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Sri Aurobindo

Savitri

A Legend and a Symbol

traduction de Satprem

Livre Deux: Le Livre du Voyageur des Mondes

Chant Quatre
Les Royaumes de la Petite Vie

Un monde frémissant, trépidant, incertain,

Né de cette douloureuse rencontre et de cette éclipse

Est apparu dans le vide où Elle avait posé ses pas,

Une obscurité éveillée, un souffle qui cherche.

Une force semi-consciente rampait,

À peine sortie du sommeil inconscient

Liée à une Ignorance poussée par un instinct

Pour se trouver elle-même et trouver une prise sur les choses.

Héritière de la pauvreté et de la déchéance,

Assaillie par des mémoires qui s’enfuyaient sitôt saisies,

Hantée par un espoir oublié qui la tirait,

Elle se débattait à tâtons comme une aveugle

Pour remplir l’abîme lancinant et désastreux

Entre la douleur de la terre et la félicité d’où la Vie était tombée.

Un monde sans cesse en quête de quelque chose qui manque

Poursuit une joie que la terre n’a pas su garder.

Son malaise inapaisé est trop proche de nos portes

Pour que la paix puisse vivre sur ce globe inerte et solide: Sa faim s’est jointe à la faim de la terre,

Il a donné à nos vies sa loi de désir insatiable

Il a fait du besoin de notre esprit un gouffre sans fond.

Une Influence a envahi nos nuits et nos jours mortels,

Une ombre a assombri la race née du Temps;

Dans le torrent tourmenté où sautent les pulsions aveugles du cœur

Où les sentiments s’éveillent sous le battement nerveux des sens

À la frontière du sommeil de la Matière et du Mental conscient,

Un appel égaré s’est glissé qui ne savait pas pourquoi il était venu.

Une Puissance hors d’atteinte de la terre a touché la terre;

Le repos qui aurait pu être ne pouvait plus être;

Une aspiration informe passionne le cœur des hommes,

Un cri dans son sang appelle des choses plus heureuses:

Sinon il aurait pu vagabonder sur un sol ensoleillé et libre

Avec l’enfantine pensée des bêtes oublieuses de leurs peines

Ou vivre heureux et sans émotion, comme les fleurs et les arbres.

La Force qui était venue sur la terre pour bénir

Est restée sur la terre pour souffrir et aspirer.

Le rire d’enfant qui se jouait à travers le temps s’est tu:

La joie de la vie naturelle à l’homme s’est assombrie

Et le chagrin est la nourrice de son destin.

La joie étourdie de l’animal est restée derrière,

Le souci et la réflexion pèsent sur la marche des jours humains:

Il s’est élevé à la grandeur et au mécontentement,

Il s’est éveillé à l’invisible.

Insatiable chercheur, il a tout à apprendre:

Il a épuisé maintenant les actes de la vie du dehors,

Il lui reste à explorer les royaumes cachés de son être.

Il devient un mental, il devient un esprit, un moi;

Dans son fragile logis, il devient le seigneur de la Nature.

En lui, la Matière se réveille de sa longue hypnose nocturne,

En lui, la terre sent la Divinité s’approcher.

Une Puissance sans yeux qui ne voit plus son but,

Une énergie de Volonté inquiète et affamée,

La Vie a jeté sa semence dans le moule indolent du corps;

Ce corps a réveillé une Force aveugle de son heureuse torpeur

La contraignant à percevoir et à sentir et à chercher.

Dans l’énorme labeur du Vide,

Dérangeant la vaste routine avec ses rêves,

Dans le roulis mort d’un univers endormi,

La puissante Prisonnière luttait pour se délivrer.

Poussée par sa soif, une cellule inerte s’est éveillée,

Dans le cœur, elle allumait un feu de passion et de besoin;

Au sein du calme profond des choses inanimées

S’est élevée sa grande voix de prière et de labeur et de lutte.

Pour faire la route, seuls lui étaient donnés

Une conscience tâtonnante dans un monde sans voix,

Des sens sans guide;

Le Mental était caché, elle ne savait rien encore

Mais tout l’inconnu était à elle, à sentir, à embrasser.

Obéissant à la poussée qui emporte les choses non nées vers la naissance

Elle a brisé le mur de sa vie insensible:

Dans la substance muette de sa force d’âme impensante

Incapable d’exprimer ce que savent ses profondeurs,

S’est éveillée une aveugle nécessité de connaître.

Les chaînes qui la tenaient sont devenues ses instruments:

L’instinct était à elle, chrysalide de la Vérité,

Et l’effort, et la croissance et la nescience qui se débat.

Infligeant au corps le désir et l’espoir,

Imposant à l’inconscience la conscience,

Elle a semé dans la pesante ténacité de la Matière

Sa revendication tourmentée, son droit de souveraineté perdu,

Sa quête inlassable, son cœur inquiet et mal content,

Ses pas errants et incertains, son cri de changement.

