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Sri Aurobindo

Savitri

A Legend and a Symbol

traduction de Satprem

Livre Sept: Le Livre du Yoga

Chant Six
Le Nirvâna et la Découverte de l’Absolu négateur de tout

Un calme et lent soleil regardait du haut des cieux tranquilles.

Les dernières pluies avaient fui par les bois avec leur murmure

En déroute, moroses, telle une arrière-garde en retraite

Ou étouffées, sifflantes et bruissantes parmi les feuilles,

Et le grand enchantement bleu du ciel

Retrouvait le ravissement profond de son sourire.

Sa tendre splendeur délivrée des chaleurs battues de tempêtes

Trouvait place pour savourer des jours doux et chaleureux,

Le trésor d’or des nuits de lune d’automne

Venait flotter sur le roulis d’une petite brise féerique.

Et la vie de Savitri était heureuse et pleine comme celle de la terre;

Elle s’était trouvée elle-même, elle savait le but de son être.

Le royaume du merveilleux changement intérieur

Restait non dit dans le secret de sa poitrine

Mais tout ce qui vivait autour sentait le charme de sa magie:

Les voix bruissantes des arbres le disaient aux vents,

Les fleurs le babillaient avec leurs couleurs ardentes et une joie inconnue,

Le tirelire de l’oiseau devenait un cantique,

Les bêtes oubliaient leur lutte et vivaient à l’aise.

Absorbés dans la grande communion avec l’invisible

Les doux ascètes des forêts touchaient

Une soudaine ampleur dans leur muse solitaire.

Cette rayonnante perfection du monde intérieur de Savitri

Se répandait et débordait dans sa scène extérieure

Rendait belles les mornes choses ordinaires et habituelles

Et merveilleux les actes, et divin le temps.

Même les travaux les plus petits et les plus bas

Devenaient un doux ou heureux et glorieux sacrement,

Une offrande au moi du grand monde

Ou un service à l’Un en tout et en chacun.

Du fond de son être de lumière, une lumière envahissait tous

La danse du battement de son cœur communiquait la félicité,

Le bonheur devenait plus heureux partagé avec elle, par son toucher

Et quand elle s’approchait, le chagrin trouvait une consolation.

Sur la tête chérie de Satyavane

Elle ne voyait plus maintenant l’œil noir et mortel du Destin:

Un cercle d’or autour d’un soleil mystique

Révélait à sa vue nouvelle divinatrice

La rondeur cyclique d’une vie souveraine.

Dans ses visions et ses rêves véridiques, telle une gravure en profondeur,

En de brefs renverses du lourd écran de l’avenir,

Satyavane n’était pas frappé par un douloureux décret,

Victime dans l’antre ténébreux de la mort

Ou emporté loin d’elle vers des régions bienheureuses

Oubliant la douceur du chaud délice de la terre,

Oubliant l’unité passionnée de l’embrasse de l’amour,

Aboli dans l’extase ravie de l’immortel.

Toujours il était avec elle, âme vivante

Retrouvant ses yeux avec des yeux amoureux tout là,

Un corps vivant près de la joie de son corps.

Mais maintenant, ce n’était plus seulement dans ces grands bois sauvages

En compagnie des jours de l’oiseau et de la bête

Au niveau nu de la poitrine brune de la terre,

Mais au milieu des hautes maisons de la vie des hommes pensants

Dans les salles tapissées et sur des sols de cristal

Dans les villes fortifiées ou les allées jardinées des promenades,

Et même à distance il était plus proche que ses pensées

Corps contre corps, âme contre âme,

Bougeant comme par un même souffle et une même volonté,

Liés dans une seule et même ronde de leurs jours

Ensemble dans l’invisible atmosphère de l’amour,

Inséparables comme la terre et le ciel.

Ainsi pendant un temps a-t-elle suivi le Sentier d’Or;

C’était le soleil avant la Nuit abyssale.

Un jour, tandis qu’elle était assise dans sa profonde songerie heureuse

Palpitante encore de la puissante embrasse de son amant,

Et faisait de sa joie un pont entre la terre et les cieux,

Un abîme a soudain béé sous son cœur.

Une immense peur sans nom tirait ses nerfs

Comme une bête sauvage tire sa proie à demi déchirée;

Cela ne semblait bondir d’aucune tanière:

Cela ne venait pas d’elle, mais cela cachait son invisible cause.

Puis s’est précipitée violemment l’immense et redoutable Source.

Une Terreur sans forme aux ailes sans fin, sans corps

Emplissant l’univers de son dangereux souffle;

Une noirceur plus dense que même la Nuit ne pourrait supporter

Enveloppait les cieux et possédait la terre.

Une vague déferlante de mort silencieuse est venue

Encerclant les bords lointains du globe frémissant

Effaçant les cieux sous son énorme ruée,

Elle voulait éteindre et étouffer l’air sous son angoisse

Et en finir de cette fable de la joie de la vie.

