même. Il ne faut pas s'inquiéter si, par intervalles, l'état vrai disparaît. Ce n'est pas une preuve d'incapacité; c'est une simple phase où ce qui n'a pas encore été transformé se présente pour subir une action préparatoire à la transformation. Quand la conscience intérieure est bien établie, ces périodes n'affectent que la surface de la conscience et ne sont plus gênantes comme auparavant.

P. S. — La difficulté que vous éprouvez réside sans doute dans le mental extériorisant, dont le centre se trouve dans la gorge. Quand il n'y a pas de résistance à cet endroit, la Force descend jusqu'au niveau du cœur et au-dessous.

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2687

En général, la conscience supérieure ne commence pas par transformer la nature extérieure: elle agit sur l'être intérieur, le prépare et se dirige ensuite vers l'extérieur. Auparavant, toute transformation accomplie dans la nature extérieure ne peut l'être que par le psychique.

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2688

C'est à peu près cela. C'est-à-dire qu'il y a toujours des fluctuations dans l'intensité de la Force lorsqu'elle agit. Elle vient avec un grand pouvoir et effectue quelque chose qui doit être fait, puis elle se cache ou se retire un peu, ou bien or' la sent, mais, comme vous le dites, derrière un écran, tandis que quelque chose s'élève pour se préparer à l'illumination; ensuite elle revient au premier plan et fait le nécessaire à cet endroit. Mais auparavant — alors que le soutien, l'aide et même la conscience profonde étaient toujours là, comme vous les sentez maintenant à juste titre ~ lorsqu'un voile tombait, tout tombait dans un oubli complet et vous ne sentiez plus qu'obscurité et confusion. Cela arrive à la plupart des sâdhak dans les premiers stades. C'est un grand progrès, un pas en avant décisif, si, au moment où la Force agit derrière l'écran, vous sentez qu'elle est là, que l'aide et le soutien, la conscience plus éclairée sont encore là. C'est le second stade de la sâdhanâ. Il y en a un troisième où il n'y a pas d'écran et où l'on sent constamment la Force et tout le reste, qu'ils travaillent activement ou s'interrompent durant une période de transition.

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2689

Oui, la Force est tout à fait concrète. En général, elle commence par descendre d'elle-même de temps en temps; on l'appelle aussi face à une difficulté. Mais à la longue elle est toujours là, soutenant ou déterminant toute l'action de l'être.

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2690

Le Pouvoir et la Paix qui descendent viennent de la conscience supérieure, au-dessus de votre tête, d'un moi plus grand dont votre mental — et le mental humain en général — n'est pas conscient. Ce sont le pouvoir et la paix du Divin. Quand ils vous enveloppent de l'extérieur du corps (et que par conséquent vous les sentez à l'extérieur), ils constituent une protection et une atmosphère. Mais ils descendent aussi dans le corps, dans la tête (le mental), le cœur et l'ombilic (le vital) et à travers tout le corps, agissant en vous et faisant le nécessaire pour transformer la conscience. Quand vous ne sentez pas leur présence, quand vous ne les sentez qu'à l'extérieur, c'est que vous êtes très extériorisé dans la conscience physique, mais en réalité ils sont là, dans l'être intérieur, agissant en vous. Lorsque vous réintégrez la conscience intérieure, vous les sentez de nouveau au-dedans et ils éveillent en vous votre vraie conscience, le psychique, qui seul donne la foi et la dévotion. C'est cependant un grand progrès si, même lorsque vous êtes dans la conscience physique extérieure, vous sentez la Paix vous envelopper.