Adoratrice d’une joie sans nom,

Dans son obscure cathédrale de délice

Elle offre des rites secrets à de vagues dieux nains.

Mais vain est le sacrifice, et sans fin,

Le prêtre est un mage ignorant qui opère seulement

De futiles mutations dans le plan de l’autel

Et jette des espoirs aveugles dans une flamme impuissante.

Un fardeau de gains passagers alourdit ses pas,

Elle a du mal à avancer sous ce poids;

Mais les heures l’appellent, elle voyage et voyage

Passant d’une pensée à l’autre, d’un besoin à l’autre:

Son progrès le plus grand est un besoin qui s’approfondit.

La Matière ne satisfait pas, elle se tourne vers le Mental;

Elle conquiert la terre, son champ, puis elle réclame les cieux.

Indifférente, brisant le travail qu’elle a fait,

Les Âges titubants passent sur son labeur,

Et toujours, nulle haute lumière transformatrice ne venait

Nul ravissement révélateur ne guérissait sa chute.

Parfois seulement, une lueur fendait le ciel du mental

Justifiant la providence ambiguë

Qui fait de la nuit un chemin vers des aurores inconnues

Ou une clef noire vers quelque état plus divin.

Dans la Nescience avait commencé sa formidable tâche,

Dans l’Ignorance elle poursuit son œuvre inachevée;

Et la Connaissance va à l’aveuglette, mais ne trouve point la face de la Sagesse.

Grimpant à lents pas inconscients,

Enfant chéri des dieux, elle erre ici

Comme un bébé d’âme abandonné aux portes de l’Enfer

Roulant dans la brume en quête du Paradis.

Dans cette lente ascension, il doit retracer les pas de la Vie

Remontant même jusqu’à son premier départ subconscient effacé;

Car ainsi seulement peut venir l’ultime salut de la terre.

Ainsi seulement peut-il connaître la sombre cause

De tout ce qui nous tire en arrière et défie Dieu

De lever l’écrou et délivrer l’âme emprisonnée.

Par des chutes à pic et des portes dangereuses,

Il est tombé dans une obscurité grise

Grouillante d’instincts sortis des gouffres insensés

Pressants et bousculants pour se vêtir d’une forme et trouver place.

Ici, la Vie était l’intime de la Mort et de la Nuit

Elle mangeait la nourriture de la Mort pour respirer un moment;

Elle était leur pensionnaire et leur enfant adoptif.

Acceptant la subconscience,

Étrangère sous le règne muet des ténèbres,

Elle n’avait plus d’espoir.

Là, si loin de la Vérité et de la lumière de la pensée,

Le Roi vit le siège originel, la naissance séparée

De la Puissance douloureuse, détrônée et déformée.

Un malheureux visage de fausseté devenue vraie,

Une contradiction de notre naissance divine;

Indifférente à la beauté et à la lumière,

Elle paradait et affichait sa disgrâce animale

Sans camouflage, brutale, nue,

Image authentique, signée et reconnue,

De sa force bannie, exilée du ciel et de l’espoir,

Déchue, se glorifiant de son état abject,

La litière fangeuse d’une énergie qui fut semi-divine,

La misère sordide de ses désirs de bête,

Le visage hébété de son ignorance,

Le corps nu de sa pauvreté.

Là, pour la première fois, elle est sortie en rampant

Hors de la coque de boue

Où elle était ensevelie, inconsciente, léthargique, muette:

Son étroitesse et sa torpeur la possédaient encore,

Une obscurité collait à elle, jamais effacée par la Lumière.

Nulle touche rédemptrice ne s’approchait d’en haut:

Le regard des hauteurs était étranger à sa vue,

Oubliée était la divinité intrépide de sa marche;

Abdiquées, la gloire et la félicité

Et l’aventure sur les dangereux sentiers du Temps:

Vautrée, elle ne savait guère qu’endurer et vivre.

Un épais brouillard inquiet à la recherche d’espace,

Une région sans rayon, engloutie vaguement dans un linceul,

Une apparence sans nom, sans corps, sans abri,

Un mental emmailloté, sans forme, sans vision

Implorait un corps pour traduire son âme.

Sa prière refusée, il cherchait la pensée à tâtons.

Encore incapable de penser, à peine de vivre,

Il s’est ouvert à un monde blafard et pygméen

Où cette magie malheureuse a sa source.

Sur de pâles confins où la Vie et la Matière se rencontrent

Le Roi errait parmi des formes à demi vues, à demi devinées,

Poursuivi par des commencements insaisis et des fins perdues.

Ici, la vie était née, mais morte avant d’avoir pu vivre.

Il n’y avait pas de terrain solide, pas de but stable,

Seule, quelque flamme de Volonté incohérente avait un pouvoir.