Elle semblait proscrire l’être même de Savitri

Abolissant tout ce qui faisait vivre sa nature

S’appliquant à détruire son corps et son âme,

Telle une serre de quelque Invisible pressenti,

Un océan de terreur et de force souveraine

Une personne et une Infinitude noire.

Elle semblait crier à Savitri, sans pensée, sans mot

Le message de sa noire éternité

Et l’horrible sens de son silence:

Surgie de quelque monstrueuse immensité lugubre,

Sortie d’une profondeur abyssale de chagrin et de peur,

Imaginée par quelque aveugle moi inexorable,

Une conscience d’être sans sa joie

Vide de pensée, incapable de félicité

Qui sentait la nullité de la vie et ne trouvait nulle part une âme,

Une voix qui parlait à l’angoisse muette du cœur

Et communiquait la sensation nue des mots non-dits:

Dans ses propres profondeurs Savitri entendait la pensée inexprimée

Qui rendait irréel le monde et tout ce que signifiait la vie.

“Qui donc es-tu pour réclamer la couronne de ta naissance spéciale,

Quelle illusion de la réalité de ton âme

Et de ta divinité personnelle sur un globe ignorant

Dans le corps animal d’un homme imparfait?

N’espère point être heureuse dans un monde de douleur

Et ne rêve point, écoutant le Verbe jamais prononcé,

Éblouie par le Rayon inexprimable,

De transcender le royaume muet du Supraconscient

Pour donner un corps à l’inconnaissable,

Ou ratifier les délices de ton cœur

Et poser un fardeau de bonheur sur l’immobile Suprême silencieux

Profanant sa sainteté nue et sans forme,

Ou d’appeler le Divin dans ta chambre

Et t’asseoir avec Dieu pour qu’il goûte une joie humaine.

J’ai créé tout, je dévore tout;

Je suis la Mort et la terrible Mère sombre de la vie,

Je suis Kâli, noire et nue dans le monde,

Je suis Mâyâ, et l’univers est ma duperie.

Mon souffle dévaste le bonheur humain,

Je tue la volonté de vivre, la joie d’être

Afin que tout passe et retourne au rien

Et que seul reste l’éternel et absolu.

Car seul l’Éternel vide peut être vrai.

Tout le reste est une ombre et un reflet dans les lunettes brillantes du Mental,

Ce Mental, ce miroir creux dans lequel l’Ignorance voit

Une splendide image de son propre Moi faux

Et rêve qu’il voit un glorieux monde solide.

Ô âme, inventrice des pensées et des espoirs de l’homme,

Toi-même invention du flux d’un moment,

Centre de l’illusion ou point culminant évasif,

Connais-toi toi-même enfin, et cesse ta vaine existence.”

Telle une ombre de l’Absolu négateur,

Les ténèbres intolérantes fluaient et refluaient en elle

Montaient et descendaient avec la formidable Voix.

Derrière elle, restait dévasté le monde intérieur de Savitri:

Un silence désert pesait sur son cœur,

Son royaume de délice n’était plus là;

Seule son âme restait, vidée de sa scène

Attendant la Volonté éternelle inconnue.

Alors une Voix plus grande est descendue des hauteurs,

Le Mot qui touche le cœur et trouve l’âme,

La voix de Lumière après la voix de la Nuit:

Le cri de l’Abîme tirait la réponse des Cieux,

La puissance de la tempête, chassée par la puissance du Soleil.

“Ô Âme, ne dévoile point ton royaume à l’ennemi,

Consens à cacher ta royauté de délice

De peur que le Temps et le Destin ne trouvent leurs entrées

Et frappent à ta porte d’un coup de tonnerre.

Cache tant que tu le peux le trésor de ton moi spécial

Derrière le lumineux rempart de tes profondeurs

Jusqu’à ce qu’il se joigne à un empire plus vaste.

Ce n’est pas pour ton moi seulement que le moi est acquis

Ne reste pas satisfaite d’un seul royaume conquis;

Aventure tout pour que le monde entier soit à toi,

Applique ta force à pénétrer des royaumes plus grands.

Ne crains point d’être rien pour que tu puisses être tout;

Consens au vide du Suprême

Pour que tout en toi touche son absolu.

Accepte d’être petite et humaine sur la terre

Et de suspendre ta divinité naissante

Pour que l’homme puisse trouver son moi total en Dieu.

Si c’était seulement pour toi-même que tu étais venue,

Immortel esprit dans le monde mortel,

Pour fonder ton lumineux royaume dans les ténèbres de Dieu,

Unique étoile brillante dans le royaume de l’Inconscient

Unique porte ouverte sur la lumière dans l’Ignorance,

Quel besoin avais-tu de venir vraiment?

Tu es descendue dans un monde de lutte

Pour aider une race aveugle et mortelle et souffrante

À ouvrir à la Lumière des yeux qui ne peuvent pas voir

Pour faire descendre la félicité dans ce cœur de chagrin,

Pour faire de ta vie un pont entre la terre et les cieux;

Si tu veux sauver cet univers de peine et de labeur,

Sens que la vaste souffrance universelle est tienne:

Tu dois porter la douleur que tu voudrais guérir;

Le porteur du jour doit marcher dans la nuit la plus noire.

