SRI AUROBINDO
Lettres sur le Yoga
Volume 3. Section 4
6. Les difficultés du chemin
I II III IV V VI VII VIII IX X
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Il n'y a que trois obstacles fondamentaux qui puissent barrer le chemin:
1. L'absence de foi ou une foi insuffisante.
2. L'égoïsme: le mental qui s'accroche à ses idées, le vital qui préfère ses désirs à une vraie consécration, le physique qui tient à ses habitudes.
3. Une inertie ou une résistance fondamentale dans la conscience qui ne veut pas changer parce que l'effort est trop grand, ou parce qu'elle ne veut pas croire en sa capacité ou au pouvoir du Divin — ou pour une autre raison plus subconsciente. À vous de voir de quel obstacle il s'agit dans votre cas.
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La principale difficulté, dans la sâdhanâ, vient des mouvements de la nature inférieure — idées du mental, désirs et attirances du vital, habitudes de la conscience corporelle — qui font obstacle à la croissance de la conscience supérieure; il y a d'autres difficultés, mais celles-ci constituent le plus gros de la résistance.
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Sous une forme ou sous une autre, la résistance du mental et le prâna qui prend prétexte de la réalisation spirituelle pour rechercher son indépendance et l'épanouissement de l'ego sont des obstacles fréquents dans le yoga.
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Chaque partie de la nature veut continuer ses vieux mouvements et refuse autant qu'elle peut d'admettre un changement et un progrès radicaux, parce que cela la soumettrait à quelque chose de plus haut qu'elle et la priverait de sa souveraineté dans son propre domaine, de son empire séparé. C'est cela qui fait de la transformation une opération si longue et si difficile.
Le mental devient lourd parce que sa base inférieure repose sur le mental physique et sur son principe d'inertie, tannas; car dans la matière, l'inertie est le principe fondamental. Si les expériences supérieures se poursuivent longtemps ou constamment, cela produit dans cette partie du mental une sensation d'épuisement ou une réaction de malaise ou de lourdeur. L'extase, samādhi, est un moyen d'échapper: le corps est tranquillisé, le mental physique est dans un état de torpeur, la conscience interne est alors libre de poursuivre ses expériences. L'inconvénient est que l'extase devient indispensable et que le problème de la conscience de veille n'est pas résolu: elle reste imparfaite.
Les Bases du Yoga, chapitre III. Traduction de la Mère.
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La rigidité venait de l'obstination avec laquelle votre mental et votre vital restaient attachés à leurs idées et à leurs habitudes vitales et ne voulaient pas changer. Mais le résultat était plutôt un laisser-aller, une mollesse générale qui refusait d'accorder la nature à l'effort spirituel, mais permettait à toutes sortes de choses de venir jouer leur note sur elle. La plasticité de la conscience est nécessaire, mais une plasticité au véritable Pouvoir, et non aux forces ordinaires de la Nature. Tout mettre en harmonie avec le Très-Haut, tel devrait être votre but; alors toute la poésie de l'esprit s'exprimera non seulement par écrit, mais dans la vie.
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La présence d'imperfections, et même d'imperfections nombreuses et sérieuses, ne saurait être un empêchement permanent au progrès du yoga (je ne parle pas de retrouver l'ouverture antérieure, car, suivant mon expérience, ce qui vient après une période d'obstruction ou de lutte, est généralement une ouverture nouvelle et plus large, une conscience plus vaste et un progrès par rapport à ce que l'on avait gagné auparavant et qui pour un temps semblait perdu — mais ne l'était qu'en apparence). Le seul empêchement qui puisse être permanent — mais qui ne l'est pas nécessairement, car cela aussi peut changer — c'est l'insincérité, et elle n'existe pas en vous. Si l'imperfection était un empêchement, nul homme ne pourrait réussir dans le yoga, car tous sont imparfaits, et je ne suis pas sûr d'après ce que j'ai vu que ce ne soient pas ceux qui ont la plus grande capacité pour le yoga qui n'aient aussi le plus souvent, ou n'aient eu, les plus grandes imperfections. Vous connaissez, je suppose, le commentaire de Socrate sur sa propre nature. Beaucoup de grands yogis pourraient en dire autant de leur propre nature initiale. Dans le yoga, la seule chose qui compte finalement, c'est la sincérité, et avec elle la patience de persister sur le chemin. Beaucoup, même sans cette patience, vont jusqu'au bout, car en dépit de la révolte, de l'impatience, de la dépression, du découragement, de la fatigue, de la perte temporaire de la foi, c'est une force plus grande que leur moi extérieur — la force de l'Esprit, l'élan du besoin de l'âme — qui les pousse à travers les nuages et les brouillards, vers le but devant eux. Les imperfections peuvent être des pierres d'achoppement et faire faire de mauvaises chutes momentanées, mais elles ne peuvent pas être un empêchement permanent. Les obscurcissements qui viennent de quelque résistance de la nature peuvent être des causes de retard plus sérieuses, mais eux non plus ne durent pas toujours.
La longueur de votre période de marasme n'est pas non plus une raison suffisante pour que vous perdiez foi en votre capacité ou en votre destinée spirituelle. Je crois que les alternances de périodes sombres et brillantes sont l'expérience presque universelle des yogis et que les exceptions sont très rares. Si l'on cherche les raisons de ce phénomène, tellement désagréable pour notre nature humaine impatiente, on en trouvera, je pense, deux principales. La première est que la conscience humaine ne peut pas supporter une descente constante de Lumière, de Pouvoir ou d'Ânanda, ou bien elle ne peut pas à la fois les recevoir et les absorber; elle a besoin de périodes d'assimilation. Mais cette assimilation se poursuit derrière le voile de la conscience de surface; l'expérience ou la réalisation qui sont descendues, se retirent derrière le voile et laissent en jachère la conscience extérieure, de surface, pour qu'elle se prépare à une nouvelle descente. Aux stades plus mûrs du yoga, ces périodes sombres ou ternes deviennent plus courtes, moins pénibles, et elles sont aussi allégées par le sentiment d'une conscience plus grande qui. bien qu'elle n'agisse pas pour un progrès immédiat, demeure cependant et soutient la nature extérieure. La seconde cause est une résistance, quelque chose dans la nature humaine qui n'a pas senti la descente antérieure, qui n'est pas prêt et peut-être ne veut pas changer — souvent, une forte formation habituelle du mental ou du vital, ou bien une inertie momentanée de la conscience physique, mais pas exactement une partie de la nature — et ceci, ouvertement ou secrètement, fait surgir l'obstacle. Si l'on peut détecter en soi-même la cause, la reconnaître, voir son fonctionnement et appeler le Pouvoir qui la fera disparaître, les périodes d'obscurité peuvent être grandement raccourcies et leur acuité diminue. Mais dans tous les cas, le Pouvoir divin poursuit son travail par derrière, et un jour, peut-être au moment où l'on s'y attend le moins, l'obstacle se brise, les nuages s'évanouissent et de nouveau la lumière et le soleil sont là. La meilleure attitude dans ces circonstances, si l'on peut la prendre, est de ne pas se tourmenter, de ne pas se décourager, mais de persévérer tranquillement et de se garder ouvert, étalé à la Lumière, en attendant avec foi sa venue. J'ai constaté que cela raccourcissait la durée de l'épreuve. Après, quand l'obstacle a disparu, on s'aperçoit qu'un grand progrès s'est accompli et que la conscience est bien plus capable qu'auparavant de recevoir et de retenir. Il y a une compensation à toutes les épreuves et les tribulations de la vie spirituelle.
Les Bases du Yoga, chapitre III. Traduction de la Mère.
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Le yogi parvient à une sorte de division dans son être où le Pourousha intérieur contemple, calme et inébranlable, les perturbations de l'individu extérieur comme on regarde les passions d'un enfant déraisonnable; une fois cette attitude stabilisée, il peut commencer à maîtriser aussi l'individu extérieur, mais cette maîtrise complète de l'individu extérieur exige une tapasyâ longue et ardue.
Même d'un yogi réalisé, on ne peut cependant pas toujours attendre une absolue perfection: nombre d'entre eux ne s'intéressent même pas à la perfection de la nature extérieure, ce qui n'invalide en rien leur réalisation et leur expérience. Si vous n'admettez pas cela, vous devez récuser la grande majorité des yogis d'autrefois et aussi tous les Rishis de l'antiquité.
Je reconnais que l'idéal de mon yoga est différent, mais je ne puis l'imposer à d'autres personnalités spirituelles, ni les obliger à y conformer leurs réalisations et leur discipline. J'ai pour idéal la transformation de la nature extérieure, une perfection aussi absolue que possible. Mais vous ne pouvez pas dire que ceux qui ne l'ont pas atteinte ou ne s'en souciaient pas n'avaient aucune spiritualité. Une belle manière de se comporter — non la politesse, qui est quelque chose d'extérieur, bien qu'elle ait sa valeur — fait certainement partie de la parfaite harmonie dès lors que sa beauté se fonde sur la réalisation spirituelle de l'unité et de l'harmonie projetée dans la vie.
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Mais depuis quand la politesse et les bonnes manières en société sont-elles considérées comme une partie ou comme une preuve de l'expérience spirituelle ou de la véritable siddhi yoguique? Ce n'est pas plus une preuve que la capacité de bien danser ou de s'habiller avec élégance. De même que certains hommes bons et bienveillants se conduisent comme des rustres et des malotrus, de même certains hommes très spirituels (par homme spirituel, j'entends ceux qui ont eu des expériences spirituelles profondes) n'ont aucune prise sur la vie ou l'action physiques (et aussi bon nombre d'intellectuels, soit dit en passant) et ne surveillent nullement leurs manières. Je suppose qu'on m'accuse d'être impoli et arrogant parce que je refuse de voir les gens, parce que je ne réponds pas aux lettres et parce que je me rends coupable de toutes sortes d'autres méfaits. J'ai entendu parler d'un célèbre reclus qui jetait des pierres à tous ceux qui approchaient de sa retraite, parce qu'il ne voulait pas de disciples et n'avait pas trouvé d'autre moyen de se protéger de la foule des postulants. En ce qui me concerne, j'hésiterais à déclarer que des yogis comme celui-ci n'avaient aucune expérience et aucune vie spirituelles. Je préfère certes que les sâdhak se traitent mutuellement avec un minimum d'égards, mais il s'agit là d'une règle d'harmonie dans la vie collective et non d'une siddhi du yoga ou d'un signe indispensable d'expérience intérieure.
À ce que vous dites, dès l'instant où l'on a une expérience ou une réalisation spirituelle, quelle qu'elle soit, on devrait aussitôt devenir parfait, sans défaut ni faiblesse. C'est là une exigence impossible à satisfaire, et c'est méconnaître le fait que la vie spirituelle est une croissance et non un miracle soudain et inexplicable. On ne peut juger un sâdhak comme s'il était un yogi réalisé, et moins encore ceux qui n'ont parcouru que le quart, ou moins encore, d'un très long chemin. Même les grands yogis ne revendiquent pas la perfection et vous ne pouvez dire que, puisque leur perfection n'est pas absolue, leur spiritualité est fausse ou sans utilité pour le monde. Par ailleurs, les hommes spirituels sont de toutes sortes: certains se satisfont de l'expérience spirituelle et ne recherchent pas une perfection ou un progrès extérieurs, d'autres sont des saints, d'autres encore ne recherchent pas la sainteté; d'autres enfin se contentent de vivre dans la conscience cosmique, en contact ou en union avec le Tout, mais permettent à toutes sortes de forces de les traverser: c'est, par exemple, la description typique du Paramhansa. L'idéal que je propose à notre yoga est une chose, mais il n'engage pas toute vie et tout effort spirituels. La vie spirituelle ne peut pas se formuler en une définition rigide, ni être liée par une règle mentale fixe, c'est un vaste champ d'évolution, un royaume immense, potentiellement plus vaste que tous ceux qui s'étendent au-dessous de lui, qui possède des centaines de provinces et où l'on trouve des milliers de modèles, d'étapes, de formes, de chemins, de variations dans l'idéal spirituel, de degrés d'avancement spirituel. C'est du point de vue de cette vérité que l'on doit juger de tout ce qui concerne la spiritualité et ses chercheurs, si l'on veut les juger en toute connaissance de cause. C'est seulement en la comprenant ainsi que l'on peut vraiment comprendre la spiritualité, passée ou à venir, donner aux hommes spirituels, passés et présents, la place qui leur revient ou relier entre eux les divers idéaux, les différents stades, etc. qui ont marqué l'évolution spirituelle de l'être humain.
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Je réponds à votre lettre, car Mère est encore trop occupée pour écrire.
Ce qu'elle avait dans l'idée, à l'époque, était ce qui, dans la psychologie du yoga indien, s'appelle une perfection "sattwique", perfection qui se traduit en qualités et en actions propres à satisfaire un idéalisme mental, et que les autres peuvent très bien voir et apprécier. Cette perfection engendre souvent un certain genre d'orgueil et de pharisaïsme. un égoïsme "sattwique" qui rend la conscience rigide et non souple et malléable à la Volonté divine. La vraie perfection spirituelle n'est pas tellement une question de forme; elle appartient à la substance même de la conscience et a comme elle pour base une harmonie complète avec la Conscience divine, et une faculté de s'adapter à tout instant d'une manière libre et souple à la Volonté divine; ses formes et les formes de son action ne sont pas si faciles à voir ou à apprécier. Le mot "vertueux" ne s'applique pas à ses mouvements: ils sont justes simplement parce qu'ils sont à l'unisson du Divin.
Il ne faut évidemment pas se laisser entraîner par les véritables imperfections; adopter ce principe serait dangereux; les imperfections "apparentes" sont celles qui pourraient apparaître comme telles à une vision purement extérieure. Une colère "vertueuse" pourrait très bien faire partie du pharisaïsme auquel Mère faisait allusion, et il est spirituellement indésirable de s'identifier à un mouvement de colère, vertueux ou non. Mais un mouvement du genre de celui dont elle voulait parler peut, pour un point de vue extérieur, avoir une apparence identique aux mouvements d'imperfection dans la nature, et pourtant être juste au sens que j'ai indiqué plus haut. Il ne s'agit pas d'accomplir une action ou d'adopter une attitude particulière, mais que la conscience intérieure donne à la Volonté divine agissant à travers elle une expression libre et souple.
Çâkya-Mouni est l'un des noms du Bouddha: "le sage des Çâkya", Çâkya étant le clan auquel le Bouddha appartenait de par sa naissance et dont son père était le "roi".
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Peu importent les défauts que vous pouvez avoir dans votre nature; la seule chose qui importe est de vous garder ouvert à la Force. Personne ne peut se transformer par ses propres efforts et sans aide. C'est la Force divine seule qui peut vous transformer. Si vous vous gardez ouvert, tout le reste sera fait pour vous.
Les Bases du Yoga, chapitre Il Traduction de la Mère.
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Toutes les limitations peuvent être surmontées, mais si elles sont gravées dans la constitution de l'être, on ne peut les vaincre qu'en faisant appel à un pouvoir et à une conscience supérieurs au mental et à la volonté personnels. La conscience supérieure peut, par son apport, rectifier ou reconstruire ce qui est défectueux dans la nature personnelle.
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Presque personne n'est assez fort pour surmonter sans aide, par sa propre aspiration et sa propre volonté, les forces de la nature inférieure. Même ceux qui le font n'obtiennent qu'une certaine sorte de contrôle et non la maîtrise complète. La volonté et l'aspiration sont nécessaires pour faire descendre l'aide de la Force divine et pour que l'être se range de son côté pendant qu'elle agit sur les pouvoirs inférieurs. La Force divine, accomplissant la volonté spirituelle et l'aspiration psychique du cœur, peut seule effectuer la conquête.
Les Bases du Yoga, chapitre Il Traduction de la Mère.
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Comme je vous l'ai dit, il n'est plus d'aucune utilité de se préoccuper de la bonne compréhension ou des mouvements faux et de se mettre dans tous ses états lorsqu'on sent que l'une est absente ou que les autres sont imparfaits. Nul ne peut se transformer lui-même; même les plus forts parmi les sâdhak de l'Ashram le reconnaissent. Leur effort a pour but de laisser entrer et de développer en eux la Paix, la Force, la Lumière, l'Ânanda de la Mère, car ils savent que c'est cela qui les transformera. Tant qu'ils n'ont pas acquis cela, qu'ils n'en ont pas encore été touchés, tant que cela n'a pas encore commencé à se développer en eux, ils sont aux prises avec le mental et le vital, parce qu'ils ne peuvent pas s'en empêcher et que c'est nécessaire pour préparer un peu la conscience à recevoir la Paix et la Force. Mais une fois qu'on est en contact avec la Paix et la Force, elles seules doivent compter et l'on doit s'en remettre à elles, se consacrer et se donner à elles — car on a trouvé alors la route directe, on a senti le vrai pouvoir et la vraie conscience.