Lui-même était vague pour lui-même, à demi senti, obscur,

Comme dans une lutte du Vide pour être.

En d’étranges domaines où tout était sensation vivante

Mais nulle pensée maîtresse n’était, ni cause, ni loi,

Seul, un cœur d’enfant primitif criait pour des jouets de joie,

Le Mental clignotait comme une flammèche naissante, égarée

Et des énergies sans forme poussaient au hasard vers une forme

Prenant chaque feu follet pour un soleil conducteur.

Cette force aux yeux bandés ne savait pas poser un pas pensant;

Cherchant la lumière, elle suivait la piste de l’obscurité.

Une Puissance inconsciente tâtonnait vers la conscience,

La Matière, frappée par la Matière, jetait des lueurs de sensation;

Des contacts aveugles, de sourdes réactions

Battaient des étincelles d’instinct jaillies d’un tréfonds masqué;

Des sensations affluaient, succédanés muets de la pensée,

Des perceptions répondaient, éveillées par les coups de la Nature

Mais encore la réponse restait mécanique,

Un réflexe, une saccade, un tressaillement dans le rêve de la Nature,

Et de violentes impulsions sans frein couraient en se bousculant

Insoucieuses du mouvement des autres, sauf du leur;

Les enfants de la nuit cognaient contre plus nocturnes qu’eux-mêmes,

Libres dans un monde d’anarchie établie.

Le besoin d’exister, l’instinct de survie

Accaparaient les instants tendus d’une volonté précaire

Et un désir aveugle palpait en quête de nourriture.

Les rafales de la Nature étaient la seule loi,

La force se battait avec la force sans résultat qui dure:

Seules, persistaient des étreintes et des ruées ignorantes

Et des émotions et des instincts qui ne connaissaient pas leur source,

Des plaisirs des sens et des douleurs des sens, vite saisis, vite perdus

Et le mouvement brutal de vies irréfléchies.

C’était un monde vain, inutile,

Une volonté d’être qui laissait de tristes et pauvres résultats

Et une souffrance vide de sens et un gris malaise.

Rien ne semblait valoir le labeur de devenir1.

Mais l’œil éveillé de son esprit n’en jugeait pas ainsi.

Comme brille solitairement une étoile-témoin

Qui brûle au loin, sentinelle seule de la Lumière Dans la dérive et le grouillement d’une Nuit insensée,

Penseur isolé dans un monde sans but

Attendant quelque immense aurore de Dieu,

Il vit un dessein dans les œuvres du Temps.

Même dans cette inanité, un travail se faisait

Lourd d’une volonté magique et d’un changement divin.

Les premières contorsions du serpent de la Force cosmique

Délivraient leurs anneaux mystiques du sommeil de la Matière;

Il levait la tête dans l’air chaud de la vie.

Il ne pouvait pas encore dépouiller la lourde peau hypnotique de la Nuit

Ni encore vêtir les merveilles bariolées du mental

Ni porter les joyaux de la couronne de l’âme

Et se dresser dans le flamboiement solaire de l’esprit.

Seules étaient visibles la noirceur immonde et la force,

L’obscur rampement de la conscience vers la lumière

Parmi les limons fertiles du désir et la pâture des sens;

Sous la croûte corporelle d’un moi épaissi,

Un lent travail effervescent grimpait dans le noir,

Un trouble levain du changement passionné de la Nature,

Ferment de la création de l’âme hors de la fange.

Un processus divin revêtait ce gris déguisement;

Une ignorance déchue sous sa nuit masquée

Peinait sourdement pour accomplir son travail incongru,

Un camouflage du besoin de l’Inconscient

Pour délivrer la gloire de Dieu dans la boue de la Nature.

Par les yeux spirituels de son corps,

Le Roi pouvait percer ce gris brouillard phosphorescent

Et sonder les secrets du flux changeant

Qui anime les cellules muettes de la Matière

Et dirige la pensée et la soif de la chair

Et la jouissance aiguë et la voracité de sa volonté.

Il suivait la piste au long de ses courants cachés

Et retraçait leur action jusqu’à une source miraculeuse.

Une Présence mystique que nul ne peut scruter ni mesurer,

Créatrice de ce jeu d’ombre et de lumière

Dans cette douce et amère vie paradoxale,

Veut obtenir du corps les intimités de l’âme

Et par la prompte vibration d’un nerf

Relie ses pulsations mécaniques à la lumière et à l’amour.

Elle oblige les mémoires endormies de l’esprit

À remonter des abysses subconscients sous l’écume du Temps:

Oublieuses de leur flamme de vérité heureuse,

Elles arrivent avec des yeux lourds qui ne voient guère,

Elles viennent déguisées sous des sentiments et des désirs,

Flottent un moment comme des herbes folles à la surface

Et montent et sombrent sur une marée somnambule.

Impurs et dégradés que puissent être ses mouvements

Toujours couve une vérité du ciel dans les abîmes de la vie;

Dans nos membres les plus obscurs brûle ce feu.