Celui qui veut sauver le monde doit partager son mal.

S’il ne connaît pas le chagrin, comment trouverait-il le remède?

S’il marche loin au-dessus de la tête des mortels

Comment le mortel toucherait-il ce trop haut chemin?

S’ils voient l’un d’entre eux gravir la cime des cieux

Les hommes peuvent espérer apprendre cette escalade de titan.

Dieu doit naître sur la terre et être tel que l’homme

Pour que l’homme humain puisse grandir tel que Dieu.

Celui qui veut sauver le monde doit être un avec le monde,

Contenir toutes les créatures souffrantes dans l’espace de son cœur

Et porter le chagrin et la joie de tout ce qui vit.

Son âme doit être plus large que l’univers

Et sentir l’éternité comme sa substance même,

Rejetant la personnalité du moment

Il doit se savoir plus vieux que la naissance du Temps

Et la création comme un incident dans sa conscience,

Arcturus et Belphégor, des grains de feu

Gravitant dans un coin de son moi sans borne,

La destruction du monde, telle une petite tempête transitoire

Dans la calme infinitude qu’il est devenu.

Si tu veux desserrer un peu la vaste chaîne,

Retire-toi du monde que l’Idée a créé

Cette sélection que ton mental a tirée de l’Infini

Cette explication spécieuse de tes sens sur la danse de l’infinitésimal,

Alors tu sauras comment est venue la grande servitude.

Bannis de toi toute pensée et sois le vide de Dieu.

Alors tu découvriras l’inconnaissable

Et le Supraconscient deviendra conscient sur tes sommets:

La vision de l’Infini percera à travers ton regard

Tu verras dans les yeux de l’Inconnu;

Trouve la Vérité cachée dans les choses que tu vois nulles et fausses,

Derrière les choses connues découvre les arrières du Mystère.

Tu seras une avec la réalité nue de Dieu

Une avec le monde miraculeux qu’il est devenu

Et le miracle plus divin encore à devenir

Quand la Nature maintenant inconsciente de Dieu

Deviendra transparente à la lumière de l’Éternel

Sa vision devenue Sa vision, sa marche devenue les pas de Son pouvoir

Et la vie remplie de la joie spirituelle

Et la Matière sera l’épouse consentante de l’Esprit.

Accepte d’être rien et personne,

Dissous l’œuvre du Temps

Dépouille ton mental, retire-toi des formes et des noms.

Annule-toi toi-même pour que Dieu seulement puisse être.”

Ainsi parla la Voix puissante qui exalta,

Et Savitri entendit,

Méditative, elle baissa la tête

Plongeant son regard profond en elle-même

Dans son âme secrète dans le silence de la Nuit.

Lointaine et en retrait, détachée et calme

Témoin du drame d’elle-même

Étudiant sa propre scène intérieure,

Elle observait la passion et le labeur de la vie

Elle entendait dans les grandes artères grouillantes du mental

Le va-et-vient continuel et le passage de ses propres pensées.

Elle laissait monter tout ce qui voulait remuer,

N’appelant rien, n’imposant rien, n’interdisant rien

Elle abandonnait tout au processus formé par le temps

Et à la libre initiative de la volonté de la Nature.

Suivant ainsi la complexité du théâtre humain

Elle entendait la voix du souffleur derrière les scènes,

Percevait le montage du libretto originel

Et le thème d’orgue de la Force compositrice.

Elle était le spectateur de tout ce qui jaillit des profondeurs de l’homme,

Les instincts de l’animal qui rôde parmi les arbres de la vie,

Les impulsions qui murmurent au cœur

Et la course fulgurante de la passion qui balaye les nerfs;

Elle voyait les Forces qui braquent les yeux du fond de l’Abîme

Et la Lumière sans paroles qui libère l’âme.

Mais surtout, le regard de Savitri poursuivait la naissance de la pensée.

Affranchie des vues du mental superficiel

Elle s’est arrêtée, non pas pour examiner l’affaire officielle

Les formes issues du bureau cérébral

Sa factorerie de sons de pensée et de mots sans son

Et son magasin de voix intérieures inentendues par les hommes,

Sa fabrique de monnaie et son Trésor de pièces brillantes.

C’étaient là seulement des jetons dans le tripot de symboles du mental,

Un disque de gramophone, la reproduction d’un film,

Un répertoire de signes, un message chiffré et un code.

Dans notre corps subtil invisible naît la pensée

Ou bien elle entre là du champ cosmique.

Souvent une pensée nue sortait de l’âme de Savitri

Lumineuse avec des lèvres de mystère et des yeux merveilleux;

Ou de son cœur, une face brûlante émergeait

Et cherchait la vie, l’amour, la vérité ardente,

Aspirait aux cieux ou embrassait le monde

Ou menait la fantaisie comme une lune fugace

À travers le morne ciel des jours ordinaires de l’homme

Parmi les douteuses certitudes du savoir terrestre,

Donnait forme à la beauté céleste de la foi

Comme une seule rose vivante dans un vase doré

Se rit d’une imitation de fleurs dans une chambre malpropre.