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2691

Pourquoi serait-ce imaginaire? Quand la conscience supérieure est en contact avec vous, elle suscite, tant qu'elle est là, une pureté essentielle que peuvent partager toutes les parties de l'être. Ou même si l'être extérieur n'y prend pas une part active, il peut se calmer au point que rien ne soit capable de s'opposer à ce que l'être tout entier réalise la vérité d'une expérience. Cet état ne dure pas, parce qu'il n'est qu'un contact préparatoire et non la descente complète ou permanente; mais tant qu'il dure, il est réel. La sensation sexuelle appartient évidemment à l'être extérieur, c'est la perversion ou la représentation fausse de l'expérience dans la nature, c'est l'obstacle principal qui s'oppose à ce qu'elle devienne fréquente, puis normale. Un aspect contraire comme celui-ci essaie en général de s'imposer après une expérience.

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2692

Vous agissez correctement à l'égard de la sensation sexuelle. Quant aux raisons pour lesquelles elle est apparue alors que vous répétiez le nom, il y en a deux: l'une est que lorsque vous utilisez le nom, vous faites appel au pouvoir de la Mère Pour qu'il agisse à cet endroit et le premier résultat en est souvent que la difficulté se dresse comme un serpent dont on touche la tête, pour résister à la pression; ou bien — si vous considérez les choses d'un autre point de vue — elle se dresse Pour qu'on s'occupe d'elle. L'autre raison est que, lorsque ce qu'il faut faire descendre est l'Ânanda — de la force, de la lumière, etc., mais surtout de l'amour — la passion vitale et physique se soulève pour essayer de se mêler à l'Ânanda et de s'en emparer, dans l'espoir de le transformer en une sorte de plaisir vital sublimé. C'est ce qui arrive très souvent aux vishnouïtes — c'est bien connu — lorsqu'ils font le saṃkīrtana. Dans votre cas, il s'agissait sans doute de la première de ces causes, car l'Ânanda d'amour — ou n'importe quel Ânanda — n'apparaît pas encore; la deuxième explication est donc improbable. Quant à la Force qui descend dans la tête, elle a deux aspects: l'un est la paix et quand elle prédomine, on a cette sensation de fraîcheur; quand, au contraire, l'action est vigoureuse et dynamique, on peut avoir une sensation de chaleur: c'est le pouvoir d'Agni. La plupart des sâdhak ont les deux sensations; elles ne sont pas imaginaires.

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2693

Vous parlez d'une lutte (yuddha) qui commence lorsque la Force descend, mais un tel effet n'est pas inévitable; la lutte n'est pas nécessaire au progrès. Elle se produit plutôt avant que la Force ne soit présente dans l'être, alors qu'on en est encore à faire des efforts pour s'ouvrir, ou bien quand elle est encore en train de faire pression pour descendre, ou qu'elle a pris en charge une partie de la nature, mais pas l'ensemble. Quand la Force est là et agit, les imperfections et les faiblesses de la nature vont évidemment se dresser pour être transformées, mais on n'a pas besoin de lutter avec elles; on peut les regarder tranquillement, comme un ensemble d'instruments à la surface qui doit être transformé. Il ne faut pas les regarder avec "indifférence", car cette attitude pourrait s'apparenter à l'inertie, à un manque de volonté, d'élan ou de besoin de changer, mais plutôt avec détachement. Le détachement consiste à se tenir à l'écart, à ne pas s'identifier à elles, à n'être ni bouleversé, ni troublé parce qu'elles sont là, mais plutôt à les regarder comme une chose étrangère à sa propre conscience et à son propre moi, à les rejeter et à appeler la Force de la Mère dans ces mouvements pour qu'elle les élimine et y apporte la vraie conscience et ses mouvements. La ferme volonté de rejet doit être là, mais aucune lutte, aucun combat.