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Je veux que vous soyez ouvert à la Paix, à la Présence et à la Force et en contact avec elles. Tout le reste viendra par surcroît et l'on n'aura plus alors à se soucier du temps que prennent les péripéties1 de la sâdhanâ.
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La seule vérité dans votre autre expérience — qui vous paraissait, dites-vous, si vraie sur le moment — est qu'il est impossible pour vous, ou pour quiconque, de sortir de la conscience inférieure par l'effort personnel et sans aide. C'est pourquoi, quand vous sombrez dans cette conscience inférieure, tout vous semble désespéré, car pour un temps vous perdez le contact avec la vraie conscience. Mais cette suggestion est mensongère, parce que vous avez une ouverture au Divin et que vous n'êtes pas obligé de rester dans la conscience inférieure.
Quand vous êtes dans la vraie conscience, vous voyez que tout est possible, même si pour le moment il n'y a qu'un petit commencement; mais un commencement suffit une fois que la Force et le Pouvoir sont là. Car en vérité, ils peuvent tout; seuls le temps et l'aspiration de l'âme sont nécessaires pour le changement total et l'accomplissement de l'âme.
Les Bases du Yoga, chapitre Il Traduction de la Mère.
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Tout ce que l'on fait par le pouvoir du mental est toujours difficile quand ce que l'on tente va à l'encontre de la tendance de la nature humaine ou de la nature personnelle. Une forte volonté, dirigée avec patience et persévérance sur son objet, peut effectuer un changement, mais d'habitude cela prend longtemps, et au commencement le succès peut n'être que partiel et mitigé de bien des échecs.
Changer automatiquement toute action en acte d'adoration ne peut se faire par le seul pouvoir de la pensée; il faut dans le cœur une forte aspiration qui amène une certaine perception ou sentiment de la présence de Celui à qui l'adoration est offerte. Le bhakta ne se fie pas à son seul effort, mais à la grâce et au pouvoir du Divin qu'il adore.
Les Bases du Yoga, chapitre II. Traduction de la Mère.
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Ces obstacles sont courants aux premières phases de la sâdhanâ. Ils viennent de ce que la nature n'est pas encore assez réceptive. Il faut découvrir où se situe l'obstacle, dans le mental ou le vital, et essayer d'élargir la conscience en ce point, d'y apporter plus de pureté et de paix, et dans cette paix et cette pureté, offrir cette partie de votre être sincèrement et totalement au Pouvoir divin.
Les Bases du Yoga, chapitre III. Traduction de la Mère.
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La véritable raison de cette difficulté et de cette constante oscillation se trouve dans la lutte entre l'être intérieur vrai, qui est voilé, et la nature extérieure, en particulier le vital inférieur plein de désirs et le mental physique plein d'obscurité et d'ignorance. Ce conflit est inévitable dans la nature humaine et aucun sâdhak n'y échappe; chacun doit affronter cette obscurité et cette résistance, leur obstination et leur constante réapparition; car ce n'est pas seulement la nature inférieure qui revient et se répète obstinément; même lorsqu'elle est sur le point de changer, les Pouvoirs généraux de ce plan de la Nature universelle essaient de prolonger la résistance en rappelant à chaque pas les anciens mouvements, pour empêcher le progrès de se confirmer pour de bon et de devenir définitif. Il est par conséquent vrai qu'une sâdhanâ constante, persévérante et ininterrompue est nécessaire, si l'on veut avancer vite, bien qu'il soit possible d'arriver même en s'y prenant autrement, si l'âme au-dedans est appelée; car l'âme persévérera et après chaque obscurcissement, chaque faux pas, elle fera revenir la lumière et vous fera revenir sur le chemin jusqu'à ce qu'elle se sente enfin assurée d'une marche aisée jusqu'au but.
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Une difficulté ou une interruption survient, alors que vous veniez d'amorcer un mouvement ou que vous le poursuiviez depuis quelque temps. Comment l'affronter? — car les interruptions de ce genre sont inévitablement assez fréquentes, non seulement pour vous, mais pour tous les chercheurs; on pourrait presque dire que chaque pas en avant est suivi d'un arrêt; du moins c'est une expérience très fréquente, sinon universelle. Il faut d'abord devenir de plus en plus tranquille, de plus en plus ferme dans sa volonté d'aller jusqu'au bout, en s'ouvrant de plus en plus pour que toute absence de réceptivité qui fait obstacle dans la nature puisse diminuer ou disparaître, en affirmant sa foi même au milieu de l'obscurité, une foi en la présence d'un Pouvoir agissant derrière le nuage et le voile, en la direction du Gourou, et en s'observant soi-même pour découvrir la cause de cet arrêt, non dans un esprit de découragement ou d'abattement, mais avec la volonté de trouver cette cause et de l'éliminer. C'est la seule attitude juste et si on l'adopte avec persévérance, les périodes d'arrêt ne seront pas éliminées — à ce stade, c'est impossible — mais deviendront considérablement plus courtes et plus faciles à supporter. Tantôt ces arrêts sont des périodes plus ou moins longues d'assimilation ou de préparation invisible, et leur apparence d'immobilité stérile est trompeuse; dans ce cas, en adoptant la bonne attitude, on peut, au bout d'un certain temps, en s'ouvrant, en s'observant, en accumulant les expériences, commencer à sentir, à entrevoir ce qui se prépare ou se fait. Tantôt c'est une vraie période d'obstruction où le Pouvoir à l'œuvre doit lutter contre les obstacles qui se présentent: ceux que l'on porte en soi, ceux qui viennent des forces cosmiques adverses, d'autres forces, ou de toutes ces forces à la fois, et ce genre d'interruption peut être longue ou brève selon l'ampleur, l'obstination ou la complexité des obstacles que l'on rencontre. Mais ici aussi, l'attitude juste peut alléger ou raccourcir l'épreuve, et si l'on persévère, elle peut contribuer à éliminer plus radicalement les difficultés, de sorte que les interruptions totales soient par la suite beaucoup moins nécessaires.
Si, au contraire, vous êtes déprimé, si vous n'avez pas foi en l'aide et en la direction, ou en la certitude de la victoire du Pouvoir qui vous guide, si vous vous enfermez dans vos difficultés, cette attitude nuit à votre rétablissement, prolonge les difficultés, tend à faire revenir en force les obstructions au lieu de les espacer peu à peu. Vous devez écarter résolument cette attitude, soit qu'elle persiste, soit qu'elle revienne, si vous voulez surmonter cette obstruction que vous ressentez si intensément et que votre découragement, tant qu'il dure, ne fait que rendre plus aiguë.
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Je ne crois pas qu'aucun sâdhak, si avancé soit-il, puisse être toujours pleinement conscient. Ces fluctuations se produisent et l'on n'y peut rien, parce que quelque chose, dans la conscience ordinaire, subsiste et apparaît pour qu'on s'en occupe. Il faut le comprendre et ne pas en être bouleversé, car cela ne fait que retarder le processus. Si la vraie conscience était pleinement établie et permanente, la sâdhanâ serait terminée et ce serait la siddhi. Cela ne peut pas venir d'un seul coup.
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Je ne cesse de vous le répéter: vous ne pouvez vous attendre à ce que tout s'illumine d'un coup. Même les plus grands yogis ne peuvent procéder que par étapes, et c'est seulement à la fin que toute la nature participe à la vraie conscience qu'ils commencent par établir soit dans le cœur ou derrière lui, soit dans la tête ou au-dessus d'elle. Cette conscience descend ou se répand lentement, prenant possession successivement de chaque plan de l'être, mais chaque étape prend du temps.
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Vous devriez comprendre que ces périodes d'obscurcissement ne sont pas dues à une incapacité ou à une perversité qui vous serait particulière: elles atteignent même les meilleurs sâdhak. C'est le problème de la nature humaine qui ne veut pas se laisser transformer. Cette difficulté prend parfois la forme d'une mauvaise volonté quelque part dans le vital, ou d'une tendance du physique à rester attaché aux vieilles erreurs et aux vieilles habitudes, ou à reculer devant l'effort exigé par la transformation, mais sous ce rapport vous avez fait de grands progrès. Ce qui reste, c'est l'habitude automatique de la nature inférieure en général — automatique et non volontaire — de répéter les anciens mouvements auxquels elle s'est accoutumée par le passé ou tout récemment, quand ils viennent de la Nature universelle environnante par vagues puissantes. C'est ce qui fait que vous retombez constamment dans des états que le progrès spirituel voudrait éliminer, et il n'est pas facile d'empêcher ces rechutes. L'essentiel est de ne pas se laisser affliger ou bouleverser lorsqu'elles se produisent, de comprendre de quoi il s'agit et de rester très tranquille, tout en appelant la Force de la Mère pour qu'elle écarte la difficulté. Ainsi, ces rechutes deviennent moins fréquentes, leur force et leur intensité diminuent aussi et d'autre part on arrive de plus en plus facilement et rapidement à ramener l'état lumineux, heureux, paisible et ouvert. On peut alors poursuivre sur une base assurée un progrès de plus en plus positif.
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Ces périodes de difficulté sont inévitables; nul n'y échappe, car la nature inférieure est présente en chacun. Ce que vous devez faire, c'est garder la fermeté dont vous parlez et persévérer jusqu'à ce que le Pouvoir divin et votre volonté, agissant de concert, en finissent avec ce qui vient d'en bas. Pourquoi considérez-vous ce qui émerge au grand jour comme si cela vous était particulier? Ces choses font partie de la substance même du vital inférieur de l'être humain, et nul n'en est exempt. Leur présence ne signifie donc pas que vous ne pouvez pas atteindre la Mère. Quand le mental et l'âme ont choisi ce but, les autres parties de l'être ne peuvent que suivre; seulement comme elles sont plus obscures, la résistance est en elles plus aveugle et plus obstinée. Mais la volonté d'atteindre le but s'est maintenant fixée jusque dans votre vital; seule une partie inférieure a pris l'habitude d'obéir à ces mouvements faux, et par conséquent lorsqu'ils viennent par vagues, elle ne sait pas comment les éviter et se trouve submergée pendant quelque temps. Cela ne peut durer longtemps, car ces mouvements ne sont pas vraiment vôtres, puisque l'être central et la plus grande partie de la nature ne les désirent plus. Vous n'avez qu'à poursuivre fermement votre chemin et un temps viendra où les vagues ne s'élèveront plus.
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C'est sans aucun doute la pression de votre psychique que vous exprimez dans cette lettre. L'être psychique veut qu'il en soit ainsi. Mais c'est une erreur d'écouter tout ce qui vous incite à manquer de confiance en vous, à croire en votre incapacité, sous prétexte qu'il n'en est pas encore ou pas toujours ainsi. Cela prend toujours du temps: même une fois commencé, cela prend toujours du temps. On ne peut s'attendre à ce que la nature humaine impure et confuse soit toujours dans un état d'ardente aspiration, de foi et d'amour parfaits ou d'ouverture pleine et constante à la Force divine. Il y a le mental, sa connaissance limitée et ses hésitations; il y a le vital, ses désirs, sa mauvaise volonté et ses luttes; il y a le physique, son obscurité, sa lenteur et son inertie. Déblayer le terrain, ne serait-ce que pour avoir un début d'expérience, est en général un labeur très long. Mais ensuite, si la paix ou un autre état favorable survient, il subsiste pendant un certain temps; alors ce qui reste de la nature inférieure se soulève sous un prétexte quelconque — ou sans aucun prétexte — et voile cet état. La paix et l'ouverture peuvent être si fortes que toutes les difficultés semblent avoir disparu pour de bon, mais ce n'est qu'une indication, une promesse qui montre ce qu'il en sera lorsque la paix et l'ouverture se seront établies irrévocablement dans toute la nature. Pour cela, il faut de la persévérance: continuer sans se décourager, en reconnaissant que le processus de la nature et l'action de la force de la Mère sont à l'œuvre, même au milieu des difficultés, et feront tout le nécessaire. Notre incapacité n'a aucune importance — il n'est aucun être humain qui ne soit incapable, dans quelque partie de sa nature — mais la Force divine est là aussi. Si l'on s'en remet à elle, l'incapacité se transformera en capacité; la difficulté et la lutte deviendront alors elles-mêmes un moyen d'arriver à la réalisation.
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Votre expérience est juste. Tout est préparé en haut, puis mis en œuvre par l'être intérieur jusqu'à ce que les résultats soient acquis et portés à leur perfection dans la personnalité extérieure. Le sâdhak ne doit donc pas se laisser alarmer, perturber, chagriner ou décourager par les difficultés apparentes du moment. Il doit savoir que tout a été préparé au-dessus et, dans le calme et la confiance, en observer le développement dans son être et y participer.
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3828
En général, l'action de la conscience supérieure ne commence pas par transformer la nature extérieure: elle s'exerce sur l'être intérieur, le prépare, puis passe à la nature extérieure. Auparavant, tout changement accompli dans la nature extérieure doit être effectué par le psychique.
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3829
Ne vous laissez pas ébranler ni troubler par ces choses. Ce qu'il faut toujours faire, c'est rester ferme dans votre aspiration vers le Divin et affronter avec équanimité et détachement toutes les difficultés et toutes les oppositions. Pour ceux qui veulent mener la vie spirituelle, le Divin doit toujours passer d'abord; tout le reste doit être secondaire.
Restez détaché et regardez ces choses avec la calme vision interne de celui qui est profondément consacré au Divin.
Les Bases du Yoga, chapitre I. Traduction de la Mère.
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3830
On ne peut pas dire si la victoire est proche ou non; il faut poursuivre régulièrement et méthodiquement la sâdhanâ, sans se préoccuper de ce qui est proche ou lointain, sans dévier du but, sans exaltation s'il semble se rapprocher, ni dépression s'il semble encore lointain.
3831
Le Pouvoir ne descend pas dans le but de soulever les forces inférieures, mais étant donné la façon dont il doit travailler à présent, ce soulèvement arrive par réaction contre le travail. Ce qu'il faut, c'est établir à la base de la Nature entière une conscience calme et vaste; ainsi, lorsque la nature inférieure apparaîtra, ce ne sera pas comme une attaque ni un conflit, mais comme si un Maître des forces était là, qui voyait les défauts du mécanisme actuel et faisait pas à pas le nécessaire pour y porter remède et le changer.
Les Bases du Yoga, chapitre III. Traduction de la Mère.
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3832
La méthode dont vous parlez consiste, à ce que je comprends, à susciter les difficultés afin de les connaître et de les épuiser ou de les détruire. Une fois que l'on a entrepris le yoga, il est inévitable que les difficultés apparaissent et continuent à surgir tant qu'il en reste la moindre trace dans l'être. On peut alors croire qu'il vaut mieux les susciter soi-même en bloc, afin d'en finir une fois pour toutes. Mais bien que cette méthode puisse réussir dans certains cas, elle n'est pas du tout sûre et certaine, même dans le mental et le vital. Épuiser les difficultés est évidemment impossible; elles sont engendrées par des forces cosmiques, des forces de l'Ignorance cosmique qui ne peuvent être épuisées. Les gens parlent de difficultés qui s'épuisent parce qu'au bout d'un certain temps, elles perdent de leur force et diminuent, mais cela ne peut se faire que par la force de rejet exercée par le Pourousha et par la force d'une intervention divine qui contribue à ce rejet et dissout ou détruit la difficulté chaque fois qu'elle se présente. Même dans ce cas, il est rare que l'on puisse se débarrasser en bloc des difficultés; quelque chose demeure et revient jusqu'à ce que soudain se produise une intervention divine qui y met fin, ou un changement de conscience qui rend impossible le retour de la difficulté. Dans le mental et le vital, on peut cependant le faire.
Dans le physique, c'est beaucoup plus dangereux, parce que là, c'est l'ādhāra physique lui-même qui est attaqué, et une trop grande masse de difficultés physiques peut le détruire, le mutiler ou l'endommager définitivement. Ici la seule chose à faire est d'ouvrir la conscience physique, jusque dans ses parties les plus matérielles, au Pouvoir, et ensuite de l'habituer à y réagir, à y obéir, et devant chaque difficulté physique, dès qu'elle se présente, à exercer ou à appeler le Pouvoir divin afin qu'il expulse la force qui l'assaille. La nature physique est faite d'habitudes: c'est par habitude qu'elle obéit aux forces de la maladie; on doit lui inculquer l'habitude contraire de n'obéir qu'à la Force divine. Cela, bien entendu, tant que la conscience supérieure, inaccessible à la maladie, n'est pas descendue.