Un thaumaturge siégeait dans les profondeurs de son cœur,

Obligeait le pas en avant, le regard montant

Jusqu’à ce que l’émerveillement bondisse dans la poitrine illuminée

Et la vie s’emplisse d’un miracle d’espoir transfigurateur.

Une Volonté voyante méditait au milieu du front,

Les pensées, Anges étincelants, attendaient derrière le cerveau

En armure radieuse, les mains jointes en prière,

Et déversaient les rayons des cieux dans une forme terrestre.

Les imaginations montaient comme des flammes de sa poitrine,

Une beauté d’un autre monde, des notes d’une joie sans pareil

Et des plans miraculeux, des rêves enchantés:

Autour de son lotus ombilical1, comme de constellations voisines

Coulaient en elle les vastes sensations d’une multitude de mondes

Qui transportaient les mouvements symphoniques silencieux

De l’Idée pas encore formée,

Puis envahissaient les pistils sensitifs de la gorge

Et apportaient leurs résonances muettes, inexprimées

Pour allumer les images d’une parole céleste.

Plus bas, les désirs formaient leurs souhaits sans mot,

Alors les soifs de douceur et de joie physiques

Traduisaient dans les accents d’un cri

Leur étreinte d’un objet et leur embrasse des âmes.

Les pensées de son corps montaient par ses membres conscients

Et portaient leur aspiration à la couronne mystique

Là où les murmures de la Nature rencontrent l’ineffable.

Mais pour le mortel emprisonné dans le mental extérieur,

Toutes les pensées et murmures doivent montrer leur passeport à la porte;

Déguisés, ils doivent arborer le chapeau et le masque officiel Ou se faire passer pour une manufacture du cerveau;

Leur vérité secrète est inconnue, et leur source cachée.

Au mental intérieur seulement, ils parlent directement

Revêtent un corps et prennent une voix;

Leur passage est vu, leur message entendu et connu,

Leur lieu de naissance et leur marque natale révélés;

Ils sont attestés par une vision immortelle,

Les messagers de notre nature sont reconnus par l’âme témoin.

Inscrutables, dissimulées aux sens mortels

Les chambres intérieures de la maison de l’esprit

Dévoilaient à Savitri leurs arrivants et leurs habitants:

Les yeux regardaient par des lézardes dans l’invisible mur

Et par le mystère des portes dérobées de l’au-delà

Arrivaient dans la petite chambre frontale du mental

Des pensées qui élargissaient notre horizon humain limité,

Soulevaient le flambeau de l’idéal à demi étouffé ou enlisé

Ou scrutaient l’infini à travers le fini.

Une vue s’ouvrait sur l’invisible

Et percevait des formes que les yeux mortels ne voient pas

Des sons que l’écoute mortelle ne peut pas entendre

La délicieuse douceur d’un toucher intangible;

Les matérialités qui, pour nous, sont de l’air vide

Là, sont la substance de l’expérience quotidienne

Et la nourriture ordinaire des sens et de la pensée.

Les êtres des royaumes subtils se montraient

Et des scènes cachées derrière notre scène terrestre;

Elle voyait la vie de continents éloignés

Et les distances n’étouffaient pas les voix lointaines;

Elle sentait les impulsions qui traversent des cerveaux inconnus,

Les événements du passé se présentaient devant ses yeux.

Les pensées du grand monde faisaient partie de ses propres pensées,

Les sentiments à jamais enfouis et jamais partagés,

Les idées qui n’avaient jamais trouvé à s’exprimer,

Les suggestions incohérentes du subconscient voilé

Mettaient à nu leur étrange et profonde intention tortueuse,

Le bizarre secret de leurs murmures mécontents

Leurs liens avec une réalité sous-jacente.

L’invisible devenait visible et audible,

Des pensées bondissaient d’un monde Supraconscient

Comme les aigles s’abattent d’un invisible pic,

D’autres pensées luisaient du fond des profondeurs subliminales masquées

Comme les poissons d’or d’une mer cachée.

Ce monde est une vaste totalité sans brisure,

Une solidarité profonde relie ses forces contraires.

Les sommets de Dieu plongent sur les Abysses muets.

Ainsi, l’homme qui a évolué jusqu’aux cimes les plus divines

Converse-t-il encore avec l’animal et le Djinn;

La divinité humaine qui contemple les étoiles

Vit encore dans la même maison que la bête primitive.

Le haut rencontre le bas, tout est un plan unique.

Ainsi Savitri voyait-elle les innombrables naissances de la pensée

Si naissance se peut de ce qui est éternel;

Car les pouvoirs de l’Éternel sont tels que lui-même,

Sans temps dans le Sans-fin, à jamais nés dans le Temps.

Elle vit aussi ceci: tout, dans le mental extérieur,

Est fabriqué, emprunté, un produit périssable

Forgé par la force terrestre dans l’usine du corps.