Lorsque vous avez senti la Force, la concentration, la paix, c'était évidemment le signe de la venue de la vraie conscience; ce n'est pas cela qui a pu engendrer de l'agitation pendant la nuit. Si l'agitation était l'effet de la venue de la Force, il s'ensuivrait que plus la Force descend, plus l'agitation doit augmenter. Ce serait absurde, et ce n'est pas le cas. Ce qui s'est passé, c'est simplement que la Force s'accompagnait d'un commencement de paix intérieure ou spirituelle; dans les nerfs, l'ancienne agitation qui somnolait s'est éveillée pour résister, pour essayer — comme le font tous ces mouvements habituels de la nature — de se perpétuer. À mesure que la paix pénètre dans le vital et l'être nerveux, ces choses naturellement diminuent et sont éliminées. On n'a qu'à rester tranquille et détaché et à laisser la Force, par son action, apporter la paix là aussi. Si cette difficulté persiste, vous nous le ferez savoir pour que nous puissions y remédier.

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2694

L'attitude qu'il décrit, s'il la conserve correctement, est la bonne. Elle lui a d'abord apporté le début d'une véritable expérience, la Lumière (blanche et dorée) et la Force qui se sont déversées du sahasradala pour remplir l'être; mais quand elle a touché les régions vitales, elle a dû éveiller les énergies du prâna dans les centres du vital (ombilic et au-dessous) et comme ceux-ci n'étaient pas purs, toutes les impuretés se sont dressées (colère, sexe, peur, doute, etc.) et le mental a été obscurci par cette éruption de forces vitales impures. À ce qu'il dit, tout cela est maintenant en train de s'apaiser, le mental se calme et les impulsions paraissent dans le vital, mais n'y restent pas. Le vital, et pas seulement le mental, doit devenir calme; ces impulsions doivent perdre, par le rejet et la purification, le pouvoir de se répéter. La pureté et la paix totales doivent s'établir dans tout l'Âdhar; alors seulement il aura une base solide et sûre pour son progrès futur.

Si la force ne reste pas en lui, c'est sans doute parce qu'il se laisse tomber dans une passivité inerte et s'ouvre à tout. On ne doit être passif que devant la Force divine et veiller à ne pas se mettre à la merci de toutes les forces. S'il devient passif lorsqu'il essaie de voir Dieu dans une autre personne, il se mettra probablement à la disposition de n'importe quelle force qui agira par l'intermédiaire de cette personne et ses propres forces risquent d'être drainées vers l'autre. Mieux vaut qu'il s'abstienne de toute tentative de ce genre; qu'il aspire à la Paix et à la Force qui viennent d'en haut et à la pureté complète, et qu'il s'ouvre à cette seule Force. Les expériences comme celle du Divin partout (et pas seulement dans telle ou telle personne) viendront alors d'elles-mêmes.

Notre objectif est la réalisation supramentale et nous devons faire tout ce qui est nécessaire pour y parvenir ou pour aller dans cette direction, selon les conditions de chaque étape. Pour l'heure, il est nécessaire de préparer la conscience physique; à cette fin, il faut établir une égalité et une paix totales, ainsi qu'une consécration complète, dénuée d'exigences ou de désirs personnels, dans les parties physiques et vitales inférieures. D'autres choses viendront au moment opportun. Ce qui est nécessaire maintenant, ce n'est pas la proximité physique, qui est l'une de ces autres choses, mais l'ouverture psychique dans la conscience physique et en elle la présence, la direction constantes.

Nouvelles Lumières sur le Yoga, chapitre 3.

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2695

L'ouverture du mental vital (ou de n'importe quelle partie de l'être) ne signifie pas que le mental vital est absolument ouvert ou tout entier converti, au point qu'il n'y aura plus jamais en lui d'obscurité, d'ignorance, d'erreur, de résistance ni rien d'autre que la conscience. Cela signifie seulement que la conscience supérieure est capable d'y descendre. d'y agir et d'établir quelque chose d'elle-même dans cette partie de l'être. Chaque plan, l'un après l'autre, en descendant jusqu'au plan physique, doit s'ouvrir initialement de cette manière. Tant que cette ouverture initiale n'est pas réalisée dans toutes les parties, aucune ne peut recevoir une descente complète et définitive de la conscience supérieure. Si l'être nerveux et d'autres parties physiques ne sont pas ouvertes, en fin de compte même le mental pensant ne peut pas s'ouvrir, car il peut être affecté par une résistance, une obscurité, etc. venant d'en bas. Si le mental vital est ouvert, cela ne signifie pas qu'il soit ouvert au point d'être déjà divin et de ne ressentir ni orgueil, ni aucun autre mouvement faux.

