Sri Aurobindo
Savitri
A Legend and a Symbol
traduction de Satprem
Livre Quatre: Le Livre de la Naissance et de la Quête
Chant Deux
La Croissance de la Flamme
Un pays de montagnes et de vastes plaines battues de soleil
Et de fleuves géants roulant lentement vers des mers immenses,
Un lieu de création et de calme spirituel
Où le silence engloutissait les actes de la vie dans ses abysses,
D’escalades transcendantes de la pensée et de bonds vers les cieux,
Un monde enveloppé de rêverie et d’extase
Imprégné des prodigieux travaux de Dieu et de l’homme
Où la Nature semblait un rêve du Divin,
Une terre natale de la beauté et de la grâce et de la grandeur
Abritait l’enfance de la Flamme incarnée.
Sur elle, veillaient des influences millénaires,
Les divinités profondes d’un passé grandiose
La regardaient et voyaient venir les divinités futures
Comme si cet aimant attirait leurs invisibles pouvoirs.
La sagesse méditative de la terre parlait à son cœur silencieux;
Grimpant les ultimes pics du mental pour épouser les dieux,
Prenant les pensées claires de la terre comme un tremplin
Pour plonger dans les Vastitudes cosmiques,
La connaissance du penseur et du voyant
Voyait l’invisible et pensait l’impensable,
Ouvrait les portes colossales de l’inconnu,
Déchirait les horizons de l’Homme pour le précipiter dans l’Infini.
Les actes des mortels tel un phare
Balayaient des mers sans rivage
Et l’art et la beauté jaillissaient des profondeurs humaines;
La Nature et l’âme faisaient assaut de noblesse.
Les humains accordaient leur éthique à l’image des cieux;
L’harmonie des tons d’une riche culture
Raffinait les sens et multipliait leur portée:
Ils entendaient l’inentendu et percevaient l’invisible
Apprenaient à l’âme à s’envoler par-delà les choses connues
Inspirant la vie à grandir et à briser ses limites
Éveillant l’aspiration vers le monde caché de l’Immortel.
Quittant la sécurité de la terre, les ailes audacieuses du Mental
Portaient Savitri au-dessus des plaines battues de la pensée
Et traversaient les mers mystiques de l’Au-delà
Pour vivre sur les pics d’aigle près du Soleil.
Là, siège la sagesse sur son trône éternel.
Tous les tournants de sa vie conduisaient à des portes symboliques
Ouvraient le passage aux Pouvoirs secrets de sa race;
Adepte de la vérité, initiée des béatitudes
Acolyte mystique formée à l’école de la Nature,
Consciente de la merveille des choses créées
Elle offrait le secret des songes profonds de son cœur
Sur l’autel du Merveilleux;
Ses heures étaient un rituel dans un temple immémorial,
Ses actes devenaient les gestes du sacrifice.
Insufflé du rythme des sphères supérieures
Le mot servait de moyen hiératique
Pour délivrer l’esprit emprisonné
Et communier avec les dieux camarades.
Ou il servait à évoquer des formes nouvelles
Pour exprimer ce qui peine et œuvre dans le cœur de la vie
Quelque Âme immémoriale dans les hommes et dans les choses,
Dans ce chercheur de l’Inconnu et du Non-Né
Porteur d’une lumière de l’ineffable
Pour déchirer le voile des ultimes mystères.
D’intenses philosophies tiraient la terre vers les cieux
Ou, sur les bases mêmes de l’Espace cosmique
Soulevaient le mental terrestre à des hauteurs surhumaines.
Sortant des formes plaisantes aux yeux extérieurs
Mais qui cachent la vue de ce qui vit dedans,
La sculpture et la peinture concentraient les sens
À la lisière immobile de la vision intérieure,
Révélaient une silhouette de l’invisible,
Dévoilaient dans une forme l’intention de toute la Nature
Ou captaient le Divin dans un corps.