Ce mental est une petite machine dynamique

Qui produit sans trêve avec les matériaux bruts du monde extérieur

Des motifs tracés par un Dieu artiste,

Jusqu’à ce qu’elle s’use et casse.

Souvent nos pensées sont des produits cosmiques complets

Reçus par la porte d’un bureau silencieux

Et passés par les galeries subconscientes,

Puis lancés sur le marché du Temps comme une confection privée.

Parce que maintenant ils portent la marque d’une personne vivante:

Un tour de passe-passe, un coloris spécial les fait passer pour sien.

Tout le reste est l’art de la Nature, et cela aussi.

Nos tâches nous sont données, nous sommes seulement des instruments,

Rien de ce que nous créons n’est entièrement à nous;

Le Pouvoir qui agit en nous n’est pas notre force.

Le génie aussi reçoit de quelque haute source

Dissimulée dans une sublime cachette

L’œuvre qui lui donnera un nom immortel.

Le mot, la forme, le charme, la gloire et la grâce

Sont des étincelles envoyées par un formidable Feu;

Un échantillon du laboratoire de Dieu

Dont il tient le droit d’auteur sur la terre

Vient à lui enveloppé dans une couverture d’or;

Il attend la sonnette du postier de l’Inspiration à la porte,

Prend livraison du cadeau inestimable,

Un peu abîmé par le mental récepteur,

Ou mélangé avec les fabrications de son cerveau:

Moins c’est défiguré, plus c’est divin.

Bien que son ego réclame le monde à son service,

L’homme est une dynamo du travail cosmique;

La Nature fait la plus grande part en lui, et Dieu le haut reste:

Seule est à lui l’acceptation de son âme.

Cet indépendant, qui jadis fut un suprême pouvoir

Né librement avant que l’univers ne fut créé,

Acceptant le cosmos, se lie lui-même serf de la Nature

Jusqu’à ce qu’il devienne son homme libéré – ou l’esclave de Dieu.

Telle est l’apparence de notre façade mortelle,

La haute vérité de notre être attend derrière:

Notre conscience est cosmique et immense,

Mais d’abord, il faut briser le mur de la Matière

Alors seulement nous pouvons tenir debout dans cette immensité spirituelle

Et vivre en maîtres de notre monde;

Même le mental est seulement une voie, et le corps un outil.

Car au-dessus de la naissance du corps et de la pensée,

La vérité de notre esprit vit dans le moi nu

Et de cette hauteur, sans liens, survole le monde.

Hors du mental, Savitri est montée pour échapper à cette loi

Et le laisser dormir dans quelque ombre profonde du moi

Ou tomber silencieux dans le silence de l’Au-delà.

Haut, elle est arrivée, debout et libre de la Nature

De loin au-dessus elle voyait la vie de la création,

Et de là, Savitri a abdiqué sa souveraine volonté sur tout

Pour l’offrir au calme de Dieu hors du temps:

Alors tout est devenu tranquille dans les étendues de son être,

Parfois seulement de petites pensées montaient et retombaient

Comme de légères vagues sur une mer silencieuse

Ou comme des ondulations qui passent sur un étang solitaire

Quand une pierre perdue dérange son repos rêveur.

Mais l’usine mentale avait cessé son travail,

Nul son ne venait du vrombissement de la dynamo

Nul appel des champs immobiles de la vie.

Puis, même ces remous ne montaient plus en elle,

Son mental maintenant ressemblait à une vaste chambre vide

Ou à un paysage paisible sans un son.

Tel est ce que les hommes appellent quiétude et prisent comme la paix.

Mais pour sa vue plus profonde, tout restait encore là

Bouillonnant comme un chaos sous un couvercle;

Sentiments et pensées criaient pour avoir la parole et agir

Mais ne trouvaient aucune réponse dans le cerveau réduit au silence:

Tout était étouffé, mais rien n’était encore effacé,

À n’importe quel moment l’explosion pouvait venir.

Puis cela aussi s’est arrêté, le corps était comme une pierre.

Désormais tout était une vaste vacuité puissante

Mais encore exclu du calme de l’éternité,

Car, encore, le repos de l’Absolu était loin

Loin, l’océan de silence de l’Infinité.

Même maintenant quelques pensées pouvaient traverser sa solitude:

Elles ne surgissaient pas des profondeurs ni du dedans

Remontées du sans-forme pour chercher une forme,

Elles ne disaient pas les besoins du corps ni l’appel du mental.

Elles semblaient sans naissance ni faites dans le Temps humain,

Enfants de la nature cosmique d’un monde extra-terrestre,

Des formes de l’Idée toutes armées de mots

Postées là comme les voyageurs d’un autre espace.

Elles semblaient sortir d’un firmament lointain

Comme de grand-voiles blanches portées par de vastes ailes,

Mais elles avaient un accès facile à l’oreille intérieure

Comme si elles utilisaient un droit naturel privilégié

Pour les hautes entrées royales de l’âme.

Malgré tout, leur chemin restait profondément caché dans la lumière.