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3833
Il est certainement possible de tirer des forces d'en bas. Il se peut que ce soient les forces divines cachées en bas qui montent à votre appel; en ce cas, ce mouvement ascendant complète le mouvement et l'effort de la force divine d'en haut, particulièrement en l'aidant à faire descendre sa force dans le corps. Il se peut aussi que ce soient les forces obscures d'en bas qui répondent à l'invitation; en ce cas, les tirer ainsi amène le tamas ou le désordre — quelquefois de grandes masses d'inertie ou un soulèvement et une confusion formidables.
Le vital inférieur est un plan très obscur, et il n'est avantageux de l'ouvrir pleinement que quand les autres plans au-dessus ont déjà été largement ouverts à la lumière et à la connaissance. Celui qui se concentre sur le vital inférieur sans cette préparation supérieure et sans la connaissance, tombera vraisemblablement dans bien des confusions. Cela ne veut pas dire que les expériences de ce plan ne puissent pas venir plus tôt, ni même dès le début; elles viennent d'elles-mêmes, mais on ne doit pas leur donner une trop grande place.
Les Bases du Yoga, chapitre V. Traduction de la Mère.
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3834
Si vous descendez dans les parties ou les zones inférieures de la nature, vous devez toujours avoir soin de garder une connexion vigilante avec les niveaux supérieurs de conscience déjà régénérés et de faire descendre à travers eux la Lumière et la Pureté dans ces régions d'en bas encore non régénérées. Sans cette vigilance, on est absorbé par les mouvements non régénérés des couches inférieures et il se produit un obscurcissement et des difficultés.
Le plus sûr chemin est de demeurer dans la partie supérieure de la conscience et, de là, faire pression sur la partie inférieure afin qu'elle change. On peut travailler de cette façon, seulement il faut attraper le coup et avoir l'habitude. Si vous obtenez le pouvoir de le faire, votre progrès sera beaucoup plus facile, plus égal et moins pénible.
Les Bases du Yoga, chapitre V. Traduction de la Mère.
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3835
Vous pouvez sans aucun doute en venir à bout; ces conflits n'épargnent personne; ce qui est nécessaire pour s'en sortir, c'est d'avoir de la patience et de la persévérance.
Il est inutile de provoquer ces conflits, comme beaucoup le font, ou même de les accepter quand ils se produisent, dans le seul but d'en finir avec eux, car ils se répètent indéfiniment. Quand on ne peut les éviter, il faut y faire face; on ne peut y échapper complètement, surtout au stade initial du yoga; mais si vous pouvez les éviter tranquillement, c'est déjà un progrès. Devenir tranquille et tranquillement, rappeler le véritable état psychique jusqu'à ce qu'il devienne l'état normal et élimine le conflit ou le réduise au minimum, telle est la meilleure manière de progresser.
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3836
La meilleure méthode consiste à rejeter tranquillement ces conflits, tout en augmentant la conscience, au lieu de les provoquer; cependant, si un conflit s'impose à vous, vous devez y faire face avec calme et courage.
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3837
C'est la vieille habitude de la conscience extérieure qui refuse de s'en libérer. Tant que cette volonté de répéter l'ancien mouvement n'est pas rejetée, la Force poursuit son œuvre, mais avec difficulté et à l'arrière-plan, au lieu d'agir à l'avant de la conscience comme elle pourrait le faire si elle avait le consentement de la nature extérieure. Il y a aussi la vieille habitude qui s'obstine à faire naître les difficultés et à les amplifier, au lieu de les rejeter: l'idée fausse que la seule manière de s'en débarrasser est d'accepter leur présence, de l'approuver et de lui donner de l'importance. Je vous ai dit que cette méthode n'était pas la bonne et ne faisait que prolonger le conflit.
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3838
Il n'y a pas d'objection à faire la sâdhanâ, mais il faut la faire tranquillement, sans ces conflits et ces inquiétudes continuels, sans se préoccuper du temps que cela prendra, sans entrer dans un cycle constant de "lutte contre les difficultés". C'est là-dessus que j'insiste.
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3839
Aucune objection: il est très bon de faire la sâdhanâ dans la conscience supérieure. C'est plus efficace que de lutter tout le temps en bas contre les forces inférieures.
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3840
Il y a des forces supérieures et des forces inférieures; il faut agir sur celles-ci en les mettant en contact avec les forces supérieures, et au cours de ce processus, elles se soulèvent ou disparaissent, jusqu'à ce qu'elles soient éliminées. Le fait qu'elles se soulèvent n'est pas forcément la conséquence d'une faute ou d'une erreur.
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3841
Jamais je n'ai eu connaissance d'un cas où les forces inférieures ne s'étaient pas soulevées. Si pareil cas se présentait, j'imagine que ce serait bien la première fois dans l'histoire de l'humanité.
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3842
Toutes les difficultés ne peuvent que disparaître avec le temps, sous l'action de la Force. Elles apparaissent parce que si elles ne le faisaient pas, l'action ne serait pas complète; car il faut faire face à tout et triompher de tout pour que rien ne puisse subsister et réapparaître par la suite. L'être psychique peut lui-même projeter la lumière grâce à laquelle la pleine conscience apparaîtra et plus rien ne restera dans l'obscurité.
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3843
Tout vient en son temps. On doit continuer tranquillement et régulièrement à faire croître la conscience supérieure jusqu'à ce qu'elle prenne possession de la partie physique et vitale.
3844
L'apparition d'une faiblesse doit être considérée comme une occasion de découvrir ce qu'il reste à accomplir et de faire descendre la force dans cette partie de l'être. Le découragement n'est pas la bonne manière d'y faire face.
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3845
Ce que vous voyez ne doit pas être une cause de trouble ou d'abattement. Si l'on constate un défaut, on doit le regarder avec le maximum de tranquillité et faire descendre encore plus de force et de lumière pour s'en débarrasser.
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3846
Les erreurs sont toujours possibles tant qu'une partie quelconque du mental (même sa partie subconsciente) n'est pas complètement transformée. Il est inutile d'en être troublé.
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3847
On ne doit évidemment pas commettre une erreur dans l'intention de la faire apparaître, ni l'accepter une fois qu'elle a été commise; mais si elle se produit, il faut en profiter pour se transformer.
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3848
Un incident comme celui-ci doit toujours être considéré comme une occasion de se maîtriser. Qu'il en aille de votre fierté et de votre dignité: ne soyez pas dominé par les passions, mais devenez-en le maître.
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3849
Ne vous laissez pas inquiéter ou bouleverser pour un rien. Regardez les choses d'un point de vue intérieur et essayez de tirer profit de tout ce qui arrive. Si vous commettez une erreur, ne vous en affligez pas: profitez-en plutôt pour en découvrir la raison, afin de trouver à l'avenir le mouvement juste. Et vous n'en serez capable que si vous l'observez tranquillement avec le regard de l'être intérieur, sans en être affligé ni troublé.
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3850
Pourquoi vous énerver pour des bagatelles ou vous laisser troubler par elles? Si vous restez tranquille, tout ira beaucoup mieux, et si une difficulté se présente, vous aurez plus de chance de vous en sortir si votre mental est tranquille, ouvert à la Paix et au Pouvoir. C'est le secret du progrès: ne pas laisser les choses et les événements, pas même les véritables erreurs, vous bouleverser, mais rester tranquille, en vous en remettant au Pouvoir pour qu'il vous guide et rectifie les choses progressivement. Si l'on agit ainsi, tout va effectivement de mieux en mieux et même les difficultés et les erreurs deviennent des moyens d'apprendre et des étapes sur le chemin du progrès.
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3851
Nous souhaitons vous voir toujours ainsi, de bonne humeur. C'est la joie du psychique qui a trouvé sa voie et qui est assuré, quelles que soient les difficultés, d'être conduit jusqu'au but. Quand un sâdhak est en permanence dans cet état, nous savons qu'il a surmonté les difficultés majeures et avance d'un pas ferme sur le bon chemin.
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3852
Vous demandez comment réparer le tort que vous paraissez avoir fait. En admettant qu'il en soit comme vous le dites, il me semble que la réparation consiste justement à faire de vous-même un réceptacle de la Vérité divine et de l'Amour divin. Et les premiers pas dans ce sens sont une consécration et une purification complètes, une complète ouverture de soi au Divin et un rejet dé tout ce qui en soi peut barrer le chemin de cet accomplissement. Dans la vie spirituelle, il n'y a pas d'autre manière de réparer une faute, quelle qu'elle soit, aucune autre qui soit pleinement efficace. Au commencement on ne doit demander aucun autre fruit ni résultat, seulement cette croissance et ce changement intérieurs, sinon l'on s'expose à de sévères désillusions. C'est seulement quand on est libre que l'on peut libérer les autres, et dans le yoga, c'est de la victoire intérieure que sort la conquête extérieure.
Les Bases du Yoga, chapitre II. Traduction de la Mère.
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3853
Vous vous débarrasserez plus aisément des mouvements faux lorsque vous ferez descendre une paix et une équanimité inébranlables dans cette partie de l'être. Le rejet de ces mouvements deviendra alors plus automatique et la tapasyā sera moins nécessaire.
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3854
Si une partie de vous-même — l'être intérieur — conserve sa tranquillité, vous pourrez alors vous occuper du reste. L'essentiel est par conséquent de ne pas laisser la perturbation vous envahir et voiler le moi intérieur. Rejetez-la toujours.
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3855
Il suffit de rejeter fermement et tranquillement, et d'appeler tranquillement et fermement la vraie Force pour qu'elle descende. Toute cette émotivité excessive doit s'apaiser; c'est cela qui fait que le vital s'ouvre à ces forces. Si ce n'était pas le cas, tous les défauts de la nature seraient observés avec calme et rectifiés tranquillement.
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3856
Certainement, nous vous accorderons toute notre aide. Quant à la méthode, il y a toujours deux possibilités: l'une consiste à surmonter la difficulté sur son propre terrain, l'autre à développer la réalisation intérieure jusqu'à ce qu'elle devienne si forte que les racines dont vous parlez ne pourront plus s'accrocher à rien et céderont facilement par une transformation psychique spontanée.
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3857
C'est la vraie conscience qui, en se développant au-dedans, donne le pouvoir. À mesure qu'elle grandit, ces forces vitales s'extériorisent de plus en plus et deviennent étrangères à la nature. C'est seulement par la force de l'habitude qu'elles apparaissent.
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3858
Reconnaître ses faiblesses et ses faux mouvements et s'en retirer est le chemin qui mène à la libération.
Ne juger personne que soi-même, jusqu'à ce que l'on puisse voir les choses avec un mental et un vital calmes est une règle excellente. De plus, ne permettez pas à votre mental de se former des impressions hâtives sur la foi de quelque apparence extérieure, ni à votre vital d'agir en conséquence.
Il y a un endroit dans l'être intérieur où l'on peut toujours rester calme et de là regarder avec équilibre et jugement les perturbations de la conscience de surface et agir sur elle pour la changer. Si vous pouvez apprendre à vivre dans ce calme de l'être intérieur, vous aurez trouvé votre base stable.
Les Bases du Yoga, chapitre II. Traduction de la Mère.
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3859
Ce que vous écrivez est vrai, sans aucun doute, et il faut s'en apercevoir pour être capable de comprendre et de saisir l'attitude vraie qui est nécessaire pour pratiquer la sâdhanâ. Mais comme je vous l'ai dit, il ne faut pas s'affliger ou se décourager lorsqu'on prend conscience des faiblesses inhérentes à la nature humaine et que l'on perçoit à quel point elles sont difficiles à extirper. Cette difficulté est naturelle, puisque ces faiblesses existent depuis des milliers de vies et constituent la nature même de l'ignorance vitale et mentale de l'homme. Qu'elles aient le pouvoir de tenir bon et mettent du temps à disparaître n'a rien de surprenant. Mais il y a en nous, cachés par les formations de surface de la nature, un être vrai et une conscience vraie qui, en émergeant, peuvent nous en débarrasser. En adoptant l'attitude vraie, faite de dévotion intérieure non égoïste, et en la gardant sans se laisser importuner par les interventions réitérées de la nature de surface, on donne à cet être et à cette conscience intérieurs la possibilité d'émerger et, grâce à la Force de la Mère qui agit en eux, de délivrer l'être en empêchant les mouvements de l'ancienne nature de réapparaître.
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3860
Que la paix et le don de soi augmentent jusqu'à ce qu'ils prennent possession aussi des parties de l'être où se trouvent des imperfections, et les éliminent. Il est exact que l'on ne doit pas être troublé par les imperfections, mais seulement en être conscient et avoir la volonté ferme et tranquille qu'elles disparaissent.
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3861
Si vous restez dans un état pleinement conscient, il ne devrait pas vous être difficile de purifier la nature; ensuite, vous pourrez entreprendre le travail positif qui consiste à vous transformer en un instrument parfait.
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3862
La conscience grandit évidemment à mesure que l'on s'ouvre de plus en plus et l'un des effets de la conscience est que l'on devient capable de voir en soi-même; de voir non seulement les faiblesses, mais aussi le jeu des forces dans son ensemble. Seulement, dans la conscience juste, même les faiblesses ne sont pas envisagées d'une manière trop personnelle, ce qui serait décourageant. Vous devez les considérer comme le jeu de la nature — de la nature mentale, de la nature vitale, de la nature physique — commune à tous les êtres humains; vous devez les voir ainsi et rester calme et détaché, appeler la Force et la Lumière de la Mère pour que cette nature imparfaite se transforme en la vraie nature, sans vous impatienter si tout ne se fait pas d'un seul coup, mais en persévérant et en laissant à la transformation le temps de se produire. La transformation complète ne peut en effet s'opérer avant que tout soit prêt pour la descente d'une conscience plus grande, plus calme et plus vaste, et cela n'est possible que lorsque la conscience ordinaire y a été complètement préparée.
L'amour et la bhakti intenses ne viennent pas dès le début. Ils viennent à mesure que le pouvoir du psychique augmente dans l'être. Mais il est juste d'y aspirer et l'aspiration sincère se réalisera à coup sûr. Cherchez sans cesse à progresser en tranquillité, en bonheur et en confiance, c'est l'attitude la plus efficace. N'écoutez pas les suggestions contraires qui vous viennent du dehors.
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3863
Il est vrai que de reconnaître le Pouvoir divin et d'harmoniser sa nature avec lui ne peut se faire sans reconnaître en même temps les imperfections de cette nature; cependant, c'est une mauvaise attitude d'insister trop sur les imperfections ou sur les difficultés qu'elles créent, ou de manquer de confiance en l'action divine à cause des difficultés que vous éprouvez, ou d'attacher trop d'importance au côté sombre des choses. Ce faisant, vous augmentez la force des difficultés et vous donnez aux imperfections un plus grand droit de persistance. Je ne demande pas un optimisme à la manière Coué, quoiqu'un optimisme excessif aide davantage qu'un pessimisme excessif; la méthode Coué tend à recouvrir les difficultés et, de plus, il faut toujours garder une mesure en toute chose. Mais pour vous, le danger n'est pas de recouvrir vos difficultés et de vous illusionner par une perspective trop brillante; tout au contraire, vous insistez toujours trop sur les ombres, et ainsi vous les épaississez et vous obstruez vos portes de sortie sur la Lumière. De la foi, toujours plus de foi! La foi en vos possibilités, la foi en le Pouvoir qui travaille derrière le voile, la foi dans l'œuvre qui est à faire et dans la direction qui s'offre à vous.
Il ne peut y avoir de grande tentative (dans le domaine spirituel moins qu'en tout autre) qui ne rencontre ou ne soulève de graves obstacles d'un caractère très persistant. Ces obstacles sont internes et externes, et bien que dans l'ensemble ils soient essentiellement les mêmes pour tous, leur intensité relative et la forme extérieure qu'ils prennent peuvent varier beaucoup. Mais la seule difficulté réelle est de mettre la nature à l'unisson de l'action de la Lumière et du Pouvoir divins. Cette difficulté une fois résolue, les autres disparaîtront ou prendront une place subordonnée; et même celles qui sont d'un caractère plus général, plus durable — parce que inhérentes au travail de transformation — ne pèseront plus si lourdement, car il y aura le sentiment de la Force qui soutient et un plus grand pouvoir de suivre son mouvement.
Les Bases du Yoga, chapitre III. Traduction de la Mère.
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3864
Eh oui, c'est exact. Les difficultés engendrent elles-mêmes la difficulté, c'est un nœud de l'Ignorance; lorsqu'une certaine perception intérieure relâche le nœud, le plus gros de la difficulté est passé.
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3865
Il est nécessaire d'observer et de connaître les mauvais mouvements en vous, car ils sont la source de votre difficulté et ils doivent être rejetés avec persistance si vous voulez être libéré.