Une note du ravissement de Dieu dans les actes de la création,

Un souvenir de félicité perdue

Guette toujours dans les racines muettes de la mort et de la naissance,

La beauté insensée du monde reflète le délice de Dieu.

Ce sourire de ravissement se cache partout;

Il coule avec le souffle du vent, avec la sève de l’arbre,

Ses somptueux coloris foisonnent dans les feuilles et dans les fleurs.

Quand la vie s’est échappée de sa semi-somnolence dans une plante

Qui sent et souffre sans pouvoir bouger ni appeler,

Quand elle a palpité dans une bête et dans une aile d’oiseau

Et dans l’homme pensant

Ce même ravissement a fait du rythme des cœurs le battement de sa musique;

Il a contraint les tissus inconscients à s’éveiller

Et à vouloir la joie et à gagner la douleur

Et à vibrer avec le plaisir, avec le rire d’un bref délice

Et à frissonner de souffrance et à avoir soif d’extase.

Impérieux, sans voix, mal compris,

Trop loin de la lumière, trop proche des fonds de l’être,

Étrangement né dans le Temps, venu de l’éternelle Félicité

Il presse ce tréfonds du cœur, ce nerf qui vibre;

Sa lancinante recherche de lui-même déchire notre conscience;

Notre douleur et notre plaisir sont issus de cet aiguillon;

Né de lui, mais aveugle à sa vraie joie,

Le désir de l’âme se jette sur les choses passagères.

Cette poussée ardente de toute la Nature, nul n’y résiste,

Elle surgit et déferle dans le sang, les sens avivés;

Un ravissement de l’infini est sa cause.

En nous, il se tourne vers des amours limités, des jouissances finissantes,

Une volonté de conquérir et de posséder, de prendre et de garder,

D’élargir l’espace de la vie, ses horizons, et le champ du plaisir,

De se battre et de triompher et de s’approprier,

Un espoir de mêler sa joie à la joie des autres,

Une soif dé posséder et d’être possédé,

De prendre plaisir et d’être pris, de sentir, de vivre.

C’était la première et brève tentative d’être de ce ravissement,

La fin rapide de son délice momentané,

Son échec qui marque et hante toute la vie ignorante.

Infligeant encore son habitude aux cellules,

Le fantôme d’un noir et maléfique départ

Poursuit tous nos rêves et tous nos actes comme un revenant.

Les vies peuvent être solidement établies sur la terre,

Pourvues d’un mécanisme d’habitudes ou sens d’une loi,

Une répétition persistante dans le flux,

Mais les racines de la volonté sont toujours pareilles:

Ces passions sont le tissu dont nous sommes faits.

C’était le premier cri d’éveil du monde.

Il s’accroche à nous encore et enchaîne le dieu.

Même quand naît la raison et quand l’âme prend forme,

Il reste la source de toute la vie

Dans la bête et dans le reptile et dans l’homme pensant.

C’était nécessaire aussi pour que le souffle de l’existence puisse être.

Dans un monde ignorant et limité

L’esprit doit donc délivrer sa conscience emprisonnée

La faire sortir de force par petits jets aux points vibrants

L’arracher des infinitudes scellées de l’Inconscient.

Alors, lentement il croît en masse, regarde vers la Lumière.

Cette Nature reste liée à son origine,

La griffe de la force d’en bas est toujours sur elle;

Ses instincts bondissent des abîmes inconscients;

Sa vie est voisine du Néant insensible.

Sous cette loi, un monde ignorant fut créé.

Dans l’énigme des Vastitudes obscurcies,

Dans la passion où l’Infini s’est perdu lui-même

Quand tout était plongé dans le Vide négateur,

La nuit du Non-Être n’aurait jamais pu être sauvée

Si l’Être n’avait pas plongé dans le noir

Et porté avec lui sa triple croix mystique.

Invoquant dans le temps terrestre la vérité sans temps,

La félicité devenue chagrin, la connaissance devenue ignorante,

La force de Dieu changée en impuissance d’enfant

Peuvent faire descendre les cieux ici même par leur sacrifice.

Une contradiction est à la base de la vie:

L’éternelle, la divine Réalité

S’est mise elle-même devant ses propres contraires;

L’Être est devenu le Vide,

La Force Consciente est devenue la Nescience, la marche d’une Énergie aveugle

Et le Ravissement a pris le visage de la douleur du monde.

Par une mystérieuse loi de dispensation,

Une Sagesse qui prépare ses fins lointaines

A ainsi conçu le point de départ de son lent jeu des Âges.

Une quête aux yeux bandés, une lutte corps à corps et une embrasse à tâtons

Entre une Nature dans la pénombre et une Âme cachée,

Un jeu de cache-cache parmi des chambres intérieures crépusculaires;

Un théâtre d’amour et de haine et de peur et d’espoir

Continue sa brutale et lourde sarabande de jumeaux innés

Dans l’école enfantine du mental.