L’architecture de l’Infini
Découvrait ici les contours de ses rêveries intimes
Capturées dans l’ampleur d’un envol de pierre;
La musique faisait descendre l’appel des cieux,
Le chant saisissait le cœur dans l’ivresse des profondeurs
Reliant le cri humain au cri cosmique;
Les mouvements de la danse traduisaient le mouvement du monde
Moulaient l’esprit et l’âme dans l’ondoiement d’un rythme;
Les lignes subtiles et minutieuses de l’artisan
Éternisaient le souvenir d’un bref moment
Ou d’un coup de ciselet, dans le dessin d’une coupe,
Traçaient la trame et les lacis cachés de l’invisible;
De vastes poèmes coulés comme des mondes mouvants
Et des cadences jaillies de la voix des océans
Traduisaient les grandeurs scellées dans le cœur de la Nature
Mais jetées à présent dans un torrent de paroles glorieuses,
Et disaient la beauté et la sublimité de ses formes
Ses passions soudaines et ses caprices
Soulevant le verbe humain près de la parole des dieux.
Les yeux de l’homme pouvaient scruter les royaumes intérieurs,
Son examen découvrait la loi des nombres
Organisait le mouvement des étoiles
Dressait la carte de la formation du monde visible
Mettait en doute les processus de sa pensée
Ou faisait le diagramme théorique du mental et de la vie.
Tout cela, Savitri l’absorbait comme sa nourriture naturelle,
Mais tout cela ne pouvait pas remplir son vaste Moi:
Cette recherche humaine limitée par ce qu’elle gagne
Lui semblait les premiers grands pas chanceux
D’un jeune esprit découvreur
Qui ne voyait pas encore par sa propre lumière native;
Il tâtait l’univers avec son bâton d’essai
Ou tendait son pendule de sourcier pour trouver la Vérité du mental:
Mille pousses germaient de mille côtés,
Mais pas l’immense vision de l’âme
Pas encore le vaste contact direct et immédiat,
Pas encore l’art et la sagesse des Dieux.
En elle-même, Savitri sentait
Une connaissance sans limites plus grande que la pensée de l’homme
Une joie trop haute pour le cœur et pour les sens
Emprisonnée dans le monde et criant pour être délivrée
Attendant encore de trouver une forme,
Cherchant des supports pour grandir autour
Et des natures assez fortes pour supporter sans faiblir
La splendeur de sa royauté natale
Sa grandeur et sa tendresse et sa félicité
La maîtrise de sa puissance et son vaste pouvoir d’amour:
La Terre devenue un tremplin pour conquérir les cieux;
Son âme voyait par-delà les frontières bornées des cieux,
Touchait une grande lumière de l’inconnaissable
Et rêvait d’une sphère d’action du Transcendant.
Consciente du Moi universel en tous
Elle cherchait des cœurs vivants, des formes humaines,
Ces reflets de son âme, ses compléments, ses contreparties,
Ces proches parcelles de son être extérieur
Séparées d’elle par les murs du corps et du mental
Et pourtant liées à son esprit par des liens divins.
Dominant les barrières invisibles et les défenses masquées
Et la solitude qui sépare les âmes entre elles,
Elle voulait que tout devienne une seule embrasse immense
Où elle pourrait abriter toutes les créatures vivantes
Les soulever toutes en un point splendide de lumière voyante
Les tirer de cette épaisse crevasse inconsciente de la division
Et les faire un avec Dieu et avec le monde et avec elle.
Quelques-uns seulement répondaient à son appel,
Quelques-uns, plus rares encore, sentaient sa divinité voilée
Et tentaient d’unir le Dieu en elle au leur
De s’apparenter tant soit peu à ses hauteurs.
Soulevés vers de lumineux mystères
Ou conscients de quelque splendeur cachée au-dessus
Ils faisaient un bond pour la retrouver, dans un moment d’éclair,
Apercevaient une lumière dans une immensité céleste.
Mais ne pouvaient pas garder la vision ni le pouvoir
Et retombaient dans la morne stupeur de la vie ordinaire.