Pourtant, ne pensez pas toujours à vos défauts et à vos mauvais mouvements. Concentrez-vous plutôt sur ce que vous devez être, sur l'idéal, avec la foi que le but doit venir et viendra puisqu'il est devant vous.
Observer constamment ses fautes et ses mauvais mouvements, amène la dépression et décourage la foi. Tournez plutôt vos yeux vers la lumière qui arrive, et moins vers une obscurité présente. La foi, la bonne humeur, la confiance en la victoire finale sont des aides: elles rendent le progrès plus facile et plus rapide.
Faites plus de cas des bonnes expériences qui viennent à vous. Une expérience de ce genre a plus d'importance que les faux pas et les insuccès. Et quand elle cesse, ne vous plaignez pas et ne vous laissez pas aller au découragement, mais restez tranquille au-dedans et aspirez à ce qu'elle se renouvelle, plus forte, vous menant à une autre expérience, plus profonde et plus pleine encore.
Aspirez toujours, mais avec plus de tranquillité, en vous ouvrant au Divin simplement et complètement.
Les Bases du Yoga, chapitre III. Traduction de la Mère.
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3866
Les défauts doivent être notés et rejetés, mais la concentration doit être positive: vous devez vous concentrer sur ce que vous deviendrez, c'est-à-dire sur le développement de la nouvelle conscience plutôt que sur le côté négatif.
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3867
Vous devez être conscient des mouvements faux, mais ils ne doivent pas être votre préoccupation exclusive.
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3868
Si vous avez été projeté du mental dans le vital, c'est que vous étiez trop préoccupé par les difficultés de la nature. Il vaut toujours mieux insister sur le bon côté des choses en vous. Je ne veux pas dire d'une manière égoïste, mais dans la foi, et avec une confiance joyeuse, en appelant l'état positif dont la nature a déjà eu l'expérience pour qu'une croissance positive et constante puisse vous aider à rejeter tout ce qui doit l'être. Le fait est, cependant, qu'aux premiers stades, on est souvent projeté dans les difficultés vitales; alors au lieu d'aller du mental au psychique (par l'intermédiaire du cœur) on est obligé de passer par le vital perturbé.
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3869
On peut revenir sur ses pas pour aller du vital au psychique, si l'on refuse de se préoccuper des difficultés et que l'on se concentre sur des choses positives qui apportent une aide véritable. Soyez confiant et plein de bonne humeur. Doute, Désir et Cie existent, assurément, mais le Divin est là aussi, en vous. Ouvrez les yeux et regardez, regardez jusqu'à ce que le voile se déchire et qu'il — ou Elle — vous devienne visible!
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3870
Il est impossible de se débarrasser des difficultés et des perplexités en les ressassant mentalement et en essayant ainsi d'en sortir; cette habitude du mental ne fait que les amener à se répéter sans apporter de solution et plus on rumine, plus l'imbroglio se prolonge. La solution doit venir de quelque chose de supérieur et d'extérieur aux perplexités. La difficulté du mental physique — et non du véritable intellect pensant — est qu'il ne veut pas croire en cette conscience plus vaste, extérieure à lui, parce qu'il ne la perçoit pas; et il reste enfermé en lui-même comme dans une boîte, n'acceptant pas la lumière qui l'entoure de toutes parts et fait pression pour entrer. L'action de la conscience obéit à une loi subtile: si vous donnez de l'importance aux difficultés (vous devez les observer, bien sûr, mais sans leur donner d'importance, car elles s'en accorderont suffisamment elles-mêmes) ces difficultés tendent à s'incruster ou même à s'accroître; au contraire, si vous insistez exclusivement sur la foi et l'aspiration et que vous vous concentrez fermement sur l'objet de votre aspiration, il tendra tôt ou tard à se réaliser. C'est ce déplacement, ce changement dans la position et l'attitude du mental, qui sera le plus efficace.
Quant aux détails, la méthode qui consiste à concentrer sur eux le mental en essayant de les rectifier est très lente; il faut le faire, mais d'une manière accessoire; ce ne doit pas être la méthode principale. S'il lui arrive de réussir, c'est parce qu'après une certaine période de lutte et de tension, quelque chose se libère, une ouverture se produit et la conscience plus vaste dont je parle émerge et entraîne un certain effet général. Mais le progrès est beaucoup plus rapide si l'on peut donner à l'ouverture le rôle essentiel et maintenir les rectifications de détail dans un rôle subalterne, comme une conséquence. Quand on s'ouvre, un progrès essentiel (et par conséquent général) peut être fait et, comme vous le dites vous-même, "s'exprimer et se traduire dans les détails". Le mental essaie toujours de manipuler les détails et de construire avec eux un résultat général; mais ce qui est au-dessus du mental, et même les plus grands pouvoirs des régions supérieures du mental, tendent plutôt à opérer une transformation essentielle et à l'amener à s'exprimer ou à la laisser se traduire dans tous les détails nécessaires.
Je puis cependant ajouter que l'on peut sentir le changement essentiel sans qu'il s'exprime dans les détails; par exemple, on peut sentir une paix vaste et silencieuse, ou un état de liberté et de joie, et y demeurer silencieux et en sécurité, sans avoir besoin de le traduire en toutes sortes de détails afin de sentir le progrès accompli.
Ce n'est pas une théorie, mais une expérience constante — et très tangible quand elle vient — qu'au-dessus de nous, au-dessus de la conscience qui est dans le corps physique, se trouve une vaste étendue qui en quelque sorte lui sert de soutien, faite de paix, de lumière, de pouvoir, de joie; que nous pouvons en devenir conscients, la faire descendre dans la conscience physique; et que cette conscience élargie peut, d'abord pendant un moment, puis plus fréquemment et plus longtemps, et enfin en permanence, demeurer et transformer toute la base de notre conscience quotidienne. Même avant de la percevoir au-dessus, nous pouvons soudain la sentir descendre et nous pénétrer. Pour arriver à cela, il faut y aspirer et tranquilliser le mental, afin de rendre possible ce que nous appelons l'ouverture. Un mental calmé (pas forcément immobile ou silencieux, bien qu'il soit bon de pouvoir obtenir cela à volonté ) et une aspiration persévérante dans le cœur sont les deux clés principales du yoga. L'activité du mental est un processus beaucoup plus lent qui ne mène pas à lui seul à ces résultats décisifs. C'est la différence entre une route directe et un chemin qui tourne et vire constamment.
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3871
Les moyens négatifs ne sont pas mauvais, ils sont utiles à leur fin qui est de s'évader de la vie. Mais du point de vue positif, ils sont défavorables, parce qu'ils éliminent les pouvoirs de l'être au lieu de les diviniser pour transformer la vie.
Nouvelles Lumières sur le Yoga, chapitre IV.
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3872
Par moyens négatifs, j'entends ceux qui se contentent de réprimer les désirs, les mouvements faux et l'égoïsme; par moyens positifs ceux qui tendent à faire descendre la lumière, la paix et la pureté d'en haut dans ces parties de l'être. Je ne veux pas dire que ces mouvements ne doivent pas être rejetés; mais l'énergie ne doit pas être utilisée uniquement à rejeter. Il faut aussi la diriger vers une action positive qui remplace ces mouvements par la conscience supérieure. Plus cette conscience viendra, plus facile aussi sera le rejet.
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3873
Cette phrase2 a un caractère général et, comme toutes les généralités, elle a besoin d'être nuancée selon les circonstances. Je m'adressais à ceux qui sont toujours en train de s'appesantir uniquement sur leurs difficultés et leurs points faibles, et mon intention était de les en dissuader, car cette attitude les fait tourner sans arrêt, comme un écureuil en cage, dans le même cercle de difficultés sans laisser filtrer la moindre lumière à travers les nuages. Cette phrase serait plus exacte ou d'une portée plus générale, si j'avais écrit: "pas trop s'appesantir" ou "ne pas s'appesantir uniquement." Rien ne peut évidemment se faire sans rejet. Et dans les périodes ou les moments difficiles, il est impossible de ne pas se concentrer sur les difficultés. Dans les premiers stades, on doit aussi se livrer à un gros travail de déblayage pour avancer tant soit peu sur le chemin.
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3874
Si l'imperfection existe, il faut la voir. Ce qu'il faut faire, c'est vivre dans le moi intérieur et de là, voir l'imperfection et la transformer.
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3875
Ne pas être touché par les difficultés, ne pas en être troublé, s'en sentir détaché, tel est le premier pas vers la liberté.
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3876
Dans votre manière d'agir vis-à-vis de vos difficultés et des mauvais mouvements qui vous assaillent, vous faites probablement l'erreur de trop vous identifier à eux et de les considérer comme faisant partie de votre propre nature. Vous devriez au contraire vous en retirer, vous en détacher et vous en dissocier, les considérer comme des mouvements de la nature inférieure universelle, imparfaite et impure, comme des forces qui entrent en vous et essaient de faire de vous leur instrument d'expression. En vous détachant et en vous dissociant ainsi, il vous sera plus aisé de découvrir la partie de vous — votre être intérieur ou psychique — qui n'est pas attaquée ni troublée par ces mouvements, et de vivre en elle de plus en plus; ces mouvements lui sont étrangers, elle leur refuse automatiquement tout assentiment et se sent toujours tournée vers les Forces divines et les régions supérieures de conscience, ou en contact avec elles. Trouvez cette partie de votre être et vivez en elle. Être capable de le faire, c'est la vraie base du yoga.
En vous tenant ainsi en arrière, il vous sera plus facile aussi de découvrir derrière le conflit de surface un équilibre tranquille en vous, d'où vous pourrez plus efficacement faire appel à l'aide qui vous délivrera. La présence divine, la tranquillité, la paix, la pureté, la force, la lumière, la joie et la largeur divines sont au-dessus de vous, prêtes à descendre en vous. Trouvez cette tranquillité qui est derrière, et votre mental aussi se tranquillisera, et par ce mental tranquille, vous pourrez appeler et faire descendre, d'abord la pureté et la paix, puis la Force divine. Si vous pouvez sentir cette pureté et cette paix descendre en vous, vous pourrez les faire descendre encore et encore, jusqu'à ce qu'elles commencent à s'établir en vous; vous sentirez aussi la Force travailler en vous pour changer les mouvements et transformer la conscience. Dans ce travail, vous percevrez la présence et le pouvoir de la Mère. Ceci fait, tout le reste est une question de temps et de développement progressif de votre vraie nature divine.
Les Bases du Yoga, chapitre III. Traduction de la Mère.
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3877
Il peut poursuivre son effort et nous faire savoir s'il obtient un résultat. Les difficultés qui se sont soulevées en lui sont des réactions tout à fait normales et naturelles étant donné l'effort qu'il est en train de faire. Il est de règle que ces résistances apparaissent, car elles doivent se manifester pour que l'on puisse agir sur elles et les rejeter. S'il persévère, c'est ce qui se produira tôt ou tard. Mais au lieu de lutter contre ces résistances, mieux vaut prendre du recul, les observer comme un témoin, rejeter ces mouvements et appeler le Pouvoir divin pour qu'il les élimine. La consécration de la nature n'est pas facile et peut prendre longtemps; la consécration du moi, si l'on peut la réaliser, est plus facile, et une fois qu'elle est accomplie, celle de la nature se fera tôt ou tard. Mais pour y parvenir, il faut se détacher de l'action de la Prakriti et se considérer comme étant extérieur à elle. Observer les mouvements comme un témoin, sans se laisser décourager ou bouleverser, est la meilleure manière d'effectuer le détachement et la séparation nécessaires. Cela l'aiderait aussi à devenir plus réceptif à tout soutien qui pourrait lui être apporté, et à compter de plus en plus sur ce soutien.
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Pour transformer la nature, la première chose à faire est de devenir conscient de l'ancienne nature de surface et de se séparer d'elle. Car cette nature vitale radjasique est une création superficielle de la Prakriti, ce n'est pas l'être vrai; si permanente qu'elle puisse paraître, elle n'est qu'un amalgame provisoire de mouvements vitaux. Derrière elle se trouve l'être vrai, vital et mental, soutenu par le psychique. L'être vrai est calme, vaste, plein de paix. En prenant du recul et en se détachant, on acquiert la capacité de vivre dans la paix de ce Pourousha intérieur et de ne plus s'identifier à la Prakriti de surface. Il sera ensuite beaucoup plus facile, par la force de la perception psychique et par la Paix, le Pouvoir et la Lumière d'en haut, de transformer l'être de surface.
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3879
Ces choses apparaissent soit parce qu'elles sont là, dans la partie consciente de l'être, sous forme d'habitudes de la nature, soit parce qu'elles se tiennent cachées et risquent d'apparaître à tout moment; ou bien ce sont des suggestions de la Nature universelle ou générale qui viennent du dehors, et auxquelles l'être personnel obéit. Quoi qu'il en soit, elles apparaissent afin que l'on puisse y faire face, les expulser et en fin de compte les rejeter pour qu'elles ne troublent plus la nature. Elles apportent plus ou moins de trouble selon la manière dont on les affronte. Le premier principe est de s'en détacher, de ne pas s'identifier à elles, de ne plus les accepter comme une partie de sa véritable nature, mais de les regarder comme des choses qui vous sont imposées, et auxquelles on dit: "Ce n'est pas moi, cela ne m'appartient pas; c'est quelque chose que je rejette entièrement". On commence à sentir au-dedans une partie de l'être qui ne s'identifie pas, qui demeure ferme et dit: "Cela me causera peut-être des ennuis à la surface, mais ne me touchera pas." Si l'on peut sentir cet être séparé au-dedans, la moitié du problème est résolu, pourvu que l'on ait la volonté non seulement de se séparer de l'imperfection, mais d'en débarrasser aussi la nature de surface.
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3880
Vous devez toujours être conscient du moi et ne pas sentir la nature obscure comme le moi, mais comme un instrument qui doit être mis en harmonie avec le moi.
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3881
L'égoïsme, les désirs, les défauts de la nature sont à peu près les mêmes chez tout le monde. Mais dès que l'on commence à en devenir conscient et à vouloir s'en libérer, il suffit d'entretenir cette volonté pour que tout véritable danger disparaisse. Car lorsqu'on commence à devenir conscient — c'est ce qui vient de vous arriver — et que quelque chose au-dedans fait surgir tout ce qui était caché, c'est le signe que la grâce de la Mère est sur vous, que sa force est à l'œuvre et que votre être intérieur aide la force de la Mère à vous débarrasser de tout cela. Vous ne devez donc ni vous affliger, ni vous décourager, ni avoir peur de quoi que ce soit, mais regarder en face tout ce qui émerge et vouloir que cela s'en aille complètement et pour toujours. Si la force de la Mère est à l'œuvre et que l'être psychique soutient la force, tout peut être fait et tout sera sûrement fait. Cette purification n'a pour but que d'empêcher l'apparition ultérieure d'ennuis semblables à ceux qui sont advenus à certains sâdhak, parce qu'ils ne s'étaient pas purifiés; la conscience supérieure doit en effet descendre dans une nature purifiée pour que la transformation intérieure s'opère en toute sécurité. Poursuivez donc avec foi et courage, en vous en remettant à la Mère.
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3882
Tout ce que vous avez écrit ici est parfaitement exact. C'est ainsi, en prenant du recul, en n'étant ni attiré, ni troublé par ces forces, que l'on se libère, que l'on perçoit leur fausseté ou leur imperfection et que l'on devient capable de s'élever au-dessus d'elles et de les surmonter. La conscience qui vient au premier plan peut être soit le psychique, soit le mental spiritualisé; c'est sans doute le psychique.
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3883
La Mère ne parlait pas d'auto-analyse ou de dissection: ces méthodes relèvent du mental et s'appliquent à ce qui est inanimé ou font mourir ce qui est vivant; ce ne sont pas des méthodes spirituelles. La Mère parlait non d'une analyse, mais d'une vision de soi-même et de tous les mouvements vivants de l'être ou de la nature, d'une vive observation des personnalités et des forces qui animent la scène de notre être, de leurs motifs, de leurs impulsions, de leurs potentialités, une observation tout aussi intéressante que le fait de voir et de comprendre une pièce de théâtre ou un roman, une vision et une perception vivantes de la manière dont les choses se font en nous, qui apporte aussi une maîtrise vivante sur cet univers intérieur. Tout cela ne devient aride que si l'on y applique le mental analytique et ratiocineur, au lieu de le percevoir intuitivement comme un mouvement de la vie. Si vous aviez cette capacité d'observer du point de vue spirituel intérieur, et non éthique et intellectuel extérieur, il vous serait relativement facile de sortir de vos difficultés; par exemple, vous trouveriez aussitôt d'où venait cette impulsion irrationnelle de fuir, et elle n'aurait plus aucune emprise sur vous. Tout cela se fait évidemment beaucoup mieux lorsque vous prenez du recul vis-à-vis des mouvements de votre nature et devenez le Maître-Témoin ou le Spectateur-Acteur-Directeur. C'est précisément ce qui se passe quand vous vous placez dans cette position où vous vous observez vous-même.