Mais finalement cette Énergie en lutte peut émerger

Elle peut rencontrer l’Être sans voix sur un terrain plus vaste;

Alors ils peuvent se voir et se parler, et, poitrine contre poitrine,

Dans une conscience plus large, dans une lumière plus claire,

Les Deux s’embrassent et cherchent ensemble, et chacun connaît chacun,

Ils voient de plus près maintenant la face du compagnon de jeu.

Même dans ces premières contorsions informes, le Roi pouvait sentir

La Matière qui répond au tressaillement d’une âme-enfant.

Dans la Nature, il voyait le puissant Esprit masqué,

Il regardait la frêle naissance d’une formidable Force,

Il suivait à la trace l’énigme de la marche tâtonnante de Dieu,

Et entendait au loin les rythmes d’une haute Muse pas encore née.

Puis vint l’éveil d’une vie au souffle plus brûlant

Et se levèrent du gouffre obscur

Les étranges créations des sens pensants;

Des existences à demi réelles, à demi rêvées.

Une vie était là qui n’espérait pas survivre:

Des êtres naissaient et périssaient sans trace,

Des événements qui étaient l’ébauche d’un drame informe

Et des actions poussées par le vouloir d’une créature aveugle.

Une Puissance en quête cherchait son chemin pour prendre forme,

Des types d’amour et de joie et de douleur se bâtissaient

Et des moules symboliques pour les humeurs de la Vie.

Des hédonismes d’insecte voletaient et rampaient

Et lézardaient au soleil d’une Nature palpitante,

Et des voluptés de dragon et des agonies de python

Roulaient dans les marécages et léchaient le soleil.

D’énormes énergies caparaçonnées secouaient le fragile sol tremblant,

Des créatures gigantesques et puissantes dotées d’un cerveau de nain,

Et des tribus pygméennes imposaient la brève rafale de leur vie.

Tel un modèle réduit de l’humanité

La Nature lançait maintenant les extrêmes de son expérience

Et les jalons décisifs de ses desseins capricieux,

Produit lumineux de son ascension semi-consciente

Par des échelons qui allaient du sublime au grotesque

De l’infinitésimal au monstre,

Cherchant un équilibre subtil entre le corps et l’âme,

Un ordre de petitesse intelligente.

Autour de lui, dans les battements momentanés du Temps,

Le royaume du moi animal est apparu

Où l’acte est tout et le mental encore à demi né

Et le cœur obéit à une invisible autorité muette.

La Force œuvrait à la lumière de l’Ignorance,

Son expérience animale débutait,

Elle empilait les créatures conscientes dans son plan du monde;

Mais ces créatures n’étaient sensibles qu’aux extériorités

Elles répondaient seulement au toucher et aux surfaces

Et à l’aiguillon du besoin qui conduisait leur vie.

Un corps qui ne connaissait pas son âme dedans

Vivait et désirait, avait de la joie, de la peine et de la colère;

Un mental était là pour affronter le monde objectif

Comme s’affronte un étranger ou un ennemi à la porte:

Ses pensées étaient pétries par le choc des sens;

Il ne captait pas l’esprit dans la forme

Il n’entrait pas dans le cœur de ce qu’il voyait;

Il ne regardait pas le pouvoir derrière l’acte,

Il n’étudiait pas le motif caché des choses

Ni ne cherchait à trouver le sens de tout cela.

Des êtres étaient là qui portaient une forme humaine;

Absorbés, ils vivaient dans la passion de la scène

Mais ne savaient pas qui ils étaient ni pourquoi ils vivaient:

Pour eux, la vie n’avait pas de but, sauf la joie de la Nature

Et le stimulant et le délice des choses extérieures;

Ils travaillaient pour les besoins du corps, ils n’en demandaient pas plus,

Satisfaits de respirer, de sentir, de toucher, d’agir,

Identifiés à la coquille extérieure de l’esprit.

Le spectateur voilé qui regardait du fond de leurs profondeurs

Ne fixait pas sur lui-même son œil intérieur

Ni ne cherchait l’auteur du complot,

Il voyait seulement le drame et l’avant-scène.

Nulle tension songeuse d’un sens plus profond ne pesait,

Le fardeau de la réflexion n’était pas né:

Le Mental regardait la Nature avec des yeux inconscients,

Adorait ses grâces et redoutait ses coups monstrueux.

Il ne s’étonnait pas de la magie de ses lois,

Il n’avait pas soif des fontaines secrètes de la Vérité;

Il enregistrait un grouillement de faits

Et rattachait ses sensations sur un fil aux couleurs vives:

Il chassait et fuyait et humait le vent

Ou, inerte, paressait au soleil et à l’air doux:

Il recherchait les contacts palpitants du monde

Mais seulement pour nourrir un bonheur à fleur de peau.