Ils sentaient proche un mental audacieux,
Une tentative divine,
Une poussée vers quelque grand large,
Ils touchaient d’un doigt avide la lisière de l’inconnu,
Mais restaient encore prisonniers de la graine humaine:
Ils ne pouvaient pas soutenir l’allure de sa marche infatigable;
Trop petits et trop impatients pour les vastes bonds de sa volonté,
Trop étroits pour regarder avec les yeux d’un Infini pas encore né,
Leur nature se lassait des choses trop grandioses.
Car, même les proches compagnons de ses pensées
Ceux qui auraient pu marcher le plus près de son rayon
Adoraient la puissance et la lumière qu’ils sentaient en elle
Mais n’étaient pas à la mesure de son âme.
Amie, et pourtant trop grande pour être connue pleinement,
Elle marchait devant eux vers une lumière plus haute,
Conductrice et reine de leur cœur et de leur âme,
Proche de leur poitrine, et tout de même divine et lointaine.
Admiratifs et stupéfaits, ils voyaient sa formidable course
Ses bonds vertigineux, ce souffle d’un Dieu
Qui tentait des cimes trop éloignées pour leur taille d’homme
Ou qui peinait d’un grand pas lent sur des pistes enchevêtrées
Poussant vers des buts qu’ils ne pouvaient guère concevoir;
Tout de même ils allaient, forcés d’être les satellites de son soleil
Incapables de se passer de sa lumière,
Ils s’accrochaient à elle les mains tendues avec leur désir
Ou suivaient en trébuchant les chemins qu’elle avait ouverts.
Ou aspirant avec leur moi de chair et de vie
Ils se collaient à elle pour nourrir leur cœur et se soutenir,
Tout le reste, ils ne pouvaient pas le voir à la lumière visible,
Vaguement, ils supportaient sa force intérieure.
Ou prisonniers des sens et de la soif du cœur,
Adorant avec l’amour trouble des humains,
Ils ne pouvaient pas saisir le puissant esprit qu’elle était
Ni se changer à son contact intime et devenir comme elle.
Certains, avec leur âme, sentaient ce qu’elle était et vibraient avec elle,
Ils sentaient proche une grandeur, mais qui échappait à leur mental:
La voir, c’était un appel à adorer,
Être près d’elle, précipitait une force de haute communion.
Ainsi les hommes font-ils un culte d’un dieu trop grand pour être connaissable
Trop haut, trop vaste pour revêtir une forme limitée;
Ils sentent une Présence et obéissent à une force
Ils adorent un amour qui envahit d’ivresse leur poitrine,
Une ardeur divine qui avive les battements de leur cœur,
Ils suivent une loi qui grandit leur cœur et leur vie.
Un air nouveau et plus divin s’ouvre à la respiration
Un monde plus libre et plus heureux s’ouvre à l’homme:
Il voit de hautes marches qui grimpent vers le Moi et la Lumière.
Un pays divin en elle commandait l’allégeance de leur âme
L’âme voyait, sentait, connaissait la divinité.
Sa volonté avait un pouvoir sur les actes de leur nature,
L’inépuisable tendresse de son cœur prenait leur cœur,
Ils aimaient un être qui dépassait leurs limites;
Ils ne pouvaient pas compasser sa mesure mais ils supportaient son toucher,
Comme la fleur répond au soleil, ils répondaient
Se donnaient à elle et n’en demandaient pas plus.
Plus grande qu’eux-mêmes, trop vaste pour leurs yeux,
Leur mental ne pouvait pas comprendre ni connaître vraiment
Mais leur vie écoutait la sienne, émue par ses paroles:
Ils sentaient la déité et ils obéissaient à un appel
Ils répondaient aux suggestions et faisaient son travail dans le monde;
Leur vie, leur nature était mue et contrainte par la sienne
Comme si la vérité de leur propre moi plus large
Prenait un aspect de la divinité
Et les haussait à une tonalité au-delà de leur terre.
Ils sentaient un avenir plus large croiser leur route;
Elle les tenait par la main, elle choisissait pour eux leur chemin:
Ils étaient poussés par elle vers de grandes tentatives inconnues,
La foi les aimantait et la joie de se sentir à elle;
Ils vivaient en elle, ils voyaient le monde par ses yeux.