Puis, cherchant à savoir d’où venaient ces intrus

Savitri vit une immensité spirituelle

Imprégnant et enveloppant l’espace du monde

Comme l’éther emplit tangiblement notre air transparent,

Et tranquillement, à travers lui, faisait voile une pensée.

Aussi doucement que glisse un navire qui arrive à son port

Ignorant les embargo et les blocus

Sûr de son entrée et du sceau de son visa,

La pensée arrivait à la silencieuse cité du cerveau

Vers son quai habituel attendu,

Mais là, elle rencontrait le barrage d’une volonté, le coup d’une Force

Et sombrait, évanouie dans l’immensité.

Après un long arrêt vide, une autre pensée apparaissait

Et d’autres, une par une, émergeaient soudain,

Venues de l’au-delà, visiteuses inattendues du Mental

Comme de lointaines voiles sur une mer déserte.

Mais bientôt ce commerce s’arrêtait,

Nulle voile ne touchait plus la côte du mental.

Alors tout est devenu tranquille, rien ne bougeait plus:

Immobile, plongé en lui-même, éternel, solitaire,

Un esprit silencieux emplissait le silence de l’Espace.

Dans cette immobilité absolue, formidable et nue,

Transparaissait la négation totale d’un Vide suprême

Qui affirmait son Nihil mystique et son droit souverain

D’annuler la Nature et de nier l’âme.

Même les sens nus du moi devenaient pâles et ténus:

Impersonnelle, sans signe, sans trait, vide de formes

Une pure conscience déserte avait pris la place du mental.

L’esprit de Savitri semblait la substance d’un mot,

Le monde, un symbole pictural tracé sur le moi:

Un rêve d’images, un rêve de sons

Bâtissait une semblance d’univers

Ou prêtait à l’esprit l’apparence d’un monde.

C’était une vision créée par soi-même:

Dans ce silence intolérant, aucune notion

Aucun concept ne pouvait prendre forme,

Nul sens n’était là pour encadrer l’image des choses.

Il n’y avait là qu’un pur spectacle de soi-même,

Nulle pensée ne surgissait.

Les émotions dormaient profondément dans le cœur immobile

Ou restaient enterrées dans un cimetière de paix:

Tous les sentiments semblaient en repos, calmes ou morts,

Comme si les cordes du cœur, arrachées, ne fonctionnaient plus

Et la joie ni le chagrin ne pouvaient plus jamais revivre.

Le cœur continuait de battre d’un rythme inconscient

Mais nulle réponse ne sortait de lui et nul cri.

Vaine était la provocation des événements;

Rien ne répondait dedans au toucher du dehors

Aucun nerf ne remuait, aucune réaction ne montait.

Et pourtant le corps de Savitri voyait encore et se mouvait et parlait;

Il comprenait sans l’aide d’une pensée

Il disait ce qui était nécessaire de dire

Il faisait ce qui était nécessaire de faire.

Il n’y avait personne derrière l’acte,

Aucun mental ne choisissait ni ne passait le mot juste,

Tout opérait comme une machine exacte et sans erreur.

La mécanique continuait sa vieille ronde habituelle

Comme poussée par une vieille force inépuisée

Et faisait le travail pour lequel elle avait été faite:

La conscience de Savitri était spectatrice et ne prenait aucune part;

Elle soutenait tout, rien en elle ne participait.

Il n’y avait aucune volonté forte initiatrice:

Une incohérence traversait un vide immuable

Et se glissait furtivement dans une suite de hasards voisins.

Une pure perception était le seul pouvoir

Qui restait derrière l’acte et la vue de Savitri.

Si cela se retirait, tout objet disparaîtrait,

Son univers privé cesserait d’être,

Cette maison qu’elle avait construite avec les briques de la pensée et des sens

Au commencement, après la naissance de l’Espace.

Cette vue était identique avec la chose vue;

Elle savait sans connaissance tout ce qui pouvait être connu,

Elle voyait impartialement le monde passer,

Mais d’un même suprême regard impassible

Elle voyait aussi son irréalité insondable.

Cette vue suivait l’image du jeu cosmique

Mais la pensée et la vie intérieure dans les formes semblaient mortes

Abolies par l’écroulement de sa propre pensée:

Seule persistait encore une coquille creuse physique.

Tout semblait une ombre brillante de soi-même,

Un film cosmique de scènes et d’images:

La masse durable des montagnes et leurs contours

Étaient un dessin tracé sur un mental silencieux

Et retenu dans une fausse solidité tremblotante

Par les battements continus d’une vue imaginaire.

La forêt et ses vertes multitudes

Habillait d’un semblant de teintes un vague Espace vide,

Les couleurs d’une peinture cachaient une surface nulle

Qui scintillait au bord de la dissolution;

Le bleu du ciel, illusion des yeux,

Toiturait dans le mental l’illusion d’un monde.