Quant à l'être nerveux, il fait partie de la conscience physique, il est situé au-dessous du mental physique et non au-dessus: les nerfs font partie du corps.

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2696

Ce n'est pas sous l'effet d'une pression d'en haut que les perturbations apparaissent. Si rien ne descendait, il n'y aurait ni paix, ni clarté, et pourtant les perturbations apparaîtraient; elles seraient même plus fréquentes.

Les désirs obsédants faisaient naguère partie du physique vital, mais lorsque dans l'être la force de paix est suffisante, ils s'en vont et le physique vital est libre, soumis à l'influence de la tranquillité. Les forces de perturbation ne font plus Partie de la personnalité, mais bien qu'elles en soient sorties, elles attendent dans l'atmosphère et, si elles en ont l'occasion, essaient de revenir et de reprendre possession de l'être extérieur pour anéantir la paix intérieure ou, si elles n'en sont plus capables, pour la dissimuler. Comme le vital physique a eu l'habitude d'y réagir, volontairement pendant n certain temps, puis — maintenant — involontairement, e les peuvent encore l'obliger à réagir à leurs vibrations. La paix et la clarté doivent devenir assez vigoureuses pour persister même si ces forces reviennent; alors apparaîtra un état où la paix intérieure restera immuable, même lorsque l'être extérieur sera superficiellement troublé. C'est un stade très caractéristique dans te progrès. Plus tard, on peut faire descendre une force assez puissante pour remplir également l'être extérieur d'une paix et d'une clarté si fortes que les perturbations ne peuvent plus y pénétrer. On les sent encore parfois dans l'atmosphère, mais on n'est plus atteint par elles du tout.

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2697

Si le physique vital recommence à laisser entrer les forces de perturbation, ce n'est pas toujours parce qu'il le veut; en dépit de lui-même, certains chocs ou certaines suggestions peuvent aussi ranimer les vibrations anciennes, et cette habitude d'y réagir a été en lui si forte qu'il y réagit malgré lui, et devient pendant quelque temps incapable de recouvrer son équilibre. C'est le sort de toutes les parties de l'être, mais c'est vrai en particulier des parties physiques: le mental physique cède aux pensées habituelles, le vital physique cède aux impulsions et aux désirs habituels, le corps cède aux sensations, aux maladies habituelles, etc., etc. Souvent des sâdhak écrivent: "Mais je ne veux pas de tout cela, même mon vital et mon corps se sentent mal à l'aise et veulent s'en débarrasser, alors pourquoi est-ce que cela vient?" C'est parce que cette habitude de réagir, établie de longue date, est trop forte par rapport à la volonté de rejet (si l'on peut appeler cela une volonté), qui est elle-même encore trop faible et passive dans la partie en cause. C'est particulièrement vrai des parties physiques, parce qu'elles ont par nature une tranquillité passive, une habitude de se laisser mener par des forces, à moins qu'elles ne soient régies d'en haut ou contraintes à partager l'idée et la volonté des parties supérieures.

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2698

C'est sans doute le physique vital qui agit. Sous la pression de la Force, la résistance reflue de plus en plus bas et se manifeste pour amener là aussi la pression, précisément en vue de se faire expulser.

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2699

C'est la pression de la conscience supérieure (plans de lumière bleue au-delà du mental ordinaire) qui est descendue et pèse sur les résistances inférieures, jusqu'au corps et au-dessous. En même temps, le poids de la nature subconsciente se soulève pour se libérer; telle est la signification de ces expériences.