Ses sens sentaient les frissons de la vie par le toucher extérieur

Mais ne pouvaient pas sentir, derrière, le toucher de l’âme.

Défendre la forme de leur moi contre les coups de la Nature,

Jouir et survivre était tout leur souci.

L’étroit horizon de leurs jours était rempli

Par les créatures et les choses qui pouvaient aider ou nuire:

Les valeurs du monde étaient pendues à leur petit moi.

Isolés, serrés au milieu du vaste inconnu,

Pour sauver leurs petites vies de la Mort enveloppante

Ils ont fait un microscopique cercle de défense

Contre le siège de l’énorme univers:

Ils faisaient leur proie du monde et ils étaient sa proie

Sans jamais rêver de conquérir ni d’être libres.

Obéissant aux suggestions et aux tabous solides du Pouvoir cosmique

Ils faisaient un maigre butin de son riche magasin;

Il n’y avait pas de code conscient, pas de plan de vie:

Les types de pensée d’un petit groupe

Fixaient la loi d’un comportement traditionnel.

Ignorants de l’âme, sauf comme un revenant dedans,

Liés au mécanisme d’une vie invariable

Et au sourd battement des émotions et des sens habituels,

Ils tournaient dans les sillons du désir animal.

Clôturés par des murs de pierre, ils travaillaient et guerroyaient,

Faisaient un petit bien avec leurs égoïsmes en bande

Ou semaient de terribles maux et des souffrances cruelles

Sur des vies sensibles, et ne pensaient pas mal faire.

Enivrés du saccage de paisibles demeures heureuses

Gorgés de massacre et de pillage et de viol et de feu,

Ils faisaient des êtres humains leur proie impuissante,

Un troupeau de captifs traînés à leur malheur pour la vie

Ou faisaient de leur torture un spectacle et un jour de fête,

Se moquant ou délectant de l’agonie de leurs victimes lacérées;

S’admirant eux-mêmes comme des titans ou des dieux

Ils chantaient fièrement leurs hauts faits glorieux

Et louangeaient leur victoire et leur force splendide.

Animal au milieu d’un troupeau instinctif,

Poussé par les impulsions de la vie, contraint par les nécessités communes,

Chacun dans son espèce voyait le miroir de son ego;

Tous servaient les buts et les luttes de la bande.

Ceux qui étaient comme lui-même par le sang ou la coutume

Étaient pour lui des rouages de sa vie, ses moi adjoints,

Des étoiles constituantes de sa nébuleuse personnelle,

Compagnons-satellites de son Je solaire.

Maître des alentours de sa vie,

Chef d’une masse humaine en tas

S’attroupant par sécurité sur une terre dangereuse,

Il rassemblait les hommes autour de lui comme des Forces mineures

Pour faire front commun contre le monde,

Ou, faible et seul sur une terre indifférente,

Se servait d’eux comme une forteresse pour son cœur sans défense,

Ou pour guérir la solitude de son corps.

Chez ceux qui n’étaient pas de son espèce, il flairait l’ennemi,

La force dissemblable et inconnue à fuir et à craindre,

Un étranger et un adversaire à haïr et à tuer.

Ou il vivait comme vit la brute solitaire:

En guerre contre tous, il portait son unique destin.

Absorbés dans l’acte présent et les jours qui passent,

Nul ne pensait à regarder au-delà du gain des heures

Nul ne rêvait de changer cette terre en un monde plus noble,

Ni ne sentait quelque note divine surprendre son cœur.

Le contentement apporté par le moment fugitif,

Le désir une fois saisi, l’euphorie, l’expérience gagnée,

Le mouvement et la vitesse et la vigueur étaient une joie suffisante

Et les ardeurs du corps partagées, et les querelles et les jeux

Et les larmes et les rires et ce besoin appelé amour.

Par la guerre et par l’embrasse, les nécessités de la vie rejoignaient la Vie totale;

Les luttes corps à corps d’une imité divisée

S’infligeaient mutuellement le chagrin et le bonheur

Dans l’ignorance du Moi à jamais un.

Armant de délice et d’espoir ses créatures

Une Nescience à demi éveillée se débattait là

Pour connaître par la vue et toucher la surface des choses.

L’instinct se formait;

Dans le sommeil grouillant de la mémoire

Le passé continuait de vivre comme dans une mer sans fond:

Changeant en semi-pensée les sens stimulés,

La Nature palpait autour d’elle, cherchant la vérité à tâtons

Agrippait le peu qu’elle pouvait atteindre et prendre

Et mettre de côté dans ses caves subconscientes.

Ainsi l’être informe doit-il grandir en lumière et en force

Et s’élever finalement à sa destinée supérieure,

Regarder en haut vers Dieu et autour de lui vers l’univers,

Apprendre par ses échecs et progresser par ses chutes

Et se battre avec son milieu et avec la mort,

Par la souffrance découvrir son âme profonde

Et par la possession grandir vers ses propres Vastitudes.