Les hommes qui marchaient sous des cieux irréels

Semblaient des pantins mobiles taillés dans du carton

Et poussés à travers le sol par d’invisibles mains

Ou des dessins animés collés sur un film de Fantaisie:

Il n’y avait pas d’âme dedans, pas de force de vie.

Les vibrations du cerveau, qui apparaissent comme de la pensée,

La brève réaction des nerfs au choc de chaque contact,

Les tressaillements du cœur sentis comme joie et chagrin et amour

Étaient des contractions du corps, leur semblance de moi;

Ce corps forgé par les atomes et formé de gaz

Était un mensonge confectionné par la fabrique de Mâyâ,

Sa vie, un rêve vu par le Vide qui dort.

Les animaux solitaires ou en troupeau dans les clairières

S’enfuyaient comme une vision fugitive de grâce et de beauté

Imaginée par quelque Œil créateur de tout.

Et pourtant, quelque chose était là, derrière les scènes évanescentes;

N’importe où elle se tourne, quoi qu’elle regarde,

C’était perçu, et pourtant caché au mental et à la vue.

L’Unique et seul réel avait fermé sa porte à l’Espace

Et restait en dehors de l’idée de Temps.

Sa vérité s’évadait des formes, des lignes et des couleurs.

Tout le reste devenait insubstantiel, automatiquement annulé,

Cela seul semblait perpétuel et vrai,

Et pourtant cela ne demeurait nulle part, c’était en dehors des heures.

Cela seul pouvait justifier tout ce labeur de vision

Mais la vue ne pouvait pas lui définir une forme;

Cela seul pouvait apaiser l’oreille insatisfaite

Mais l’écoute écoutait en vain un son manquant;

Cela ne répondait pas aux sens, ne visitait pas le Mental.

Cela la rencontrait comme une voix inaudible, jamais saisie,

Qui parle du haut de l’inconnaissable à jamais.

Cela la rencontrait comme un point omniprésent

Pur de dimension, invisible, jamais fixé;

L’unique unité de son battement multiplié

Accentuait sa seule éternité.

Cela était devant elle comme l’immensité de quelque vaste Néant,

Un Non sans fin à tout ce qui semblait être,

Un Oui sans fin aux choses à jamais inconçues

Et à tout ce qui n’est jamais imaginé et jamais pensé,

Un éternel zéro, ou quoi que ce soit jamais additionné,

Un Infini sans espace et sans lieu.

Et pourtant l’éternité et l’infinité semblaient seulement des mots

Futilement apposés par l’incompétence du mental

Sur sa prodigieuse réalité déserte.

Le monde est seulement un éclat d’étincelle de sa lumière,

Tous les instants rayonnent de cet à jamais Sans-Temps

Tous les objets miroitent de ce Sans-corps

Et disparaissent du Mental sitôt que Cela est vu.

Cela tenait comme un bouclier devant sa face

Une conscience qui voyait sans voyant

Une Vérité où la connaissance n’est pas, ni le connaisseur ni le connu,

Un Amour amoureux de son propre délice

Où l’Amant n’est point ni le Bien-aimé

Pour introduire dans le Vaste leur passion personnelle,

Une Force omnipotente dans la quiétude,

Une Félicité que nul ne peut jamais espérer goûter.

Cela rendait nulle la convaincante duperie du moi:

Une vérité dans le rien était sa puissante piste.

Si toute l’existence pouvait renoncer à être

Et l’Être prendre refuge dans les bras du Non-être

Et le Non-être pouvait rayer son zéro rond,

Quelque lueur de cette Réalité pourrait apparaître.

Une libération sans forme est tombée sur Savitri.

Jadis vivante dans un sépulcre de cerveau et de chair

Elle est ressuscitée du corps, du mental et de la vie;

Elle n’était plus une Personne dans un monde,

Elle s’était évadée dans l’Infinité.

Ce qui, jadis, fut elle-même avait disparu,

Il n’y avait plus de cadre des choses, plus d’image d’âme.

Réfugiée du domaine des sens,

Échappée de la nécessité de penser,

Délivrée de la Connaissance et de l’Ignorance

Et sauvée du vrai et du non vrai,

Elle partageait la haute retraite du Supraconscient

Au-delà du Verbe né de lui-même, au-delà de l’Idée nue,

La première base solide de la conscience pure;

Il n’y avait pas d’êtres là, l’existence n’avait pas lieu,

Il n’y avait rien pour être tenté de la joie d’être.

Indiciblement effacée, personne et nulle

Vestige évanescent comme une trace violette,

Vague histoire d’un moi maintenant passé,

Elle était un point dans l’inconnaissable.

Seule restait maintenant quelque ultime annulation,

Vague seuil indéfinissable de l’annihilation:

Une mémoire d’être restait encore là

Et la gardait séparée du rien,

Elle était dans Cela mais pas encore devenue Cela.

Cette ombre d’elle-même si proche du néant

Pourrait être de nouveau le point d’appui d’un moi pour vivre,

Revenir de l’inconcevable

Et être ce que quelque vaste mystérieux pourrait choisir.