La crainte que cette méthode soit aride ou douloureuse est une idée de l'intellect qui ne la comprend pas.
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3884
Vous vous en tenez à votre version éthico-intellectuelle de la vision intérieure de soi? Aride? Policière? Criminelle? Grand Dieu! S'il en était ainsi, elle cesserait tout à fait d'être une vision de soi, car dans la vraie vision de soi il n'y a ni police, ni crime. Tout cela appartient à l'opposition éthico-intellectuelle entre péché et vertu; ce n'est qu'une construction mentale qui a une valeur pratique dans la vie extérieure, mais ne correspond à aucune véritable valeur intérieure. Dans la vraie vision de soi, nous ne voyons qu'harmonies et désaccords et nous remplaçons les fausses notes par des notes justes. Mais ce que j'en dis n'a pour but que de rétablir la vérité et non de vous persuader d'entreprendre cet effort de vision de soi; car si vous le faisiez tout en conservant ces idées, vous démarreriez inévitablement sur une base policière et vous vous attireriez des ennuis. Par ailleurs, il est évident que dans le yoga, vous préférez être le piano plutôt que le pianiste, ce qui est fort bien mais implique un don de soi total et l'intervention du musicien et harmoniste suprême. Qu'il en soit ainsi.
Tout être humain est plein de ces contradictions parce que bien qu'il soit une personne unique, celle-ci est faite de personnalités différentes (les psychologues commencent maintenant à bien percevoir cette personnalité multiple) qui sont très souvent en désaccord. Tant que l'on ne s'est pas fixé pour but d'unifier son être en vue de réaliser un seul objectif majeur, comme de rechercher le Divin et de se consacrer à lui, elles s'entendent plus ou moins, prédominent tour à tour, se querellent ou se débrouillent tant bien que mal; ou encore l'une d'elles prend la tête et contraint les autres à un rôle subalterne; mais lorsqu'on essaie de les unir dans un objectif commun, le conflit devient évident.
3885
Vous ne devriez pas être aussi asservi aux choses extérieures; par cette attitude, vous donnez une importance excessive aux circonstances. Je ne dis pas que les circonstances ne peuvent pas aider ou gêner, mais ce ne sont que des circonstances et non la chose fondamentale qui est en nous; l'aide ou la gêne ne devrait pas avoir une importance primordiale. Dans le yoga, comme dans tout effort humain lorsqu'il est grand ou sérieux, il y aura toujours nombre d'interventions adverses et de circonstances défavorables qui devront être surmontées. Leur accorder une trop grande importance, c'est augmenter leur importance et leur faculté de se multiplier, leur donner, pour ainsi dire, confiance en elles-mêmes et les habituer à revenir. Les affronter avec équanimité — si l'on ne peut pas s'arranger pour y faire face avec une inlassable bonne humeur et une volonté confiante et résolue — diminue, au contraire, leur importance et leurs effets et finit, même si ce n'est pas immédiat, par les empêcher de persister et de se répéter. C'est par conséquent un principe, dans le yoga, de reconnaître le pouvoir déterminant de ce qui est en nous — car c'est cela, la vérité profonde — de mettre bien en place et de faire prévaloir la force intérieure par opposition au pouvoir des circonstances extérieures. La force est présente même chez les plus faibles; il faut la trouver, la dévoiler et la maintenir au premier plan, tout au long du voyage et de la bataille.
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3886
Rallier une organisation de défense, c'est admettre qu'il y a une guerre civile.3 Du point de vue de la sâdhanâ, on ne doit pas admettre la possibilité d'une guerre civile. Un sâdhak devrait toujours se souvenir que tout dépend de l'attitude intérieure; s'il a une foi parfaite en la Grâce divine, il s'apercevra qu'à chaque pas la Grâce divine lui fera faire ce qu'il faut. Quelque chose le fera sortir de la maison, par exemple, s'il est dangereux d'y rester, et il restera dans la maison s'il y a un danger pour lui au dehors. La Grâce le poussera à faire exactement la chose qui le fera échapper au danger. Mais pour qu'il en soit ainsi, il faut que votre foi soit profondément enracinée, qu'elle imprègne tout votre être et que rien en vous ne la contredise. Et naturellement c'est difficile. Mais il se peut aussi que vous ayez vous-même la foi et que ceux qui vous entourent ne partagent pas votre attitude. Étant au milieu d'eux, vous pouvez être obligé d'admettre des mesures extérieures, de "rallier une organisation de défense", comme vous dites. Même dans ce cas, vous devez vous souvenir que c'est seulement votre attitude intérieure et votre foi qui comptent. Tous les moyens extérieurs ne signifient rien, ils peuvent se révéler absolument inutiles et ne mener à rien, seule la Grâce divine vous protège.
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3887
C'est l'inconvénient de fuir devant une difficulté: elle vous court après, ou plutôt on l'emporte avec soi, car en réalité la difficulté est en soi et non à l'extérieur. Les circonstances extérieures ne font que lui donner l'occasion de se manifester et tant que la difficulté intérieure ne sera pas vaincue, les circonstances surviendront toujours, d'une manière ou d'une autre.
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3888
C'est la vraie raison de tout ce qui arrive à X. Quand, dans la nature, quelque chose doit être surmonté, celle-ci s'attire toujours des incidents qui la mettent à l'épreuve jusqu'à ce que le sâdhak ait vaincu et se soit libéré. Du moins cela se produit souvent, surtout quand la personne fait un effort sincère pour surmonter l'obstacle. On ne sait pas toujours si ce sont les êtres hostiles qui s'efforcent de briser la résolution ou la mettent à l'épreuve (car ils revendiquent le droit de le faire), ou si ce sont, disons, les dieux qui le font pour forcer et accélérer le progrès, ou encore insistent pour que la transformation à laquelle on aspire soit assurée et parfaite dans le détail. Peut-être est-il plus profitable d'adopter ce dernier point de vue.
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3889
Vous avez tout à fait raison: c'est ainsi que vous devez considérer cela, comme une occasion qui vous est offerte d'éliminer cette pierre d'achoppement dans la nature. Quand on fait la sâdhanâ, on ne cesse de s'apercevoir que tant qu'il y a, quelque part, un défaut important, les circonstances s'organisent pour donner au défaut l'occasion de se manifester jusqu'à ce qu'il soit rejeté de l'être. Si l'on peut considérer ces circonstances avec clairvoyance lorsqu'elles surviennent et les accepter comme une incitation à vaincre le défaut et une occasion de le faire, on peut progresser très rapidement. En ce qui concerne l'autre question, il est très bon que vous ayez été capable de critiquer les autres en adoptant une attitude juste et en percevant correctement leurs défauts; mais cette attitude, il faut aussi l'étendre à leurs erreurs, s'ils en commettent. Car si leurs défauts découlent de leur nature, qui est semblable à celle de tous les êtres humains, leurs actions proviennent de la même source, et il suffit de voir et de comprendre; la même règle doit s'appliquer dans les deux cas.
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3890
On ne peut pas surmonter une difficulté en s'enfuyant devant elle.
Tout cela vient de ce que vous n'avez pas su vous prendre en main comme il le fallait. Ce n'est pas en vous torturant par des remords et des pensées tracassantes que vous pouvez vaincre. C'est en vous regardant en face, très tranquillement, avec une résolution tranquille et ferme, et ensuite en avançant avec bonne humeur, courageusement, en pleine confiance, en vous fiant à la Grâce, avec sérénité et vigilance, en vous ancrant à votre être psychique, en faisant descendre de plus en plus l'amour et l'Ânanda, en vous tournant de plus en plus exclusivement vers la Mère. C'est la vraie manière, et il n'y en a pas d'autre.
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3891
Vous avez agi sagement aussi en vous réconciliant avec cet endroit, et en vous sentant assez fort pour régler la situation qui y règne. Une certaine faculté de s'adapter et de s'harmoniser au milieu est nécessaire; elle était très forte en vous et en conséquence vous réussissiez partout où vous alliez. Votre régression vous a rendu nerveux, vous a déprimé, et a empêché pendant un certain temps cette faculté d'agir aussi bien en vous. Maintenant, grâce à votre nouvelle attitude, j'espère qu'elle redeviendra aussi active et vous aidera à résoudre toutes vos difficultés.
Nous vous envoyons nos bénédictions. Gardez-vous toujours ouvert au Pouvoir d'en haut et à l'aide que nous vous envoyons d'ici, et restez ferme et fort face à toutes les difficultés qui peuvent encore subsister soit dans la vie extérieure, soit dans la sâdhanâ. Si ces conditions sont réunies, la victoire est toujours assurée.
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3892
Le désespoir est absurde et parler de suicide est tout à fait hors de propos. Aussi souvent qu'un homme puisse tomber, la Grâce divine sera là tant qu'il y aspirera et elle finira par le mener à bon port.
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3893
Le suicide est une solution absurde. Cette personne se trompe tout à fait en pensant que cela lui donnera la paix; elle ne fera qu'emporter ses difficultés au-delà, en des conditions de vie plus misérables, et les rapportera dans une. autre vie sur terre. Le seul remède est de se débarrasser de ces idées morbides et de faire face à la vie avec la volonté claire d'accomplir un travail déterminé dont elle fera le but de la vie avec un courage tranquille et actif.
Les Bases du Yoga, chapitre III. Traduction de la Mère.
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3894
La sâdhanâ doit se faire dans le corps; elle ne peut pas se faire par l'âme sans un corps. Quand le corps tombe, l'âme s'en va errer en d'autres mondes, et finalement revient à une autre vie dans un autre corps. Et dans la vie nouvelle, elle retrouve toutes les difficultés qu'elle n'avait pas résolues. Alors à quoi sert-il de quitter le corps?
De plus, si l'on rejette son corps volontairement, on souffre beaucoup dans les autres mondes, et quand on renaît, c'est en des conditions pires et non en de meilleures.
La seule chose sensée est d'affronter les difficultés et de les conquérir dès cette vie et dans ce corps.
Les Bases du Yoga, chapitre III. Traduction de la Mère.
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3895
La mort n'est pas un moyen de réussir dans la sâdhanâ. Si vous mourez ainsi, vous ne ferez que retrouver les mêmes difficultés, dans des circonstances probablement moins favorables.
Le moyen de réussir dans la sâdhanâ est de refuser de se décourager, d'aspirer avec simplicité et sincérité pour que la force de la Mère puisse agir en vous et fasse descendre ce qui est au-dessus. Nul n'a jamais réussi dans la sâdhanâ par ses propres mérites. S'ouvrir et devenir plastique à la Mère est la seule chose nécessaire.
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3896
Ce n'est pas exact. Rejeter la vie n'améliore pas les chances de réussir la prochaine fois. C'est dans cette vie-ci, dans ce corps-ci que l'on doit réaliser ce que l'on a à faire.
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3897
Ce n'est pas une bonne tranquillité. La paix du nirvana aurait un certain sens, mais mourir pour entrer dans la tranquillité par l'extinction de la Prakriti n'est nullement une libération.
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3898
Le vrai repos se trouve dans la vie intérieure fondée sur la paix, le silence et l'absence de désirs. Il n'y a pas d'autre repos, car sans cela la machine continue à tourner, que l'on s'y intéresse ou non. La mukti intérieure est le seul remède.
3899
Il n'y a aucune raison d'abandonner l'espoir de réussir dans le yoga. L'état de dépression que vous sentez en ce moment est temporaire et il s'abat même sur les plus forts sâdhak à un moment ou à un autre, et même revient fréquemment. La seule chose à faire est de tenir ferme avec la partie éveillée de l'être, de rejeter toutes les suggestions contraires et d'attendre en vous ouvrant autant que vous le pouvez au vrai Pouvoir jusqu'à la fin de la crise ou du changement dont cette dépression est une étape. Les suggestions qui assaillent votre mental et vous disent que vous n'êtes pas apte et que vous devez retourner à la vie ordinaire sont des incitations de source hostile. Les idées de ce genre doivent toujours être rejetées comme des inventions de la nature inférieure, et même si elles reposent sur des apparences qui semblent convaincantes pour le mental ignorant, elles sont fausses, parce qu'elles exagèrent un mouvement passager et le présentent comme une vérité exacte et définitive. Il y a une seule vérité en vous, à laquelle vous devez vous accrocher constamment: la vérité de vos possibilités divines et l'appel de la Lumière supérieure à votre nature. Si vous vous tenez à cela toujours ou si vous y retournez constamment quand vous lâchez prise un moment, la vérité se justifiera à la fin en dépit de toutes les difficultés, tous les obstacles et tous les faux pas. Tout ce qui résiste disparaîtra à la longue avec le développement progressif de votre nature spirituelle.
Ce qui est nécessaire, c'est la conversion et la soumission de la partie vitale. Elle doit apprendre à ne demander que la plus haute vérité et à abandonner toute insistance à satisfaire ses impulsions et ses désirs inférieurs. C'est cette adhésion de l'être vital qui apporte la pleine satisfaction et la joie de toute la nature dans la vie spirituelle. Quand cette adhésion est là, il devient impossible même de penser à retourner à l'existence ordinaire. En attendant, la volonté mentale et l'aspiration psychique doivent être votre soutien; si vous insistez, le vital finira par céder, se convertir et se soumettre.
Fixez dans votre mental et dans votre cœur la résolution de vivre pour la Vérité divine et pour elle seule; rejetez tout ce qui est contraire ou incompatible avec elle et détournez-vous des désirs inférieurs; aspirez à vous ouvrir au Pouvoir divin et à nul autre. Faites-le en toute sincérité et l'aide vivante et présente dont vous avez besoin ne vous manquera pas.
Les Bases du Yoga, chapitre III. Traduction de la Mère.
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3900
La volonté doit être fixée sur la vie spirituelle; c'est le seul moyen de surmonter tous les obstacles.
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3901
Aucun cas n'est désespéré, à moins que la volonté ne choisisse le plus mauvais chemin.
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3902
Pourquoi n'êtes-vous pas capable de voir que cet état n'est pas une vraie conscience, mais seulement un obscurcissement de la vérité, obscurcissement dont vous pouvez toujours vous affranchir si vous choisissez fermement de le faire? Ce que vous exprimez ici n'est pas un manque de compréhension, mais un manque de volonté, et ce manque de volonté n'est pas vôtre, il vous est imposé par une conscience inférieure qui vous domine et vous oblige à renverser toutes les vraies valeurs du sentiment et de la connaissance. Votre être ne demande qu'à être libre, en paix et heureux dans la lumière; c'est ce Mensonge qui, en s'emparant de votre mental extérieur, vous fait souhaiter d'être plus sombre, plus malheureux, plus révolté, de vous haïr, de quitter la vie. De tels sentiments, une volonté aussi pervertie sont entièrement à l'opposé des sentiments normaux de la nature et ne peuvent être "vrais" et justes. Personne ne vous demande de faire semblant: ce que nous vous demandons, c'est de rejeter les perversions du mensonge, les sentiments erronés et l'ignorance, et de ne pas continuer à les soutenir, comme ils veulent que vous le fassiez. Les accepter comme la loi de votre nature, ce n'est pas du courage et de la noblesse, pas plus que ce n'est de la mesquinerie et de la lâcheté d'aspirer à une Vérité plus haute et d'essayer d'agir en accord avec elle et d'en faire la loi de votre nature.
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3903
Il y a peu d'espoir qu'il surmonte ses difficultés et ses ennuis s'il ne comprend pas qu'ils viennent de lui-même et non du dehors. C'est la faiblesse de sa nature vitale, l'incapacité déplorable de son être nerveux qui toujours pleurniche, se plaint et se lamente au lieu de regarder la vie en face et de surmonter ses difficultés, c'est l'attitude larmoyante et sentimentale que prend cet être nerveux qui l'empêche de résoudre ses problèmes et les maintient en vie. C'est un tempérament que les dieux n'aideront pas, parce qu'ils savent que leur aide est inutile, car ou bien il ne la recevra pas, ou bien il la répandra et la gaspillera; et tout ce qu'il y a de radjasique et d'asourique dans le monde méprise et piétine ce genre de nature.