Certains se tournaient vers elle en dépit du penchant de leur nature,
Divisés entre l’émerveillement et la révolte,
Séduits par son charme et dominés par sa volonté,
Possédés par elle et cherchant à la posséder;
Impatients sujets, leur cœur assoiffé mais lié
Embrassait les chaînes dont ils se plaignaient le plus
Grondait contre un joug qu’ils auraient pleuré de perdre,
Le splendide joug de sa beauté et de son amour;
D’autres la poursuivaient des désirs aveugles de leur vie
Et la réclamaient tout entière comme leur bien particulier
Pressés d’accaparer une tendresse faite pour tous.
Comme la terre réclame la lumière pour sa seule poussée,
Ils la réclamaient pour leur seule embrasse jalouse
Et voulaient d’elle des sentiments limités comme les leurs,
Avides d’une réponse égale à leur petitesse.
Ou ils se plaignaient qu’elle échappe à leur prise
Et espéraient l’attacher de près par des cordes gémissantes.
Ou trouvant le contact désiré trop puissant à supporter
Ils l’accusaient d’une tyrannie qu’ils aimaient,
Se retiraient en eux-mêmes comme à l’abri d’un soleil trop fort
Tout en ayant soif de la splendeur qu’ils refusaient.
Amoureux et en colère contre son doux rayon passionné
Que la faiblesse de leur argile ne pouvait guère supporter,
Ils soupiraient mais poussaient des cris au contact désiré
Inaptes à toucher de si près la divinité
Intolérants d’une Force qu’ils ne pouvaient pas contenir.
Certains, attirés malgré eux par son influence divine,
L’enduraient comme une douce mais étrangère fascination;
Incapables de grimper à des niveaux trop sublimes
Ils voulaient la tirer en bas sur leur propre terre.
Ou contraints de centrer autour d’elle leur vie passionnée
Ils espéraient soumettre aux besoins humains de leur cœur
La gloire et la grâce qui avaient captivé leur âme.
Mais dans ce monde, parmi les cœurs qui répondaient à son appel,
Nul ne se trouvait être son égal et son compagnon.
En vain se baissait-elle pour les égaler à ses hauteurs,
Trop pur était cet air pour le souffle des petites âmes.
Son cœur voulait soulever ces autres moi
Dans ses propres Vastitudes,
Les emplir de son propre pouvoir
Et qu’une Force plus divine puisse entrer dans la vie,
Un souffle de Dieu grandir le temps humain.
Pourtant, elle se penchait pour toucher leur petitesse
Couvrait leurs vies de ses puissantes mains passionnées,
Elle connaissait par sympathie leurs besoins et leurs manques
Et plongeait dans la vague et les bas-fonds de leurs vies
Et portait et partageait les battements de leur chagrin et de leur joie
Et se courbait pour guérir leur malheur et leur orgueil
Et prodiguait toutes les forces de son pic solitaire
Pour hisser jusque là leur cri d’aspiration,
Mais même quand elle tirait leur âme dans ses Vastitudes
Et les entourait du silence de ses profondeurs
Et les contenait comme la grande Mère contient les siens,
Seule sa surface terrestre portait leur fardeau
Et mêlait son feu à leur mortalité:
Son moi plus grand restait seul, insollicité, intérieur.
Le plus souvent, dans la fougue et la paix de la Nature muette
Elle pouvait sentir une parenté sereinement une;
La Force en elle attirait la progéniture subhumaine de la terre;
Le large et libre délice de son esprit
Rejoignait les couleurs ardentes et somptueuses de leurs vies
Rencontrait l’animal et l’oiseau et les fleurs et les arbres.
Ils répondaient avec un simple cœur.
Dans l’homme habite quelque chose de trouble et sombre;
Il sait, mais se détourne de la Lumière divine,
Il préfère l’ignorance et le noir de la chute.
Dans le nombre de ceux qui venaient attirés par elle
Nulle part elle ne trouvait son compagnon des hautes tâches,
Le camarade de son âme, son autre moi
Fait comme elle, un avec elle, comme Dieu et la Nature.