Ainsi que le décréterait l’inconnaissable,

Elle pourrait être nulle, ou nouvellement devenir le Tout,

Ou, si le tout-puissant Nihil prenait une forme,

Émerger en quelqu’un et libérer le monde.

Ou même, elle pourrait apprendre ce que gardait le zéro mystique:

Cet apparent exit ou fin finale de tout

Pourrait être un aveugle passage ténébreux masqué à nos yeux,

Et l’état de Savitri une coquille qui éclipse un soleil obscurci2

Secrètement en route vers l’ineffable.

Même maintenant, l’être splendide de Savitri pourrait flamber de retour,

Sortir du silence et de la nullité,

Parcelle rayonnante du Tout-Merveilleux, Force d’un Absolu affirmateur de tout,

Miroir resplendissant de l’éternelle Vérité,

Pour montrer à l’Un-en-tout sa face manifeste

Et à l’âme des hommes leur profonde identité.

Ou bien elle pourrait se réveiller dans la quiétude de Dieu

Par-delà le jour cosmique et la nuit cosmique

Et apaisée, se reposer dans sa blanche éternité.

Mais à présent ceci était irréel ou lointain

Ou recouvert dans l’insondable abîme mystique muet.

Dans l’infini Néant se trouvait l’ultime signe

Sinon le Réel était l’inconnaissable.

Un Absolu solitaire niait tout:

Il effaçait de sa solitude ce monde ignorant

Et noyait l’âme dans sa paix à jamais.

FIN DU CHANT SIX

 

1 Selon la connaissance ancienne de l’Inde, les divers centres de conscience dans notre corps (ou chakras) sont représentés par des lotus de couleurs différentes portant un nombre de pétales différent, chacun accompagné d’un son essentiel (ou mantra) et correspondant à un élément particulier. Ces centres ont des prolongements cosmiques et sont le relais ou le récepteur de forces et de pouvoirs cosmiques.

Selon la connaissance générale, il y a sept centres ou lotus.

1. Le plus haut se situe au-dessus de la tête, c’est le “lotus aux mille pétales” de couleur bleue entourée d’or, il commande le mental illuminé, l’intuition et les régions au-dessus, il est dans le “vide” apparent. C’est la résidence de Bhagavati, la Mère des trois mondes.

2. Le deuxième se situe au milieu du front, de couleur blanche, il gouverne le mental dynamique, la volonté, la vision et les facultés mentales.

3. Se situe dans la gorge, de couleur grise, il gouverne l’expression des mouvements du mental, il correspond à l’élément Éther.

4. Se situe dans le cœur, de couleur rose-doré, et anime les émotions supérieures, soutenu par l’âme profonde derrière, il correspond à l’élément Air.

5. Se situe au niveau du nombril, de couleur violette, il commande les vastes forces de vie, les passions, les larges désirs, il correspond à l’élément Feu.

6. Se situe au-dessous du nombril et plus haut que le sexe, de couleur rouge-violet foncé, il commande les petites forces de la vie, cupidité, avidité, désirs, il correspond à l’élément Eau.

7. Se situe à la base de la colonne vertébrale, il gouverne la conscience physique, le subconscient, les parties matérielles de la nature, c’est le support de toutes les fonctions physiques, il est de couleur rouge avec quatre pétales et correspond à l’élément Terre. C’est de là que partent et montent jusqu’au deuxième lotus (du front) “trois cents cinquante mille” nadis ou nerfs conducteurs de la conscience corporelle.

Une connaissance plus approfondie, comme celle de Mère et de Sri Aurobindo connaît cinq centres en plus, donc douze au total: deux au-dessous des pieds qui correspondent aux abîmes de l’Inconscient, et trois au-dessus de la tête correspondent à plusieurs degrés du Supraconscient.

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2 Sri Aurobindo fait allusion ici à l’ultime solution supramentale. Ce passage ténébreux... Il y a quelque sept ou dix mille ans, les Rishis védiques, dans leur recherche de la réalité de l’homme et de cette espèce provisoire, avaient découvert l’existence d’un autre Soleil caché, ou éclipsé, au fond de la Matière – ils l’appelaient Martanda: le Soleil noir ou le Soleil dans l’obscurité, “le soleil perdu” et enfoui dans les cavernes profondes de l’Inconscient. Et ils savaient que ce Soleil Noir gardait le secret de la transformation de l’homme et de la fabrication d’une espèce nouvelle sur la terre qui suivra notre espèce transitoire et pervertie. C’est ce Soleil, ou ce Volcan de feu dans la Matière que Sri Aurobindo et Mère sont venus délivrer ou sortir de son éclipse dans la Nuit épaisse qui est en train d’étrangler notre terre, justement pour l’obliger à aller à la découverte de son propre Secret et de son propre pouvoir matériel, divin, qui mettra fin à notre règne des religions superficielles et fratricides et de notre science et connaissances maléfiques qui sont en train de détruire cruellement et irréparablement notre planète et la conduire vers son “exit” final. Sri Aurobindo disait que cet autre Soleil est “l’œil des dieux” dans notre matière mortelle.

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