S'il avait acquis une calme vigueur et un courage tranquille et sans faiblesse, sans agitation ni violence, fondés sur une confiance en l'aide qu'il aurait pu recevoir d'ici et sur une ouverture à la force de la Mère, tout aurait déjà été réglé dans le bon sens. Mais il est incapable de profiter de l'aide qui lui est donnée parce que sa nature vitale chérit sa propre faiblesse et est sans cesse en train de s'y abandonner et d'en faire tout un roman au lieu de la rejeter avec mépris, comme une chose indigne d'un être humain et impropre à un sâdhak. C'est seulement s'il la rejette ainsi qu'il pourra recevoir la force qu'il lui faut pour se tenir debout dans la vie ou progresser dans la sâdhanâ.
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3904
C'est parce que vous êtes vous-même agité, nerveux, partagé et indécis que nous sommes incapables de prendre une décision définitive.
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3905
Si vous acceptez votre faiblesse — ce qui signifie que vous acceptez la chose qui vous tente — une certaine partie de votre nature l'accepte et vous lui cédez; alors à quoi bon vous dire ce qu'il faut faire? Cette partie de votre vital pourra toujours dire: "J'étais trop faible pour faire ce que vous m'avez dit." La seule façon de vous en sortir est de cesser d'être faible, de congédier cette partie sentimentale de vous-même, d'appeler la force pour qu'elle descende et la remplace, et de le faire avec une résolution ferme et déterminée. Si nous ne pouvons pas vous amener, vous qui avez établi certaines bases de la sâdhanâ, à surmonter cet élément en vous, comment pouvez-vous vous attendre à ce que nous amenions X à le faire, lui qui dit n'avoir aucune base mais au contraire être encore flottant?
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3906
La Mère et moi sommes toujours là pour vous aider. Vous n'avez qu'à vous tourner résolument vers cette aide et elle agira sur vous.
Ce sont des idées fausses qui sont venues s'interposer: idées que vous êtes inapte, que de mauvais éléments en vous vous empêchent de recevoir la grâce de la Mère, que votre manque d'aspiration vous empêche d'accéder à la réalisation et à l'expérience. Ces pensées sont complètement erronées et contraires à la vérité; elles ne viennent même pas de vous, ce sont des suggestions qui sont jetées sur vous comme sur les autres sâdhak, dans l'intention de vous déprimer. Vous n'avez aucune inaptitude, rien de mauvais au-dedans qui fasse obstacle, aucun manque d'aspiration qui provoque l'arrêt de l'expérience. C'est la dépression, le manque de confiance en soi, la tendance au désespoir qui sont la seule cause; il n'y en a pas d'autre. Tous les sâdhak, je vous l'ai dit, même les meilleurs et les plus forts, subissent des interruptions dans le cours de la sâdhanâ; ce n'est pas une raison pour croire que l'on est inapte et vouloir partir en pensant que tout espoir est perdu. Avec un peu de tranquillité, la sâdhanâ reprendrait son cours. Vous aviez les expériences nécessaires, le progrès nécessaire, et seule l'apparition de certaines difficultés de la conscience physique les a arrêtés pendant un moment. Cela arrive à tout le monde et ne vous est pas particulier, comme je vous l'ai expliqué. Ces difficultés se présentent toujours et doivent être surmontées. Quand l'action de la Force les a surmontées, la sâdhanâ se poursuit comme auparavant. Mais vous commencez à entretenir cette idée fausse que la cause en est votre inaptitude et votre manque d'aspiration, et vous sombrez dans la dépression. Vous devez rejeter tout cela et refuser de croire à ces suggestions. Aucun sâdhak ne devrait se laisser aller à des pensées d'inaptitude et de désespoir: elles sont tout à fait hors de propos, parce que nul ne réussit par son aptitude et sa valeur personnelles, mais par la grâce et le pouvoir de la Mère et par l'assentiment de l'âme à Sa grâce et à l'action de Sa force.
Détournez-vous de ces sombres pensées et regardez uniquement vers la Mère, non dans l'impatience d'obtenir un résultat et dans le désir, mais avec foi et confiance, et laissez son action vous apporter la tranquillité et de nouveaux progrès vers l'ouverture psychique et la réalisation. Cela vous apportera, certainement et sans aucun doute, la foi plus entière et l'amour que vous cherchez.
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3907
Par changement, j'entendais un grand progrès dans votre attitude et vos réactions mentales et vitales aux choses extérieures et à la vie, qui ressort très clairement des lettres où vous relatez ces événements et leur donnez une atmosphère nouvelle, chaleureuse, claire et psychique. Naturellement, le changement n'est pas encore absolu et intégral, mais il semble vraiment fondamental. De plus il est dû sans aucun doute à une bhakti de plus en plus intense au-dedans, et surtout au fait que vous avez accepté le chemin de la bhakti et aux conséquences qui en découlent. Le mental a adopté une nouvelle attitude moins intellectuelle et plus psychique. Ce qui vous empêche de voir augmenter la bhakti (parfois vous l'avez vu et avez écrit dans ce sens), c'est le mental physique qui se remet à brasser ses idées fixes en un tourbillon perpétuel chaque fois qu'il est tant soit peu atteint par la dépression. L'une de ces idées est que vous ne progressez pas, que vous ne ferez jamais et ne pourrez jamais faire aucun progrès; c'est elle qui disait: "Le yoga n'est pas fait pour les gens comme moi", etc. Après l'activité intempestive du vital, c'est l'activité du mental physique qui maintient la conscience à la surface et l'empêche d'être active intérieurement et de percevoir ce qui se poursuit au-dedans; elle voit un peu ce qui se passe à la surface de la nature, les effets du mouvement intérieur, mais non la cause des événements qui est le mouvement intérieur lui-même. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'aime voir le mental physique occupé par la poésie, la musique, etc., et d'autres activités salutaires et favorables à la croissance intérieure, où la bhakti intérieure trouve à s'exprimer, car cela occupe le mental physique et le sort de sa ronde mécanique, ce qui permet et favorise la croissance intérieure. Il tourne déjà moins qu'avant et je m'attends à ce qu'un jour ou l'autre il se lasse et abandonne ta partie.
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3908
Ces idées ne sont que des suggestions qui apparaissent toujours lorsque vous vous laissez envahir par cette tristesse; au lieu de vous y abandonner, vous devriez les rejeter immédiatement loin de vous. Il n'y a pas lieu de demander pourquoi vous sentez cet éloignement et cette indifférence, car ceux-ci n'existent pas, et ce sentiment surgit automatiquement, sans aucune raison véritable, en même temps que cette vague de conscience fausse. Dès que ce sentiment apparaît, vous pouvez être sûr que vous prenez un mauvais tournant; vous devez le faire cesser et rejeter toutes ses suggestions si caractéristiques. C'est ce que vous avez su faire pendant longtemps et vous avez fait alors un grand progrès, votre conscience et vos idées sont devenues plus justes et vous avez pris la véritable attitude psychique. Vous ne nous gênez pas dans notre travail, pas plus que vous n'empêchez d'autres sâdhak de venir ici; en vous accrochant à la sâdhanâ en dépit de toutes les difficultés, vous ne vous trompez pas vous-même; vous faites au contraire ce qu'il faut, et vous ne trompez certainement pas le Divin qui connaît très bien à la fois votre aspiration et vos difficultés. Il n'y a donc pas la moindre raison que vous partiez. Si vous voulez "sincèrement faire le yoga" — et à cela il ne peut y avoir aucun doute — c'est une raison suffisante pour que vous soyez ici. Peu importe que vous n'ayez eu jusqu'à présent aucune expérience occulte telle que la montée de la Koundalinî, etc.: à certains ces expériences viennent tout au début, à d'autres plus tard; et par ailleurs chacun a des expériences qui se développent différemment selon sa nature. Vous ne devez pas en être avide, ni être déçu et découragé parce qu'elles n'ont pas encore eu lieu. Si on les laisse faire, elles viennent d'elles-mêmes quand la conscience est prête. C'est à la bhakti, à la purification de la nature, à la conscience psychique juste et à la consécration que vous devez aspirer. Aspirez à la bhakti et elle grandira en vous. Elle est déjà là, au-dedans, et c'est elle qui s'exprime dans vos poèmes, dans votre musique et dans les sentiments qui s'élèvent en vous comme dans le temple de la Mère au Cap [Comorin]. À mesure que la bhakti et la pureté grandiront dans la nature, la conscience psychique juste augmentera aussi et vous mènera à la consécration complète. Mais restez ferme et ne vous laissez pas aller à ces idées d'incapacité, de déception et de départ; elles sont faites de tamas et bonnes tout juste à être jetées de côté.
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3909
Rien de ce qui vous est demandé ne dépasse vos capacités: vous l'avez déjà fait, et par conséquent vous en êtes capable. On ne vous demande pas de transformer votre nature par votre propre effort, mais seulement de prendre du recul vis-à-vis de ces idées et de ces pensées, de refuser de vous y abandonner et de rester tranquille au-dedans en laissant la Force, que vous avez sentie à plusieurs reprises, vous transformer. Répéter sans cesse: "Je suis faible, je suis inapte, je ne vaux rien" ne vous mènera nulle part.
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3910
Rappelez-vous constamment que la Force divine est là, que vous l'avez sentie, et que même si, pendant un moment, vous avez l'impression de ne plus en être conscient, qu'elle vous paraît lointaine, elle est pourtant là et triomphera certainement. Car ceux que la Force a touchés et pris sous sa protection appartiennent dès lors au Divin.
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3911
C'est bien. Plus vous gardez ce sentiment dominant de la Force et du calme et plus vous le laissez s'amplifier, plus l'autre sentiment diminuera et s'estompera. Il en est toujours ainsi au début: le Pouvoir et la Paix ne font qu'exercer leur pression, entrer en contact, envahir par endroits, jusqu'au moment où une partie de l'être se sent constamment dans cet état, si intense que soit la perturbation qui l'assaille à la surface. Ensuite la perturbation est de plus en plus poussée au-dehors, jusqu'à ce qu'on la sente non plus au-dedans de l'être, mais à l'extérieur. Quand cela disparaît aussi, la paix est complète et la sâdhanâ est pleinement établie.
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3912
C'est là la question: il est inévitable qu'au cours de l'a sâdhanâ, certaines parties de l'être soient moins ouvertes, moins avancées, demeurent moins conscientes de la Paix et de la Force, moins proches d'elles que les autres. Il faut agir sur ces parties de l'être et les transformer, mais cela ne peut se faire sans heurts que si vous en êtes détaché, capable de ne pas les considérer comme votre vrai moi, bien qu'elles fassent partie de la nature que vous devez transformer. Alors quand elles apparaîtront avec leurs défauts, vous n'en serez pas bouleversé, vous ne vous laisserez pas emporter par leurs mouvements, vous ne perdrez pas le sentiment de la Paix et de la Force; vous pourrez agir sur elles (ou plutôt laisser agir la Force) comme si elles constituaient un mécanisme qui doit être mis au point ou un travail qui a été mal fait et doit être repris. Si l'on s'identifie à ces parties de l'être, on a toutes sortes d'ennuis. Le travail se fera tout de même, la transformation s'opérera, mais avec des retards, de graves bouleversements, d'une manière pénible et non en douceur. C'est pourquoi nous conseillons toujours aux sâdhak de rester calmes et détachés et de regarder tout cela non comme leur véritable moi, mais comme une partie extérieure sur laquelle il faut agir tranquillement pour qu'elle devienne ce qu'elle doit être.
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3913
Évidemment, c'est souvent une fluctuation de la volonté mentale qui empêche une connaissance acquise d'être systématiquement mise en pratique. Si la volonté n'est pas assez forte, il faut faire appel à la Volonté plus grande qui se tient à l'arrière-plan, et qui est celle de la Mère, sa Force consciente en laquelle connaissance et volonté ne font qu'un, pour qu'elle la renforce et la soutienne. Très souvent, cependant, même si l'on a la volonté et la connaissance, la nature vitale fait revenir par habitude les anciennes réactions. Seule une aspiration régulière que rien ne décourage pourra surmonter cela et faire émerger progressivement le psychique et ses vrais mouvements pour qu'ils expulsent et délogent les mouvements faux. La transformation qui doit s'accomplir dans le yoga consiste à remplacer graduellement, progressivement la vieille conscience ignorante et ses mouvements par la vraie conscience psychique et spirituelle. Mais cela prend du temps et ne peut se faire facilement ni d'un seul coup. On ne doit par conséquent pas s'inquiéter ni se décourager si, chemin faisant, on s'aperçoit que les anciens mouvements reviennent en dépit de la connaissance que l'on a acquise. On doit seulement se tenir de plus en plus séparé d'eux, afin que s'ils reviennent, l'être ne leur accorde plus son consentement.
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3914
Les difficultés du caractère persistent tant que l'on y cède en acte lorsqu'elles apparaissent. On doit se faire une règle stricte de ne pas agir sous l'impulsion de la colère, de l'ego ou de toute faiblesse dont on veut se débarrasser, ou si on s'est laissé emporter à agir, on ne doit ni justifier ni poursuivre son action. Si l'on suit cette règle, au bout de quelque temps la difficulté s'atténue ou se réduit à un mouvement subjectif que l'on peut observer et dont on peut se détacher pour le combattre.
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3915
On est toujours ouvert [aux forces ignorantes de la Nature] tant que la transformation n'est pas achevée. Si rien ne pénètre, c'est parce que la conscience est vigilante ou que le psychique est au premier plan, mais dès que la vigilance cesse ou se relâche, quelque chose peut entrer.
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3916
On ne doit pas se tracasser, mais il ne faut pas non plus être négligent; c'est-à-dire qu'on ne doit pas accorder à ces mouvements le consentement de sa volonté ou de sa raison. Car tout assentiment les fait se prolonger ou se répéter. S'ils ne disparaissent pas lorsqu'ils sont rejetés par le mental et la volonté, c'est que les parties moins conscientes de la nature réagissent à leur manière habituelle. Celles-ci doivent devenir conscientes grâce à la Lumière et à la Force qu'elles reçoivent et finir par refuser d'obéir aux appels de la nature inférieure.
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3917
C'est tout à fait juste. Si vous vous maintenez dans cet état, sans lui permettre de s'obscurcir entièrement ou de rester longtemps voilé, vous pourrez avancer rapidement et votre nature connaîtra une nouvelle naissance; votre vie, toutes vos pensées, tous vos actes et tous vos mouvements auront pour fondement votre être vrai, votre être psychique. Ne donnez jamais votre assentiment aux idées, aux suggestions, aux sentiments qui ramènent l'obscurité, la confusion et la révolte. C'est le consentement qui leur donne la force de revenir. Refusez votre assentiment et ils seront obligés de se retirer aussitôt ou un peu plus tard.
Demeurez dans la lumière ensoleillée de la vraie conscience, car là seulement se trouvent le bonheur et la paix. Ceux-ci ne dépendent pas d'événements extérieurs, mais d'elle seule.
3918
C'est ainsi que se déroule en général le processus par lequel la conscience se transforme. Les forces inférieures abandonnent rarement le terrain sans livrer une longue bataille et souvent plusieurs. Ce qui a été gagné peut se voiler, mais n'est jamais perdu.
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3919
Pourquoi vous laisser aller à ces sentiments de remords et de désespoir excessifs quand ces mouvements surgissent du subconscient? Cela ne vous aide en rien et rend plus difficile l'élimination, au lieu de la faciliter. L'ancienne nature expulsée depuis longtemps des parties conscientes de l'être revient toujours ainsi dans la sâdhanâ. Cela ne signifie .nullement que la nature soit immuable. Essayez de retrouver la tranquillité intérieure, détachez-vous de ces mouvements et regardez-les avec calme en les réduisant à leurs vraies proportions. Votre vraie nature est celle où vous trouvez la paix, l'Ânanda et l'amour du Divin. L'autre n'est jamais que la périphérie de votre personnalité extérieure qui, en dépit de ces assauts réitérés, est destinée à tomber à mesure que l'être vrai s'étend et s'accroît.
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3920
Vous n'avez aucune raison d'être aussi abattu ou de désespérer de votre progrès. Évidemment, vos anciens mouvements ont resurgi, mais cela peut toujours arriver tant que l'ancienne nature n'est pas entièrement transformée, dans la conscience comme dans les parties subconscientes. Quelque chose est apparu qui vous a fait perdre votre équilibre et vous a replongé dans le tourbillon de vos sentiments d'autrefois. La seule chose à faire est de vous calmer et de revenir à la vraie conscience et au véritable équilibre.
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3921
La libération que vous ressentez a de bonnes chances d'être fondamentale et définitive. Mais en ces matières, on doit rester vigilant, même après la libération, car souvent ces mouvements se retirent et se tiennent à bonne distance, pour voir s'ils ne pourraient pas, dans certaines conditions, profiter des circonstances pour lancer une attaque et reconquérir leur royaume. Si la purification est complète jusque dans les profondeurs, et que rien n'est là pour leur ouvrir la porte, ils seront impuissants. Mais c'est seulement longtemps après avoir été libéré que l'on peut dire: "Maintenant tout ira bien, c'est fini, pour toujours."