Quelques-uns s’approchaient, étaient touchés, prenaient feu,
Puis faiblissaient.
Trop grande était son exigence, trop pure sa force.
Ainsi éclairait-elle la terre autour comme un soleil,
Mais dans son ciel intime, tel un astre solitaire,
Une distance la séparait de ses plus proches.
Puissante, à part, son âme vivait comme vivent les dieux.
Sans lien encore avec la grande scène des hommes,
Dans un petit cercle de jeunes cœurs ardents
Comme une première école de son être, un premier champ clos,
Apprentie dans les affaires de la vie terrestre,
Elle dressait sa nature divine à supporter les contacts de la vie,
Contente de son petit jardin des dieux
Comme fleurit une fleur dans une île inabordée.
Le vaste monde ne connaissait pas encore la Flamme qui l’habitait,
Et pourtant quelque chose remuait profondément et savait obscurément;
Il y avait un mouvement, un appel passionné,
Un arc-en-ciel de rêve, l’espoir d’un changement d’or;
Une aile, une attente secrète battait,
Une prescience grandissante de quelque chose de rare
Et de nouveau et de merveilleux
Se glissait furtivement dans le cœur du Temps.
Puis une rumeur, un léger murmure a touché terre
Et soufflé dans les âmes comme un besoin caché et pressenti;
L’œil du grand monde découvrait Savitri,
Un émerveillement a soulevé la voix du barde.
Une clef de Lumière encore gardée au fond de l’existence,
Un mot solaire réveillait le souvenir d’un ancien mystère,
Son nom a couru furtivement sur les lèvres humaines
Tendre et exaltant comme une strophe inspirée
Jaillie de la lyre épique de la rumeur des vents
Ou chanté comme un récitatif divinateur du Poète orphique.
Mais ce culte-là était seulement celui d’un symbole sacré.
Admirée, incherchée, intangible pour nos mains
La beauté de Savitri et l’intensité de sa flamme se voyaient dans le lointain
Comme l’éclair qui joue avec le crépuscule,
Une gloire inapprochable et divine.
Nul cœur égal au sien ne venait joindre son cœur
Nul amour terrestre éphémère ne troublait son calme
Nul héros passionné n’avait la force de la saisir;
Nul regard ne demandait la réponse de ses yeux.
Une Puissance en elle frappait de crainte la chair imparfaite;
Le génie protecteur de notre limon
Devinait la déesse sous une forme humaine
Et reculait devant le toucher d’une autre espèce,
La nature terrestre restait liée à l’étroit sillon de la vie des sens.
Le cœur des hommes est amoureux de sa race bourbeuse
Et ne supporte pas les esprits solitaires et altiers
Ceux qui apportent
Les exigences du feu des plans immortels
Trop vastes pour les âmes qui ne sont pas nées pour épouser les cieux.
Quiconque est trop grand, solitairement doit vivre,
Adoré, il marche en sa puissante solitude;
Vain est son labeur pour créer sa propre espèce,
Son seul compagnon est l’Intensité qui l’habite.
Ainsi en était-il de Savitri, pendant un temps,
Tous la vénéraient, émerveillés, nul n’osait la réclamer.
Son mental siégeait haut déversant ses rayons d’or,
Son cœur était un temple peuplé de délice.
Une unique lampe allumée dans la maison de la perfection
Une pure image radieuse dans un sanctuaire sans prêtre,
Son esprit restait parmi les vies qui l’encerclaient
À l’écart en elle-même, jusqu’à l’heure du destin.
FIN DU CHANT DEUX
(Voyant l’état pitoyable des hommes et de la vie, le Roi Ashwapati reçoit la révélation que la Mère Divine s’est incarnée humainement sur la terre dans son propre enfant, Savitri, afin de “changer la Loi”. Il sème cette connaissance dans la conscience profonde de Savitri en l’appelant à partir et à se mettre en quête de celui, l’Inconnu, qui sera le Compagnon de sa tâche divine sur la terre.)