À mi-chemin, la Nature s’était arrêtée et ne trouvait plus sa foi.

Rien encore n’était accompli, sauf un commencement,

Et pourtant le cercle de sa force semblait se refermer,

Seulement elle avait battu quelques étincelles d’ignorance,

Seulement la vie pouvait penser mais non le mental,

Seulement les sens pouvaient sentir mais pas l’âme.

Seulement s’était allumée quelque chaleur de la flamme de Vie,

Quelque joie d’être, quelques bondissements ravis des sens.

Tout était l’impulsion d’une Force à demi consciente,

Un esprit rampait, noyé dans l’écume dense de la vie

Un vague moi empoignait avidement la forme des choses.

Derrière tout, bougeait la quête de quelque réceptacle

Pour contenir une première vendange des raisins verts de Dieu;

Sur la boue de la terre, une première effusion de la Félicité du ciel,

Un vin capiteux de vertige noir et brutal

Enivrait une âme et un mental engourdis;

Indistinct, pas encore coulé dans une forme spirituelle,

Habitant obscur du tréfonds aveugle du monde,

Un désir muet: la volonté d’une divinité pas encore née.

Puis une troisième création a révélé sa face.

Un moule du premier mental corporel se formait.

Un trait de lumière allumait l’obscure Force Cosmique;

Un monde en dérive était doté des yeux de l’Idée,

L’acte était armé du tranchant dynamique d’une Pensée:

Un petit être pensant regardait les œuvres du Temps.

Une difficile évolution d’en bas

Appelait une intervention masquée d’en haut,

Sinon ce grand univers inconscient et aveugle

N’aurait jamais pu découvrir son mental caché,

Et l’Intelligence qui a tramé le plan cosmique

N’aurait jamais pu, même avec des œillères,

Œuvrer dans la bête et dans l’homme.

Tout d’abord, il vit un pâle pouvoir mental obscur

Qui remuait sous le couvert de la Matière et de la vie muette.

Un mince courant ruisselait dans l’immense flot de la vie,

Ballotté et dérivant sous un ciel dérivant

Au milieu des houles et de l’énorme ressac miroitant

Affleurant par giclées des sens ou par vagues de sentiments.

À travers les fonds d’un monde inconscient,

Ses lames désordonnées et l’écume de sa conscience couraient

Pressantes et tournoyantes par d’étroits goulets,

Charriant l’expérience dans ce tumulte entremêlé.

Il émergeait à la lumière de la surface

Jailli des sources profondes de sa naissance subliminale

Cherchant quelque haute existence encore inconnue.

Il n’y avait pas de moi pensant, il n’y avait pas de but:

Tout était tension indistincte, poursuite vague.

Seuls montaient à la surface instable

Des sensations lancinantes et les coups de poignard du désir

Et le bond des passions et le cri des brèves émotions,

Des rencontres fortuites de chair à chair,

Un murmure du cœur cherchant la soif d’un autre cœur sans voix,

Des lueurs de connaissance sans forme de pensée

Et des jets de volonté subconsciente ou les appels de la faim.

Tout était un obscur scintillement sur une mer écumante:

Tout tourbillonnait autour d’une ombre de moi errante

Dans un déluge de Force inconsciente à travers le Temps.

Alors vint la pression d’une Puissance avec des yeux

Qui a polarisé cette trouble masse dansante

L’a encerclée autour d’un unique point lumineux,

Centre de référence dans un champ conscient,

Pivot de la Lumière unitaire au fond des choses.

Elle éclairait l’impulsion de ce déluge à demi sentant,

Donnait même l’illusion d’une fixité

Comme si une mer pouvait servir de terre ferme.

Cette étrange Puissance observatrice imposait ses yeux.

Elle contraignait le flux à une limite et à une forme,

Elle donnait à son torrent une rive plus basse et plus étroite,

Traçait des lignes pour prendre l’informité de l’esprit dans son filet.

Elle façonnait le mental de la vie

De l’oiseau, de la bête,

La réponse du reptile et du poisson

Le type primitif des pensées de l’homme.

Une finitude du mouvement de l’Infini

Venait ouvrir ses ailes à travers le vaste ciel du Temps;

Les pas de la Connaissance bougeaient dans la Nescience

Et gardaient une âme séparée dans une forme.

Son droit à être immortelle, elle le réservait,

Mais elle bâtissait un mur contre le siège de la mort

Et jetait une ancre pour attraper l’éternité.

Une entité pensante apparaissait dans l’Espace.

Un petit monde ordonné perçait à l’horizon

Où l’être avait une prison habitable pour agir et pour voir,

Un sol pour marcher, un champ clair mais exigu.