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3922
Votre attitude intérieure doit rester la même. La règle est de ne pas être énervé ou tiré au-dehors par ces "incidents" de la vie extérieure ou par l'apparition d'éléments nouveaux; ceux-ci doivent entrer comme des vagues dans une mer calme, se mêler à elle et devenir eux-mêmes calmes et sereins.
Votre état actuel est ce qu'il doit être; seulement vous ne devez pas relâcher votre vigilance. Car lorsqu'on est en bonne condition, les mouvements inférieurs ont pour habitude de s'apaiser et de s'assoupir, d'aller se cacher pour ainsi dire; ou ils sortent de la nature et restent à une certaine distance. Mais s'ils voient que le sâdhak relâche sa vigilance, ils commencent tout doucement à se soulever ou à s'approcher, invisibles la plupart du temps, et quand il n'est plus du tout sur ses gardes, soudain ils surgissent ou font tout à coup irruption. Cela continue jusqu'à ce que toute la nature, mentale, vitale, physique et même subconsciente, soit illuminée, consciente, emplie du Divin. Tant qu'on n'en est pas arrivé là, on doit toujours rester sur le qui-vive.
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3923
L'attitude que vous avez adoptée — conserver le calme intérieur et transformer peu à peu ce qui doit être transformé, en remettant certaines choses à plus tard — bien qu'elle ne soit pas mauvaise en elle-même, vous a peut-être rendu quelque peu négligent, et vous avez laissé s'ébattre à la surface certaines choses (désirs, etc.) qui auraient dû être refrénées. Ce parti pris a pu ouvrir la porte aux vieux mouvements qui sont réapparus à travers cette partie de l'être qui n'était encore nullement prête à se transformer, et les forces hostiles, constatant que vous n'étiez plus sur vos gardes, en ont profité pour mener à fond leur attaque. Elles sont toujours en éveil, à l'affût d'une occasion que de son côté, le sâdhak doit être suffisamment vigilant pour leur refuser. Il est possible aussi qu'en descendant dans l'atmosphère générale et en exerçant une certaine pression sur la conscience des sâdhak pour les obliger à être plus alertes, plus éveillés, moins absorbés par les mouvements de la nature ordinaire qu'ils ne le sont actuellement, la Force soit tombée sur cette partie de l'être et que la résistance qui s'y trouvait, et depuis longtemps restait surtout passive, soit soudain devenue active sous l'effet de cette pression.
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3924
Tous ces mouvements signifient simplement qu'une certaine partie de la nature, pleine de mouvements émotifs habituels, est restée refoulée, et que vous n'en êtes pas encore venu à bout; elle s'est maintenant soulevée avec le maximum de force, en profitant du fait que la conscience est descendue de ses hauteurs de paix et d'Ânanda. C'est une vieille habitude du vital égoïste qui revient. Vous l'aviez refoulée en bas, dans le subconscient, et reléguée à la périphérie de votre nature, de sorte que celle-ci n'en était pas entièrement débarrassée. Il n'est pas surprenant que ce mouvement ait, pour le moment, repoussé à l'arrière-plan le moi intérieur et ses expériences; s'il ne l'avait pas fait, il ne pourrait pas durer un instant. Mais il n'y a aucune raison pour que vous parliez de cela comme d'une chute irrémédiable: il n'en est rien, malgré la gravité de ce faux pas. Vous devez le reconnaître pour ce qu'il est, sortir de cette vague et rejeter cela loin de vous. Retrouvez votre équilibre et regardez en face ce qui s'est passé, sans en exagérer l'importance; alors cela passera plus vite.
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3925
Mais en réalité, ce ne sont pas là des raisons suffisantes pour tomber dans la tristesse et la dépression. Il est tout à fait normal que les difficultés reviennent ainsi, et cela ne prouve pas qu'aucun progrès n'a été fait. Ce retour des difficultés (alors qu'on croit avoir triomphé) n'est pas inexplicable. J'ai décrit dans mes ouvrages ce qui se passe. Quand une habitude ancrée depuis longtemps dans la nature est rejetée, elle se réfugie dans une partie moins éclairée de la nature, et quand elle est rejetée du reste de la nature, elle se réfugie dans le subconscient; de là, elle surgit au moment où vous vous y attendez le moins, réapparaît en rêve ou tout à coup dans des mouvements inconscients; ou elle sort et reste en attente dans l'être environnant à travers lequel agit la Nature universelle, et de là attaque comme une force venue du dehors qui essaie de recouvrer son empire par une suggestion ou une répétition des anciens mouvements. Il faut tenir bon jusqu'à ce qu'elle ait perdu le pouvoir de revenir. On ne doit pas considérer ces retours ou ces attaques comme des parties de soi-même, mais comme des invasions, et il faut les repousser sans céder à la dépression ou au découragement. Si le mental ne les laisse pas faire, si le vital refuse de les accueillir, si le physique demeure ferme et refuse d'obéir au besoin physique, la pensée, l'impulsion vitale, la sensation physique commenceront à lâcher prise et à ne plus pouvoir se répéter et finiront par devenir trop faibles pour être gênantes.
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3926
Il n'y a pas de raison de se décourager. Quand on a progressé aussi loin que vous, c'est-à-dire assez loin pour sentir le calme et le faire durer, et pour avoir autant de discrimination psychique et de sentiment psychique, on n'a pas le droit de désespérer de son avenir spirituel. Vous n'avez pas encore pu passer de la discrimination à la transformation psychique complète, parce qu'une grande partie de la conscience physique extérieure prenait encore plaisir aux anciens mouvements, et leurs racines sont par conséquent restées vivantes dans le subconscient. À un moment où vous n'étiez plus sur vos gardes, tous ces mouvements sont réapparus en provoquant momentanément une rechute brutale. Mais cela ne veut pas dire que la nature est incapable de se transformer. Seulement le calme équilibre intérieur conscient, la discrimination psychique et surtout une volonté de changer plus forte et plus ferme qu'auparavant doivent s'établir de sorte qu'aucun soulèvement, aucune invasion ne pourra voiler même en partie la discrimination ou suspendre la volonté. Vous avez vu la vérité, mais cette partie de l'ancienne nature qui s'est soulevée refusait de la reconnaître; elle voulait agir à sa guise et vous a imposé sa volonté. Cette fois-ci, vous devez exiger de tout l'être une sincérité complète qui refusera de démentir ce que voit la discrimination psychique et qui n'accordera ni soutien, ni consentement, dans aucune partie de l'être, à ce qu'elle réprouve; vous devez exiger l'humilité spirituelle, refuser d'être content de vous, de vous justifier, de chercher à vous imposer, de juger les autres, etc. Tous ces défauts, vous savez qu'ils sont en vous; les rejeter peut prendre du temps, mais si la volonté d'être en toutes choses fidèle au moi intérieur est forte, persévérante et vigilante, et si elle fait constamment appel à la Force de la Mère, cela pourra se faire plus vite qu'il ne semble possible actuellement.
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3927
Tant que vous n'aurez pas appris la leçon que le passé avait à vous enseigner, elle se répétera. Notez soigneusement quel genre de souvenirs vous reviennent, vous verrez qu'ils ont trait à certains mouvements psychologiques en vous dont vous devez vous débarrasser. Vous devez donc être prêt à reconnaître tout ce qui n'était pas parfait en vous et n'a pas encore été corrigé, ne laisser aucune vanité, aucun pharisaïsme voiler votre vision.
3928
Notre aide sera là. Elle peut être efficace en dépit de votre mental physique, mais elle sera plus efficace si la volonté ferme et active peut lui servir d'instrument. Il y a toujours deux éléments dans la réussite spirituelle: la fermeté de la volonté et de l'effort personnels, et le Pouvoir qui, d'une manière ou d'une autre, apporte son aide et permet à l'effort d'aboutir.
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3929
Vous aviez tendance à monter et à laisser la conscience supérieure s'occuper de la nature inférieure sans faire aucun effort personnel à cette fin. Cela aurait pu très bien marcher à condition: (1) que la paix et la force soient descendues et aient tout occupé, jusqu'au physique; (2) que vous ayez réussi à empêcher la nature extérieure de voiler l'être intérieur. Le physique n'a pas réussi à absorber la paix et à sa place l'inertie est apparue; la force n'a pas pu descendre; les suggestions de la nature extérieure se sont révélées trop fortes pour vous, et les suggestions et l'inertie, agissant ensemble, ont interrompu la sâdhanâ.
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3930
Je n'ai pas dit que vous aviez commis une erreur. J'ai simplement décrit ce qui s'était passé et les causes. Si vous aviez été capable de demeurer au-dessus et de laisser la Force descendre et agir, tandis que vous restiez détaché de la nature extérieure, cela aurait été très bien. Vous avez pu monter parce que la Paix descendait. Vous n'avez pas pu rester en haut parce que la Paix ne pouvait pas occuper suffisamment le physique et que la Force ne descendait pas assez. Entre temps l'inertie est apparue, vous avez été de plus en plus troublé à cause des suggestions vitales dans la nature inférieure et de l'irruption de l'inertie, de sorte que vous n'avez pas pu rester détaché et laisser la Force descendre ou la faire descendre progressivement. Vous êtes donc descendu dans la conscience physique. En vous disant tout cela, je ne formule aucun blâme, pas plus que je ne dis que vous avez commis une erreur ou agi à rencontre de la Volonté de la Mère. Ces idées — commettre une faute, contrevenir à la Volonté — sont les vôtres, non les miennes.
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3931
Quand le mental et le vital s'emparent du physique pour en faire un instrument, il n'y a pas d'inertie. Mais ici c'est de la conscience physique qu'il s'agissait. Si elle avait pu recevoir en elle la paix du moi, sans le recouvrir d'inertie, tout serait allé très bien. Mais pour une raison ou une autre, le vital est intervenu, avec son exigence et son mécontentement, ce qui a engendré cette obstruction et cette incapacité de progresser. Ce phénomène se produit souvent dans la sâdhanâ et on doit avoir le pouvoir soit de le rejeter dynamiquement, soit de rester détaché jusqu'à ce qu'il soit épuisé. Alors le vrai mouvement repart.
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3932
Vous vous attendez toujours à ce que la Mère fasse tout, et voilà revenus la paresse et le tamas: c'est un esprit de soumission tamasique. Si la Mère vous remet en état, votre vital vous tire à nouveau vers le bas. Comment cela pourrait-il s'arrêter tant que vous direz oui au vital et que vous vous identifierez à son découragement, à ses violences et à tout le reste? Le détachement est absolument nécessaire.
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3933
Je voulais faire ressortir deux choses, c'est pourquoi j'ai tant écrit à leur sujet.
1. La soumission à la Mère ne doit pas être tamasique (inerte, passive), car la réaction sera une impuissance passive et inerte face aux forces ou aux suggestions inférieures ou hostiles dont les incursions seront acceptées ou subies sans résistance ou avec une résistance inefficace. Un état passif peut apporter beaucoup de paix, de tranquillité et même de joie, mais disperse l'être au lieu de la concentrer dans l'immensité, et la volonté s'atrophie. La soumission doit être lumineuse, active, offrande volontaire à la Mère, réceptivité à sa force et soutien à son action, accompagnés d'une volonté forte et vigilante de rejeter tout ce qui ne vient pas d'elle. Trop de sâdhak s'écrient, devant les attaques de leur nature inférieure: "Je suis impuissant, je ne peux pas réagir, elles viennent et me font faire ce qu'elles veulent." C'est une mauvaise passivité.
2. On ne doit pas s'habituer à un état de lutte continuelle contre les suggestions et les forces. Les gens tombent très facilement dans ce travers et en font une habitude. La partie vitale trouve une sorte de satisfaction enthousiaste à s'écrier: "On m'attaque, je suis submergé, je souffre, malheur à moi! Quel destin tragique! Pourquoi ne m'aides-tu pas, ô Divin? N'y a-t-il aucune aide, aucune Grâce divine? Je suis abandonné dans mon malheur, dans ma déchéance, etc., etc." Je ne veux plus voir un seul sâdhak tomber dans cet état, c'est pourquoi je vous dis: "Halte!" avant que vous ne soyez empêtré dans cette sorte d'habitude de lutter sans cesse. C'est ce que veulent ces forces: que vous vous sentiez impuissant, battu, submergé. Vous ne devez pas les laisser faire.
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3934
Tout cela vient du mental physique qui refuse de se donner le mal d'entreprendre le labeur et de livrer la bataille nécessaire à l'accomplissement spirituel. Il veut parvenir aux cimes, mais désire parcourir tout le chemin en douceur: "Pourquoi diable se donner tant de peine pour conquérir le Divin?" Tel est, au fond, son sentiment. L'obstacle des pensées est l'un de ceux que tous les yogis ont dû surmonter — d'où le piètre résultat obtenu après plusieurs jours d'effort. C'est seulement lorsqu'on a déblayé, labouré, semé et entretenu le terrain que l'on peut espérer les grandes moissons.
On doit soit utiliser l'effort (et alors il faut être patient et persévérant), soit se reposer sur le Divin en l'appelant et en aspirant sans cesse. Mais dans ce cas, la confiance doit être authentique et ne pas exiger de fruits immédiats.
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3935
Le Pouvoir peut tout faire, tout transformer, et le fera, mais il ne pourra le faire parfaitement, aisément et durablement que lorsque votre volonté mentale, vitale et physique aura pris parti pour la Vérité. Si vous vous rangez aux côtés de l'ignorance vitale et que vous voulez lutter contre votre propre transformation spirituelle, vous livrerez un combat pénible et difficile avant que le travail ne soit terminé. C'est pourquoi j'insiste sur la tranquillité — c'est la moindre des choses — et la confiance patiente, dans la mesure où vous en êtes capable, pour que le progrès se fasse par un mouvement tranquille et régulier, et non pénible, tourmenté, plein de rechutes et de conflits.
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3936
Notez aussi que la Force n'apporte pas de résultats définitifs et durables, à moins que le sâdhak n'ait en lui la volonté et la résolution d'atteindre le but.
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3937
Vous m'avez écrit: "Je n'ai pas à m'en préoccuper; si la paix est nécessaire, elle viendra d'elle-même." C'est certes à la Force qu'il faut accorder le plus d'importance, mais le consentement actif du sâdhak est nécessaire; dans certains cas, sa volonté aussi peut être un instrument nécessaire à la Force.
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3938
L'action supérieure n'exclut pas l'usage de la volonté: la volonté est un élément de l'action supérieure.
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3939
Les choses ne peuvent pas se faire ainsi. Pour que la transformation soit authentique, l'obstacle doit être rejeté par toutes les parties de l'être. La Force peut seulement les aider à le faire ou les en rendre capables, mais elle ne peut remplacer cette action nécessaire par un processus sommaire. Votre mental et votre être intérieur doivent communiquer leur volonté à tout l'être.
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3940
Tant qu'il n'y a pas une action constante de la Force venant d'en haut, ou une volonté profonde venant du dedans, la volonté mentale est nécessaire.
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3941
La Force peut faire venir la volonté au premier plan et l'utiliser.
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3942
Il y a une volonté dans le mental, et pas seulement le pouvoir de penser.
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3943
Pour surmonter la difficulté, le premier pas est d'être conscient; mais la force est nécessaire et aussi le détachement et la volonté de surmonter.
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3944
L'énergie qui dicte l'action ou empêche l'action fausse est la volonté.
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3945
Il ne peut y avoir ni persistance ni persévérance sans volonté.
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3946
La volonté peut s'obliger elle-même à agir: elle est, par nature, force ou énergie.
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3947
Une volonté inerte et passive, cela n'existe pas. La volonté est dynamique par nature. Même si elle n'est pas en train de lutter ou de faire effort, sa présence même est dynamique et agit dynamiquement sur la résistance. Ce dont vous parlez est une velléité: j'aimerais que ce soit comme cela, je voudrais que ce soit comme cela. Ce n'est pas de la volonté.
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3948
Dans ce cas, ce n'est pas cette volonté-là qu'il faut: ils emploient sans doute une certaine volonté combative ou laborieuse, au lieu d'une volonté tranquille, mais vigoureuse qui fait descendre la conscience et la force supérieures.
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3949
La paix n'est pas un préalable nécessaire à l'action de la volonté. Quand l'être est troublé, c'est souvent le rôle de la volonté de lui imposer la tranquillité.