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2700

C'est un bon progrès. Quant à la partie résistante, un certain niveau du physique continue longtemps à résister: un niveau s'ouvre, un autre, au-dessous, reste obscur. Mais si la pression d'en haut est constante, la résistance finit par s'épuiser.

L'immobilité dont vous parlez, durant la méditation, est un très bon signe. En général elle commence à imprégner ainsi tout l'être lorsqu'il s'est suffisamment purifié. D'autre part, cette immobilité commence elle-même à construire la base de la conscience spirituelle supérieure.

Je crois que vous avez raison: beaucoup sont en train de changer. La transformation est encore tenue en échec par des résidus et des retours de l'ancienne nature, mais elle avance.

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2701

Dans le premier état, vous recevez par l'intermédiaire du mental qui se retire en lui-même pour recevoir la Présence et croître dans la Lumière et le Pouvoir d'en haut. Le corps ou conscience extérieure ne participe probablement pas à ce mouvement dans ses parties extériorisantes; aucune énergie ne pousse à effectuer un travail quelconque, si ce n'est celuil auquel la conscience extérieure est habituée.

Dans le second état, le vital reçoit directement et transforme aussitôt ce qu'il reçoit en énergie cinétique; car lorsque le vital reçoit directement la Lumière, le Pouvoir ou l'Ânanda, ou y participe activement, il devient possible et facile de se tourner vers l'extérieur pour effectuer toutes sortes de travaux et d'actions.

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2702

Ce que vous écrivez est tout à fait exact. D'habitude, le corps n'est pas relié à la conscience supérieure; il ne fait quel recevoir du mental ce qu'il peut. C'est par l'ascension du corps intérieur ou subtil dans ce plan et la descente, depuis ce plan, de la Lumière supérieure qu'il se prépare à la liaison directe.

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2703

La Force supérieure peut pénétrer directement dans la conscience physique, c'est-à-dire que le reste peut demeurer passif, mais elle doit passer par le subtil pour atteindre le matériel.

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2704

Toutes les expériences qui pénètrent les centres sont enregistrées dans le corps et apparaissent comme des expériences du corps, mais on doit distinguer les expériences qui se reflètent en lui de celles qui appartiennent à la conscience physique du corps. C'est une question de conscience et de libre discernement. Il n'y a pas de règle absolue quant au moment où cela se produit.

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2705

Je voulais simplement dire que ce que l'on sent s'enregistrer dans le corps physique ne se produit peut-être, en réalité, que dans le corps subtil. Quant à savoir si, dans un cas particulier, c'est de cela qu'il s'agit, ou d'une expérience directe qui affecte aussi le corps physique, la question doit être résolue cas par cas. Il faut faire soi-même la distinction.

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2706

pourquoi "simplement" enregistré? Si vous croyez que les expériences dans le corps subtil sont faibles et vagues, vous vous trompez: elles peuvent être aussi intenses, aussi rapides, aussi palpables, aussi massives que celles du corps.

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2707

Tout reflet ou courant émanant du corps subtil pour pénétrer dans le corps physique serait ressenti aussi de façon tangible.

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2708

Toutes les expériences peuvent être introduites dans les plus petites parties constituantes de l'être.

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2709

C'est la conscience supérieure qui établit la liaison en abordant le subconscient à travers le psychique et le vital. Sans le vital, l'action ne serait pas complète; sans le psychique, elle ne serait pas possible.