Un instrument nommé personnalité était né;

Une intelligence réduite, bridée

Consentait à refréner sa recherche dans une petite clôture;

Elle liait la pensée aux choses visibles,

Interdisant l’aventure de l’Au-delà

Et la marche de l’âme à travers les infinitudes inconnues.

Une raison-réflexe, les lunettes des habitudes de la Nature

Éclairaient la vie pour connaître et fixer son champ,

Acceptant une dangereuse et ignorante brièveté

Et le dessein sans conclusion de sa marche

Et de profiter des chances précaires de l’heure

Dans les frontières assignées par son destin.

Une petite joie, une petite connaissance satisfaisaient

Ce petit être noué dans un nœud

Pendu à une bosse de son terrain,

Une petite courbe tranchée dans un Espace sans bornes,

Un petit lopin de vie dans tout le vaste Temps.

Une pensée était là qui faisait des plans, une volonté luttait

Mais pour de petits buts et dans un étroit rayon

Gaspillant un labeur démesuré pour des choses transitoires.

Il se savait une créature de la boue;

Il ne demandait pas une loi plus large, pas un air plus noble;

Il n’avait pas d’yeux intérieurs, pas de regard vers le haut.

Élève arriéré sur les bancs boiteux de la logique,

Endoctriné par les sens trompeurs,

Il prenait les apparences pour la face de Dieu

Des lumières passagères pour la marche des soleils

Et pour cieux, une bannière étoilée d’un bleu douteux;

Des aspects de l’existence feignaient d’être le tout.

Il existait une voix pour les échanges affairés

Une place du marché pour des pensées futiles et des actes insignifiants:

Une vie vite épuisée, un mental esclave du corps,

Tel semblait le brillant sommet des œuvres de la Nature,

Et de petits ego s’emparèrent du monde

Pour rassasier un moment de brefs désirs et des convoitises de nain;

Ils voyaient la vie commencer et finir dans un couloir fermé par la mort,

Comme si une allée sans issue était le signe de la création

Comme si, pour cela, l’âme avait ambitionné de naître

Dans ce pays des merveilles d’un monde en création de lui-même

Et toutes les possibilités de l’Espace cosmique.

Survivre était la seule passion de cette créature

Enchaînée à de minuscules pensées sans larges horizons

Et aux besoins du corps et à ses douleurs et à ses joies;

Ce feu grandissait par sa nourriture de mort,

Cette créature croissait par ce qu’elle prenait et possédait:

Elle amassait et poussait sans se donner à personne.

Elle rêvait seulement d’une grandeur dans sa caverne

De plaisirs et de victoires sur de petits terrains de pouvoir

Et des conquêtes d’espace vital pour elle-même et pour les siens

Tel un animal limité par son territoire de chasse.

Elle ne connaissait pas l’Immortel dans sa maison

Elle n’avait pas de cause plus grande ni plus profonde pour vivre.

Seulement dans les limites elle était puissante;

Prompte à capturer la vérité pour un usage extérieur,

Sa connaissance était un instrument du corps;

Absorbée par les petits travaux de sa prison domiciliaire

Elle tournait en rond autour des mêmes points invariables

Dans le même cercle d’intérêt et de désir,

Mais se croyait le maître de sa geôle.

Bien que faite pour l’action, non pour la sagesse,

La pensée était son sommet, ou l’extrême bord de son trou:

Elle voyait une image du monde extérieur

Et elle voyait son moi de surface, et n’en savait pas plus.

Parti d’une lente et confuse quête de soi embrouillée

Le Mental arrivait à une clarté tranchante, ponctuelle,

Une lueur sertie dans une ignorance de pierre.

Sous l’autorité de cette étroite pensée clôturée

Liée au sol, inspirée par les choses ordinaires,

Attachée à un monde familier et confiné,

Prise dans la multitude de ses intrigues toutes faites,

De ses acteurs changeants, ses millions de masques,

La vie était un même drame monotone.

Aucune vaste perspective de l’esprit n’était là

Aucune invasion subite d’un délice inconnu

Aucun lointain doré de large délivrance.

Cet état mesquin ressemblait à nos jours humains

Mais figé pour l’éternité dans un type invariable,

Le remue-ménage d’un moment condamné à durer pour tous les Temps.

Comme un pont, l’existence était suspendue sur les gouffres inconscients,

Un bâtiment à demi éclairé dans un brouillard

Émergeait d’un vide de Forme

Et faisait route dans un vide d’âme.

Une petite lumière était née dans une grande obscurité,

La Vie ne savait pas où elle allait ni d’où elle venait.

Autour de tout, flottaient encore les brumes de la nescience.

FIN DU CHANT QUATRE

 

1 Serait-ce une vision de l’état actuel des choses? Comme un retour à ce “monde blafard et pygméen” où “cette magie malheureuse a sa source”, afin que ce Malheur soit défait une fois pour toutes...

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