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3950
La volonté est la volonté, qu'elle soit calme ou agitée, qu'elle s'exerce d'une manière yoguique ou non yoguique, dans un but yoguique ou non yoguique. Croyez-vous que Napoléon et César n'avaient pas de volonté, ou qu'ils étaient des yogis? Vous avez des idées bizarres. Vous pourriez aussi bien dire que la mémoire n'est mémoire que quand elle se rappelle le Divin, et qu'elle n'est pas la mémoire quand elle se souvient d'autres choses.
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3951
Il n'y a pas de processus. La volonté agit d'elle-même quand le mental et le vital sont d'accord, comme dans le cas d'un désir. Si le désir n'est pas satisfait, le vital s'acharne, s'efforce d'obtenir ce qu'il veut, insiste, réitère son exigence, se sert de cette personne-ci ou de celle-là, de cet artifice ou de cet autre, engage le mental à le soutenir par ses arguments, dépeint l'objet de son désir comme un besoin qui doit être satisfait, etc., etc., jusqu'à ce que le désir soit satisfait. Tout cela est la preuve d'une volonté à l'œuvre. Quand vous devez utiliser la volonté pour la sâdhanâ, vous n'avez pas la même persévérance, le mental trouve des prétextes pour ne pas poursuivre l'effort; dès que la difficulté s'intensifie, l'effort est abandonné, il n'y a pas de continuité, la volonté ne reste pas fixée sur son objet.
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3952
En se développant, la volonté devient capable de se fondre à la volonté de la Mère. Une volonté qui n'est pas forte est un grand obstacle dans la sâdhanâ.
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3953
Si la volonté est utilisée constamment, le reste de l'être apprend, si lentement que ce soit, à obéir à la volonté; alors les actions se conforment à la volonté et non aux impulsions et aux désirs du vital. Pour le reste (les sentiments, désirs, etc. eux-mêmes), si l'on ne s'y abandonne pas en acte ou en imagination, et qu'ils ne sont pas soutenus par la volonté, si l'on ne fait que les regarder et les rejeter quand ils viennent, après une période de lutte ils commencent à perdre leur force et s'amenuisent peu à peu.
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3954
Je crois que c'est parce que vous n'avez pas pris l'habitude d'utiliser votre volonté pour contraindre les autres parties de la nature; quand vous voulez le faire, elles refusent d'obéir à une autorité à laquelle elles ne sont pas accoutumées, et celle-ci n'a pas non plus établi sur elles son emprise.
La volonté fait partie de la conscience et devrait, chez les êtres humains, être le principal moyen de maîtriser les activités de la nature.
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3955
C'est l'inertie physique qui vous suggère que vous manquez de volonté. Elle a recouvert votre volonté et vous a persuadé que vous n'en avez plus, que vous êtes devenu incapable d'en avoir.
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3956
Vous ne pouvez vous attendre à ce qu'une inertie aussi tenace disparaisse en trois jours, sous prétexte que vous avez timidement commencé à faire un effort pour y résister.
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3957
[L'origine de l'incapacité à tenir tête aux forces d'opposition:] Elle se trouve dans l'indolence de la volonté qui ne veut pas soutenir son effort pendant une période prolongée. C'est comme une personne qui allongerait la jambe à moitié pendant une seconde et puis se demanderait pourquoi elle n'a pas déjà avancé de cent kilomètres vers le but après avoir fourni un effort aussi gigantesque.
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3958
Cela signifie simplement que votre volonté est faible et n'est pas une vraie volonté. Drôle de volonté! Un peu comme une automobile qui ne veut pas démarrer, il faut la pousser.
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3959
Quand vous vous sentez en meilleure condition, que la paix et la force sont à l'œuvre, mieux vaut laisser agir la force en restant silencieux et tranquille, sans essayer d'agir par le mental.
Quand règne la confusion ou une mauvaise condition, vous devez faire appel au calme pour qu'il descende en vous et essayer de retrouver l'attitude vraie, sans écouter les pensées fausses, mais au contraire en les rejetant. Si vous ne pouvez pas le faire tout de suite, restez cependant aussi tranquille que possible et aspirez en vous offrant. La Force divine peut toujours plus que l'effort personnel; l'essentiel est donc, après avoir retrouvé la tranquillité, de l'appeler et de la faire descendre ou revenir au premier plan, car elle est toujours là, à l'arrière-plan ou au-dessus de vous.
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3960
X a toujours été comme cela. C'est son mental qui est toujours en train de s'agiter; parfois il a une ouverture psychique et tout va bien; puis le mental s'interpose et X s'embrouille et se sent malheureux. Il ne guérira pas en s'en allant; "réfléchir à tout cela" ne fera que l'embrouiller et l'égarer davantage. Il est de ceux qui ne peuvent être sauvés de tout cela que par une ouverture psychique complète et permanente, par le cœur et non par le mental.
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3961
Toute résistance dans l'être extérieur partira; seulement cela prendra du temps. Il est toujours préférable de se baser sur cette certitude et de demeurer tranquille et ferme, en la gardant présente à l'esprit, même lorsqu'on est incapable de réagir activement contre la difficulté. Car la résistance passive et tranquille la fera partir plus tôt, même si l'on est troublé et anxieux.
Même lorsqu'on ne peut pas faire appel activement à la Force de la Mère, on doit avoir confiance qu'elle viendra.
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3962
La manière dont les douleurs sont parties vous indique comment il faut s'y prendre avec toute la nature; car la méthode est la même, que le malaise ou la perturbation ait des causes mentales ou vitales, ou que ces causes soient physiques: rester intérieurement tranquille, demeurer convaincu, par la foi et l'expérience, que la seule manière est de rester tranquille et ouvert et de laisser agir la Force. Naturellement, vous ne pouvez pas encore en être pleinement conscient, mais la sentir, s'ouvrir, la laisser agir, observer son effet, c'est la première chose. C'est le commencement de la conscience et la voie vers la conscience totale.
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3963
Accrochez-vous à l'aide, toujours: quand vous ne la sentez pas, appelez-la et restez tranquille jusqu'à ce que vous recommenciez à la sentir. C'est seulement le voile dont vous avez parlé qui s'interpose entre vous et le sentiment de sa présence, car elle est toujours là.
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3964
Si vous ne pouvez rien faire d'autre, vous devez au moins rester détaché; il y a toujours dans l'être une partie qui peut rester détachée et continuer à persévérer, en appelant la force d'en haut.
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3965
La vérité dans le cœur, la sincérité et la foi dans l'effort peuvent en effet rendre facile tout ce qui est difficile; même ce qui est impossible peut devenir possible. On constate souvent aussi qu'après une certaine période de pratique et d'effort sincère, une intervention du dedans se produit, et ce qui aurait pu prendre très longtemps se fait, définitivement et rapidement.
Votre prière recevra sûrement une réponse, car c'est vers cela que vous vous dirigez.
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3966
L'aide est accordée de toutes les manières nécessaires ou possibles. Elle ne se limite pas à la Force, à la Lumière, à la Connaissance. Évidemment, si par Force, etc., vous voulez dire tout ou n'importe quoi, la formule tient.
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3967
Cela dépend. Si la conscience est développée dans son aspect de connaissance, elle ne fera que vous avertir. Si c'est dans son aspect de volonté ou de pouvoir, elle vous aidera à réaliser.
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3968
Le besoin d'appeler à l'aide diminue à mesure que l'on s'élève de plus en plus haut, ou plutôt à mesure que s'accroît la plénitude, car il est progressivement remplacé par l'action automatique de la Force.
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3969
Il n'y a aucune raison que vous cessiez de nous écrire: il n'était question que d'une certaine catégorie de lettres, celles qui ne sont pas un bon moyen de rester en contact; vous avez senti vous-même que la réaction n'était pas favorable. Je vous ai demandé de m'écrire parce que vous aviez grand besoin, à cette époque, de vous décharger des éléments périlleux en vous, et bien que cela ne vous ait pas soulagé aussitôt, j'ai été tenu informé avec exactitude de la tournure prise par votre combat; cela m'a aidé à exercer une certaine pression, à un moment critique, sur les forces qui vous attaquaient. Mais je ne crois pas qu'aucune de ces nécessités subsiste. Vous avez plutôt besoin maintenant d'inhiber, par des moyens intérieurs, la source de ces mouvements; mais les traduire en mots tendrait, comme je vous l'ai dit, à leur donner plus de corps et de substance.
C'est un fait indubitable, démontré par des centaines d'exemples, que pour beaucoup de gens, nous faire part avec exactitude de leurs difficultés est le meilleur moyen de s'en délivrer, et souvent — sinon toujours — les effets en sont immédiats et même instantanés. C'est ce que bien des sâdhak ont constaté, non seulement ici, mais au loin, et non seulement lorsqu'ils luttaient contre des difficultés intérieures, mais aussi contre des maladies et contre la pression de circonstances extérieures défavorables. Mais pour cela une certaine attitude est nécessaire: soit une foi intense dans le mental et le vital, soit une habitude de recevoir l'aide et d'y réagir positivement dans l'être intérieur. Là où cette habitude s'est établie, j'ai vu qu'elle était d'une efficacité presque absolue, même quand la foi était incertaine ou l'expression extérieure du mental vague, ignorante ou, dans sa forme, fautive ou inexacte. De plus, cette méthode a les meilleurs résultats quand le sâdhak peut écrire comme un témoin de ses propres mouvements et les décrire avec une précision exacte et presque impartiale, comme un phénomène survenu dans sa nature ou le mouvement d'une force qui l'affecte et dont il cherche à se libérer. Au contraire, si, lorsqu'il écrit, son vital est saisi par ce dont il parle et prend la plume à sa place — exprimant le doute, la révolte, la dépression, le désespoir, et souvent les soutenant — cela de- vient une tout autre affaire. Même dans ce cas, le fait de s'exprimer agit parfois comme une purge; mais la description de cet état peut aussi donner de l'énergie à l'attaque, du moins pour un moment, et peut paraître la renforcer et la prolonger; elle peut aussi l'épuiser temporairement par sa violence même, ce qui finit par apporter un répit, mais à un prix très élevé: bouleversement, cataclysme, risque que le mouvement se perpétue indéfiniment parce que ce répit est dû à un épuisement temporaire des attaquants et non à un rejet et une purification par l'intervention de la Force divine agissant avec le soutien et le consentement sans réserve du sâdhak. Il y a eu une lutte confuse, une intervention tumultueuse, et non un clair alignement des forces; et l'intervention de la force salvatrice passe inaperçue dans la confusion et le tourbillon. C'est ce qui arrivait en général pendant vos crises; le vital en vous était profondément affecté et commençait à soutenir et à exprimer les arguments de la force attaquante: au lieu que le mental vigilant observe et exprime clairement la difficulté en étalant les choses au grand jour, pour que la Lumière et la Force supérieures agissent sur elles, il y avait une véhémente plaidoirie en faveur de l'Opposition. De nombreux sâdhak (et même des sâdhak "avancés") ont pris l'habitude d'exprimer ainsi leurs difficultés, et certains continuent à le faire; même maintenant ils n'arrivent pas encore à comprendre que ce n'est pas la bonne manière. À une certaine époque, c'était une sorte d'évangile à l'Ashram; on disait que c'était cela qu'il fallait faire — je ne sais pas pour quels motifs, car cela n'a jamais fait partie de mon enseignement yoguique — mais l'expérience a montré que cela ne marche pas: on se retrouve dans le mouvement indéfiniment perpétué, dans un cycle sans fin de conflits. Cela n'a rien à voir avec le mouvement d'ouverture de soi qui réussit, mais pas forcément non plus en un instant, et pourtant d'une manière sensible et progressive, et auquel pensent ceux qui insistent pour que tout soit ouvert au Gourou afin que l'aide soit plus efficace.
Il est inévitable que des doutes et des difficultés se soulèvent dans une entreprise aussi ardue que la transformation de la nature normale de l'homme en une nature spirituelle, où son système de valeurs extériorisées et son expérience de surface doivent être remplacés par des valeurs et une expérience intérieures plus profondes. Mais on ne peut surmonter les doutes et les difficultés en leur donnant leur pleine force; on le fera plutôt en apprenant à prendre du recul et en refusant de se laisser emporter par eux; il y a alors quelque chance que la petite voix tranquille qui s'élève du dedans se fasse entendre et repousse les vociférations et les mouvements du dehors. C'est à la lumière du dedans que vous devez faire place; la lumière du mental extérieur est loin de suffire à la découverte des valeurs intérieures, ou pour juger de la vérité de l'expérience spirituelle.
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3970
Il ne faut pas trop en demander à la Protection divine, car étant donné notre constitution et celle du monde, la Protection divine est obligée d'agir dans d'étroites limites. Il y a évidemment des miracles, mais ce n'est pas un dû.
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3971
L'attitude que vous avez prise est la bonne. C'est ce sentiment et cette attitude qui vous aident à surmonter si rapidement les attaques qui parfois tombent sur vous et vous jettent hors de la vraie conscience. Comme vous le dites, prises ainsi, les difficultés deviennent des opportunités. Quand on a fait face à la difficulté dans le bon esprit et qu'on l'a conquise, on s'aperçoit qu'un obstacle a disparu et que l'on a fait un premier pas en avant. Questionner et résister dans quelque partie de l'être augmente le désordre et les difficultés. C'est pourquoi les anciens yogas de l'Inde déclaraient indispensables une soumission sans réserve et une obéissance sans discussion aux directives du gourou. C'était exigé, non pour le bien du gourou, mais pour celui du shishya.
Les Bases du Yoga, chapitre III. Traduction de la Mère.
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Ce genre de conflit intense apparaît très souvent chez un sâdhak lorsqu'il veut faire un progrès complet et décisif au lieu de procéder par élimination lente comme dans le cours ordinaire de la nature; à l'élan qui le pousse vers le haut s'oppose une résistance véhémente qui le tire vers le bas. Mais l'avantage est que lorsqu'on persévère et que l'on triomphe, on s'est beaucoup enrichi par la lutte, et dans cette partie de l'être qui a résisté, l'avantage est décisif. Persévérez donc et ne vous laissez pas affliger par les vacillements ou les faux pas qui peuvent aisément se produire de temps en temps dans un aussi rude combat. Le sâdhak devrait toujours avoir pour règle de ne pas s'arrêter à cela, mais de se relever et d'aller résolument de l'avant.
Notre aide, notre force, nos bénédictions seront toujours avec vous pour vous soutenir à chaque pas jusqu'à la victoire finale.
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La grâce et la protection sont toujours avec vous. Quand une difficulté ou un ennui, intérieur ou extérieur, se présente, ne les laissez pas vous oppresser; réfugiez-vous dans la Force protectrice du Divin.
Si vous le faites toujours, avec foi et sincérité, vous vous apercevrez que quelque chose s'ouvre en vous, qui restera toujours calme et paisible en dépit de toutes les perturbations à la surface.
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3974
Oui, c'est ainsi. Chaque victoire remportée sur soi-même donne davantage de force pour remporter de nouvelles victoires.
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3975
Il est vrai, en effet, que lorsqu'on triomphe d'une difficulté ou que l'on avance, un courant favorable se crée dans l'atmosphère. De plus, chaque fois qu'une ouverture se produit, on peut la faire durer plus longtemps.
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3976
Oui, un grand progrès devrait seulement vous inciter à un progrès plus grand auprès duquel le premier paraîtra insignifiant.
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3977
Oui, on devrait toujours tourner son regard vers l'avenir; la rétrospection est rarement saine, car elle vous ramène à une conscience passée.
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3978
Emportez avec vous la paix, la tranquillité et la joie, et gardez-les en vous par le souvenir constant du Divin.
Si les pensées concernant le passé et l'avenir ne viennent que comme des souvenirs et des imaginations, elles sont inutiles et vous devriez en détourner tranquillement votre mental et le ramener vers le Divin et le yoga. Si elles peuvent servir à quelque chose, référez-en au Divin, placez-les dans la lumière de la Vérité afin de voir ce qu'il y a de vrai en elles, ou, s'il faut prendre une décision, afin de prendre la bonne décision ou de faire une formation juste pour l'avenir.
Les larmes dont vous parlez n'ont rien de mauvais; elles viennent de l'âme, de l'être psychique; elles sont une aide et non un obstacle.
Nouvelles Lumières sur le Yoga, chapitre III.
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On ne peut pas revenir en arrière, on doit toujours aller vers l'avenir.
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3980
Il vaut toujours mieux être tourné vers l'avenir que vers le passé.
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Le passé ne doit pas être conservé; on doit aller vers la réalisation future. Tout ce qui, dans le passé, est nécessaire pour l'avenir sera recueilli et recevra une forme nouvelle.
1 En français dans le texte.
2 "Il ne faut pas s'appesantir sur la nature inférieure ou ses obstacles."
3 Cette lettre a été écrite durant les troubles du Bengale, avant la partition de l'Inde.