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2710

Voici quelques-uns des effets de la descente de la Conscience supérieure dans le physique le plus matériel. Elle apporte la lumière, la conscience, la force, l'Ânanda dans les cellules et dans tous les mouvements physiques. Le corps devient consent et vigilant; il accomplit les mouvements justes, soit en obéissant à la volonté supérieure, soit automatiquement, par la force de la conscience qui l'a pénétré. On devient davantage capable de maîtriser les fonctions du corps et de rectifier tout ce qui ne va pas, d'agir sur la maladie, la douleur, etc. Une plus grande maîtrise apparaît, non seulement sur les actions du corps, mais aussi sur les événements extérieurs qui l'affectent, par exemple pour réduire l'importance des accidents et des petites mésaventures. Le corps devient un outil de travail plus efficace. On devient capable de diminuer la fatigue. Tout l'organisme physique s'emplit de paix, de bonheur, de force, de légèreté. Tels sont les effets les plus visibles et les plus normaux qui s'élaborent à mesure que la conscience grandit, mais bien d'autres peuvent apparaître aussi: unité avec la conscience terrestre, sentiment constant du Divin dans le physique, etc.

Il n'est évidemment pas facile de rendre ainsi le physique entièrement conscient, puisqu'il est le siège de l'inconscience, de l'obscurité et de l'inertie; si, pourtant, l'on peut y introduire la conscience supérieure de façon partielle, mais suffisamment efficace, cela peut constituer une base et le reste du terrain sera conquis à mesure que sa force agira de plus en plus sur le corps.

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2711

Vos récentes expériences sont d'une importance considérable: le triple état de l'être, le sentiment du Divin partout, celui de l'Enfant divin dans l'univers. La signification des deux dernières s'impose d'elle-même. Quant au triple état, il vous indique la bonne direction pour réaliser la sâdhanâ dans les trois parties de l'être. Le mental doit émerger dans la conscience unique et infinie du moi silencieux qui enveloppera alors l'être tout entier; le cœur doit, par son adoration, son amour et sa soumission, vivre dans le Divin dynamique et devenir sa demeure; le vital et le physique (au-dessous de l'ombilic) doivent être les instruments de la Volonté divine, instruments purs, consacrés, n'exprimant rien que cette Volonté.

Si la Lumière bleue parvient au-dessous du Moûlâdhâra, c'est qu'elle a pénétré dans la conscience physique (mentale physique, vitale physique, matérielle). Ici les deux principaux obstacles sont le mental mécanique, ses souvenirs et ses désirs qui appartiennent au passé, et les mouvements sexuels les plus extérieurs; ils doivent être surmontés (en particulier le mental mécanique, car les mouvements sexuels peuvent l'être facilement s'ils ne sont pas soutenus par le vital proprement dit), pour que la Lumière prenne possession de la conscience physique tout entière. C'est sans doute pour cette raison que celle-ci s'est insurgée avec tant de vigueur lorsque la Lumière est descendue dans ces régions.

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2712

Le dynamisme est partout, parce que la Force (Shakti) est partout. Le dynamisme parfait se trouve dans le supramental; aucun autre dynamisme ne peut être infaillible.

La manière dont le corps reçoit le dynamisme supérieur dépend de l'état du corps, ou plutôt de l'état de la conscience physique et de la conscience la plus matérielle. Dans un certain état elle est tamasique, inerte, non ouverte, et ne peut ni supporter la force, ni la recevoir, ni la contenir; dans un autre état le radjas prédomine et tente de s'emparer du dynamisme, mais le gaspille, le répand et le perd; dans un autre encore la réceptivité, l'harmonie, l'équilibre règnent, et il en résulte une action harmonieuse, sans tension ni effort.

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2713

Une descente dynamique apporte tapas et non śama. C'est une descente de paix de plus en plus grande qui apporte śama; la descente dynamique y contribue, en dispersant l'élément perturbateur de rajas et en transformant rajas en tapas.

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2714

L'inertie n'est pas, en soi, un principe dynamique. La nature de l'inertie est apravṛtti; l'action du mental mécanique est une pravṛtti, bien que cette pravṛtti soit tamasique et obscure.

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2715

Par la descente, l'inertie change de caractère. Elle cesse d'être une résistance du physique et devient seulement un état physique qui doit être transformé en immobilité et en repos véritables et fondamentaux.

 

1 Surrender, en anglais.

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2 En français dans le texte.

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Sur russe

À l'anglais

in German